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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE PÉROU, L'ALGÉRIE ET LE JAPON

Compte rendu de séance
Selon la Présidente, l'esprit positif de la première partie de session face à la proposition du «P6» laisse progressivement place à des attitudes plus négatives

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations du Pérou, de l'Algérie et du Japon, ainsi que de sa Présidente, l'Ambassadrice Elisabet Borsiin Bonnier de la Suède.

La Présidente a notamment rappelé que le projet de décision CD/2007/L.1, proposé par les six Présidents de la session de 2007 de la Conférence (le «P6»), a été présenté il y a maintenant près de deux mois. Or, l'esprit positif et l'optimisme ayant prévalu durant la première partie de la session laissent progressivement place à des attitudes plus négatives, a-t-elle fait observer. Aussi, a-t-elle indiqué que sa mission première serait désormais de déterminer si la Conférence est en mesure d'avancer sur la base du L.1 ou non.

Le projet de décision L.1 prévoit notamment que quatre coordonnateurs soient chargés respectivement de discussions sur le désarmement nucléaire et la prévention de la guerre nucléaire, sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace et sur les arrangements visant à garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes, et de négociations sur un traité multilatéral et non discriminatoire interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes.

Ce matin, l'Algérie a estimé qu'il serait peut-être indiqué que la Conférence organise des séances officielles sur ce document afin de permettre à toutes les délégations de d'exprimer et d'engager des discussions interactives pour pouvoir trouver des solutions acceptables pour tous. Le Japon a quant à lui exprimé l'espoir que cette proposition du «P6» pourra être adoptée dans sa forme actuelle et que la Conférence pourra ainsi se remettre au travail.

Le Pérou a pour sa part rendu compte des résultats de la Conférence qui s'est tenue la semaine dernière à Lima sur le lancement de négociations concernant un instrument international juridiquement contraignant d'interdiction de l'utilisation, de la fabrication et du transfert de sous-munitions et de mise en place de mécanismes de coopération et d'assistance internationales en faveur de la réadaptation des survivants. Le sentiment partagé par la majorité des participants était que les victimes constituent le cœur du travail initié à Oslo en février dernier et souligné la nécessité de maintenir un équilibre entre les aspects humanitaires et l'utilité militaire. Les participants à la Conférence de Lima ont témoigné d'une claire volonté politique d'avancer vers la solution du problème posé aux populations civiles par l'utilisation des sous-munitions.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi prochain, à 10 heures.


Déclarations

MME ELISABET BORSIIN BONNIER (Suède), qui assume cette semaine les fonctions de Présidente de la Conférence pour quatre semaines, a souligné que le projet de décision CD/2007/L.1, proposé par les six Présidents de la session de 2007 de la Conférence («P6»), ne se veut pas une grande plate-forme de compromis global mais plutôt une simple proposition pratique pour les travaux de la Conférence. Cette proposition part de «là où nous en sommes à ce moment précis» et propose un moyen d'organiser et de concentrer les travaux pour le reste de cette session; rien de plus, rien de moins, et il n'y a pas de conditions préalables, a précisé Mme Borsiin Bonnier. Les résultats ne sont pas anticipés et toutes les délégations pourront poursuivre leurs priorités respectives au cours des travaux, a-t-elle ajouté. Rappelant que la proposition L.1 a été présentée il y a maintenant près de deux mois, elle a souligné que la plupart des délégations sont prêtes à avancer sur la base de ce projet, alors que quelques-unes hésitent encore ou attendent des instructions. L'esprit positif et l'optimisme ayant prévalu durant la première partie de la session laissent progressivement place à des attitudes plus négatives, a constaté la Présidente de la Conférence.

La Présidente a déclaré que sa mission première serait donc désormais de définir si la Conférence est en mesure d'avancer sur la base du document L.1 ou non, a déclaré Mme Borsiin Bonnier. Elle a indiqué que certaines délégations lui avaient indiqué qu'elles étaient sur le point d'abandonner l'espoir, alors que d'autres ont suggéré qu'il devrait bien y avoir moyen de répondre aux préoccupations qui demeurent et d'avancer. Pour sa part, elle s'est engagée à n'épargner aucun effort pour explorer toute possibilité qui pourrait exister. Elle a indiqué qu'avec ses collègues du P6, elle aurait besoin de quelques jours afin de définir quelle orientation, quelle manière d'avancer, elle pourrait proposer avec un degré de confiance raisonnable. Elle a assuré qu'elle s'efforcerait de travailler vite et a promis que, dès qu'elle se sentirait en mesure de faire une proposition ou de tirer une conclusion, elle les soumettrait, collectivement et de manière ouverte. «Pour l'heure, je vous demande donc d'être patients et d'essayer de contrôler vos frustrations en évitant de vous accuser ou de vous blâmer mutuellement», a-t-elle ajouté.

