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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ÉLIT LES MEMBRES DE SON
COMITÉ CONSULTATIF ET DÉSIGNE DES TITULAIRES DE MANDATS

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a élu cet après-midi les dix-huit membres de son Comité consultatif et a procédé à la désignation de titulaires de mandats de quatorze de ses procédures spéciales.

Les experts du Comité consultatif ont un mandat de trois ans et ne pourront se représenter qu'une fois. Toutefois, dans le cadre du premier mandat, un tiers des experts élus cet après-midi siègera pendant un an et un autre tiers pendant deux ans, au terme d'un tirage au sort qui a eu lieu cet après-midi. Les critères techniques et objectifs de désignation des candidats ont été arrêtés par le Conseil à sa sixième session par la décision 6/102. Ces critères sont la compétence et l'expérience reconnues dans le domaine des droits de l'homme, une haute moralité et l'indépendance et l'impartialité. Par ailleurs, lorsqu'il élit les membres du Comité consultatif, le Conseil doit accorder l'attention voulue à l'équilibre entre les sexes et à une représentation appropriée des différentes civilisations et des différents systèmes juridiques.

Le Comité consultatif fera fonction de groupe de réflexion attaché au Conseil, dont il constituera un organe subsidiaire. Il fournira des services d'experts au Conseil selon les modalités définies par celui-ci et uniquement à sa demande, en se concentrant essentiellement sur des études et des avis étayés par des recherches. Le Comité consultatif devrait être orienté vers la mise en œuvre et la portée de ses avis devrait se limiter aux questions thématiques entrant dans le mandat du Conseil. Il n'adoptera pas de résolutions ni de décisions. Le Comité consultatif aura un rôle similaire à celui de la Sous-Commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme, qui était l'organe consultatif d'experts de l'ancienne Commission des droits de l'homme de 1947 à 2006.

Le Comité consultatif convoquera au plus deux sessions d'un maximum de dix jours ouvrables par an, des sessions supplémentaires pouvant être prévues ponctuellement avec l'approbation préalable du Conseil. La première session du Comité consultatif doit se tenir du 4 au 15 août prochain, à Genève.

Le Conseil a également procédé à la désignation, sur proposition du Président et du groupe consultatif chargé de la question, de titulaires de mandats chargés des questions relatives au droit au logement, au droit à l'alimentation, aux populations autochtones, à la vente d'enfants, aux effets des politiques de réforme économique et de la dette extérieure, à l'extrême pauvreté, aux formes contemporaines d'esclavage, aux défenseurs des droits de l'homme et aux situations des droits de l'homme au Myanmar, en Somalie et dans les territoires palestiniens occupés. Le Conseil a également désigné des experts siégeant à titre d'experts au sein de ses Groupes de travail chargés de la détention arbitraire, des disparitions forcées ou involontaires et de la question des personnes d'ascendance africaine.

Les représentants des États suivants ont fait des déclarations: Chine, Équateur, Fédération de Russie, Uruguay, Algérie, Canada, Brésil, Turquie, Égypte, Israël, États-Unis, Italie, Inde, Maroc, Bolivie, Palestine, Suisse, Chili et Pakistan. Sont également intervenus les représentants d'Amnesty International, de Nord-Sud XXI et de la Ligue internationale pour les droits et la libération des peuples. Plusieurs délégations ont remis en cause le processus de désignation de certains titulaires de mandats, en particulier s'agissant du mandat sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés. D'autres ont estimé que le Conseil devrait examiner plus avant les moyens d'assurer une meilleure répartition géographique parmi les titulaires de mandats.

Le Conseil doit procéder demain matin, à partir de 10 heures, à l'adoption de projets de résolution et de décision dont il est saisi dans le cadre de la présente session, qui se termine vendredi prochain, 28 mars.


Élections au Comité consultatif et désignation de titulaires de mandats

Résultat des élections au Comité consultatif

Les experts suivants ont été élus membres du Comité consultatif, la fin du mandat étant indiquée entre parenthèses:

Cinq experts pour les États d'Afrique: Mme Mona Zulficar, de l'Égypte (2010); M. Bernard Andrews Nyamwaya Mudho, du Kenya (2010); M. Dheerujlall Seetulsingh, de Maurice (2011); Mme Halima Embarek Warzazi, du Maroc (2009); et M. Baba Kura Kaigama, du Nigéria (2011).

