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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES NATIONS UNIES OUVRE LES TRAVAUX DE LA SESSION DE 2008 DE LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT

Compte rendu de séance
Il demande à nouveau que les membres de la Conférence saisissent l'occasion historique que constitue la proposition des Présidents de 2007 de la Conférence

Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a ouvert ce matin, à Genève, les travaux de la session de 2008 de la Conférence du désarmement, dont la première partie se tient jusqu'au 28 mars prochain. Les travaux s'ouvrent sous la présidence de la Tunisie, dont le Ministre des affaires étrangères, M. Abdelwaheb Abdallah, a également pris la parole ce matin, de même que les ambassadeurs de la Fédération de Russie (au nom du Groupe des pays d'Europe de l'Est), de Sri Lanka (au nom du Groupe des 21 pays non alignés membres de la Conférence du désarmement), de l'Italie (au nom du Groupe des pays occidentaux) et de la Chine.

Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Samir Labidi de la Tunisie, a attiré l'attention sur l'événement sans précédent que constitue la présence du Secrétaire général des Nations Unies à l'ouverture d'une session de la Conférence du désarmement, donnant une nouvelle dimension aux efforts visant à obtenir des résultats substantiels à cette session.

M. Ban a rappelé que les six présidents de 2007 de la Conférence avaient rédigé une proposition qui prévoyait la mise en train de négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles, ainsi que l'examen d'autres questions essentielles. Il a rappelé que la Conférence était, en juin dernier, «à deux doigts de parvenir à une décision sur cette proposition» quand il a exhorté ses membres à faire preuve d'un esprit de conciliation et à saisir cette occasion historique. «Vous ne l'avez pas fait», a déploré le Secrétaire général, ajoutant: «Je suis ici pour refaire cette demande». Le Secrétaire général continue de penser que l'adoption de cette décision présidentielle nuancée et soigneusement pesée ne priverait aucun État Membre de la possibilité d'affirmer sa position nationale aux stades ultérieurs des travaux de la Conférence. «La Conférence n'a pas perdu son utilité, mais elle est en danger de perdre son chemin», a prévenu M. Ban. Pour s'engager à nouveau sur la voie de la réussite, elle doit retrouver l'ambition et le sentiment de faire cause commune qui lui ont jadis permis de produire des résultats. Le Secrétaire général continuera de soutenir sans réserve la mise en train de négociations concernant un traité sur les matières fissiles, sans nullement nier l'importance de la prévention d'une course aux armements dans l'espace, des assurances de sécurité négatives et du désarmement nucléaire, a-t-il précisé. La Conférence doit décider comment organiser ses travaux sur ces questions pour qu'aucune ne devienne l'otage de l'autre, a-t-il conclu.

Le Ministre tunisien des affaires étrangères s'est, pour sa part, dit convaincu que la Conférence pourrait aboutir, cette année, à des résultats consensuels. Soulignant le lien prévalant entre la paix, la sécurité et le développement, il a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de s'attacher à résorber la pauvreté et le dénuement et à diriger ses efforts vers la réalisation des objectifs du Millénaire.

La Fédération de Russie a exprimé l'espoir que le signal donné aujourd'hui à la Conférence contribuera à l'établissement d'un climat de coopération constructive, dans le but d'atteindre un objectif majeur: le renforcement du rôle essentiel de la Conférence dans l'appréhension des défis de sécurité auxquels est confronté le monde contemporain et dans l'élaboration de mesures concrètes pour assurer la paix sur notre planète.

La Chine a pour sa part souhaité que la Conférence parvienne à adopter un programme de travail équilibré pouvant être accepté par toutes les parties. L'Italie a quant à elle souligné que de nombreuses passerelles doivent encore être trouvées pour aboutir à un consensus s'agissant du travail à effectuer dans le futur.


Sri Lanka a souligné que les peuples des pays non alignés sont ceux qui ont le plus à gagner des efforts de la Conférence, car ce sont les plus vulnérables de la planète. Aussi, le Groupe des 21 ne ménagera aucun effort pour permettre à la Conférence de progresser.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra vendredi matin, 25 janvier 2008, à 10 heures.


Déclarations liminaires

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a souligné mis en exergue les priorités que sont le désarmement et la non-prolifération et a souligné qu'à son sens, la Conférence peut favoriser la réalisation de ces deux objectifs. La Conférence a de grands succès à son actif, mais ils remontent à bien longtemps, a rappelé le Secrétaire général. La communauté internationale accorde beaucoup d'importance à la Conférence du désarmement, mais il faut que des progrès soient accomplis, a déclaré M. Ban. Il le faut parce qu'un désarmement concerté empêchera la course aux armements. Or, empêcher la course aux armements, c'est apaiser les tensions. Et une fois les tensions apaisées, des ressources qui auraient servi à acheter des armes peuvent être consacrées à autre chose: la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, a souligné le Secrétaire général. L'ONU doit être le fer de lance des efforts visant à faire du monde un lieu plus sûr, a-t-il ajouté.

