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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : INTERVENTIONS DE DIGNITAIRES DE SEPT PAYS

Compte rendu de séance
Le Vice-Président colombien fait état d'informations préliminaires selon lesquelles les FARC seraient en train de négocier l'acquisition de matériel radioactif

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations des Ministres des affaires étrangères des Pays-Bas, du Kazakhstan, de la Roumanie, de l'Iran, de la Slovaquie et de la Norvège et du Vice-Président de la Colombie.

Ce dernier a fait savoir qu'hier, la police colombienne a remis un rapport, encore préliminaire, relatif au contenu des ordinateurs trouvés auprès de Raul Reyes, le numéro 2 des FARC, abattu samedi dernier. Il ressort de ce premier rapport que les FARC seraient en train de négocier l'acquisition de matériel radioactif - matière première pour l'élaboration «d'armes sales» de destruction et de terrorisme, a précisé M. Francisco Santos Calderón.

Le Vice-Président colombien a par ailleurs fait part du souhait de son pays d'accueillir la deuxième Conférence d'examen de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel, qui doit se tenir fin 2009. Si cette candidature devait être appuyée, la ville de Carthagène des Indes a été choisie par le Gouvernement colombien comme siège de cette conférence historique qui marquera le dixième anniversaire de l'entrée en vigueur de cet important instrument international.

Le Ministre néerlandais des affaires étrangères a fait part de sa profonde préoccupation s'agissant du programme nucléaire iranien. Rappelant que le Conseil de sécurité a adopté, hier, une troisième résolution sur l'Iran, il a affirmé que l'Iran devra se tenir à cette nouvelle résolution, faute de quoi, des mesures additionnelles devront suivre. M. Verhagen a par ailleurs fait savoir que l'Union européenne était en train de rédiger un projet de code de conduite visant à favoriser la sécurité dans l'espace.

Le Ministre iranien des affaires étrangères a pour sa part rappelé que le récent rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a déclaré que toutes les questions en suspens concernant le programme nucléaire pacifique de l'Iran ont été résolues et a confirmé, pour la neuvième fois, qu'il n'y a pas eu détournement des activités nucléaires pacifiques de l'Iran. Ainsi, toutes les justifications invoquées par le Conseil de sécurité pour ses actions sont caduques, a déclaré M. Manouchehr Mottaki.

Le Ministre kazhak des affaires étrangères a indiqué que son pays était disposé à travailler au sein de la Conférence sur la base de la proposition présidentielle avancée en 2007 concernant le programme de travail. M. Marat Tazhin a en outre rappelé que son pays reste demandeur de négociations plus poussées au sujet des assurances de sécurité négatives, auxquelles les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui ne sont pas dotés de l'arme nucléaire ont pleinement droit.

Le Ministre des affaires étrangères de la Roumanie a souligné que le désarmement nucléaire et la non-prolifération constituent deux dimensions indissociables du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. La Roumanie considère, depuis longtemps, qu'il est de plus en plus nécessaire d'arriver à un accord international interdisant la militarisation de l'espace; il s'agit là d'un exercice tout à fait nécessaire de diplomatie préventive, a également souligné M. Adrian Cioroianu.

À l'instar de son homologue roumain, le Ministre slovaque des affaires étrangères a déploré la lenteur du processus d'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. M. Ján Kubiš a par ailleurs souligné que la Slovaquie a fait une importante contribution au processus de déminage dans le monde, pour lequel elle est devenue, en termes absolus, l'un des principaux donateurs.

Le Ministre norvégien des affaires étrangères a notamment insisté sur la nécessité de rédiger un instrument juridique visant l'interdiction des munitions en grappe, lesquelles causent des dommages inacceptables aux populations civiles. À ce sujet, la communauté internationale ne doit pas laisser se reproduire une crise humanitaire telle que celle causée par les mines antipersonnel dans les années 1990, a déclaré M. Jonas Gahr Støre.


Cet après-midi, à 15 heures, la Conférence entendra des déclarations de personnalités de haut rang de la Turquie, du Japon et de l'Ukraine.


