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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES PERSONNALITÉS DE HAUT RANG DE SEPT PAYS

Compte rendu de séance
L'Iran est disposé à offrir les garanties de non-détournement de son programme nucléaire si la question iranienne est transférée du Conseil de sécurité vers l'AIEA

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations de personnalités de haut rang de la Colombie, de la Lettonie, de l'Iran, du Japon, de la Pologne, du Vietnam et de l'Italie, ainsi que des déclarations de l'Autriche et de la République populaire démocratique de Corée.

Le Ministre iranien des affaires étrangères a souligné que le maintien de milliers d'ogives nucléaires dans les arsenaux des États dotés d'armes nucléaires, leurs programmes de développement de nouveaux types d'armes nucléaires, ainsi que la menace d'utilisation de ces armes prouvent l'absence de sincérité des politiques déclarées de ces États. Après que le «régime sioniste» ait admis, le 11 décembre dernier, sa possession d'armes nucléaires, les membres de l'Union européenne, au lieu de prendre des mesures contre ce régime, ont levé les sanctions imposées depuis dix ans par les banques européennes à tout investissement dans les projets de ce régime, a-t-il dénoncé. Il s'est étonné qu'alors qu'aucune mesure pratique n'est prise pour contenir la véritable source de danger nucléaire au Moyen-Orient, l'Iran soit soumis à une pression énorme pour renoncer à son droit inaliénable à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, a déclaré le Ministre iranien. Il a ajouté que si la question nucléaire iranienne est transférée du Conseil de sécurité vers l'AIEA, l'Iran sera disposé à offrir les garanties nécessaires afin d'instaurer la confiance en ce qui concerne le non-détournement de son programme nucléaire.

Pour le Ministre letton des affaires étrangères, il reste à l'Iran à convaincre la communauté internationale du caractère pacifique de son programme nucléaire. S'agissant de la République populaire démocratique de Corée, le Ministre letton a jugé positive la reprise des pourparlers à six et exprimé l'espoir que cette évolution récente fournira la base d'une solution négociée.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon a pour sa part réitéré la condamnation de son pays concernant l'essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée et a souligné que l'armement nucléaire de ce pays ne saurait être toléré.

Réagissant à cette dernière déclaration, la République populaire démocratique de Corée s'est dite très préoccupée par l'orientation politique du Gouvernement actuel du Japon qui, selon elle, assombrit les perspectives de paix et de sécurité en Asie du nord-est et ne peut être tolérée.

Le Vice-Président de la République de la Colombie a quant à lui fait part de l'engagement de son pays à appliquer le Programme d'action des Nations Unies contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre, soulignant que le processus de démobilisation des forces d'autodéfense illégales avait permis de faire déposer 18 000 armes. Affirmant que les mines antipersonnel constituent la principale stratégie de combat des groupes armés illégaux, il a fait valoir les importantes mesures prises par le Gouvernement colombien en direction, notamment, de la réintégration socioéconomique des victimes de ces mines et a indiqué qu'en octobre 2004, le dernier arsenal de mines antipersonnel détenu par les forces militaires colombiennes avait été détruit.

Plusieurs intervenants, au nombre desquels la Ministre polonaise des affaires étrangères et le Sous-Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Italie, ont affirmé que les négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles constituaient une priorité essentielle au sein de la Conférence.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Vietnam a souligné que le fait que les arsenaux nucléaires continuent d'être modernisés, que le seuil d'utilisation des armes nucléaires ait été abaissé et que la force soit plus facilement utilisée dans les relations internationales fait partie de la dynamique qui aboutit au désir d'acquérir des armes nucléaires.

L'Autriche a pour sa part annoncé qu'elle signerait, le 30 mars à New York, la Convention sur les droits des personnes handicapées et a rappelé qu'elle avait récemment annoncé un moratoire sur l'utilisation de bombes à fragmentation et de munitions éclatées.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra demain, à 15 heures; la Conférence entendra alors des déclarations du Ministre des affaires étrangères du Nigéria et du Vice-Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée. Vendredi matin, 16 mars, à 11h30, la Conférence entendra le Secrétaire adjoint aux droits de l'homme et aux affaires multilatérales du Mexique. À midi, elle entendra le Ministre des affaires étrangères de l'Espagne.