Cinq experts pour les États d'Asie: M. Shiqiu Chen, de la Chine (2009); M. Shigeki Sakamoto, du Japon (2010); M. Ansar Ahmed Burney, du Pakistan (2011); Mme Purificacion V. Quisumbing, des Philippines (2011); et Mme Chung Chinsung, de la République de Corée (2010).

Cinq experts pour les États d'Amérique latine et des Caraïbes: M. Miguel Alfonso Martínez, de Cuba (2009); M. José Antonio Bengoa Cabello, du Chili (2010); et M. Héctor Felipe Fix Fierro, du Mexique (2011).

Deux experts pour les États d'Europe orientale: M. Latif Hüseynov, de l'Azerbaïdjan (2011); et M. Vladimir Kartashkine, de la Fédération de Russie (2010).

Trois experts pour les États d'Europe occidentale et autres États: M. Wolfgang Stefan Heinz, de l'Allemagne (2010); M. Emmanuel Decaux, de la France (2011); et M. Jean Ziegler, de la Suisse (2009).

Le nombre de candidats pour les États d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine et les Caraïbes correspondant au nombre d'experts prévus pour chacun de ces groupes, les treize membres concernés ont été élus par acclamation.

Le Conseil a procédé à des votes au scrutin secret pour les deux experts d'Europe orientale et les trois experts d'Europe occidentale et autres États. La majorité requise étant de 24 voix sur les 47 que compte le Conseil, les cinq experts suivants ont été élus au premier tour: M. Hüseynov avec 30 voix, M. Kartashkin avec 42 voix, M. Decaux avec 24 voix, M. Heinz avec 24 voix et M. Ziegler avec 40 voix.

Liste des titulaires de mandats désignés

Les experts suivants ont été désignés comme titulaires de mandats de onze procédures spéciales:

Mme Raquel Rolnik (Brésil), Rapporteuse spéciale sur le droit à un logement convenable en tant qu'élément du droit à un niveau de vie suffisant;

M. Olivier de Schutter (Belgique), Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation;

M. James Anaya (États-Unis), Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales des populations autochtones;

Mme Najat M'jid Maala (Maroc), Rapporteuse spéciale sur la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants;

M. Cephas Lumina (Zambie), expert indépendant sur les effets des politiques de réforme économique et de la dette extérieure sur la jouissance effective des droits de l'homme;

M. Tomas Ojea Quintana (Argentine), Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Myanmar:
M. Richard Falk (États-Unis), Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967;

Mme María Magdalena Sepúlveda (Chili), experte indépendante sur la question des droits de l'homme et l'extrême pauvreté;

Mme Gulnara Shahinian (Arménie), Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines d'esclavage, y compris ses causes et ses conséquences;

M. Shamsul Bari (Bangladesh), expert indépendant nommé par le Secrétaire général sur la situation des droits de l'homme en Somalie;

Mme Margaret Sekaggya (Ouganda), Représentante spéciale du Secrétaire général sur la situation des défenseurs des droits de l'homme.

S'agissant de trois Groupes de travail du Conseil, les membres désignés sont:

Au Groupe de travail sur la détention arbitraire: MM. El Hadji Malick Sow (Sénégal), Aslan Abashidze (Russie) et Roberto Garretón (Chili);

Au Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires: M. Jeremy Sarkin (Afrique du Sud);

Au Groupe de travail sur l'ascendance africaine: M. Milton Nettleford (Jamaïque).


Déclarations concernant les élections au Conseil consultatif et les désignations de titulaires de mandats

M. ZHANG YI (Chine, au nom du Groupe asiatique) a salué les efforts déployés par le Président pour procéder aux désignations des titulaires de mandats. Il reste quelques améliorations à apporter au niveau des mandats, a-t-il fait observer. En outre, les modalités du rapport entre le Conseil et le Comité consultatif doivent être précisées. S'agissant de la désignation des titulaires de mandat, le représentant chinois a insisté sur l'importance de respecter un équilibre homme-femme et une répartition géographique équitable. Il n'y a qu'un seul candidat pour l'Asie, a-t-il déploré, alors que le Groupe asiatique est déjà sous-représenté dans le système des procédures spéciales. Il a ainsi demandé au Comité consultatif de donner une préférence aux candidats de la région asiatique lorsque viendront les prochaines élections des titulaires de mandat.

