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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: DES DÉLÉGATIONS DEMANDENT QUE LES TRAVAUX REPRENNENT CETTE ANNÉE SUR LA BASE DES ACQUIS DE L'AN DERNIER

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations de Sri Lanka (au nom du Groupe des 21), du Japon, de la République de Corée, du Pakistan, de l'Australie, d'Israël, de l'Allemagne, du Brésil, de l'Égypte, du Chili, de l'Iran et des Pays-Bas.

De l'avis du Japon, le projet de décision des six Présidents de la session de la Conférence de l'an dernier, présenté en mars 2007 et associé aux déclarations complémentaires y relatives, pourrait permettre à la Conférence de reprendre le travail immédiatement cette année. L'Allemagne a fait savoir qu'elle soutenait sans réserve cette proposition. L'Australie a elle aussi rappelé qu'elle appuie la proposition et qu'elle peut accepter les déclarations de clarification qui l'accompagnent. Le Chili a également indiqué qu'il soutenait ce projet et ses déclarations complémentaires. Le Brésil, en ce qui le concerne, a souligné que, si ce projet de décision est certes loin de rallier le consensus, il n'en reste pas moins sur la table; aussi, le Brésil a-t-il rappelé qu'il soutient toujours cette proposition et les déclarations présidentielles qui l'accompagnent. Quant à la République de Corée, elle a jugé que cette proposition, fondée sur une approche réaliste et équilibrée, est en réalité le seul compromis qui permettrait de relancer les travaux de la Conférence.

Le Pakistan a pour sa part souligné que la Conférence devrait veiller à prendre en compte les points de vue de tous ses membres; il faut qu'elle parvienne à un programme de travail équilibré. Au nom du Groupe des 21, Sri Lanka a rappelé que les négociations au sein de la Conférence doivent reposer sur la promotion du multilatéralisme et sur le respect des règles de procédure.

Le désarmement nucléaire doit rester une priorité des travaux de la présente session, a pour sa part insisté l'Égypte.

Israël a insisté sur les deux menaces fondamentales à la paix et à la sécurité internationales qui, selon lui, devraient figurer parmi les priorités de la Conférence, à savoir le terrorisme et la prolifération d'armes de destruction massives et de leurs vecteurs. Aussi, Israël a-t-il rappelé l'importance que son pays accorde aux régimes nationaux de contrôle des exportations d'armements. Réagissant à la déclaration faite par Israël, l'Iran a dénoncé le terrorisme d'État du «régime israélien» et a affirmé que ce régime n'a aucune autorité morale pour donner des leçons à quiconque.

Enfin, les Pays-Bas ont évoqué la question du gaspillage de papier et de ressources associée aux travaux de la Conférence et proposé l'adoption de mesures d'économie.

En début de séance, le Président de la Conférence, M. Samir Labidi, a présenté le calendrier d'activités pour les réunions de travail à venir de la session de 2008, indiquant notamment que la Conférence tiendrait deux réunions officielles par semaine, le mardi et le jeudi. Il a ajouté qu'il tiendrait une réunion avec les coordonnateurs des groupes régionaux tous les lundis matins et que des consultations avec les groupes régionaux auront lieu chaque mercredi. Des réunions informelles sur chaque point de l'ordre du jour seront organisées régulièrement et selon que de besoin; ainsi que des réunions de consultations avec le Président. Comme annoncé la semaine dernière, des visites de haut niveau sont déjà prévues à compter du mardi 5 février, jour où le Secrétaire d'État à la défense du Royaume-Uni s'adressera à la Conférence.

La Conférence a accepté la demande de participation à ses travaux en tant qu'observateur présentée par la République dominicaine.


La prochaine séance publique de la Conférence se tiendra jeudi prochain, 31 janvier, à 10 heures.