Déclarations

M. FRANCISCO SANTOS CALDERÓN, Vice-Président de la Colombie, a rappelé que le terrorisme ne connaît pas de frontières. En Colombie, a-t-il souligné, les groupes armés illégaux ont recours à des pratiques terroristes qui menacent la sécurité des citoyens et ont fait des milliers de victimes. Ces groupes, financés par le commerce illicite de stupéfiants, ont un accès illimité aux armes qu'ils désirent, a ajouté le Vice-Président colombien. Pour la Colombie, a-t-il insisté, il est impératif que la Conférence aille au-delà de la rhétorique et fonctionne dans la pratique en parvenant à des engagements juridiquement contraignants qui permettent d'éviter que les armes ne tombent entre les mains de terroristes. La Conférence doit retrouver l'importance qu'elle a eue par le passé et montrer à la communauté internationale qu'elle est capable de réunir une convergence de volontés, a poursuivi M. Calderón. À cet égard, il a souligné que son pays était convaincu de l'impérieuse nécessité de poursuivre les dialogues destinés à aboutir à une négociation multilatérale d'accords de désarmement nucléaire et de non-prolifération. Aussi, s'agissant de la réactivation de la Conférence, la Colombie a-t-elle défendu la proposition dite des cinq ambassadeurs dont elle est l'un des coauteurs, a rappelé le Vice-Président.

L'avenir du Programme d'action des Nations Unies contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre est intimement lié à la volonté politique de tous les États de combattre ce trafic mortel et à la capacité d'action de la société civile, a ajouté M. Calderón. Il a souligné qu'en ce qui la concerne, la Colombie est totalement engagée à appliquer ce Programme d'action au niveau national. Le processus de démobilisation des forces d'autodéfense illégales a permis de faire déposer 18 000 armes, a-t-il fait valoir. La réintégration des hommes ainsi démobilisés est complexe et requiert un appui tant au niveau national qu'international, a-t-il ajouté. Sont également complexes l'enregistrement et la destruction de ces armes, a-t-il insisté. Face à ces défis, a indiqué M. Calderón, la Colombie demande la coopération et la solidarité des Nations Unies et de la communauté internationale. D'autre part, la Colombie est d'avis que dans le cadre du processus d'élaboration du texte d'un traité sur le commerce des armes, il sera nécessaire d'établir clairement le rôle des actes étatiques et non étatiques dans le commerce mondial d'armes. M. Calderón a par ailleurs déclaré que les mines antipersonnel constituent la principale stratégie de combat des groupes armés illégaux. Il a fait valoir les importantes mesures prises par le Gouvernement colombien en direction, notamment, de la réintégration socioéconomique des victimes de ces mines. En octobre 2004, a précisé le Vice-Président, a été détruit le dernier arsenal de mines antipersonnel détenu par les forces militaires colombiennes. M. Calderón a affirmé que les groupes armés illégaux devaient abandonner immédiatement la pratique consistant à semer des mines antipersonnel; il s'agit d'un impératif éthique et humanitaire, a-t-il insisté.

M. ARTIS PABRIKS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a reconnu que ces dernières années n'ont pas été les plus fructueuses du point de vue des affaires multilatérales de désarmement. À cet égard, la Lettonie regrette que plusieurs instances importantes – comme par exemple la Conférence d'examen du TNP ou celle concernant les armes légères et de petit calibre – n'aient pas produit les résultats escomptés. Bien que ces régimes n'aient pas répondu aux attentes, personne ne remet en question leur validité ou leur pertinence, a affirmé M. Pabriks. Il a en outre noté avec une certaine satisfaction que la sixième Conférence d'examen de la Convention sur les armes biologiques et à toxines était parvenue à un accord sur des mesures de renforcement de la mise en œuvre de la Convention au niveau national. En revanche, a poursuivi le Ministre, la Lettonie regrette que la tentative de conclure un accord sur les mines autres que les mines antipersonnel n'ait pu aboutir lors de la troisième Conférence d'examen de la Convention sur certaines armes classiques.