M. JUAN HOLGUÍN (Équateur) s'est déclaré très surpris de la liste de titulaires de mandats soumise par le Président, dont le nom de Mme Nelsa Curvelo, de nationalité équatorienne et uruguayenne, a été éliminé comme représentante du Secrétaire général. Nous sommes préoccupés que l'avis d'un pays comme l'Équateur, conscient de la procédure transparente qui est celle du groupe consultatif, ayant observé avec rigueur les critères du Conseil, n'ait pas été pris en considération, et ceci sans consultation préalable avec le Groupe des pays d'Amérique latine et des caraïbes. Ceci ne constitue pas un précédent recommandable et rappelle d'anciennes pratiques sélectives, a estimé le représentant équatorien.

M. VALERY LOSHCHININ (Fédération de Russie) s'est félicité que le Président ait tenu compte des recommandations du groupe consultatif lors de la désignation des titulaires de mandat. Il a rappelé que, dans le cadre de ses travaux, le Groupe consultatif a abordé son travail avec la plus grande responsabilité, tenu plus de dix réunions spéciales et étudié de manière scrupuleuse des dizaines de dossiers. Dans le choix des candidats, le groupe a accordé une attention particulière aux qualifications et aux expériences et a veillé à assurer une représentation égale entre hommes et femmes, a-t-il précisé. Le représentant russe a expliqué que, conformément à la demande du Président, le groupe a accepté d'élargir la liste à deux ou trois candidats pour chaque poste, avec un ordre prioritaire toutefois, dicté par des critères de qualifications. Toutefois, la question du rôle du groupe consultatif se pose, a-t-il fait observer, car son rôle ne se limite pas à la préparation d'une liste courte. Choisir des candidats est une tâche difficile, mais spécialisée. Or, le groupe comprenait des personnalités de haut niveau et des ambassadeurs. Le Conseil a placé la confiance dans ce groupe mais l'a aussi habilité à choisir les meilleurs parmi les prétendants, a-t-il fait valoir.

M. ALEJANDRO ARTUCIO RODRÍGUEZ (Uruguay) s'est dit profondément déçu par certains aspects de la liste établie par le Comité consultatif et a souscrit à cet égard à la déclaration de l'Équateur. Ce pays a présenté une candidate, Mme Nelsa Curvelo pour le poste d'expert indépendant pour les défenseurs des droits de l'homme qui a la double nationalité équatorienne et uruguayenne et qui rempli toutes les qualifications requises pour s'acquitter des fonctions relatives à ce poste. Nous n'avons pas été consultés avant que son nom soit retiré de la liste; nous ne mettons toutefois pas en cause les qualifications du nouveau candidat. Il a déploré ainsi que le Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes ait ainsi perdu une excellente candidate comme titulaire de mandat.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a estimé qu'il existe un problème sur l'identité du groupe consultatif, car seulement la moitié des propositions a été retenue. Les membres de ce groupe doit-il être conçu comme représentant les différentes régions ou agissant à titre personnel, a-t-il demandé? Quelque chose ne va pas, a-t-il dit, avant d'appeler le Conseil à s'intéresser à cette question. Il a également attiré l'attention sur le problème posé par le renouvellement automatique de titulaires qui sont arrivés au terme de leur mandat de trois ans.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) a estimé que la désignation des titulaires de mandats par le Président du Conseil est un jalon important dans le fonctionnement du système des droits de l'homme des Nations Unies. Les critères de qualification et d'expérience notamment régissant le choix de ces experts garantissent en principe leur capacité à assumer les responsabilités qui accompagnent leurs charges, qu'ils remplissent en tant que les yeux et les oreilles du Conseil. Le Canada respecte le principe du choix établi selon ces critères. Il signale toutefois que les écrits de la personne retenue pour le mandat sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ne semblent pas répondre aux exigences élevées fixées par le Conseil, notamment pour ce qui concerne l'impartialité et l'objectivité. Le Canada est déçu de ce choix, dont il se distancie. Le Canada appelle par ailleurs les États qui ne l'ont pas encore fait à lancer des invitations permanentes aux procédures spéciales comme une signe tangible de leur engagement en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme pour tous.