Aperçu des déclarations

M. MAXIME VERHAGEN, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a rappelé que la Conférence se trouve dans l'impasse depuis un certain temps maintenant. Aussi, convient-il désormais de cesser de tout simplement refuser les propositions et de se mettre au travail, a-t-il déclaré. Pour réaliser la paix et la sécurité internationales, tant le désarmement que la non-prolifération sont indispensables, a poursuivi M. Verhagen. Les deux sont en effet étroitement liés, a-t-il ajouté. Il a appelé tous les groupes et pays à poursuivre l'objectif du désarmement nucléaire. L'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires pourrait constituer un pas dans cette direction, a-t-il précisé, appelant tous les gouvernements à ratifier cet instrument.

Lors de la prochaine Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), en 2010, nous devrons nous accorder sur les menaces auxquelles nous sommes confrontés et sur la nécessité d'intensifier la coopération internationale pour y faire face, a par ailleurs souligné M. Verhagen. Il est extrêmement important que nous fassions des progrès sur le désarmement nucléaire, la non-prolifération et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, a-t-il ajouté. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) revêt une importance vitale pour la pleine application du TNP, a-t-il également souligné. Dans la perspective d'une demande croissante en énergie nucléaire et des demandes à l'adresse de l'AIEA qui en découleront, nous devons commencer à réfléchir à un régime international qui soit non discriminatoire et qui renforce la non-prolifération, a déclaré M. Verhagen. À cet égard, il a fait part de sa profonde préoccupation s'agissant du programme nucléaire iranien. Les préoccupations de la communauté internationale ont amené le Conseil de sécurité à adopter, hier, une troisième résolution sur l'Iran, a rappelé le Ministre néerlandais des affaires étrangères. Tous les pays doivent respecter les engagements internationaux, a-t-il insisté. La déclaration des membres permanents du Conseil de sécurité et de l'Allemagne témoigne de leur intention sincère de faire tout ce qui est raisonnable pour rétablir une relation respectueuse entre l'Iran et la communauté internationale. L'Iran devra se tenir à cette nouvelle résolution, a déclaré M. Verhagen, faute de quoi, des mesures additionnelles devront suivre, a-t-il affirmé.

Les progrès en matière de désarmement nucléaire requièrent une volonté politique de la part des États dotés d'armes nucléaires, en particulier les deux États qui, à eux seuls, possèdent 95% des stocks mondiaux d'armes nucléaires, à savoir les États-Unis et la Fédération de Russie, a poursuivi M. Verhagen, appelant ces parties à s'acquitter de leur responsabilité dans ce domaine. Il a également exprimé l'espoir que le Mouvement des non-alignés saurait témoigner d'une attitude similairement constructive. Montrons que nous sommes disposés à donner et à prendre, a insisté le Ministre néerlandais.

La prolifération des missiles constitue un problème croissant, a par ailleurs déclaré M. Verhagen, appelant à de nouvelles initiatives politiques et à des mesures concrètes pour promouvoir davantage de sécurité et de stabilité. Dans ce domaine aussi, a-t-il souligné, les principales puissances doivent avancer, instaurer la confiance et œuvrer à une nouvelle élimination des missiles à courte et moyenne portée. La proposition visant à faire du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI) un traité multilatéral est intéressante, a estimé M. Verhagen. Il a appelé les États-Unis et la Fédération de Russie à poursuivre le processus de désarmement nucléaire après la fin des traités START et SORT, sur la base d'une solide fondation juridique assortie d'un mécanisme de vérification. La mise en œuvre du Code de conduite de la Haye contre la prolifération des missiles antimissiles est loin de répondre aux attentes, a en outre souligné le Ministre néerlandais, appelant tous les signataires de cet instrument – 128 au total – à renverser cette tendance et précisant que l'annonce préalable des lancements de missiles constituerait une mesure très positive à cet égard.

L'argument en faveur d'un traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement est simple, a par ailleurs indiqué M. Verhagen: un tel traité permet de promouvoir le désarmement en mettant un terme aux nouvelles fournitures de plutonium et d'uranium hautement enrichi à des fins de production d'armements. Quatre des États dotés de l'arme nucléaire ont d'ores et déjà indiqué qu'ils ne produisaient désormais plus de matières fissiles à des fins d'armement, a rappelé le Ministre néerlandais. Cette Conférence est l'instance au sein de laquelle nous devrions engager des négociations, a-t-il estimé. Les cinq États dotés de l'arme nucléaire devraient se mettre d'accord entre eux pour cesser toute production de matières fissiles à des fins d'armement et ouvrir leurs installations de production de telles matières aux inspecteurs de l'AIEA, a-t-il ajouté.