Soulignant par ailleurs que l'économie et le développement de son pays dépendaient de plus en plus des technologies et applications pacifiques dans l'espace extra-atmosphérique, le Ministre letton des affaires étrangères a insisté sur la nécessité de prévenir toute course aux armements dans l'espace. Il en va également du renforcement de la sécurité internationale, a-t-il ajouté. Les arsenaux des superpuissances nucléaires en sont à leurs plus bas niveaux depuis plusieurs décennies, a poursuivi le Ministre. Toutefois, la prolifération des technologies militaires et des armes nucléaires, chimiques et biologiques, ainsi que de leurs vecteurs, reste l'un des principaux défis auxquels nous sommes confrontés, a-t-il fait observer. Aussi, les discussions au sein de cette Conférence concernant un traité d'interdiction des matières fissiles revêtent-elles une importance capitale. Il ne saurait être question d'attendre plus longtemps le lancement des négociations sur un tel traité, a insisté M. Pabriks. Pour autant, il ne suffit pas de parvenir à de nouveaux accords ni à l'universalité; honorer les traités existants est tout aussi important, a souligné le Ministre. Il a attiré l'attention sur un certain nombre de développements positifs intervenus récemment en matière de respect des engagements souscrits en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, citant dans ce contexte la ferme décision prise par la Libye. Fait plus alarmant, des déceptions subsistent, a poursuivi M. Pabriks, soulignant qu'il reste à l'Iran à convaincre la communauté internationale du caractère pacifique de son programme nucléaire. Pour ce qui est de la République populaire démocratique de Corée, la Lettonie juge positive la reprise des pourparlers à six et espère que ces développements récents fourniront la base d'une solution négociée. M. Pabriks a enfin fait valoir les politiques strictes de contrôle d'exportation menées par son pays en ce qui concerne les armes de destruction massive et les matières à double usage, civil et militaire. De tels régimes stricts de contrôle des exportations constituent une clef pour réduire la prolifération, a-t-il insisté. Il a en outre fait valoir que la Lettonie a déjà respecté, des années avant la date butoir, ses engagements en vertu de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel s'agissant de la destruction des stocks.

M. MANOUCHEHR MOTTAKI, Ministre des affaires étrangères de l'Iran, a fait part de son souhait de voir la Conférence reprendre son travail de fond et avancer sur la voie d'un désarmement complet et global, en particulier en matière de désarmement nucléaire, par le biais d'un programme de travail global et équilibré qui réponde aux priorités et aux préoccupations de tous les États Membres. Le maintien de milliers d'ogives nucléaires – 27 000 selon les estimations – dans les arsenaux des États dotés d'armes nucléaires, leurs programmes de développement de nouveaux types d'armes nucléaires, ainsi que la menace d'utilisation de ces armes prouvent l'absence de sincérité des politiques déclarées de ces États. L'absence de progrès en matière de désarmement nucléaire et le manquement de certains États dotés d'armes nucléaires de s'acquitter de leurs obligations internationales continuent de constituer une source de menace pour la communauté internationale, a déclaré le Ministre iranien des affaires étrangères. Il a rappelé que le seul pays à avoir utilisé les armes nucléaires dispose toujours d'un arsenal considérable de milliers d'ogives nucléaires, dont bon nombre sont opérationnelles et le reste en réserve ou dans des stocks. Le déploiement de centaines d'armes nucléaires tactiques – des missiles de croisière d'attaque terrestre Tomahawk et des bombes B-61 dans plusieurs pays d'Europe – ainsi que la construction de nouveaux sites de production d'ogives nucléaires constituent une claire contravention aux dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a souligné M. Mottaki. En outre, a-t-il ajouté, le transfert de technologies et de matières nucléaires vers des pays non membres du TNP dont les installations nucléaires fonctionnent en dehors des garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique contribue à la prolifération des armes nucléaires. Tout cela ne peut qu'affaiblir et saper la crédibilité et l'intégrité du régime de non-prolifération, a fait observer le Ministre. Aussi, a-t-il insisté sur l'urgence qu'il y a, selon lui, à redoubler d'efforts afin de parvenir à l'objectif d'un monde exempt d'armes nucléaires.

