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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ADOPTE SON ORDRE DU JOUR POUR 2008

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a adopté ce matin son ordre du jour et entendu des déclarations de la Chine, de la Fédération de Russie, de la Slovénie, des Pays-Bas et de Sri Lanka. Elle a en outre accepté la participation à ses travaux de trente États à titre d'observateurs.

Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Samir Labidi de Tunisie, a rappelé que la Conférence avait reçu cette semaine, pour l'ouverture de ses travaux, le Secrétaire général des Nations Unies, qui a délivré un message d'encouragement devant inciter les membres de la Conférence à redoubler leurs efforts. La Présidence n'épargnera pour sa part aucun effort pour faire avancer les travaux de la Conférence, a assuré M. Labidi, indiquant qu'un aperçu sur le calendrier d'activité serait bientôt soumis aux membres de la Conférence.

Pour sortir de l'impasse actuelle et relancer les travaux de fond de la Conférence, la Chine souligne qu'il importe de renforcer les efforts de communication, de respecter les préoccupations de toutes les parties et de maintenir la transparence et l'ouverture.

La Fédération de Russie a notamment rappelé qu'elle était attachée à une approche multilatérale des problèmes du désarmement et au respect des accords en vigueur. La Fédération de Russie et la Chine comptent déposer, en février prochain, un projet commun de traité sur la prévention du placement d'armes dans l'espace.

Pour Sri Lanka, les tentatives de militarisation de l'espace sont un symptôme du sentiment d'insécurité et de doute qui règne actuellement. Dans ce contexte, il appartient à la Conférence de rester sensible aux dynamiques entre États qui entraînent les phénomènes de ce type et qu'elle doit combattre.

Les Pays-Bas ont rappelé l'appel lancé avant hier par le Secrétaire général pour que la Conférence fasse de 2008 l'année d'un grand pas en avant et réitère qu'ils sont attachés à ce que la communauté internationale continue d'œuvrer pour la dénucléarisation.

L'Union européenne, par la voix de l'observateur de la Slovénie, a notamment rappelé qu'elle était attachée au processus d'élargissement de la Conférence aux États qui ne sont pas encore membres de l'Union européenne mais qui ont déposé une demande d'adhésion depuis plusieurs années.

L'ordre du jour de la Conférence pour 2008, qui reste inchangé depuis plusieurs années, est consacré aux point suivants: cessation de la course aux armements nucléaires et désarmement nucléaire; prévention de la guerre nucléaire, y compris toutes les questions qui y sont liées; prévention d'une course aux armements dans l'espace; arrangements internationaux efficaces pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes; programme global de désarmement; et transparence dans le domaine des armements.

Les États suivants ont été admis à participer aux travaux de la Conférence àà titre d'observateurs: Albanie, ancienne République yougoslave de Macédoine, Arménie, Azerbaïdjan, Bosnie et Herzégovine, Chypre, Costa Rica, Croatie, Émirats arabes unis, Estonie, Géorgie, Ghana, Grèce, Guatemala, Islande, Koweït, Lettonie, Libye, Luxembourg, Maurice, Moldova, Mozambique, Oman, Philippines, Portugal, République tchèque, Saint-Siège, Serbie, Slovénie et Soudan.

Le Président a annoncé que d'éminentes personnalités s'adresseraient à la Conférence dans le courant du mois de février, notamment M. Sergei Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Desmond Browne, Secrétaire d'État à la défense du Royaume-Uni et M. Thomas D'Agostino, Sous-Secrétaire d'État à la sécurité nucléaire des États-Unis.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi 29 janvier, à 10 heures.


Déclaration liminaire du Président

M. SAMIR LABIDI, Président de la Conférence du désarmement, a dit l'honneur de son pays à exercer la présidence dans cette année qui s'annonce comme importante pour les travaux de la Conférence. La Conférence a reçu mercredi deux hôtes de marque, le Secrétaire général des Nations Unies et le Ministre des Affaires étrangères de la Tunisie. Le Secrétaire général a délivré un message d'encouragement devant inciter les membres de la Conférence à redoubler leurs efforts, a rappelé le Président.

M. Labidi a informé la Conférence qu'il avait entamé des consultations bilatérales depuis octobre 2007 à New York, qui se poursuivent à Genève avec toutes les délégations des États membres. Ces consultations ont été l'occasion de réunions fructueuses pour discuter des questions qui retiennent l'attention de la Conférence, a fait valoir M. Labidi. Outre ces consultations, des réunions multiples et productives ont été organisées au niveau des ambassadeurs et des experts, réunions marquées par l'écoute et la franchise. Les résultats seront, il faut l'espérer, probants pour la suite des travaux de la Conférence.

Les consultations avec les représentants permanents à la Conférence indiquent clairement qu'il existe un sentiment général en faveur de l'adoption rapide de l'ordre du jour de la session de 2008, a poursuivi M. Labidi. La présidence a eu des échanges utiles avec toutes les délégations au sujet des documents de travail de l'année 2007. Certaines délégations estiment à ce propos qu'il faut continuer les consultations pour parvenir à un accord de consensus sur la base de la proposition présentée par les six Président de la session de 2008. le Président a déclaré qu'il n'épargnerait aucun effort pour faire avancer les travaux de la Conférence. Il a par ailleurs indiqué qu'un aperçu sur le calendrier d'activité étoffé serait bientôt soumis aux membres de la Conférence.


