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LE PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DONNE LECTURE D'UN MESSAGE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE À L'OCCASION DE LA JOURNÉE DES FEMMES

Compte rendu de séance
La Conférence entend des déclarations du Myanmar et du Chili; plusieurs délégations rendent hommage à l'Ambassadeur du Chili qui quitte Genève

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, un message transmis par le Groupe de travail des organisations non gouvernementales sur les femmes, la paix et la sécurité à l’occasion de la Journée internationale des femmes. La Syrie, la Norvège, l'Algérie et l'Australie ont réagi à cette intervention. La Conférence a également entendu les déclarations du Myanmar et du Chili, ainsi que de brèves interventions du Pérou et de la Chine.

En début de séance, l'Ambassadeur Ahmet Üzümcü de la Turquie a donné lecture d'un message transmis par le Groupe de travail des organisations non gouvernementales sur les femmes, la paix et la sécurité, à l'occasion de la Journée internationale des femmes (8 mars) et rendant compte du Séminaire sur le désarmement tenu à cette occasion, comme chaque année, les 5 et 6 mars derniers. Cette année, le Séminaire a mis l'accent sur les crises que les dépenses militaires et la guerre provoquent du point de vue de la sécurité humaine et du développement durable.

La Syrie, la Norvège, l'Algérie et l'Australie ont regretté que les représentants des organisations non gouvernementales de femmes n'aient pas été en mesure de délivrer directement leur message devant la Conférence.

Le Myanmar a pour sa part déclaré que le désarmement nucléaire doit rester la première priorité à l'ordre du jour de la communauté internationale en matière de désarmement et de contrôle des armements. Le Myanmar réitère son plein soutien à la proposition du Groupe des 21 concernant un programme de travail et un projet de mandat d'un comité spécial sur le désarmement nucléaire, et suggère à tous les membres de la Conférence de se pencher de nouveau sur cette proposition.

Les délégations qui se sont exprimées ce matin ont rendu hommage à M. Juan Martabit, ambassadeur du Chili qui quitte ses fonctions à Genève, ainsi qu'à son pays, pour les efforts inlassables qu'ils ont déployés au service de la Conférence. Dans sa déclaration d'adieu à la Conférence, M. Martabit a affirmé que la proposition présidentielle CD/2007/L.1 et les documents annexes CRP.5 et CRP.6 présentés l'an dernier représentent un compromis délicat qui constitue une occasion nouvelle que la Conférence ne devrait, cette fois, pas laisser passer. Peut-être le moment est-il venu pour la Conférence d'engager une réflexion profonde sur la composition de l'ordre du jour, sur les modalités d'adoption des décisions, sur les systèmes de groupes, sur les mécanismes informels ou encore sur les demandes d'élargissement et de participation adéquate de la société civile, a par ailleurs suggéré l'ambassadeur chilien.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra jeudi 13 mars, à 10 heures.


Aperçu des déclarations

Le Président de la Conférence, M. Ahmet Üzümcü, a donné lecture d'un message transmis par le Groupe de travail des organisations non gouvernementales sur les femmes, la paix et la sécurité à l'occasion de la Journée internationale des femmes et rendant compte du Séminaire sur le désarmement tenu à cette occasion, comme chaque année, les 5 et 6 mars derniers. Cette année, fait savoir le message, le Séminaire a mis l'accent sur les crises que les dépenses militaires et la guerre provoquent du point de vue de la sécurité humaine et du développement durable. Cette année marque le trentième anniversaire de la première session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, qui a suscité la création de la Conférence du désarmement, rappelle le message. Le Séminaire de cette année a directement été lié aux points négligés du «Décalogue» (l'ordre du jour en dix parties de la Conférence), à savoir la réduction des dépenses militaires, le lien entre désarmement et développement, le désarmement nucléaire, les armes classiques et le désarmement en tant que mesure d'instauration de la confiance.