La mauvaise utilisation du principe de non-prolifération comme outil politique ne peut en aucune manière nous mener à l'élimination des armes nucléaires, a poursuivi le Ministre iranien des affaires étrangères. La récente intervention militaire des États-Unis contre l'Iraq atteste clairement de l'échec d'une telle politique, a-t-il souligné. On peut aisément juger s'il y a plus ou, au contraire, moins de sécurité ou d'insécurité dans la région suite à cette énorme opération militaire, a insisté M. Mottaki. Ceux qui ont créé cette situation en Iraq ne peuvent se dérober à leur responsabilité, a-t-il déclaré. M. Mottaki a exprimé l'espoir que la première session du Comité préparatoire de la Septième Conférence d'examen du TNP prendra des mesures pratiques permettant d'ouvrir la voie à une Conférence d'examen fructueuse. Le Ministre iranien des affaires étrangères a souligné que son pays attachait également une grande importance aux trois autres questions fondamentales que sont les garanties négatives de sécurité, la prévention d'une course aux armements dans l'espace et un traité d'interdiction des matières fissiles. L'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient reste à réaliser, a poursuivi M. Mottaki. En dépit des graves préoccupations internationale, le «régime sioniste» continue d'être le seul dans la région à refuser d'accéder au TNP, à rejeter l'inspection internationale de ses installations nucléaires et à refuser de placer lesdites installations sous le régime de garanties de l'AIEA, a rappelé le Ministre iranien. Il ne fait aucun doute que les armes nucléaires aux mains du «régime sioniste» - régime qui possède un long et sombre palmarès en matière de crimes et d'atrocités tels que l'occupation, l'agression, le militarisme, le terrorisme d'État, les crimes contre l'humanité et l'apartheid, sans parler des violations des résolutions du Conseil de sécurité – constituent une menace grave pour la paix et la sécurité régionales et internationales, qui doit être traitée sérieusement par la communauté internationale par le biais de mesures concrètes, a insisté M. Mottaki. Malheureusement, a-t-il fait observer, après que le «régime sioniste» ait, le 11 décembre dernier, admis sa possession d'armes nucléaires, au lieu de condamner cette reconnaissance et de prendre des mesures contre ce régime, les membres de l'Union européenne ont levé les sanctions imposées depuis dix ans par les banques européennes à tout investissement dans les projets de ce régime. «Il est surprenant de constater qu'alors qu'aucune mesure pratique n'est prise pour contenir la véritable source de danger nucléaire au Moyen-Orient, l'Iran est soumise à une pression énorme pour renoncer à son droit inaliénable à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire en vertu du TNP», a fait observer M. Mottaki.

Le Ministre iranien des affaires étrangères a déclaré que, pour ce qui est d'instaurer la confiance autour de ses activités nucléaires, l'Iran n'a ménagé aucun effort, a-t-il déclaré. Le pays a même accepté les inspections de l'AIEA au-delà de ce que ses obligations légales lui demandaient. Le pays a même suspendu ses activités pendant plus de deux ans afin de trouver une solution à long terme avec l' «EU3». Nous avons malheureusement pu voir que la suspension était devenue un instrument pour imposer une cessation permanente arbitraire de notre programme pacifique, a expliqué le Ministre iranien. «Nos interlocuteurs, au lieu d'œuvrer à une approche constructive pour résoudre la question, ont renvoyé l'affaire devant le Conseil de sécurité, faisait dérailler la question de son cadre légal», a affirmé M. Mottaki. «Ils ont fait de la suspension la clef de la résolution de l'ensemble de la question nucléaire iranienne mais il convient de se demander: quel a été le résultat de la précédente suspension de trois ans des activités nucléaires pacifiques de mon pays ? », a demandé le Ministre des affaires étrangères de l'Iran. Une telle question ne saurait être résolue par le biais de pressions ou de résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il affirmé. La solution durable consiste à suivre les lois et règles internationales logiques et l'Iran estime que cette question peut être résolue par le biais de négociations sans aucune condition préalable. «Si les pays 5+1 renvoient la question nucléaire iranienne du Conseil de sécurité vers l'AIEA, mon pays sera disposé à offrir les garanties nécessaires afin d'instaurer la confiance en ce qui concerne le non-détournement de son programme nucléaire», a indiqué M. Mottaki en guise de témoignage de la disposition de l'Iran à résoudre cette question. Si nous parvenons à une compréhension politique des aspects de la solution, le Gouvernement iranien sera disposé à tracer la voie du lancement des négociations.

