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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE MINISTRE ESPAGNOL DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Compte rendu de séance
Le Sous-Secrétaire mexicain aux droits de l'homme et aux affaires multilatérales fait également une déclaration

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Ministre des affaires étrangères de l'Espagne, M. Miguel Ángel Moratinos Cuyaubé, ainsi que le Sous-Secrétaire aux droits de l'homme et aux affaires multilatérales du Mexique, M. Juan Manuel Gómez Robledo. La Suède, suivie par le Venezuela et la Tunisie, ont également fait de brèves déclarations, saluant notamment la présidence espagnole de la Conférence, qui prend fin cette semaine.

Le Ministre espagnol des affaires étrangères a souligné qu'une politique effective de désarmement permettrait de financer la lutte contre la pauvreté. D'ici un mois, a-t-il rappelé, sera officiellement ouvert le processus en vue de la prochaine Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire de 2010, l'objectif étant de progresser sur la voie de l'adhésion des derniers États qui n'ont toujours pas ratifié ce Traité. Parallèlement, le Secrétariat provisoire du Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires a convoqué une conférence pour le mois de septembre prochain, afin d'explorer l'idée d'une entrée en vigueur anticipée de ce Traité. Ayant rappelé qu'il ne manque que dix États pour lancer le Protocole II, dont la ratification est nécessaire pour l'entrée en vigueur du Traité, M. Moratinos a invité les États et gouvernements à se joindre à cet engagement en faveur de la paix et de la sécurité globale. Il a par ailleurs jugé nécessaire d'offrir aux pays non nucléaires des garanties négatives de sécurité face aux États dotés d'armes nucléaires. L'Espagne considère par ailleurs que la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires revêt une grande importance, a poursuivi le Ministre.

L'une des mesures qui nous rapprocheraient du désarmement nucléaire serait la conclusion d'un traité interdisant la fabrication de matières fissiles à des fins militaires, a pour sa part indiqué M. Gómez Robledo, avant de préciser que cet accord devra intégrer des dispositions relatives à la vérification et inclure les stocks existants. Le Sous-Secrétaire mexicain a réaffirmé que la priorité de l'ordre du jour en matière de désarmement reste le désarmement nucléaire. Maintenir l'option nucléaire comme moyen de dissuasion militaire n'est pas acceptable, a-t-il déclaré. Cela ne fait que nuire à la confiance et rend attractive, pour d'autres États, la possibilité de se doter d'armes nucléaires, a-t-il fait observer. M. Gómez Robledo a par ailleurs fait part de la préoccupation de son pays face au fait qu'un État dépositaire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ait jugé opportun de conclure un accord de coopération nucléaire avec un État non partie au Traité, ce qui, de l'avis du Mexique, est contraire - sinon à la lettre - tout au moins à l'esprit de cet instrument et en fragilise les objectifs fondamentaux.

En fin de séance, le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Juan Antonio March d'Espagne, a indiqué que les six Présidents de la Conférence pour 2007 ont achevé leur première série de consultations afin de mettre au point des positions qui seront évaluées lors de la dixième semaine de la Conférence, à savoir la semaine du 26 au 30 mars, qui sera la dernière de la première partie de la session de 2007 de la Conférence.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra mardi prochain, à 10 heures.


Déclarations

Tout en se félicitant de la progression des activités de la Conférence dont témoigne la tenue, ces dernières années, de débats structurés sur chacun des thèmes inscrits à son ordre du jour, M. JUAN MANUEL GÓMEZ ROBLEDO, Sous-Secrétaire aux droits de l'homme et aux affaires multilatérales du Mexique, a attiré l'attention sur la nécessité pour chacun d'assumer ses responsabilités et de veiller à ne pas transformer la Conférence en simple société de débats. Il a rappelé que la paralysie qui perdure quant au fond au sein de la Conférence préoccupe grandement son pays. À cet égard, il a exprimé l'espoir que le nouveau Secrétaire général de l'ONU accordera au désarmement l'importance qu'il mérite, et a ajouté que la réactivation des travaux de la Conférence contribuerait sans doute à modifier sa perception.

M. Gómez Robledo a tenu à réaffirmer que, pour le Mexique, la priorité de l'ordre du jour en matière de désarmement reste le désarmement nucléaire. On ne dira jamais assez combien la simple existence des armes nucléaires constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il affirmé. De ce point de vue, a-t-il insisté, la seule garantie réside dans leur élimination totale – un engagement politique et juridique d'ailleurs pris par les États dotés d'armes nucléaires dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et qu'ils n'ont toujours pas respecté à ce jour. À cet égard, maintenir l'option nucléaire comme moyen de dissuasion militaire n'est pas acceptable, a déclaré M. Gómez Robledo. Cela ne fait que nuire à la confiance et rend attractive, pour d'autres États, la possibilité de se doter d'armes nucléaires, a-t-il fait observer. L'une des mesures qui nous rapprocheraient du désarmement nucléaire serait la conclusion d'un traité interdisant la fabrication de matières fissiles à des fins militaires, a poursuivi le Sous-Secrétaire mexicain. Il a indiqué que son pays était disposé à engager la négociation de cet instrument sur la base d'un mandat sans condition préalable. Toutefois, pour contribuer au régime de désarmement et de non-prolifération, cet accord devra intégrer des dispositions relatives à la vérification et inclure les stocks existants.