Les organisations non gouvernementales de femmes estiment que la contribution de la Conférence du désarmement à la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui doit se tenir en 2010 doit être le lancement de négociations sur un traité vérifiable d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement. En outre, les États parties doivent s'acquitter de leurs obligations en matière de désarmement en commençant à négocier une convention sur l'interdiction des armes nucléaires. Par ailleurs, la société civile n'a cessé de documenter la manière dont les armes légères et de petit calibre tuent et blessent des centaines de milliers de personnes chaque année et menacent le développement durable à travers le monde, poursuit le message; pourtant, cette question n'a toujours pas reçu de réponse internationale adéquate. Nous rejetons l'idée selon laquelle l'industrie militaire et le commerce des armes créent des emplois, de la prospérité ou de la sécurité, soulignent les femmes auteurs de ce message. Le budget combiné de toutes les institutions des Nations Unies qui travaillent sur les questions des femmes ne dépasse pas les 65 millions de dollars, ce qui ne représente que 0,005% des dépenses militaires mondiales, souligne le message, rappelant que les objectifs du Millénaire pour le développement pourraient être atteints avec 135 millions de dollars, ce qui n'est rien en comparaison avec les dépenses militaires mondiales. Il convient d'examiner la relation entre la masculinité et la guerre, autant que la relation entre les femmes et la paix, suggèrent les organisations non gouvernementales. Dans toute armée, 90% des soldats sont des hommes alors que dans n'importe quel camp de réfugiés, 80% des adultes sont des femmes.

M. JUAN MARTABIT (Chili) s'est félicité des efforts collectifs déployés ces dernières années par la plateforme des six Présidents. Ces efforts ont permis de garantir la continuité et la transparence et ce mécanisme a favorisé une meilleure entente entre les présidents et les autres membres de la Conférence. Il faut espérer que ce mécanisme permettra à la Conférence de reprendre aussitôt que possible ses importants travaux. La délégation du Chili, pour sa part, a toujours su faire preuve de souplesse en avalisant un certain nombre d'initiatives visant à sortir la Conférence de sa léthargie, de l'initiative Amorim à la décision présidentielle CD/2007/L.1 assortie des documents complémentaires CRP.5 et CRP.6. Cette proposition (L.1) représente un compromis délicat qui constitue une occasion nouvelle que la Conférence ne devrait pas laisser passer, cette fois-ci.

La Conférence a des problèmes internes et externes, a poursuivi M. Martabit. Nous vivons dans un monde complexe où il est parfois difficile de concilier les attitudes et intérêts politiques, a-t-il reconnu. Mais cette instance importante ne doit pas rester en marge du processus de renouveau que traverse le système multilatéral, tant au plan mondial que régional, a-t-il souligné. Le moment est venu d'examiner sérieusement un large éventail de questions; il est impossible de continuer d'œuvrer dans un organe qui soit une réminiscence du passé, a insisté M. Martabit. Peut-être le moment est-il venu, par exemple, d'engager une réflexion profonde sur la composition de l'ordre du jour, sur les modalités d'adoption des décisions, sur les systèmes de groupes, les mécanismes informels ou encore les demandes d'élargissement et de participation adéquate de la société civile, a-t-il précisé. En conclusion et alors qu'il achève sa mission à Genève après quatre ans passés à ce poste, M. Martabit a tenu à remercier les membres de la Conférence pour la confiance qu'ils ont placée en lui et en son pays.

M. WUNNA MAUNG LWIN (Myanmar) a déclaré que le désarmement nucléaire reste, de l'avis de son pays, la première priorité à l'ordre du jour de la communauté internationale en matière de désarmement et de contrôle des armements. Telle a été la politique constante de son pays, a-t-il souligné. L'existence même d'armes nucléaires constitue un grave danger pour l'humanité, a-t-il rappelé. Aussi, la seule manière efficace de se prémunir contre toute catastrophe nucléaire reste-t-elle l'élimination totale des armes nucléaires, a-t-il expliqué. Pleinement conscient de cette priorité, le Myanmar n'a cessé, depuis 1995, de présenter à l'Assemblée générale un projet de résolution globale sur le désarmement nucléaire, a-t-il rappelé. La résolution sur la question adoptée lors de la soixante-deuxième session de l'Assemblée générale demande à la Conférence d'établir un comité spécial chargé de négocier un programme échelonné de désarmement nucléaire, a-t-il précisé. À cet égard, il a souligné que sa délégation réitère son plein soutien à la proposition du Groupe des 21 contenue dans les documents CD/1570 et CD/1571 (ndlr: proposition dite Amorim concernant un programme de travail et un projet de mandat d'un comité spécial sur le désarmement nucléaire) et suggère à tous les membres de la Conférence de se pencher de nouveau sur cette proposition.