Aperçu des déclarations

M. DAYAN JAYATILLEKA (Sri Lanka, au nom du Groupe des 21 - pays non alignés membres de la Conférence) a déclaré que le Groupe des 21 est d'avis que les négociations de la Conférence du désarmement doivent reposer sur la promotion du multilatéralisme et sur le respect des règles de procédure. Le Groupe des 21 considère en outre que la Conférence est la seule instance pertinente pour les négociations multilatérales sur le désarmement. M. Jayatilleka a souligné que, si le désarmement nucléaire est son objectif à long terme, le Groupe des 21 a su faire preuve de souplesse par le passé en matière d'adoption d'un programme de travail correspondant à l'ordre du jour de la Conférence et estime que d'autres questions doivent être traités de manière urgente: les matières fissiles, la prévention de la course aux armements dans l'espace et les assurances négatives de sécurité. Les pays du Groupe des 21 sont conscients des priorités différentes des délégations s'agissant de ces quatre questions. La Conférence doit donc définir un programme de travail global qui lui permette d'accélérer les avancées en faveur du consensus. Les 21 participeront pleinement aux efforts en ce sens et espèrent que les autres membres de la Conférence feront de même.

M. SUMIO TARUI (Japon) a souligné que les débuts d'une session de la Conférence sont souvent difficiles et que cette année n'échappe pas à la règle. Il a insisté sur l'importance de revitaliser la fonction de la Conférence en tant qu'unique instance de négociations multilatérales sur le désarmement. Le projet de décision des six Présidents présenté en mars 2007 (CD/2007/L.1), associé à la déclaration présidentielle y relative, pourrait permettre à la Conférence de reprendre le travail immédiatement cette année, cette proposition ayant en effet reçu un vaste soutien, a poursuivi le représentant japonais. Il est important que tous les États membres de la Conférence redoublent d'efforts pour parvenir au consensus sur le programme de travail, a insisté le représentant. Le Japon accorde son soutien au projet de programme d'activités tel que présenté ce matin par la présidence de la Conférence.

M. DONG-HEE CHANG (République de Corée) a notamment déclaré que le projet de décision présidentielle CD/2007/L.1, accompagné de deux documents de travail (CD/2007/CRP.5 et CRP.6), est le résultat le plus important de la session de 2007 de la Conférence du désarmement. Cette proposition est fondée sur une approche réaliste et équilibrée, a estimé le représentant coréen. Son adoption ne préjugerait en rien de la possibilité pour les États membres de faire valoir leurs positions dans les négociations relatives aux autres points de l'ordre du jour de la Conférence, a-t-il souligné. Le projet de décision est en réalité le seul compromis permettant de relancer les travaux de la Conférence, a estimé M. Chang. Compte tenu du fait qu'il est largement soutenu par les membres de la Conférence, il faut trouver des moyens de parvenir au consensus indispensable en aplanissant les difficultés qui subsistent. La République de Corée espère donc que les travaux de fond pourront reprendre aussitôt que possible grâce à l'adoption de la décision présidentielle concernant le programme de travail.

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a tenu à souligner que les coordonnateurs (ndlr: dont la désignation a été annoncée ce matin par le Président au cours d'une brève séance informelle) ont été nommés en vertu d'une prérogative du Président et qu'il ne s'agit pas de coordonnateurs spéciaux. Ils agissent à titre individuel, n'ayant pas été mandatés par la Conférence, a-t-il ajouté. Les coordonnateurs doivent donc travailler à titre officieux sous la houlette du Président, a insisté le représentant pakistanais. La Conférence devrait veiller à prendre en considération les points de vue de tous ses membres, a-t-il poursuivi. Il faut qu'elle parvienne à un programme de travail équilibré, fondé sur le dialogue, le consensus, la pleine participation de tous les membres, la transparence et le respect du règlement intérieur.