M. Verhagen a enfin fait savoir que les Pays-Bas étaient également disposés à engager des discussions de fond sur la manière de prévenir une course aux armements dans l'espace. Un Code de conduite ou un ensemble de directives énonçant les meilleures pratiques en la matière est un moyen réaliste et pragmatique de favoriser la sécurité dans l'espace et constituera une mesure valable d'instauration de la confiance, dès aujourd'hui, a estimé le Ministre néerlandais des affaires étrangères. Il a précisé que l'Union européenne était précisément en train de rédiger un tel instrument.

M. MARAT TAZHIN, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé que la première étape de la politique de désarmement de son pays avait été la fermeture de son site d'essais nucléaires, avant même sa ratification, en 1993, du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, dont le Kazakhstan a pleinement rempli les obligations. La décision de renoncer ainsi à ce qui était le quatrième arsenal nucléaire est d'autant plus importante que le pays maîtrisait, jusqu'alors, le cycle complet de la production d'armes nucléaires. En tant que participant actif au processus de désarmement, le Kazakhstan note avec regret que les travaux de la Conférence sont au point mort depuis dix ans. Le désarmement nucléaire stagne, la communauté internationale n'ayant pas su résoudre cette question en l'absence de volonté politique et de consensus.

Cependant, malgré cette absence de progrès visible, le Kazakhstan apprécie les efforts consentis depuis deux ans pour aboutir à la formulation, en 2007, de la «proposition des Présidents». Le Kazakhstan est prêt à travailler sur la base de cette proposition, compte tenu du fait qu'elle semble recueillir le soutien de la majorité des membres de la Conférence. Le Kazakhstan estime en outre opportune l'initiative de reprise des négociations au sujet de l'interdiction de la production de matières fissiles pour la production d'armes nucléaires, a dit son Ministre. Il faut espérer que cette démarche favorisera des progrès vers le désarmement nucléaire. Mais elle ne devra pas occulter l'importance des autres questions fondamentales soumises à l'attention de la Conférence. Le Kazakhstan salue à cet égard le projet d'accord sur la prévention du placement d'armes dans l'espace présenté par la Chine et la Fédération de Russie. Enfin, le Ministre kazakh a rappelé que son pays reste demandeur de négociations plus poussées au sujet des assurances de sécurité négatives, auxquelles les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui ne sont pas dotés de l'arme nucléaire ont pleinement droit.

M. ADRIAN CIOROIANU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a rappelé que la Conférence du désarmement est l'instance multilatérale unique de négociation sur le désarmement, et a souligné qu'elle est appelée à jouer un rôle fondamental au service de la sécurité et de la stabilité dans le monde. Il est regrettable que cette instance se trouve réduite à l'inaction depuis plusieurs années. Malgré cette impasse, la Conférence représente le cadre le plus adéquat, naturel, dans lequel tout problème lié à la paix et la sécurité internationales devrait se résoudre. La participation des Ministres des affaires étrangères aux travaux de la Conférence ne représente qu'une des voies d'action vouées au déblocage de la situation. La Roumanie estime que le «paquet de documents» de la session 2007 (CD/2007/L.1, CRP.5 et CRP.6) peut constituer une base solide pour relancer les activités de la Conférence et pour sortir de l'impasse. L'adoption rapide et sans difficultés de l'ordre du jour serait une preuve du climat positif qui permettrait le déroulement des travaux d'une manière équilibrée et constructive.