Débat

M. WANG QUN (Chine) a souligné que la sécurité est plus que jamais à l'ordre du jour de la communauté internationale, qui doit notamment faire face à des menaces nouvelles telles que le terrorisme. La Conférence doit s'appuyer sur le consensus déjà obtenu pour mieux jouer son rôle et relever les nouveaux défis lancés à la sécurité et à la paix internationales. La Chine a pris note du discours du Secrétaire général devant la Conférence avant hier, qui appelait notamment à un esprit de compromis pour faire avancer les travaux de la Conférence, et demandait que 2008 soit l'année d'un grand pas en avant. La Chine estime qu'il faut tirer parti des résultats passés et s'efforcer de parvenir à un programme de travail équilibré qui satisfasse toutes les parties. Un esprit de respect mutuel entre toutes les parties sera propice à la réussite des travaux de la Conférence et à la prise en compte des intérêts mutuels, a fait valoir le représentant chinois, ajoutant que son pays est bien décidé à y participer de manière constructive. Pour briser l'impasse actuelle et relancer le travail de fond de la Conférence, il importe de faire preuve de patience et de renforcer les efforts de communication; de respecter les préoccupations de toutes les parties; et de maintenir la transparence et l'ouverture tout en respectant scrupuleusement le règlement intérieur, a estimé le représentant chinois.

M. VALERY LOSHCHININE (Fédération de Russie) a observé que la Conférence démarre ses travaux dans une période marquée par des problèmes très graves. L'intensification des conflits régionaux, la menace terroriste ou encore la prolifération des armes de destruction massive menacent la stabilité internationale et compromettent la pérennité de la croissance économique. L'heure est donc à la concertation au sujet des règles qui régissent les rapports internationaux. Une approche réaliste du travail de fond à ce propos doit être adoptée, a fait valoir le représentant. La Russie est attachée depuis longtemps à une approche multilatérale des problèmes du désarmement et au respect des accords en vigueur. Il faut davantage exploiter le potentiel de la Conférence pour renforcer les efforts de réduction des armes de destruction massive. Il faut en outre prévenir une course aux armements dans l'espace par l'instauration d'un dialogue multilatéral respectueux des intérêts de toutes les parties, a poursuivi le représentant. La Russie et la Chine vont à ce propos déposer, en février prochain, un projet commun de traité sur la prévention du placement d'armes dans l'espace. La Russie est disposée à ne pas s'opposer à des discussions sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires dans le cadre d'un programme de travail concerté. La Russie est également disposée dans ce cadre à discuter des garanties de sécurité pour les États qui ne détiennent pas d'armes nucléaires. L'objectif commun doit être maintenant la recherche d'un consensus sur le programme de travail qui réponde aux préoccupations de toutes les parties, a déclaré le représentant russe.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie, au nom de l'Union européenne) a déclaré que l'Union européenne était satisfaite du modèle de présidence de la Conférence dit du «P6», adopté en 2006 et 2007, qui a pu faire avancer ses travaux, notamment par la présentation, en mars 2007, d'un programme de travail très important. La Conférence est un forum unique pour la communauté internationale, a rappelé le représentant, ajoutant que l'Union européenne a contribué aux travaux de longue haleine autour de l'élaboration d'un programme de travail qui réponde aux attentes de toutes les parties. Elle est également favorable à un traité d'interdiction des matières fissiles et à un traité relatif à l'interdiction de la militarisation de l'espace, entre autres sujets dont la Conférence est saisie. L'Union européenne en appelle à toutes les délégations pour qu'elles se rallient au consensus et adoptent les documents de travail en attente depuis 2007. Enfin, l'Union européenne est attachée de longue date au processus d'élargissement de la Conférence aux États qui ne sont pas encore membres de l'Union européenne mais qui ont déposé une demande d'adhésion depuis plusieurs années, a conclu son représentant.

M. JOHANNES LANDMAN (Pays-Bas) s'est félicité de l'adoption de l'ordre du jour et s'est dit ravi de ce que la présidence ait choisi de collaborer avec les autres présidents. Pour la première fois de l'histoire de la Conférence, le Secrétaire général des Nations Unies a fait une allocution au cours de sa séance liminaire. Le Secrétaire général a ainsi constaté que la Conférence n'avait pu trouver une position commune sur le texte présidentiel en juin 2007 et a appelé à faire de 2008 l'année d'un grand pas en avant, a rappelé le représentant néerlandais. Les crises et les impasses présentent certes des inconvénients mais obligent aussi à réfléchir, a fait valoir le représentant citant, Jawaharlal Nehru. Il est par ailleurs certain que l'inaction ne conduira pas à un monde exempt d'armes nucléaires et que la communauté internationale doit continuer d'œuvrer pour la dénucléarisation.

M. DAYAN JAYATILLEKA (Sri Lanka) a estimé que les tentatives de militarisation de l'espace sont un symptôme du sentiment d'insécurité et de doute qui règne actuellement. Il appartient à la Conférence de rester sensible aux dynamiques entre États qui entraînent les phénomènes de ce type et qu'elle entend combattre. La perspective adoptée lors des négociations doit suivre une approche globale, la négligence de certains facteurs au profit d'autres étant une cause d'échec. La sagesse, la compréhension et la souplesse doivent prédominer dans les négociations, a dit le représentant, ajoutant qu'il importe également que les États soient tous traités comme des partenaires égaux.

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