En ce qui concerne le travail des coordonnateurs - et après consultations avec eux - Mme Borsiin Bonnier a fait savoir qu'elle n'avait pas l'intention de programmer des réunions officieuses avec eux la semaine prochaine. En effet, la situation globale s'agissant de leur travail n'est pas claire. La Conférence sera dans une situation différente selon qu'elle sera en mesure d'avancer en suivant la proposition L.1 ou qu'elle ne le sera pas. Quelle que soit l'option, nous avons tous besoin de savoir où nous en sommes afin d'organiser nos travaux en conséquence de manière efficace, a-t-elle insisté.

M. DIEGO BELEVÁN (Pérou) a tout d'abord réitéré l'appui inconditionnel de sa délégation à la proposition du «P6», qui fait preuve d'imagination et d'une volonté de faire des progrès. Il a également fait part de la préoccupation de sa délégation face à l'absence de volonté politique dont font preuve certaines délégations pour faire face, de manière sérieuse et décidée, aux problèmes que rencontre la Conférence.

M. Beleván a ensuite fait part de quelques-unes des conclusions présentées par le Président de la Conférence de Lima sur les sous-munitions qui s'est tenue dans la capitale péruvienne la semaine dernière. Il a rappelé que cette Conférence portait sur le lancement de négociations concernant un instrument international juridiquement contraignant d'interdiction de l'utilisation, de la fabrication et du transfert de sous-munitions et de mise en place de mécanismes de coopération et d'assistance internationales en faveur de la réadaptation des survivants. M. Beleván a indiqué que le sentiment partagé par la majorité des participants était que les victimes constituent le cœur du travail initié à Oslo en février dernier. Il est également apparu clairement que la prévention est l'un des moyens les plus efficaces de réduire l'impact négatif des sous-munitions et que de ce point de vue, l'éducation sur les risques est cruciale. Les discussions à Lima ont également permis de souligner l'interdépendance claire qui existe entre les différents éléments en rapport avec le nettoyage des zones affectées par des sous-munitions. Certains participants ont également souligné la responsabilité particulière que portent les États qui ont utilisé des sous-munitions, tant pour ce qui est de la transmission rapide d'informations pertinentes (coordonnées, types de munitions utilisées..) que pour le travail ultérieur de nettoyage.

Les discussions de la Conférence de Lima ont également porté sur la question des arsenaux et plus particulièrement sur le coût élevé du stockage adéquat des divers types de sous-munitions et de la destruction des sous-munitions interdites par le futur instrument. Quant aux discussions sur les définitions, a indiqué M. Beleván, elles ont permis de vérifier l'existence de différentes options en la matière, en particulier pour ce qui est des types de sous-munitions qui sont visés par le processus d'Oslo et pour ce qui est de la nécessité de maintenir un équilibre entre les aspects humanitaires et l'utilité militaire. Ce qui est clair, a souligné M. Beleván, c'est que les participants à la Conférence de Lima ont témoigné d'une claire volonté politique d'avancer vers la solution du problème posé aux populations civiles par l'utilisation des sous-munitions.

M. HAMZA KHELIF (Algérie) a assuré la Présidente de la Conférence de l'entière disponibilité de la délégation algérienne pour lui apporter toute l'aide et l'assistance dont elle pourrait avoir besoin. Il a relevé que, dans sa déclaration, la Présidente a fait état des sentiments d'optimisme et de pessimisme que partagent les délégations; en ce qui la concerne, la délégation algérienne reste optimiste et garde espoir que le projet L.1 puisse recueillir le consensus nécessaire pour peu que toutes les délégations fassent preuve de la flexibilité nécessaire pour répondre aux préoccupations exprimées par certaines délégations.

La délégation algérienne estime qu'il serait peut-être indiqué que la Conférence organise des séances officielles sur ce document afin de permettre à toutes les délégations de d'exprimer et d'engager des discussions interactives pour pouvoir trouver des solutions acceptables à tous. À cet égard, une réunion plénière par semaine ne nous semble pas suffisante; nous avons tous les moyens matériels et humains pour avoir beaucoup plus de réunions dans les semaines qui viennent, a déclaré le représentant algérien. L'Algérie souhaite que la Conférence puisse adopter son programme de travail durant cette session et il serait souhaitable que ce consensus puisse avoir lieu durant le mois de juin.

M. YOSHINOBU HIRAISHI (Japon) a assuré la Présidente de la Conférence de tout le concours de sa délégation durant sa présidence. Tous les États sont convaincus de la nécessité d'adopter un programme de travail de la Conférence. Le projet L.1 est un bon compromis permettant un équilibre. Le Japon espère que cette proposition pourra être adoptée dans sa forme actuelle et que la Conférence pourra ainsi se remettre au travail. Le Japon apprécie les efforts déployés par la présidence pour parvenir à un accord en organisant des consultations informelles supplémentaires, en particulier avec les pays qui ont fait part de certaines inquiétudes.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel


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