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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES PERSONNALITÉS DE HAUT RANG DU NIGÉRIA ET DE LA RÉPUBLIQUE DE CORÉE

Compte rendu de séance
Le Maroc et le Groupe des 21 font également des déclarations

La Conférence du désarmement a entendu, cet après-midi, des déclarations de la Ministre des affaires étrangères du Nigéria et du Vice-Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée. Le Maroc et le Pakistan (au nom du Groupe des 21) ont également pris la parole.

Mme Joy U. Ogwu, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a rappelé que l'élimination totale des armes nucléaires offre l'une des garanties les plus efficaces et les plus crédibles contre l'utilisation ou la menace d'utilisation de ces armes. Le Nigéria accepte totalement l'idée que la première étape logique pour traiter du désarmement nucléaire et de la non-prolifération réside dans la négociation d'un traité d'interdiction des matières fissiles. Toutefois, a averti la Ministre, le Nigéria estime que négocier un tel traité qui exclurait les stocks existants s'avèrerait inutile, en ce sens que cela ne ferait que légitimer le statu quo sans traiter les craintes fondamentales de nombre de pays. L'adoption d'un traité complet et juridiquement contraignant sur le commerce des armes s'avère indispensable pour établir des normes internationales communes concernant le transfert d'armes, a-t-elle ajouté. En outre, les pays qui ont abandonné l'option nucléaire et accepté d'appliquer effectivement le régime de non-prolifération méritent d'être récompensés sous la forme de garanties négatives de sécurité, a affirmé la Ministre nigériane.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, M. Cho Jung-pyo, a également apporté son soutien au concept de garanties négatives de sécurité en tant que mesure pratique permettant de réduire le sentiment d'insécurité des pays non dotés d'armes nucléaires. Abordant par ailleurs l'évolution récente de la situation et les perspectives de la question nucléaire s'agissant de la République populaire démocratique de Corée, M. Cho Jung-pyo a affirmé que la déclaration conjointe des pourparlers à six de septembre 2005 ainsi que les mesures initiales visant la mise en œuvre de cette déclaration, agréées le mois dernier, constituent des étapes majeures en direction de la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Désormais, ce qu'il faut, c'est un processus global – politique, sécuritaire et économique – incitant la République populaire démocratique de Corée à abandonner ses armes et ses programmes nucléaires.

Le Maroc a rappelé que le Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques – dont le Maroc assume la présidence depuis juin 2006 – est le premier instrument multilatéral de lutte contre la prolifération des missiles balistiques. La prochaine présentation du Code est prévue du 25 au 27 avril 2007, à Rabat.

Le Pakistan a rappelé que, pour le Groupe des 21, il est plus urgent que jamais pour la communauté internationale de redoubler d'efforts afin de respecter son engagement visant la création d'un monde exempt d'armes nucléaires.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra vendredi matin, 16 mars. À 11h30, la Conférence entendra le Secrétaire adjoint aux droits de l'homme et aux affaires multilatérales du Mexique. À midi, elle entendra le Ministre des affaires étrangères de l'Espagne.


Déclarations

MME JOY U. OGWU, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a exprimé l'espoir qu'avec un mélange adéquat de volonté et d'engagement politiques, il existe une chance réelle de parvenir à progresser pour faire avancer le mandat de la Conférence. Le désarmement et la non-prolifération des armes de destruction massive revêtent, pour le Nigéria, une importance cruciale et sont essentiels pour la prévention des conflits, a-t-elle souligné. En tant que pays en développement, a-t-elle poursuivi, le Nigéria reconnaît le lien de causalité qui unit le désarmement et le contrôle des armements d'une part et le développement durable, de l'autre. Aussi, a-t-elle fait part de sa profonde préoccupation face à l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence. Il est important pour la Conférence de parvenir à un programme de travail qui vise à promouvoir une sécurité collective complète pour tous. Aujourd'hui, les délibérations au sein de la Conférence sont bloquées essentiellement en raison du manque de volonté politique forte de la part de certains États, a poursuivi la Ministre nigérian. Il existe également un manque palpable d'appréciation des préoccupations sécuritaires de différents groupes et nations, a-t-elle ajouté. Le Nigéria estime que l'élimination totale des armes nucléaires offre l'une des garanties les plus efficaces et les plus crédibles contre l'utilisation ou la menace d'utilisation de ces armes. En outre, une entrée en vigueur rapide du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires constitue une première étape nécessaire pour empêcher la prolifération tant verticale qu'horizontale, a souligné Mme Ogwu. En attendant qu'intervienne l'entrée en vigueur de cet instrument, il convient de maintenir le moratoire existant sur les essais nucléaires, a-t-elle précisé.

Le Nigéria accepte totalement l'idée que la première étape logique pour traiter du désarmement nucléaire et de la non-prolifération réside dans la négociation d'un traité d'interdiction des matières fissiles, a poursuivi la Ministre des affaires étrangères. Toutefois, a-t-elle averti, le Nigéria estime que négocier un tel traité qui exclurait les stocks existants s'avèrerait inutile, en ce sens que cela ne ferait que légitimer le statu quoi sans traiter les craintes fondamentales de nombre de pays. En outre, les pays qui ont abandonné l'option nucléaire et accepté d'appliquer effectivement le régime de non-prolifération méritent d'être récompensés sous la forme de garanties négatives de sécurité, a affirmé Mme Ogwu. Refuser de telles garanties revient à encourager la prolifération, a-t-elle souligné. Abordant la question des armes légères et de petits calibres, elle a par ailleurs rappelé qu'une convention a été adoptée au mois de juin 2006 qui interdit, à destination d'acteurs non étatiques, le transfert d'armes à partir de la sous-région ouest-africaine, vers cette région ou à travers cette région. Conformément à la plaidoirie du Président Obasanjo devant l'Assemblée générale en septembre dernier, l'adoption d'un traité complet et juridiquement contraignant sur le commerce des armes s'avère indispensable pour établir des normes internationales communes concernant le transfert d'armes, a ajouté la Ministre nigériane.