M. MASAYOSHI HAMADA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a indiqué percevoir enfin des signes d'un commencement de travaux concrets au sein de la Conférence. En ce année de lancement du processus devant aboutir à la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il convient de souligner que – bien que ce Traité soit actuellement confronté à un certain nombre de crises graves – il n'existe aucun substitut au TNP, a souligné le Vice-Ministre. Notre mission est donc de le maintenir et de le renforcer, a-t-il affirmé. Tout en saluant les débats structurés organisés depuis l'an dernier au sein de la Conférence, M. Hamada a jugé impératif pour la Conférence de déployer davantage d'efforts afin d'engager des négociations sur un traité de désarmement. Au regard du degré de maturité de chacun des points inscrits à l'ordre du jour de la Conférence, le Japon est d'avis que les négociations pourraient être engagées sur un traité d'interdiction des matières fissiles. Un tel traité non seulement limiterait la production d'armes nucléaires de la part des États dotés de telles armes mais préviendrait en outre l'apparition de nouveaux États se dotant d'armes nucléaires, a insisté M. Hamada. À cet égard, il a affirmé que le projet de traité présenté l'an dernier par les États-Unis a d'ores et déjà montré qu'il pouvait être une bonne base pour les délibérations.

Le Japon est également convaincu que la Conférence devrait continuer d'approfondir ses délibérations concernant les autres points de l'ordre du jour – désarmement nucléaire, prévention d'une course aux armements dans l'espace et garanties négatives de sécurité. L'entrée en vigueur rapide du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est essentielle, a poursuivi M. Hamada. Il a réitéré sa condamnation de l'essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée et a souligné qu' «une République populaire démocratique de Corée nucléairement armée ne saurait être tolérée». Bien que l'accord conclu en février dernier dans le cadre des Pourparlers à Six constitue un progrès vers l'abandon du nucléaire par la République populaire démocratique de Corée, les efforts en vue de la pleine mise en œuvre de la Déclaration conjointe de septembre 2005 doivent se poursuivre, a déclaré le Vice-Ministre japonais des affaires étrangères. Il a en outre encouragé les États-Unis et la Fédération de Russie, déjà engagés à la mise en œuvre du Traité de Moscou, à procéder à de nouvelles réductions allant au-delà de celles prévues dans ce Traité. Il a également demandé aux autres États dotés de l'arme nucléaire de déployer eux aussi davantage d'efforts sur la voie du désarmement nucléaire.

MME ANNA FOTYGA, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, s'est dite convaincue que, conformément au calendrier fixé par les Présidents de la Conférence de 2007, la phase critique consistant à évaluer l'état des travaux au sein de la Conférence approche. Sans faire appel à des approches constructives et créatives allant au-delà des intérêts nationaux étroits, nous ne parviendrons pas à relancer les négociations au sein de cette instance, a-t-elle ajouté. Dans le monde actuel, a poursuivi la Ministre polonaise, la sécurité ne peut pas être gérée de manière unilatérale par les États. Mme Fotyga s'est dite persuadée que les cadres multilatéraux de désarmement et de non-prolifération conservent toute leur pertinence dans le monde actuel. Les lacunes proviennent de leur insuffisante souplesse, c'est-à-dire de leur incapacité à s'adapter aux nouveaux défis sécuritaires tels que la prolifération des armes de destruction massive ou le terrorisme, a affirmé la Ministre. Les droits de l'homme, la primauté du droit, les soins de santé, le commerce et le développement, les besoins énergétiques – pour n'en mentionner que quelques-uns – constituent des éléments importants de ce que l'on appelle aujourd'hui la sécurité internationale, a-t-elle ajouté.