MME CAROLINE MILLAR (Australie) a exprimé l'espoir que la Conférence sera en mesure d'entamer ses travaux de fond en matière de négociations, conformément à son mandat. Il est grand temps qu'elle le fasse, a-t-elle insisté, ajoutant que la Conférence n'a enregistré que très peu de résultats au cours de la dernière décennie écoulée. Certes, quelques-uns des principaux défis qui se posent en matière de sécurité y ont été débattus; mais il est temps pour la Conférence de s'acquitter de son mandat de négociations et de répondre aux attentes que la communauté internationale place en elle. Aussi, l'Australie approuve-t-elle pleinement l'appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies pour que la Conférence reprenne son travail de fond sur la base du projet de décision CD/2007/L.1. La négociation d'un traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement nucléaire revêt la plus haute importance du point de vue de l'Australie. Le désarmement nucléaire est une haute priorité pour le Gouvernement et pour le peuple australiens, a poursuivi la représentante. Elle a en outre souligné qu'il est besoin de se concentrer sur les mesures pratiques permettant de fournir des garanties de sécurité (aux États non dotés d'armes nucléaires). À cet égard, l'Australie accorde une grande importance au développement de zones exemptes d'armes nucléaires. Par ailleurs, l'Australie croit fermement que tous les pays ont droit à un accès sans restriction à l'espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques. À cet égard, le projet de décision CD/2007/L.1 fournit une bonne opportunité d'envisager les moyens d'accroître la transparence et la confiance dans les activités spatiales. En conclusion, la représentante a souligné que l'Australie appuie la proposition CD/2007/L.1 et qu'elle peut accepter les déclarations de clarification qui l'accompagnent.

M. ITZHAK LEVANON (Israël) a souligné que si son pays ne s'oppose pas à l'établissement d'objectifs à long terme en matière de contrôle des armements et de désarmement, il doit être clair que chercher à atteindre des objectifs à long terme sans d'abord identifier et atténuer les menaces du jour pourrait s'avérer inefficace. Il convient donc de créer les conditions propices à un désarmement général et complet. Deux menaces fondamentales à la paix et à la sécurité internationales devraient figurer parmi les priorités de la Conférence, a poursuivi le représentant israélien: il s'agit du terrorisme et de la prolifération d'armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Le transfert d'armes à des terroristes est un fléau pour la société moderne, a insisté le représentant. De tels transferts ne se produisent que lorsque des États transfèrent volontairement des armes à des terroristes ou lorsqu'ils ferment les yeux face à ces transferts se produisant sur leur territoire, a-t-il souligné. Des missiles à longue, moyenne et courte portée ainsi que des roquettes figurent au nombre des armes sophistiquées transférées à l'organisation terroriste du Hezbollah par des États de notre région qui sont aussi membres de cette Conférence, a affirmé le représentant israélien. Israël a présenté l'an dernier un document de travail (CD/1823) sur la question et entend faire avancer la discussion sur le sujet cette année, a précisé le représentant israélien. Rappelant l'importance que son pays accorde aux régimes nationaux de contrôle des exportations d'armements, M. Levanon a mis l'accent sur le récent processus de réforme juridique et institutionnelle mené à bien par Israël afin de s'assurer que son régime de contrôle des exportations d'armements s'aligne sur les normes internationales les plus sévères en la matière.

M. BERNHARD BRASACK (Allemagne) a constaté que malgré les discussions constructives de la première partie de la session 2007 menées dans le «cadre organisationnel» des six Présidents, il n'a pas été possible de surmonter le blocage des travaux de la Conférence. L'Allemagne soutient sans réserve la proposition présidentielle (CD/2007/L.1) présentée l'an dernier, a souligné M. Brasack, estimant qu'il s'agit d'un texte qui tient compte de manière honnête, équilibrée et complète des préoccupations des États membres. Il n'existe pas d'alternative viable et réaliste à cette approche, a ajouté le représentant allemand, qui a appelé les délégations à se joindre au consensus et à adopter rapidement les documents mis sur la table l'an dernier. Le représentant a insisté sur l'importance d'une reprise des travaux de la Conférence compte tenu des défis sécuritaires que doit affronter la communauté internationale actuellement. La non-prolifération, le désarmement et la limitation des armements sont des éléments fondamentaux de la coopération internationale en matière de sécurité, et sont indispensables pour faire face à des menaces plus diffuses et moins prévisibles qu'auparavant. L'adoption de la déclaration présidentielle en l'état indiquerait au monde que la Conférence du désarmement prend sa mission au sérieux et soulignerait la pertinence de l'approche multilatérale en matière de sécurité, a fait valoir le représentant.