«Alors que la gravité des menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales est très généralement reconnue, vous n'avez pas réussi à vous mettre d'accord pour contrer ces menaces», a regretté le Secrétaire général à l'attention des membres de la Conférence, ajoutant que cette impasse concernant les priorités le préoccupait profondément. L'an dernier, a-t-il rappelé, la Conférence était sur le point de se remettre à jouer son rôle, celui qui incombe au principal organe mondial de négociation sur le désarmement. Les six présidents de 2007 de la Conférence avaient rédigé une proposition qui prévoyait la mise en train de négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles destinées à la production d'armes ou d'autres engins explosifs nucléaires, ainsi que l'examen d'autres questions essentielles: le désarmement nucléaire, les assurances de sécurité négatives et la prévention de la course aux armements dans l'espace, a rappelé M. Ban. «En juin, vous étiez à deux doigts de parvenir à une décision sur cette proposition quand je vous ai exhorté à faire preuve d'un esprit de conciliation et à saisir cette occasion historique. Vous ne l'avez pas fait», a déploré le Secrétaire général. «Je suis ici pour refaire cette demande», a-t-il dit, ajoutant qu'il continuait de penser que l'adoption de cette décision présidentielle nuancée et soigneusement pesée ne priverait aucun État Membre de la possibilité d'affirmer sa position nationale aux stades ultérieurs des travaux de la Conférence.

«De réelles possibilités s'offrent à vous cette année», a poursuivi le Secrétaire général. L'Assemblée générale a constaté l'existence d'une dynamique favorable, a rappelé M. Ban, qui a vivement engagé les membres de la Conférence à en tirer parti. «La Conférence n'a pas perdu son utilité, mais elle est en danger de perdre son chemin», a-t-il averti. Pour s'engager à nouveau sur la voie de la réussite, elle doit retrouver l'ambition et le sentiment de faire cause commune qui lui ont jadis permis de produire des résultats, a-t-il affirmé. Pour que le potentiel de la Conférence continue d'être exploité aujourd'hui, il faut qu'il existe un projet politique, a-t-il souligné. Une impulsion politique au plus haut niveau, conjuguée à la coopération, permettra d'aboutir à un nouveau consensus concernant les activités futures.

«Je continuerai de soutenir sans réserve la mise en train de négociations concernant un traité sur les matières fissiles», a fait savoir M. Ban, qui a précisé : «Je ne nie nullement l'importance de la prévention d'une course aux armements dans l'espace, des assurances de sécurité négatives et du désarmement nucléaire en soi». Bien au contraire: ce sont là pour la Conférence des questions de la plus grande et de la plus durable importance. «Vous devez décider comment organiser vos travaux sur ces questions pour qu'aucune ne devienne l'otage de l'autre», a-t-il souligné. «Je vous souhaite plein succès pour votre session de 2008. Que cette année soit celle d'un grand pas en avant», a conclu le Secrétaire général des Nations Unies.

M. ABDELWAHEB ABDALLAH, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a salué la présence à cette séance inaugurale de M. Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, et a affirmé l'attachement de son pays aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et son engagement de continuer à apporter sa contribution à tous les efforts visant la consolidation de la paix et de la sécurité internationales.

La Conférence du désarmement, a rappelé M. Abdallah, est l'instance multilatérale unique de négociation sur le désarmement et est appelée à jouer son rôle dans le cadre d'une approche consensuelle, ce qui, a-t-il ajouté, nécessite l'élaboration d'un programme de travail équilibré et objectif. Les excellentes relations d'amitié et de coopération qui lient la Tunisie avec tous les membres de la Conférence sont de nature à faciliter et à promouvoir le dialogue en tant qu'instrument essentiel dans la recherche d'un consensus, a-t-il estimé.

Tout en insistant sur l'ampleur des enjeux et exprimant sa compréhension pour les difficultés empêchant, depuis quelques années, la réalisation de progrès dans les consultations entre les différentes parties, il s'est dit convaincu que la Conférence pourrait aboutir, cette année, à des résultats consensuels.