M. CHO JUNG-PYO, Vice-Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, a relevé que depuis l'échec de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2005, des critiques de plus en plus fréquentes sont apparues concernant le désarroi dans lequel se trouverait le processus multilatéral de désarmement. En dépit des échecs, des progrès se sont produits l'an dernier à Genève, a-t-il souligné, citant la troisième Conférence d'examen de la Convention sur les armes chimiques et la sixième Conférence d'examen de la Convention sur les armes biologiques. La poursuite, cette année, des débats structurés inaugurés l'an dernier au sein de la Conférence constitue également un signe encourageant, a-t-il fait valoir, appelant chacun à ne ménager aucun effort pour soutenir cet élan. Le Vice-Ministre a exprimé l'espoir que le Comité préparatoire de la prochaine Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires marquera un nouveau départ. M. Cho Jung-pyo a indiqué que son pays appuie pleinement le lancement immédiat de négociations concernant un traité d'interdiction des matières fissiles – traité qui, selon lui, est mûr pour la négociation. La République de Corée soutient par ailleurs le concept de garanties négatives de sécurité en tant que mesure pratique permettant de réduire le sentiment d'insécurité des pays non dotés d'armes nucléaires, a indiqué le Vice-Ministre. Il a en outre souligné que son pays considère la sécurité spatiale – y compris la prévention d'une course aux armements dans l'espace et le ciblage délibéré d'objets spatiaux – comme une importante question fortement pertinente dans le contexte de la Conférence.


Abordant par ailleurs l'évolution récente de la situation et les perspectives de la question nucléaire s'agissant de la République populaire démocratique de Corée, le Vice-Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée a affirmé que la déclaration conjointe des pourparlers à six de septembre 2005 ainsi que les mesures initiales visant la mise en œuvre de cette déclaration, agréées le mois dernier, constituent des étapes majeures en direction de la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Désormais, ce qu'il faut, c'est un processus global – politique, sécuritaire et économique – incitant la République populaire démocratique de Corée à abandonner ses armes et ses programmes nucléaires. À cette fin, a indiqué M. Cho Jung-pyo, la République de Corée a l'intention de gérer les relations intercoréennes de manière stratégique, afin de faire en sorte que les efforts visant la résolution de la «question nucléaire nord-coréenne» renforcent le dialogue et la coopération intercoréens, et vice-versa. On peut attendre du succès des Pourparlers à Six qu'il permette de prévenir la prolifération nucléaire en Asie du Nord-Est, favorisant ainsi la paix et la sécurité dans la région, a souligné le Vice-Ministre.

M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a souligné que le Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques – dont le Maroc assume la présidence depuis juin 2006 – est le premier instrument multilatéral de lutte contre la prolifération des missiles balistiques. Cet instrument «pose un engagement général d'exercer de la retenue en matière de conception, d'essais et de déploiement de missiles balistiques, y compris en réduisant les stocks nationaux, et de ne pas contribuer à la prolifération», a précisé M. Loulichki. Ce Code formule en outre un engagement politique fort visant à mettre en place et respecter des mesures de transparence sous forme d'une déclaration annuelle sur les programmes balistiques et spatiaux, ainsi que des mesures de pré-notifications de tirs de missiles et de lanceurs spatiaux. Enfin, ce Code reconnaît aussi que les États ne doivent pas être privés de l'utilisation de l'espace à des fins pacifiques, a souligné le représentant marocain. Il a indiqué que la prochaine présentation du Code est prévue du 25 au 27 avril 2007, à Rabat, à l'occasion de l'atelier international sur l'utilisation de la technologie de l'espace pour le développement durable, conjointement organisé par le Bureau des Nations Unies pour les affaires spatiales, l'Agence spatiale européenne et le Centre royal de télédétection spatiale.

MME TEHMINA JANJUA (Pakistan, au nom du Groupe des 21) a affirmé que l'existence persistante des armes nucléaires constitue une grande menace pour le genre humain. Il est plus urgent que jamais pour la communauté internationale de redoubler d'efforts afin de respecter son engagement visant la création d'un monde exempt d'armes nucléaires, a-t-elle souligné. Elle a insisté sur la nécessité de s'abstenir de tout acte susceptible d'aboutir à une nouvelle course aux armements nucléaires. Le Groupe des 21 reconnaît qu'il est absolument indispensable de réduire le rôle des armes nucléaires dans les doctrines stratégiques et dans les politiques de sécurité, afin de minimiser le risque de voir ces armes être utilisées, et de faciliter le processus de leur élimination totale. Le Groupe considère que progresser en matière de désarmement nucléaire est essentiel pour renforcer la paix et la sécurité internationales. Il souhaite qu'il soit redoublé d'efforts afin de résoudre l'impasse actuelle empêchant la réalisation du désarmement nucléaire. Le Groupe des 21 estime qu'aussi longtemps qu'existeront les armes nucléaires, la possibilité subsistera de leur prolifération. Il réaffirme que le désarmement nucléaire et la non-prolifération sont liés et se renforcent mutuellement. Tout en exprimant sa profonde déception face à l'échec de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2005, le Groupe des 21 exprime l'espoir que, cette année, la première session du Comité préparatoire facilitera le succès de la prochaine Conférence d'examen du TNP qui doit se tenir en 2010.

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