M. Cioroianu a aussi déclaré que la négociation d'un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles, l'examen de l'état actuel du désarmement nucléaire, la prévention de la prolifération dans l'espace extra-atmosphérique sont des questions liées étroitement à la sécurité globale. Par ailleurs, la Roumanie considère que le désarmement nucléaire et la non-prolifération représentent deux dimensions indissociables du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Elle continue aussi de considérer le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires comme une étape fondamentale vers le désarmement nucléaire. Malgré le soutien d'un très grand nombre d'États, le Traité n'a malheureusement pas réussi à atteindre les conditions de son entrée en vigueur. D'autre part, la militarisation de l'espace extra-atmosphérique est une source de grande inquiétude. La proposition L.1 prévoit des discussions de fond sur la prévention de la course aux armements dans l'espace; pour sa part, la Roumanie considère, depuis longtemps, qu'il est de plus en plus nécessaire d'arriver à un accord international interdisant la militarisation de l'espace. C'est un exercice tout à fait nécessaire de diplomatie préventive, car l'espace est un bien commun de l'humanité, qui doit être réservé uniquement aux utilisations pacifiques, a souligné le Ministre. La Roumanie continuera de soutenir ce cadre multilatéral des accords de désarmement et de la non-prolifération, tant au niveau mondial que régional, et continuera de respecter les obligations assumées dans les régimes auxquels elle est partie dans le domaine du désarmement et du contrôle des armements.

M. MANOUCHEHR MOTTAKI, Ministre des affaires étrangères de l'Iran, a souligné que tous les membres de la communauté internationale partagent des valeurs communes et ont intérêt commun à disposer d'un monde plus sûr. Or, dans un monde débarrassé des armes de destruction massive, le bien-être des nations serait plus facile à garantir. Ce monde serait bien différent de celui dans lequel des puissances qui recherchent la sécurité absolue pour elles-mêmes continuent à cette fin à moderniser leurs arsenaux nucléaires. Comme l'histoire récente le prouve, la recherche de la sécurité absolue pourrait bien, tôt ou tard, s'achever par des résultats négatifs; une telle attitude ne fait que diminuer le niveau de sécurité et la confiance entre les nations et raviver la course aux armements et la voie du militarisme. L'unilatéralisme et les mesures unilatérales sont les principaux obstacles que doit surmonter la communauté internationale, a poursuivi M. Mottaki. Le recours aux moyens militaires plutôt qu'au règlement pacifique des différends, comme le prévoit la Charte des Nations Unies, est une approche bien dangereuse qu'il convient d'éviter en matière de politique étrangère. Les doctrines militaires fondées sur des frappes préventives sont injustifiables et contredisent clairement l'esprit et la lettre de la Charte des Nations Unies, a souligné le Ministre iranien. Il a par ailleurs dénoncé l'imposition de sanctions injustifiées et illégitimes contre d'autres nations. Le manque de progrès sur la voie du désarmement nucléaire ainsi que la prolifération horizontale et verticale constituent un autre des principaux défis pour le monde actuel. Le maintien et la modernisation d'armes nucléaires stratégiques et tactiques, ainsi que les doctrines nucléaires prévoyant l'utilisation d'armes nucléaires éventuellement contre des États non nucléaires constituent la plus grande menace pour l'humanité.

La communauté internationale est aujourd'hui plus préoccupée que jamais par les milliers de têtes nucléaires que contiennent encore les stocks de certains États dotés d'armes nucléaires, a poursuivi M. Mottaki. La communauté internationale n'a jamais accepté la possession d'armes nucléaires par les cinq membres du Conseil de sécurité. Les vainqueurs de la seconde Guerre mondiale se sont arrogés le droit de veto, qui constitue aujourd'hui le droit de détenir des armes nucléaires et est devenu une monnaie d'échange pour obtenir des droits illégitimes. Quels sont les pays qui ont causé des dangers avec des armes nucléaires sur la péninsule coréenne, depuis des décennies? De quel droit la France a-t-elle doté Israël de nouvelles capacités nucléaires, a demandé le Ministre iranien? L'Iran propose que l'AIEA se penche sur la manière dont le «régime sioniste» s'est doté d'armes nucléaires. Les armes nucléaires – tout comme les armes chimiques et biologiques, qui sont déjà illégales – doivent être considérées comme illégales par le biais d'une nouvelle convention, a poursuivi M. Mottaki. La Conférence du désarmement a un rôle important à jouer dans le domaine du désarmement nucléaire et doit créer un comité spécial ayant pour mandat d'engager la négociation multilatérale d'une convention interdisant le développement, la production, le stockage et l'utilisation d'armes nucléaires. En attendant qu'une telle convention ait été élaborée, les États non dotés d'armes nucléaires doivent recevoir des garanties de sécurité négatives sous la forme d'un instrument juridique et il est à cette fin indispensable de mettre en place un comité spécial au sein de la Conférence du désarmement.