Soulignant le lien prévalant entre la paix, la sécurité et le développement, le Ministre tunisien des affaires étrangères a insisté sur la nécessité pour la Communauté internationale de s'attacher à résorber la pauvreté et le dénuement et à diriger ses efforts vers la réalisation des objectifs du Millénaire. La Tunisie, a conclu M. Abdallah, a réitéré dans les différentes instances internationales l'importance d'approfondir le dialogue constructif sur les questions de désarmement en vue de réaliser les objectifs de la Conférence et de contribuer au renforcement de la sécurité, de la stabilité, et à la diffusion de la culture de paix, afin de concrétiser les nobles valeurs qui ont été à l'origine de la création des Nations Unies.

Déclarations de membres de la Conférence

M. VALERY LOSCHININ (Fédération de Russie, au nom du Groupe des pays d'Europe de l'Est) a exprimé sa vive appréciation pour la présence du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, qui démontre ainsi son engagement en faveur des questions de désarmement et de non-prolifération et l'importance qu'il attache à la Conférence. Rappelant que la Conférence du désarmement a apporté, dans le passé, une importante contribution à l'élaboration d'instruments juridiques internationaux qui forment, aujourd'hui, la base du système actuel de sécurité et de non-prolifération des armes de destruction massive, il a souligné qu'après une période marquée par des difficultés pour la Conférence, la situation avait évolué de manière positive. Celle-ci a tenu des réunions plus actives, marquées par des discussions sérieuses et enrichissantes sur tous les points de l'ordre du jour, a-t-il affirmé. La confiance entre les partenaires s'est accrue et des progrès peuvent être accomplis en prenant en compte les points de vue de toutes les parties concernées, a-t-il ajouté. Nous espérons, a-t-il enfin déclaré, que le signal que vous avez donné aujourd'hui à la Conférence contribuera à l'établissement d'un climat de coopération constructive, dans le but d'atteindre un objectif majeur: le renforcement du rôle essentiel de la Conférence du désarmement dans l'appréhension des défis de sécurité auxquels est confronté le monde contemporain et dans l'élaboration de mesures concrètes pour assurer la paix sur la planète.

M. DAYAN JAYATILLEKA (Sri Lanka, au nom du Groupe des 21) a assuré le Président de la Conférence de la confiance que le Groupe des 21 place en lui. «Nous avons le sentiment que nous sommes entre de bonnes mains et que justice sera rendue», a-t-il dit. Il a également salué la présence du Secrétaire général des Nations Unies devant la Conférence aujourd'hui, soulignant que les paroles de M. Ban cherchent à ébranler une procédure dans laquelle la Conférence s'enlise. Le Secrétaire général a rappelé le lien qui existe entre désarmement et développement, a en outre relevé M. Jayatilleka. Les peuples que représente le Groupe des 21 sont ceux qui ont le plus à gagner des efforts de la Conférence, car ce sont les plus vulnérables de la planète, a-t-il fait observer. Aussi, le Groupe des 21 ne ménagera aucun effort pour permettre à la Conférence de progresser, a assuré M. Jayatilleka.

MME LUCIA FIORI (Italie, au nom du Groupe des pays occidentaux) a rappelé qu'en 2007, la Conférence du désarmement avait tenu, au cours de sa première session, des discussions constructives, structurées et sérieuses qui avaient instauré une forte dynamique. Cette dynamique, a-t-elle ajouté, s'est développée dans le cadre des efforts de la plateforme constituée par les six présidents et avec la nomination de coordonnateurs pour chacun des sept points à l'ordre du jour de la Conférence. Les délibérations qui ont eu lieu sous la supervision des coordonnateurs ont impliqué la participation active d'experts reconnus et se sont avérées très productives et inspirantes, a déclaré Mme Fiori. L'exercice a abouti à la présentation d'un projet de décision présidentielle et de deux autres documents qui contribuent à éclaircir des points soulevés par certaines délégations, a-t-elle rappelé. Nous sommes toutefois conscients, a conclu la représentante italienne, que de nombreuses passerelles doivent encore être trouvées pour aboutir à un consensus s'agissant du travail à effectuer dans le futur.

M. LI YANG (Chine) a relevé que dans leurs discours, aussi bien le Secrétaire général des Nations Unies que le Ministre tunisien des affaires étrangères ont réagi de manière positive aux progrès réalisés récemment par la Conférence, tout en notant les défis auxquels elle reste confrontée. La Chine estime que ces commentaires reflètent fidèlement la réalité et sont tout à fait pertinents. Les négociations sur le désarmement ont des incidences sur la paix dans tous les pays, a rappelé M. Li. La Chine espère que la Conférence du désarmement parviendra à adopter un programme de travail équilibré pouvant être accepté par toutes les parties.


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