Le représentant allemand a rappelé l'importance que son pays accorde à un traité d'interdiction des matières fissiles, au sujet duquel il espère que des négociations pourront commencer rapidement. Les discussions en 2007 ont montré que les délégations sont pratiquement d'accord d'ouvrir de telles négociations sur ce sujet précis, a rappelé le représentant. Il a en outre estimé la Conférence ne pourra se contenter de transposer le cadre organisationnel adopté en 2007 à ses travaux de 2008: le processus doit tirer parti des avancées obtenues l'an dernier et intensifier autant que possible le travail sur les domaines identifiés comme prioritaires.

M. CARLOS DA ROCHA PARANHOS (Brésil) a rappelé le rôle constructif joué par son pays depuis de nombreuses années afin que la Conférence parvienne à un programme de travail qui puisse refléter les préoccupations de tous les membres de cette instance. Le projet de décision CD/2007/L.1 est certes loin de rallier le consensus, mais il reste sur la table, et le Brésil soutient cette proposition et les déclarations présidentielles qui l'accompagnent. Ce projet offre une occasion sans précédent de reprendre les travaux de fond pour lesquels la Conférence est mandatée, a insisté le représentant brésilien. Les efforts déployés l'an dernier par les six Présidents de la Conférence ne doivent pas être gaspillés, a-t-il ajouté.

M. SAMEH SHOUKRY (Égypte) a souligné qu'il est nécessaire que la Conférence se remette sur les rails, en particulier pour promouvoir le désarmement nucléaire - lequel reste la priorité absolue. Il n'y aura pas d'avancée réelle à la Conférence tant que les intérêts de toutes les parties ne seront pas pris en considération sur un pied d'égalité, a-t-il ajouté. Il faut se débarrasser de toutes les armes de destruction massive, en particulier des armes nucléaires, qui sont les plus destructrices de toutes, a-t-il poursuivi. Le désarmement nucléaire doit rester une priorité des travaux de la présente session, a insisté le représentant égyptien. Il faut que les États dotés d'armes nucléaires assument leur responsabilité en vertu de l'article VI du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), a-t-il ajouté.

M. JUAN MARTABIT (Chili) a entendu l'appel lancé par le Secrétaire général de l'ONU la semaine dernière devant la Conférence comme un nouveau rappel de la responsabilité que la Conférence doit assumer face à la communauté internationale. Le Chili préconise une reprise rapide des travaux de fond de la Conférence. À cet égard, il soutient la proposition CD/2007/L.1 et les déclarations complémentaires qui l'accompagnent, a précisé le représentant.

M. MOHAMAD TAYHI HOSSEINI (Iran) a réagi à la déclaration faite par la délégation du «régime israélien» en affirmant que cette déclaration était sans fondement. Il a notamment dénoncé le terrorisme d'État de ce régime. Le Moyen-Orient est confronté aux graves problèmes créés par ce régime à l'encontre de civils innocents qu'il frappe aveuglément, a poursuivi le représentant iranien. Un tel régime n'a aucune autorité morale pour donner des leçons à quiconque, a-t-il conclu.

M. JOHANNES LANDMAN (Pays-Bas) a évoqué la question du gaspillage de papier et de ressources associée aux travaux de cette Conférence, en prenant l'exemple de la trentaine de pages que les membres de la Conférence ont trouvée sur leurs bureaux la semaine dernière concernant des demandes de statut d'observateur. Ces 30 pages auraient pu être diffusées par courrier électronique, a-t-il suggéré, proposant que le Président prenne des mesures dans ce domaine.


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