M. SÉRGIO ABREU E LIMA FLORÊNCIO (Brésil) a tenu à exprimer son inquiétude face à la décision ayant trait à la désignation du représentant spécial pour les défenseurs des droits de l'homme. La liste initiale incluait Mme Nelsa Curvelo, de nationalité équatorienne et uruguayenne, laquelle ne figure plus dans la liste finale présentée par le Président du Conseil. Malgré vos efforts personnels pour renforcer les institutions du Conseil, a-t-il poursuivi, ce cas de figure peut laisser planer des doutes sur le processus de consolidation de cette institution. Certains membres du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes espèrent que ce genre d'incidents n'entachera pas le prestige du Conseil.

M. AHMET ÜZÜMCÜ (Turquie) a remercié les membres du Groupe consultatif pour leur excellent travail et salué leur engagement à trouver les candidats les plus qualifiés. Il a toutefois fait remarquer que la liste préparée par le Groupe a été modifiée par le Président pour des raisons inconnues. Il a ainsi insisté sur l'importance, alors que le Conseil progresse dans la création de ses institutions, d'évaluer les mesures à prendre et les lacunes à combler. Cet exercice d'examen est essentiel pour améliorer la transparence, a-t-il précisé. Le représentant turc a regretté que le processus de nomination des titulaires de mandats n'ait pas été entièrement satisfaisant. Le manque de clarté s'agissant du rôle du Président et du Groupe consultatif doit être résolu, a-t-il souligné.

M. OMAR SHALABY (Égypte, au nom du Groupe africain) a notamment remercié le Président de ses efforts de facilitation de la désignation des titulaires de mandats et lui a demandé quelles étaient ses propositions s'agissant de l'exclusion de titulaires s'étant déjà acquittés pendant plus de trois ans de leur mandat et n'ayant pas droit à une reconduction d'office.

M. ITZHAK LEVANON (Israël) a déclaré que la capacité d'autosabotage du Conseil ne manquera jamais de le surprendre et qu'à la vue de la liste de candidats pour les procédures spéciales, il ne peut qu'être bouleversé par un profond sentiment d'occasion manquée. Il a rappelé que le mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés n'a jamais été révisé en 15 ans, sans compter le fait que trois autres mécanismes des Nations Unies sont dédiés à la question palestinienne, ce qui rend ce mandat redondant. Quant à son sentiment d'occasion manquée, il est basé sur l'incapacité du Conseil d'initier le changement, de respecter ses propres principes d'impartialité et d'objectivité. Il est incroyable que sur une liste de 184 candidats potentiels, le Groupe consultatif ait fait ce choix pour ce poste. Le candidat proposé ne pense pas qu'il s'agit d'une exagération d'associer le traitement des Palestiniens aux atrocités commises par les nazis, de considérer les attentats suicide comme une méthode valable de lutte, et d'accuser Israël de «tendances génocidaires». Une personne qui émet de telles opinions ne peut être considérée comme impartiale, objective et indépendante. Elle a été imposée au Conseil par l'intimidation des parties que nous savons, ce qui constitue une victoire pour ces obstructionnistes et une défaite pour le Conseil sur le long terme.

M. WARREN TICHENOR (États-Unis) a fait observer que les procédures spéciales et notamment les mandats par pays montrent quels sont les problèmes de droits de l'homme rencontrés et offrent un soutien aux pays concernés pour qu'ils progressent en la matière. Les titulaires de mandat ont une énorme responsabilité, a-t-il ajouté; aussi, recherchons-nous des personnes qui ont fait la preuve de leur indépendance et de leur sens des responsabilités, a-t-il précisé. Tout en assurant respecter l'intégrité du processus de choix des candidats, il a toutefois exprimé sa préoccupation en ce qui concerne le mandat sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés. Ce mandat a souvent été déséquilibré, a-t-il notamment affirmé, craignant que cela ne fasse à l'avenir qu'exacerber cette situation.