La Ministre polonaise des affaires étrangères a par ailleurs rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires constitue une véritable pierre angulaire de la sécurité globale. À la lumière des menaces et défis sécuritaires émergents, la crédibilité du TNP dépendra fortement, entre autres, de son universalité, a-t-elle poursuivi. Le processus d'examen du TNP dans les années à venir devra également se pencher sur la question de la pleine reconnaissance du droit des États d'utiliser les technologies nucléaires à des fins pacifiques, tout en réduisant les risques aigus de prolifération, a déclaré la Ministre polonaise. Elle a par ailleurs exprimé son espoir sincère que les pourparlers à six tenus à Beijing le mois dernier apporteront une paix et une sécurité durables dans la péninsule coréenne. «Je suis convaincue qu'il s'agissait d'une étape importante sur la voie de la dénucléarisation de cette région», a-t-elle déclaré. Mme Fotyga a par ailleurs plaidé en faveur d'une universalisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Elle a en outre estimé que la Convention sur les armes biologiques et à toxines devrait être renforcée en développant un mécanisme de vérification du respect des dispositions de cet instrument. Pour la Pologne, a toutefois rappelé Mme Fotyga, les négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles constituent une priorité essentielle au sein de la Conférence.

M. PHAM BINH MINH, Vice-Ministre des affaires étrangères du Vietnam, a souligné que le désarmement pourrait dégager des ressources en faveur du développement et contribuer de manière significative à préserver l'environnement mondial. Ces dernières décennies, a-t-il rappelé, un nombre important d'instruments juridiques internationaux d'importance sur le désarmement a été mis en place afin de traiter des différentes catégories d'armes. Toutefois, a-t-il souligné, le processus actuel de désarmement est source de graves préoccupations. Existe en effet un danger de voir la course aux armements s'accélérer avec l'introduction de nouveaux types d'armes létales modernes, sur terre, dans les airs, sur mer voire éventuellement dans l'espace. Le désarmement ne figure pas dans la Déclaration du Sommet des Nations Unies de 2005; la dernière Conférence d'examen du TNP n'est pas parvenue à un accord final; et les forums de désarmement des Nations Unies restent bloqués. Le fait que les arsenaux nucléaires continuent d'être modernisés, que le seuil d'utilisation des armes nucléaires ait été abaissé et que la force soit plus facilement utilisée dans les relations internationales fait partie de la dynamique qui aboutit au désir d'acquérir des armes nucléaires. Il convient donc pour les pays nucléaires d'assumer leurs importantes responsabilités à l'égard de la paix et de la sécurité internationale; ils devraient redoubler d'efforts afin de réduire leurs stocks nucléaires, a souligné le Ministre adjoint des affaires étrangères du Vietnam.

Le Vietnam n'a eu de cesse que de suivre une politique de soutien au désarmement complet et global, la priorité absolue étant accordée à cet égard aux armes nucléaires et aux autres types d'armes de destruction massive. Conformément à cette politique, le Vietnam a accédé à tous les traités internationaux de désarmement importants et les a strictement respectés, a souligné M. Pham Binh Minh. Le peuple vietnamien souhaite bénéficier de la paix et de la stabilité afin d'atteindre l'objectif d'un peuple prospère, d'un pays fort et d'une société juste, démocratique et civilisée, a-t-il indiqué.

M. VITTORIO CRAXI, Sous-Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Italie, a salué le travail remarquable qui a été fait par la Conférence du désarmement depuis sa création. La Conférence du désarmement a négocié à Genève la plupart des «grands traités» de désarmement qui ont été conclus dans l'après guerre, notamment le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui a limité le nombre des pays pouvant posséder l'arme nucléaire. En outre, si nous n'avons plus à nous soucier aujourd'hui, au niveau planétaire, d'une menace des armes chimiques, nous le devons à cette Conférence. Si les armes biologiques sont aujourd'hui totalement interdites, nous le devons aussi à la Conférence. Si les explosions nucléaires sont devenues une exception, c'est grâce au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, lui aussi négocié dans cette enceinte. L'Italie souhaite voir intervenir le plus tôt possible son entrée en vigueur et son universalisation. Ce sont des résultats remarquables dont vous pouvez tous être fiers.

