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LES VICE-MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA TURQUIE, DU JAPON ET DE L'UKRAINE S'ADRESSENT À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT

Compte rendu de séance
Plaidoyer en faveur de l'établissement de normes concernant le commerce des armes et la négociation d'un traité sur les matières fissiles

La Conférence du désarmement a entendu, cet après-midi, les déclarations des Vice-Ministres des affaires étrangères de la Turquie, du Japon et de l'Ukraine.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Rafet Akgünay, a fait savoir que son pays ne ménagerait aucun effort pour permettre à la Conférence de reprendre en 2008 son rôle de négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement, et de progresser parallèlement sur les garanties négatives de sécurité, du désarmement nucléaire et de la prévention d'une course aux armements dans l'espace.

Le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, M. Volodymyr Handogiy, a pour sa part souligné que les négociations concernant un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires devraient être la priorité première de la Conférence. Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Yasuhide Nakayama, a lui aussi jugé indispensable que la Conférence du désarmement entame ces négociations.

M. Handogiy a par ailleurs affirmé que l'efficacité des mécanismes multilatéraux existants dans le domaine du désarmement, du contrôle des armements et de la non-prolifération s'est érodée ces dernières années. Relevant que récemment, au sein des Nations Unies, la majorité des gouvernements a fait un premier pas vers un traité global sur le commerce des armes, il a indiqué que l'Ukraine appuyait l'établissement de normes communes dans le domaine du commerce international des armes. M. Akgünay a lui aussi fait savoir que la Turquie continuerait d'apporter son soutien à la conclusion d'un traité sur le commerce des armes.


Lors de sa prochaine séance plénière, demain, mercredi 5 mars, à 12 heures, la Conférence entendra une déclaration du Secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Suède.


Aperçu des déclarations

M. RAFET AKGÜNAY, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a souligné que nous vivons dans un monde où la sécurité est devenue indivisible. Nous bénéficions tous d'un environnement sûr et souffrons tous lorsqu'un tel environnement fait défaut. En outre, nous ne saurions prétendre que davantage d'armes apporteraient davantage de sécurité et c'est précisément là que réside la vertu du désarmement, a expliqué M. Akgünay. Le Vice-Ministre a insisté sur l'urgente nécessité de parvenir à un accord sur un programme de travail au sein de la Conférence du désarmement.

Située dans une région particulièrement préoccupante du point de vue de la prolifération des armes de destruction massive, la Turquie surveille avec vigilance les développements qui interviennent dans ce domaine et prend part aux efforts collectifs visant à promouvoir des mesures susceptibles d'inverser cette tendance alarmante. M. Akgünay a ajouté que la politique sécuritaire de la Turquie exclut la production et l'utilisation de toutes les sortes d'armes de destruction massive. Il a souligné que son pays est partie à tous les instruments internationaux de non-prolifération et aux régimes de contrôle des exportations et souhaite qu'ils soient effectivement mis en œuvre, universalisés voire renforcés.

Le Vice-Ministre turc des affaires étrangères a souligné que l'intégrité et la crédibilité du régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires exigent un engagement renouvelé en faveur des trois piliers de ce régime, qui se renforcent mutuellement et doivent être traités sur un pied d'égalité: non-prolifération, désarmement et utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire. M. Akgünay a par ailleurs souligné que son pays soutient la création, au Moyen-Orient, d'une zone effectivement vérifiable exempte d'armes de destruction massive. La Turquie encourage tous les efforts visant à parvenir à une compréhension régionale commune de ce projet, avec la participation de toutes les parties concernées, a-t-il précisé. Il a en outre fait savoir que son pays ne ménagerait aucun effort afin de permettre à la Conférence du désarmement de reprendre son rôle de négociation en 2008, au sujet d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement, et de progresser parallèlement au sujet des garanties négatives de sécurité, du désarmement nucléaire et de la prévention d'une course aux armements dans l'espace. M. Akgünay a d'autre part plaidé en faveur de la poursuite des efforts visant à promouvoir l'universalisation et la mise en œuvre effective de la Convention sur les armes chimiques et de la Convention sur les armes biologiques.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie a ensuite fait part de préoccupation de son pays au sujet de la croissance progressive de la portée et de la précision des missiles antimissiles. À cet égard, il a plaidé en faveur d'une universalisation du Code de conduite de La Haye contre la prolifération de tels missiles. Soulignant que l'espace ne doit être utilisé qu'à des fins pacifiques, M. Akgünay a en outre encouragé l'expression des points de vue et les propositions concernant le renforcement du cadre juridique international existant en matière de prévention d'une course aux armements dans l'espace. S'agissant des armes conventionnelles, leur prolifération constitue aussi un sujet de préoccupation. Il existe un lien étroit entre commerce illicite d'armes conventionnelles et terrorisme, a souligné M. Akgünay. Il a réitéré l'engagement de son pays en faveur de la mise en œuvre effective et du renforcement du Programme d'action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre. La Turquie continuera d'apporter son soutien à la conclusion d'un traité sur le commerce des armes, a insisté M. Akgünay.

M. YASUHIDE NAKAYAMA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a regretté que les travaux de la Conférence du désarmement, qui est l'instance privilégiée des négociations multilatérales dans ce domaine, sont bloqués depuis plus de dix ans maintenant. À cet égard, le Japon estime que la proposition contenue dans le document CD/2007/L.1 et les documents de travail qui l'accompagnent, aboutissement des discussions menées en 2007 autour de la formulation de l'ordre du jour de la Conférence, constituent un compromis pragmatique. Le Japon appelle donc les États membres à se rallier à ce texte, pour sortir la Conférence de l'impasse dans laquelle elle se trouve et renforcer ainsi la sécurité internationale.