M. GIOVANNI CARACCIOLO DI VIETRI (Italie) a exprimé sa reconnaissance au Président du Conseil pour son travail s'agissant des nominations opérées cet après-midi. Les consultations, notamment interrégionales, devront être à l'avenir plus approfondies, afin d'éviter les désaccords constatés actuellement au sujet de certains mandats, a-t-il toutefois ajouté.

M. RAJIV KUMAR CHANDER (Inde) s'est inquiété de la mauvaise représentation de l'Asie dans la liste des candidats aux postes de titulaires de mandats, ce qui - a-t-il souligné - n'est pas conforme aux principes du Conseil. Il a par ailleurs déploré le manque de clarté du rôle attribué, dans ce domaine, au Groupe consultatif. Plaidant en faveur d'une procédure unifiée s'agissant de ces questions, il a souhaité que des consultations soient menées prochainement à ce sujet.

M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a affirmé que le processus transparent qui a caractérisé les travaux du Groupe consultatif a permis l'établissement d'une liste d'experts qualifiés qui respecte un équilibre entre les sexes et une répartition géographique équitable. Il est légitime que la liste publiée suscite quelques interrogations et quelques frustrations, a-t-il ajouté, précisant que cette critique n'entame cependant en rien l'important travail réalisé par le Président du Conseil. Le représentant marocain a souligné que sa délégation considère le processus de sélection des détenteurs de mandats comme étant évolutif, adaptable et perfectible. Il s'est dit persuadé que les élections à l'avenir conforteront sa délégation dans cette certitude.

MME ANGÉLICA NAVARRO LLANOS (Bolivie) a déclaré que son pays avait identifié au moins deux bonnes candidatures capables d'assumer le poste de Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l'homme, dont l'une était la candidature équatorienne. La représentante a dit reprendre à son compte les déclarations de l'Équateur et de l'Uruguay à ce propos et a appelé à de meilleures consultations à l'avenir.

M. MOHAMMAD ABU-KOASH (Palestine) a jugé paradoxal qu'Israël fasse campagne contre un professeur juif de renommée internationale pour ce qui est de l'attribution du poste de Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967. Le Professeur Falk (ndlr: nommé cet après-midi à ce poste) est l'auteur, entre autres, de 54 ouvrages de droit international, ce qui constitue certainement plus de livres en la matière qu'en ont lu ceux qui ont fait campagne contre lui. La victoire que constitue la nomination de M. Falk est celle du bon sens pour les droits de l'homme, qui ont besoin de candidats indépendants et qualifiés. Si Israël s'inquiétait vraiment des droits de l'homme, il aurait mis fin à ses violations dans les territoires occupés, a déclaré M. Abu-Koash.

M. BLAISE GODET (Suisse) a expliqué que les membres du Groupe consultatif (ndlr: qui était chargé de préparer une liste de candidats pour les mandats de procédures spéciales à pourvoir) ont tout fait pour mettre à disposition du Président du Conseil des recommandations qui correspondent au mieux à leur conscience. Il s'est dit fier des travaux du Groupe et des résultats qui ont été soumis au Président. Certes, il y a deux ou trois nominations pour lesquelles nous aurions donné une autre préférence mais en aucun cas cela ne remet en cause le choix du Président, a-t-il ajouté. Ce Groupe est, comme son nom l'indique, consultatif, a-t-il insisté. M. Godet a reconnu que les méthodes de travail pourraient être améliorées. Il s'est toutefois opposé à la suggestion d'une délégation qui estimait que le Groupe devrait œuvrer à un consensus, car, a-t-il souligné, cela donnerait un caractère quasi électoral à un processus qui ne l'est pas. Il faut rester dans certaines proportions, a-t-il insisté.