Les États dotés de l'arme nucléaire ont des obligations découlant de l'article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui n'est toujours pas respecté, a poursuivi M. Mottaki. Il a rappelé que ces États ont l'obligation d'éliminer totalement les armes nucléaires. Qu'en est-il de cet engagement, a demandé le Ministre? Fermer les yeux face au non-respect de cet engagement, c'est aussi fermer les yeux sur le non-respect du TNP, a-t-il déclaré. Le Gouvernement iranien est particulièrement préoccupé par les tentatives d'interpréter différemment les obligations des États dotés de l'arme nucléaire en vertu de l'article VI du TNP, en cherchant à assortir ces obligations de conditions, a ajouté M. Mottaki.

Sur initiative de l'Iran, les États du Moyen-Orient ont décidé en 1974 de créer une zone exempte d'armes nucléaires, a par ailleurs rappelé le Ministre iranien. La création d'une telle zone revêt une importance particulière pour tous les États de la région, a-t-il souligné. Malheureusement, pour que cette zone soit une réalité dans la région, aucune mesure concrète n'a été prise par les coauteurs, en 1995, de la résolution sur le Moyen-Orient – laquelle avait constitué un facteur décisif de l'extension du TNP. Le » régime sioniste » refuse d'adhérer au TNP et sa prolifération d'armes nucléaires dans des sites secrets constitue le seul obstacle à la création d'une telle zone exempte d'armes nucléaires dans la région, a précisé M. Mottaki.

L'Iran se félicite de l'initiative conjointe russo-chinoise visant à prévenir le déploiement d'armes dans l'espace et espère que la Conférence commencera dès que possible son travail de fond dans ce domaine, a poursuivi le Ministre iranien. M. Mottaki a par ailleurs informé la Conférence que le 4 février dernier, l'Iran a lancé avec succès sa première fusée de recherche Kavoshgar I (Explorateur I), pour préparer le placement en orbite du premier satellite iranien Omid, à des fins pacifiques. L'Iran n'entre dans l'espace qu'en vue d'obtenir des données pour prévenir des catastrophes naturelles et améliorer ses systèmes de télécommunications à des fins pacifiques, a assuré M. Mottaki.

S'agissant du développement du programme nucléaire iranien, M. Mottaki a rappelé que le récent rapport de l'AIEA a déclaré que toutes les questions en suspens concernant le programme nucléaire pacifique de l'Iran ont été résolues et a confirmé, pour la neuvième fois, qu'il n'y a pas eu détournement des activités nucléaires pacifiques de l'Iran. M. Mottaki a rappelé que pour lever toute ambiguïté s'agissant de ses activités nucléaires pacifiques et résoudre les questions en suspens, l'Iran a conclu le 21 août 2007 un accord sur un programme de travail avec l'AIEA. En application de ce programme, l'Iran a fait preuve de la plus grande transparence et d'une pleine coopération, bouclant même le programme de travail avant la date limite qui avait été fixée (soit au bout de six mois au lieu des dix-huit qui avaient été accordés). Dans son rapport en date du 22 février dernier, a insisté le Ministre iranien des affaires étrangères, l'AIEA a déclaré que les activités nucléaires actuelles de l'Iran sont sous son contrôle et que l'Agence avait été en mesure de continuer à vérifier le non-détournement des matières et installations nucléaires déclarées de l'Iran. Ainsi, toutes les justifications invoquées par le Conseil de sécurité pour ses actions sont caduques et cela montre que les résolutions précédemment adoptées par le Conseil n'ont aucune justification juridique ou technique et ne découlent que des seules intentions politiques et malicieuses de certains pays. Naturellement, la poursuite de cette tendance ne ferait que saper la crédibilité du Conseil de sécurité et affaiblir l'intégrité et le statut de l'AIEA, a averti M. Mottaki.

L'Iran n'a guère d'espoir que le Conseil de sécurité - étant donné l'attitude discriminatoire dont il a fait preuve, face à la catastrophe humaine qui se déroule à Gaza du fait du «régime sioniste» - fasse amende honorable, a précisé M. Mottaki.