M. Nakayama a rappelé que son pays, le seul à avoir fait l'expérience du feu nucléaire, vise l'instauration d'un monde exempt d'armes atomiques. À ce titre, le Japon se félicite de l'intensification récente du débat autour de l'adoption de mesures pratiques en vue de l'élimination complète des armes nucléaires. On ne saurait donc trop insister sur l'importance, pour la communauté internationale, de relever collectivement les défis posés par l'application du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, notamment face au développement secret d'armes nucléaires sous couvert du droit d'exploiter l'énergie atomique à des fins pacifiques. M. Nakayama a rappelé l'obligation pour les États disposant de l'arme nucléaire de respecter les engagements fermes auxquels ils ont souscrits aux termes de l'Article VI du Traité. Le Japon se félicite des efforts consentis par les États-Unis et la Russie pour réduire leur arsenal et espère qu'un accord sera trouvé qui prenne le relais des instruments START, a dit M. Nakayama. Le Japon appelle en outre à une plus grande transparence de la part des États dotés de l'arme nucléaire, notamment en appliquant les principes d'irréversibilité et de vérifiabilité de leurs mesures de désarmement nucléaire.

Par ailleurs, le Vice-Ministre japonais a estimé encourageante la ratification par la Colombie du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Le Japon continuera d'engager les quelques États qui ne l'ont pas encore fait à ratifier cet instrument et espère que le moratoire sur les essais nucléaires sera prolongé jusqu'à l'entrée en vigueur du Traité. Par ailleurs, M. Nakayama a jugé indispensable que la Conférence du désarmement entame des négociations au sujet de l'interdiction de la production de matières fissiles destinées aux armes nucléaires. Un accord dans ce domaine équivaudrait à une mesure importante de désarmement, étant donné qu'il permettrait de fixer une limite aux stocks d'armes nucléaires. Le Vice-Ministre a également estimé qu'il convient de prévenir la course aux armements dans l'espace, le Japon étant prêt à étudier et débattre de la proposition dans ce sens formulée par la Russie et la Chine. M. Nakayama a aussi indiqué que son pays est favorable aux mesures de sécurité négatives, estimant que des négociations devront intervenir pour aplanir les différences de position existant encore à cet égard entre les États détenteurs et non dotés d'armes nucléaires. Enfin, le Vice-Ministre a fait savoir que son pays, qui préside actuellement le G8, inscrirait la question de la non-prolifération des armes de destruction massive à l'ordre du jour de la prochaine réunion de cette organisation, en juillet prochain à Tokyo.

M. VOLODYMYR HANDOGIY, Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, a déclaré que dans l'actuel environnement sécuritaire mondial, le renforcement des normes juridiques internationales et des instruments politiques visant à prévenir la prolifération des armes de destruction massive et leurs vecteurs, ainsi que toute la gamme des questions relatives au contrôle des armements, restent une priorité absolue. Il a précisé que l'Ukraine souhaite un dialogue constructif visant à sortir de l'impasse dans laquelle se trouve actuellement la Conférence du désarmement.

L'Ukraine estime que l'efficacité des mécanismes multilatéraux existants dans le domaine du désarmement, du contrôle des armements et de la non-prolifération s'est érodée ces dernières années, a poursuivi M. Handogiy. Il s'est dit confiant que la mise en œuvre des deux initiatives que constituent l'Initiative de sécurité sur la prolifération et l'initiative du G-8 intitulée Partenariat mondial du G8 contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes permettra de favoriser la sécurité internationale. L'éventuelle utilisation d'armes de destruction massive par des terroristes a élevé la menace terroriste à un nouveau degré de gravité et ce danger ne saurait être ignoré, a ajouté M. Handogiy. Il a rappelé que l'Ukraine est membre actif de tous les régimes existants de contrôle des exportations et de non-prolifération. Relevant que récemment, au sein des Nations Unies, la majorité des gouvernements du monde a fait un premier pas vers un traité global sur le commerce des armes, il a indiqué que l'Ukraine appuyait l'établissement de normes communes dans le domaine du commerce international des armes.

Le vice-ministre ukrainien a par ailleurs réitéré la position de son pays concernant la question d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires , qui mérite une attention particulière. Il a précisé que l'Ukraine se réjouit des nombreuses discussions qui se déroulent à Genève sur cette question et, en particulier, du fait qu'aucune objection n'ait été opposée au principe de la négociation d'un tel traité. De l'avis de l'Ukraine, a insisté M. Handogiy, les négociations concernant un tel traité devraient être la priorité première de la Conférence, a-t-il déclaré.

M. Handogiy a d'autre part souligné que l'Ukraine était favorable au lancement de discussions de fond sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace au sein de la Conférence. À cet égard, l'Ukraine se réjouit des efforts communs déployés par la Fédération de Russie et la Chine afin de présenter à la Conférence un projet de traité sur la prévention du déploiement d'armes dans l'espace. Nous sommes convaincus que cette initiative contribuera aux discussions concrètes et substantielles sur les questions liées au renforcement de la sécurité dans l'espace, a déclaré M. Handogiy. Il a par ailleurs souligné que c'est un grand honneur et une grande responsabilité pour son pays que d'assumer, au cours de la session de 2008, la présidence de la Conférence, ainsi que la présidence de la deuxième session du Comité préparatoire de la Conférence d'examen du TNP de 2010, qui doit se tenir bientôt à Genève.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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