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LE MINISTRE BRITANNIQUE RESPONSABLE DES QUESTIONS DE DÉSARMEMENT S'ADRESSE À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Ministre d'État aux affaires étrangères du Royaume-Uni responsable pour les questions de désarmement, M. Kim Howells.

M. Howells a expliqué le raisonnement derrière la décision du gouvernement britannique de maintenir une force de dissuasion nucléaire, indiquant que le Royaume-Uni ne pense pas que les circonstances actuelles lui permettent de décider maintenant, sans risque, de renoncer unilatéralement à ses armes nucléaires; le nombre d'États nucléaires a augmenté et il continue à y avoir des risques importants d'émergence de nouveaux États dotés d'armes nucléaires. Le Royaume-Uni est convaincu que seule la menace d'une riposte équivalente pourra dissuader les tentatives d'exercer un chantage avec des armes nucléaires. Rappelant que son pays a décidé d'encore réduire ses stocks d'ogives de 20%, le ministre a réaffirmé l'engagement du Royaume-Uni de respecter ses engagements en vertu de l'article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et les applique, ce qui n'est pas le cas s'agissant des programmes illicites de mise au point d'armes nucléaires. Le Royaume-Uni considère la Conférence du désarmement comme essentielle à la réalisation du désarmement nucléaire multilatéral et estime que la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires est la prochaine étape logique en matière de désarmement nucléaire multilatéral.

Le Royaume-Uni continue de considérer le TNP comme la pierre angulaire du régime nucléaire de non-prolifération et le cadre approprié pour le désarmement nucléaire, a poursuivi M. Howells. Il reconnaît pleinement le droit des États d'employer et de développer la technologie nucléaire à des fins pacifiques, mais certaines technologies nucléaires posent des risques graves de prolifération et vont à l'encontre de l'intérêt commun d'empêcher la prolifération des armes nucléaires et des moyens de les produire.


La prochaine séance publique de la Conférence du désarmement se tiendra le mardi 27 février à 10 heures.


Déclaration

M. KIM HOWELLS, Ministre d'État aux affaires étrangères du Royaume-Uni (Foreign and Commonwealth Office) responsable pour les questions de désarmement, a déclaré que son pays considère cette instance comme essentielle à la réalisation du désarmement nucléaire multilatéral. Rappelant que son pays avait présenté l'an dernier, dans une volonté de transparence tant au plan international que national, un «livre blanc» expliquant le raisonnement derrière la décision du gouvernement britannique de maintenir une force de dissuasion nucléaire, le Ministre a souligné que cette décision n'était pas une décision irréversible; le Royaume-Uni doit s'assurer d'avoir les moyens dans 17 ans, de maintenir une force de dissuasion sous-marine. En effet, le Royaume-Uni ne pense pas que les circonstances existent actuellement pour décider maintenant, sans risque, de renoncer unilatéralement à ses armes nucléaires. Tout en se disant d'accord avec l'ancien Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, que le régime de non-prolifération a été une réussite, il a exprimé son désaccord avec son affirmation concernant «l’absence de menaces évidentes contre la sécurité nationale que l’arme nucléaire pourrait éloigner». Comme l'a lui-même reconnu M. Annan, d'importants arsenaux nucléaires subsistent; le nombre d'États nucléaires a augmenté et non diminué; et il continue à y avoir des risques importants d'émergence de nouveaux États dotés d'armes nucléaires. Le Royaume-Uni est convaincu que seule la menace d'une riposte équivalente pourra dissuader les tentatives d'exercer un chantage avec des armes nucléaires. M. Howells a relevé que certains suggèrent que le Royaume-Uni fait preuve d'hypocrisie en maintenant ses armes nucléaires tout en invitant d'autres États à y renoncer. Mais le Royaume-Uni appuie entièrement la proposition de Kofi Annan que des progrès doivent être réalisés en parallèle sur les voies de désarmement et de non-prolifération. Il a réaffirmé l'engagement du Royaume-Uni de respecter ses engagements en vertu de l'article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et a rappelé que le Royaume-Uni a décidé d'encore réduire ses stocks d'ogives de 20% pour les établir à 160. Depuis la fin de la guerre froide, la puissance explosive des armes nucléaires britanniques aura été réduite de 75%. Les armes nucléaires britanniques représentent moins de 1% des stocks mondiaux. Il s'agit d'une force de dissuasion stratégique que le Royaume-Uni n'envisagera jamais d'utiliser sauf dans des circonstances extrêmes d'autodéfense. La simple vérité est que le Royaume-Uni met en œuvre ses engagements en vertu du TNP, ce qui n'est pas le cas s'agissant des programmes illicites de mise au point d'armes nucléaires.

Le Royaume-Uni se félicite de la série d'accords bilatéraux qui ont considérablement réduit les principaux arsenaux nucléaires depuis la fin de la guerre froide, a poursuivi le ministre. Son pays estime que les progrès devront se poursuivre dans ce domaine avant qu'il soit utile d'inclure la petite fraction des stocks mondiaux détenue par le Royaume-Uni. En outre, il faut compter sur l'engagement de tous les États en matière de non-prolifération dans le cadre de l'universalisation du TNP. Il faut aussi renforcer l'interdiction des essais nucléaires et le Royaume-Uni souhaite l'entrée en vigueur prochaine du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il faut aussi plafonner la quantité de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. C'est ici que la Conférence a un rôle à jouer.

Le ministre britannique a constaté qu'un certain nombre raisons laissent penser que des progrès réels sont possibles dans un proche avenir dans le cadre des travaux de la Conférence du désarmement et son gouvernement estime que la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires est la prochaine étape logique en matière de désarmement nucléaire multilatéral. Il est grand temps pour la Conférence de démontrer une fois de plus à la communauté internationale que l'«esprit de Genève», qui a permis de surmonter les polémiques pour mettre au point des réponses pratiques aux questions réelles, est encore vigoureux et bien vivant. Pour sa part, le Royaume-Uni, outre les réductions réelles d'armes auxquelles il a procédé, a sensiblement amélioré la transparence en ce qui concerne la possession de matières fissiles, fortement réduit ses stocks et cessé en 1995 la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires.

Le Royaume-Uni continue de considérer le TNP comme la pierre angulaire du régime nucléaire de non-prolifération et le cadre approprié pour le désarmement nucléaire, a poursuivi M. Howells. Son soutien du Traité est de longue date et n'a pas faibli. Le Royaume-Uni reconnaît pleinement le droit des États, conformément au TNP, d'employer et de développer la technologie nucléaire à des fins pacifiques. Néanmoins, il faut être conscients que certaines technologies nucléaires posent des risques graves de prolifération et vont à l'encontre de l'intérêt commun d'empêcher la prolifération des armes nucléaires et des moyens de les produire. Lors de la prochaine Conférence d'examen du TNP, en mai prochain, il reviendra aux États d'examiner les domaines dans lesquels la coopération est possible, et rechercher les moyens de surmonter les différences.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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