M. JÁN KUBIŠ, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a regretté que l'impulsion perceptible donnée à la Conférence en 2006 et 2007 se soit essoufflée. Le Ministre a souhaité qu'en 2008, le groupe des six Présidents ne relâche pas ses efforts. M. Kubiš a également rappelé que la Conférence du désarmement doit rester le seul organe multilatéral pour la négociation d'accords importants pour la sécurité de la communauté internationale. Cependant, a mis en garde le Ministre, le prolongement du statu quo dans les travaux de la Conférence risque de susciter l'indifférence du public et des gouvernements. Une telle perte d'intérêt aurait des conséquences graves, notamment la perte du sens de l'urgence et le risque d'une réduction de l'engagement de haut niveau des États aux travaux de la Conférence.

M. Kubiš a en outre fait état des activités de son gouvernement pour la promotion de la sécurité internationale. En tant que membre du Conseil de sécurité, la Slovaquie a présidé le Comité chargé du dossier de la prolifération des armes de destruction massive, y compris sous l'aspect de la non-prolifération nucléaire. À cet égard, le Ministre a déploré que le processus d'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ressemble, par sa lenteur, à celui de la Conférence elle-même. Par ailleurs, a fait valoir le Ministre, la Slovaquie a fait une importante contribution au processus de déminage dans le monde, pour lequel elle est devenue, en termes absolus, l'un des principaux donateurs. La Slovaquie s'est aussi associée aux travaux autour de la formulation d'une nouvelle norme d'interdiction de munitions en grappe causant des dommages inacceptables aux civils. Enfin, toujours dans le cadre de sa présence au Conseil de sécurité, la Slovaquie a accordé une attention particulière à la question de la réforme du secteur de la sécurité, un facteur déterminant de la consolidation de la paix et de la stabilité, de la lutte contre la pauvreté et des droits de l'homme.

M. FRANCISCO SANTOS CALDERÓN, Vice-Président de la Colombie, a déclaré que dans son pays, des questions comme le trafic illicite d'armes ou l'accès de groupes terroristes à différents types d'armes n'ont rien d'académiques; elles font partie de la réalité quotidienne et constituent une grave menace pour la population colombienne. Hier, a fait savoir M. Calderón, la Police nationale colombienne a remis un rapport, encore préliminaire, relatif au contenu des ordinateurs trouvés auprès de Raul Reyes, le numéro 2 des FARC abattu samedi dernier. Il ressort de ce premier rapport que les FARC seraient en train de négocier l'acquisition de matériel radioactif - matière première pour l'élaboration d'armes sales de destruction et de terrorisme. Cette information, qui est en train d'être soumise à un processus de vérification strict et rigoureux avec l'appui international, témoigne qu'avec le pouvoir économique que leur octroie le trafic de stupéfiants, les groupes terroristes constituent une grave menace non seulement pour la Colombie, mais aussi pour toute la région andine et latino-américaine. Aussi, la grande priorité pour la Colombie est-elle de retrouver sa sécurité, a déclaré M. Santos Calderón. Affirmant que le Président Uribe fut élu pour cela, une première fois en 2002, puis de nouveau en 2006, il a indiqué que son pays était en mesure d'affirmer avec satisfaction devant la Conférence qu'il avait consolidé le contrôle territorial et rétabli l'autorité de l'État sur tout le territoire national.

M. Santos Calderón a par ailleurs souligné que plus de 18 000 armes ont été remises par les groupes qui ont été démobilisés dans le cadre de la politique de paix promue par le Gouvernement. Il a affirmé que 80% des armes qui entrent illégalement en Colombie vont aux groupes armés illégaux et les 20% restants à la délinquance ordinaire. Aussi, a-t-il insisté sur l'impérieuse nécessité qu'il y a à appliquer pleinement le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Rappelant par ailleurs que la Colombie avait apporté son soutien à l'adoption de la Stratégie globale de lutte contre le terrorisme, il a souligné que le plan d'action associé à cette Stratégie exige de renforcer la coordination et la coopération entre les États en matière de lutte contre les crimes liés au terrorisme tels que le trafic d'armes, de munitions et d'explosifs, entre autres.