Malheureusement, depuis une décennie, la Conférence n'a plus été en mesure de procéder à de vraies négociations, a rappelé M. Craxi. Mais depuis trois ans, il y a un «crescendo» d'activités et d'initiatives visant à relancer les négociations. L'Italie se félicite de cette évolution; les progrès ont été tels qu'il serait temps de passer à une nouvelle phase et identifier les thèmes qui sont les plus mûrs. Pour sa part, compte tenu de la situation stratégique actuelle, l'Italie donne la priorité aux questions nucléaires, et l'engagement du Gouvernement italien dans ce secteur a été souligné au cours de la visite que le Ministre des affaires étrangères Massimo d'Alema a effectuée récemment à Hiroshima. Il a, à cette occasion, relancé le grand projet du désarmement et de la lutte contre la prolifération. L'Italie pense que la meilleure manière de poursuivre cet objectif est de passer immédiatement à la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires. Elle invite donc la Conférence à entamer, le plus tôt possible, la négociation de ce traité. M. Craxi a estimé que les pays non nucléaires devraient prendre les devants dans l'élaboration d'un processus qui, certes, ne résoudrait pas tous les problèmes nucléaires, mais qui établirait une limite aux stocks de matières fissiles et rendrait donc impossible une nouvelle spirale nucléaire. Les puissances nucléaires ont indiqué leur disponibilité pour cette négociation; il n'y a donc plus de raisons, ni d'excuses pour ne pas la commencer. Certaines délégations ont manifesté d'autres priorités légitimes; il s'agit donc de trouver une formule et un cadre dans lequel délibérer sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace. L'Italie est en outre favorable à ce que la question des garanties négatives de sécurité soit approfondie dans le cadre le plus approprié, y compris la Conférence du désarmement. En conclusion, M. Craxi a souligné que l'évolution de ces dernières semaines permet de nourrir l'espoir d'un tournant à la Conférence du désarmement, qui serait d'autant plus souhaitable compte tenu du fait que nous nous trouvons à la veille de la reprise du processus d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. L'attente est vive d'un message d'espoir émis par cette Conférence. Essayons ensemble de ne pas la décevoir, a conclu le Sous-Secrétaire d'État italien.

M. WOLFGANG PETRITSCH (Autriche) a indiqué que cela avait été un grand honneur pour lui que de recevoir, le 23 février dernier, le Prix européen des droits de l'homme pour son travail en tant que Haut Représentant de la communauté internationale pour la Bosnie-Herzégovine et notamment pour les efforts qu'il a déployés, dans ce contexte, dans un domaine particulier du désarmement et du droit humanitaire, à savoir l'action en faveur d'un monde exempt de mines antipersonnel.

Aujourd'hui, a rappelé M. Petritsch, la Convention d'Ottawa compte 153 États parties, y compris la majorité de ceux qui sont le plus lourdement affectés par les mines antipersonnel, comme l'Afghanistan, le Cambodge, l'Angola et la Bosnie-Herzégovine. Faisant observer que le nombre de victimes des mines est désormais bien moindre de ce qu'il avait longtemps été, M. Petritsch a affirmé que la Convention d'Ottawa est donc l'un des processus de désarmement international ayant connu le plus grand succès. L'Autriche accorde une importance particulière à l'aide aux victimes, a-t-il souligné, rappelant que son pays co-préside, avec le Soudan, le Comité permanent de la Convention pour l'assistance aux victimes. M. Petritsch a annoncé que l'Autriche signerait, le 30 mars à New York, la Convention sur les droits des personnes handicapées. Il a exhorté tous les pays à en faire autant. Le représentant autrichien a enfin indiqué que son pays avait récemment annoncé un moratoire sur l'utilisation de bombes à fragmentation et à sous-munitions. Il convient de souligner que ce moratoire n'affectera en rien les engagements militaires de l'Autriche dans les opérations de gestion des crises internationales.

M. AN MYONG HUN (République populaire démocratique de Corée) a répondu à la déclaration du Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon en indiquant que son pays était très préoccupé par l'orientation politique du Gouvernement actuel du Japon qui assombrit les perspectives de paix et de sécurité en Asie du nord-est. Cette orientation négative ne peut être tolérée, a-t-il déclaré. La mise en œuvre de l'accord des Six parties est de la responsabilité de toutes les parties concernées, a-t-il souligné.

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