Le Myanmar estime que les deux processus de désarmement nucléaire et de non-prolifération nucléaire sont étroitement liés et se renforcent mutuellement, a poursuivi le représentant. Il a rappelé l'engagement sans équivoque pris par les États dotés d'armes nucléaires à l'issue de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2000 d'accomplir l'élimination totale de leurs arsenaux nucléaires menant au désarmement nucléaire. La volonté d'accomplir cet engagement doit être démontrée par la mise en œuvre complète des «treize mesures pratiques». En attendant l'élimination totale des armes nucléaires, il convient de poursuivre les efforts visant, entre autres, à conclure des instruments universels, inconditionnels et juridiquement contraignants sur les garanties négatives de sécurité devant être accordées aux États non dotés d'armes nucléaires; à encourager les nations à accéder au TNP, qui reste une pierre angulaire de la non-prolifération nucléaire et une base essentielle pour la réalisation du désarmement nucléaire; à assurer un strict respect des dispositions du TNP par les États parties à ce Traité; à établir et renforcer les zones exemptes d'armes nucléaires; à reconnaître et encourager les mesures unilatérales prises par les États dotés d'armes nucléaires à des fins de limitation des armements nucléaires et les exhorter à prendre de nouvelles mesures à cet égard; à désactiver immédiatement les armes nucléaires que possèdent les États dotés de telles armes et à prendre d'autres mesures concrètes pour réduire encore davantage le statut opérationnel de leurs systèmes d'armements nucléaires; et enfin, à réduire la place des armes nucléaires dans les doctrines de sécurité.

Le Myanmar espère sincèrement que les efforts concertés des six Présidents de la Conférence («P6») permettront à cette instance de commencer rapidement ses travaux de fond au cours de la session de 2008. Le Myanmar espère également que la Conférence parviendra à une décision pour engager rapidement des négociations sur un programme échelonné visant l'élimination complète des armes nucléaires selon un calendrier déterminé incluant une convention sur les armes nucléaires.

M. ABDULMAOLA AL NUQUARI (Syrie) a présenté ses meilleurs vœux de succès à l'Ambassadeur Juan Martabit du Chili pour sa vie professionnelle et personnelle à venir. M. Marbatit et son pays n'ont épargné aucun effort pour tenter de sortir la Conférence de l'impasse dans laquelle elle se trouve, a-t-il rappelé. Le représentant syrien a par ailleurs remercié le Comité des organisations non gouvernementales pour sa déclaration et a rappelé que la Syrie préfèrerait que l'occasion soit offerte aux ONG de faire directement leur déclaration devant la Conférence.

M. ELMER SCHIALER (Pérou) a salué l'Ambassadeur Martabit, dont le mandat à Genève touche à sa fin; le Pérou le remercie pour les efforts inlassables qu'il a déployés pour essayer de faire progresser la Conférence dans tous les domaines dont elle s'occupe. Le niveau d'engagement et les qualités exceptionnelles de diplomate qui caractérisent M. Martabit montrent clairement la marche à suivre au sein de la Conférence.

MME HILDE SKORPEN (Norvège) s'est associée aux délégations qui ont présenté leurs meilleurs vœux à M. Martabit dans sa nouvelle vie. Elle a ensuite fait valoir l'appui fourni par la Norvège au Séminaire des ONG sur le désarmement qui s'est tenu les 5 et 6 mars dernier. La Norvège estime que la participation de la société civile est vitale pour promouvoir l'agenda du désarmement, comme en témoigne le rôle qu'elle a pu jouer, par le passé, sur des questions comme les mines antipersonnel. La Norvège souhaiterait qu'à l'avenir, les ONG de femmes présentent directement leur déclaration à la Conférence.

M. HAMZA KHELIF (Algérie) a remercié l'Ambassadeur Juan Martabit du Chili pour tous les efforts qu'il a déployés pour sortir la Conférence de l'impasse dans laquelle elle se trouve. Le représentant algérien a également souligné que la menace nucléaire est un danger pour l'ensemble de la communauté internationale; dès lors, s'avèrent nécessaires face à cette menace les efforts de l'ensemble de la communauté internationale, y compris la société civile. Il est à cet égard regrettable que le consensus dégagé n'autorise pas les ONG de femmes à présenter elles-mêmes leur déclaration à la Conférence.

M. CRAIG MACLACHLAN (Australie) a lui aussi remercié M. Martabit et sa délégation pour leur contribution aux travaux de la Conférence. Par ailleurs, tout comme la Norvège, l'Australie aurait souhaité que les ONG de femmes puissent donner elles-mêmes lecture de leur déclaration devant la Conférence.

M. LI CHIJING (Chine) a remercié à son tour l'Ambassadeur Martabit du Chili pour sa précieuse contribution aux travaux de la Conférence.


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