Évoquant par ailleurs le processus d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui va débuter le 30 avril prochain à Vienne, M. Gómez Robledo a souligné qu'il ne saurait être question d'aller une nouvelle fois à l'échec comme en 2005. Dans ce contexte, a-t-il indiqué, le Mexique se dit préoccupé qu'un État dépositaire du TNP ait jugé opportun de conclure un accord de coopération nucléaire avec un État non partie au Traité, ce qui, de l'avis du Mexique, est contraire - sinon à la lettre - tout au moins à l'esprit de cet instrument et en fragilise les objectifs fondamentaux.

M. MIGUEL ÁNGEL MORATINOS CUYAUBÉ, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l'Espagne, a souligné que le nouveau cadre de la sécurité n'est pas exclusivement centré sur la composante militaire. La Stratégie européenne de sécurité identifie cinq menaces principales, a-t-il rappelé: la prolifération des armes, en particulier des armes de destruction massive; le terrorisme; la déliquescence des États; les conflits régionaux; et le crime organisé. La dimension que revêtent ces défis exige, pour y faire face, de faire appel à la défense nationale, au renforcement des instruments et organisations multilatérales, à la coopération en faveur du développement, à l'éradication des trafics illicites, ainsi qu'à un ensemble d'aspects qui donnent à la Conférence un rôle particulièrement pertinent. Une politique effective de désarmement permettrait de financer la lutte contre la pauvreté, a souligné le Ministre espagnol des affaires étrangères. Cinq pour cent seulement des dépenses militaires suffiraient à modifier de fond en comble la réalité de la vie quotidienne de millions de personnes sur la planète, a-t-il insisté. «Nous devons et nous pouvons convertir le désarmement en un instrument de solidarité et de progrès», a déclaré le Ministre espagnol.


M. Moratinos a en outre plaidé en faveur de l'universalisation des principaux traités, conventions, accords et programmes du système multilatéral de non-prolifération. Il s'agit là d'un pas essentiel sur la voie de la création d'un monde exempt de toute arme de destruction massive, a-t-il souligné. D'ici un mois, a poursuivi le Ministre espagnol des affaires étrangères, sera officiellement ouvert le processus en vue de la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, l'objectif étant de progresser sur la voie de l'adhésion des derniers États qui n'ont toujours pas ratifié le Traité. Parallèlement, le Secrétariat provisoire du Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires a convoqué une conférence pour le mois de septembre prochain, afin d'explorer l'idée d'une entrée en vigueur anticipée de ce Traité. Il ne manque que dix États pour lancer le Protocole II, dont la ratification est nécessaire pour l'entrée en vigueur du Traité, a rappelé M. Moratinos. Aussi, a-t-il invité les États et gouvernements à se joindre à cet engagement en faveur de la paix et e la sécurité globale. L'Espagne considère que la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires revêt une grande importance, a ajouté le Ministre. Il convient en outre d'avancer sur la voie de la création de davantage de zones exemptes d'armes nucléaires dans toutes les régions et en particulier au Moyen-Orient, a-t-il poursuivi. Il est nécessaire d'offrir aux pays non nucléaires des garanties négatives de sécurité face aux États dotés d'armes nucléaires, a-t-il souligné.

Le Ministre espagnol des affaires étrangères a d'autre part indiqué que son pays considérait comme prioritaire la préservation de l'espace à des fins pacifiques. Il a en outre jugé indispensable de poursuivre le renforcement et la mise en œuvre du Programme d'action des Nations Unies pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite d'armes légères et de petit calibre - dont la Conférence de révision n'est pas parvenue aux résultats escomptés l'an dernier. L'Espagne a toujours soutenu l'initiative visant à négocier un traité juridiquement contraignant sur le commerce des armes, a par ailleurs rappelé M. Moratinos. Tous les efforts en matière de désarmement se traduisent directement en progression de la paix et du développement, a conclu le Ministre espagnol des affaires étrangères.

MME ELIZABETH BORSIIN BONNIER (Suède) a remercié les différents ministres pour leurs interventions devant la Conférence. Elle a indiqué que sa délégation a écouté avec beaucoup d'attention leurs différents messages, s'agissant notamment des rapports existants entre le développement, la paix et la sécurité au XXIe siècle. La Suède a beaucoup apprécié la présidence espagnole de la Conférence, a ajouté la représentante.

M. JUAN ARIAS (Venezuela) a remercié le Ministre espagnol des affaires étrangères pour sa visite à la Conférence et l'a remercié pour sa cohérence entre les mots et les actes. Pour le Gouvernement vénézuélien, c'est une source de joie et d'espérance de pouvoir compter sur MM. Zapateros et Moratinos. Le retrait des troupes espagnoles d'Iraq est, de l'avis du Venezuela, une marque sans équivoque de la volonté et de l'esprit de paix qui animent l'Espagne.

M. SAMIR LABIDI (Tunisie) a déclaré que la sagesse et la profonde connaissance des questions internationales qui caractérisent M. Moratinos sont remarquables. Nous apprécions à sa juste valeur le rôle prépondérant que joue l'Espagne, en particulier son Ministre des affaires étrangères, tant dans les affaires de son propre pays que dans les affaires du monde. Le représentant tunisien a fait part de son espoir quant à la possibilité de réaliser au sein de la Conférence des progrès, certes difficiles, mais dont la présidence espagnole de la Conférence augure d'un succès certain.


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