M. ALEJANDRO ROGERS (Chili) s'est associé à l'intervention du Brésil au nom du Groupe de l'Amérique latine et des Caraïbes et a remercié tous les pays qui ont accordé leur confiance au Chili dans le processus de nominations de cet après-midi. Le représentant a affirmé que les méthodes de travail du Groupe consultatif pourraient effectivement être améliorées à l'avenir; mais il convient toutefois de relever que les membres de ce Groupe consultatif étaient confrontés à des candidatures d'excellente qualité. Le Chili estime que le critère de répartition géographique doit être évalué sur l'ensemble des mandats, qui sont au nombre de trente-quatre. Le représentant chilien a rappelé que la liste de candidats qui a été présentée aux membres du Conseil correspondait aux recommandations du Groupe consultatif.

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a affirmé que le mandat du Groupe consultatif n'est pas clair, certains pensant que ce Groupe doit faire des recommandations au Conseil, alors que d'autres estiment que son mandat se limite à mettre en place une liste de candidats. Il faut que le règlement intérieur du Conseil s'applique au Groupe consultatif, a-t-il ajouté. Quant aux relations entre le Conseil et le Groupe, le représentant pakistanais s'est inquiété que le résultat des délibérations du Groupe soit transmis au Président sans explication; il conviendrait que le Groupe fasse un bref rapport de ses décisions. Le représentant du Pakistan a par ailleurs déclaré qu'il déplorait que les membres du Conseil fassent l'objet de pression et que certains candidats fassent du lobbying auprès du Président, ce qui - selon lui - introduit des distorsions dans le processus de sélection. Il a jugé souhaitable de procéder à des élections ouvertes. En ce qui concerne les postes à pourvoir, il a demandé au Conseil de les annoncer au Secrétaire général et au Groupe consultatif.

M. PETER SPLINTER (Amnesty International) a exhorté les membres et observateurs du Conseil, à l'approche de l'élection en juin prochain de six autres experts des droits de l'homme comme titulaires de mandat dans le cadre des procédures spéciales, à rendre publique la liste des candidats éligibles et à promouvoir la nomination de femmes et d'hommes hautement qualifiés, en accordant une attention particulière aux candidatures des femmes, compte tenu de leur sous-représentation. Il a en outre exhorté le Groupe consultatif à mener des consultations avec toutes les parties prenantes, en particulier avec les titulaires de mandat sortants, pour déterminer les besoins en expertise, expérience et compétences. Un rapport public du Groupe devrait également contenir des informations spécifiques sur les réunions tenues, les consultations menées et la procédure suivie pour recommander des candidats pour chaque poste.

M. CURTIS DOEBBLER (Nord-Sud XXI) a dit apprécier les efforts déployés par le Président du Conseil dans le cadre du processus de sélection des titulaires de mandats. Il convient de veiller à ce que ce processus de sélection échappe à toute influence et que la sélection se déroule conformément à ce qui avait été convenu, a-t-il souligné. À cet égard, M. Doebbler a regretté » l'interférence troublante » dans la désignation du représentant du Secrétaire général pour les défenseurs des droits de l'homme. Il a fait observer qu'une personne a été écartée et a vu sa candidature rejetée. Lorsque l'intégrité du processus de sélection semble subir une influence extérieure ou se dérouler selon des pratiques non conformes, il faut que le Secrétariat s'attelle à trouver les responsables, a-t-il ajouté. Il faut mettre en place des garde-fous qui garantissent la transparence, a-t-il insisté.

M. ROMUALD PIAL MEZALA (Ligue internationale pour les droits et la libération des peuples) a salué la nomination de M. de Shutter comme Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation et a félicité le Professeur Ziegler pour l'ensemble des efforts qu'il a fournis dans le cadre de son mandat. M. Ziegler a pointé du doigt, entre autres, les abus des sociétés transnationales et l'incohérence du système des Nations Unies comme autant d'obstacles à la réalisation du droit à l'alimentation. Ce faisant, le titulaire du mandat a su rappeler avec fermeté les obligations des gouvernements. Les questions de la faim et de l'insécurité alimentaire doivent être traitées de manière globale et analysées comme étant l'une des conséquences de la domination économique des pays du Nord sur les pays du Sud. Les déséquilibres existants aujourd'hui dans le monde représentent l'obstacle majeur à la réalisation du droit à l'alimentation.


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