Le Vice-Président colombien a par ailleurs rappelé que son pays venait de déposer, récemment, son instrument de ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Rappelant par ailleurs que la Colombie avait appuyé, l'an dernier, le projet de décision présidentielle CD/2007/L.1, il a en outre estimé que la Conférence est prête à reprendre son rôle d'unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement et en a appelé à la volonté politique des États membres pour assumer cet objectif. Après avoir rappelé que la Colombie est le deuxième pays du monde le plus affecté par les mines antipersonnel, M. Santos Calderón a indiqué qu'à ce jour, elle a procédé avec succès à la destruction de 7 de ses 34 champs de mines de protection et qu'il est prévu que les 27 restants soient détruits avant le 1er mars 2011, date limite imposée par la Convention d'Ottawa. En conclusion, le Vice-Président de la Colombie a fait part du souhait de son pays d'accueillir la deuxième Conférence d'examen de la Convention d'Ottawa, qui doit se tenir fin 2009. Si cette candidature devait être appuyée, la ville de Carthagène des Indes a été choisie par le Gouvernement colombien comme siège de cette conférence historique qui marquera le dixième anniversaire de l'entrée en vigueur de ce si précieux instrument international, a précisé M. Santos Calderón.

M. JONAS GAHR STØRE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, rendant compte des débats organisés à Oslo sur les mesures à prendre pour débarrasser le monde des armes nucléaires, a observé que la doctrine de «destruction mutuelle assurée » qui encadrait le concept de guerre froide devient chaque jour plus obsolète dans un contexte de menace nucléaire complexe et fragmentée. Or, il apparaît que la communauté internationale est loin d'avoir adopté un nouveau concept unificateur capable de diriger son action. Les traités existants doivent certes être respectés et révisés. Mais il manque toujours un plan d'action fédérateur et mobilisateur capable de canaliser l'action diplomatique et politique, a encore relevé M. Støre. Le défi actuel est donc de revenir à l'esprit de la Conférence de Reykjavik, en 1986, qui avait ouvert la voie du désarmement nucléaire jusqu'à son blocage en 2000. Les participants de la réunion d'Oslo ont dégagé cinq principes qui devraient, à cet égard, inspirer les travaux de la Conférence, a poursuivi le Ministre. Tout d'abord adopter la vision partagée d'un monde exempt d'armes nucléaires, et la capacité de prendre des mesures décisives pour concrétiser cette vision, notamment la signature d'accords contraignants prévoyant des mesures de contrôle. Troisième principe, parvenir à un consensus et à une collaboration effective entre tous les États concernés. Le quatrième principe est celui du respect du principe de non-discrimination et donc l'adoption d'accords universels, notamment dans le domaine de la sécurité énergétique nucléaire. La Norvège appuie à cet égard l'idée de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de créer une réserve de combustible. Enfin, dernier principe, la transparence doit s'inscrire au cœur de tous les efforts de la communauté internationale, a estimé M. Støre.

De nombreuses mesures d'action concrète découlent de ces propositions, a poursuivi le Ministre, parmi lesquelles l'engagement ferme des dirigeants de tous les pays et l'implication des populations concernées. En outre, les États-Unis et la Fédération de Russie sont encouragés à réduire le nombre de leurs armes nucléaires à quelques centaines d'unités, avec des contrôles à la clé. D'autres mesures concernent par exemple l'instauration d'un régime de non-prolifération crédible et solide, impliquant que tous les États qui ne l'ont pas encore fait ratifient le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Par ailleurs, outre ces mesures multilatérales, la Norvège estime nécessaire de poursuivre la coopération bilatérale et régionale. Le Ministre a aussi insisté sur la nécessité de rédiger un instrument juridique visant l'interdiction des munitions en grappe causant des dommages inacceptables aux populations civiles, principales victimes de ces armes, comme en témoignent à cet égard les situations en Afghanistan, au Liban et en Iraq. Comme pour les armes nucléaires, la danger est celui de la prolifération de ces armes, compte tenu des milliards de sous-munitions actuellement stockés, a déclaré le Ministre, indiquant que la communauté internationale ne doit pas laisser se reproduire une crise humanitaire telle que celle causée par les mines antipersonnel dans les années 1990.



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DC08017F