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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : PLUSIEURS PAYS INSISTENT SUR L'IMPORTANCE DU DÉSARMEMENT ET DE LA NON-PROLIFÉRATION NUCLÉAIRES

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations de l'Allemagne (au nom de l'Union européenne), des États-Unis, du Maroc, de la Syrie, de l'Égypte, du Pakistan, du Pérou, du Japon, de la Fédération de Russie et de la République populaire démocratique de Corée.

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations de l'Allemagne (au nom de l'Union européenne), des États-Unis, du Maroc, de la Syrie, de l'Égypte, du Pakistan, du Pérou, du Japon, de la Fédération de Russie et de la République populaire démocratique de Corée.

Le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) constitue la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement nucléaires, a-t-il été maintes fois souligné. À cet égard, nombre d'intervenants ont fait part de leur intention de faire en sorte que la réunion de Vienne du Comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2010 du TNP soit couronnée de succès. Le Pakistan s'est dit préoccupé que la plupart des États dotés de l'arme nucléaire semblent considérer la prorogation indéfinie du TNP comme leur octroyant un droit permanent à conserver cette arme. La Syrie a pour sa part rappelé que lors de sa 61ème session , l’Assemblée générale a adopté une résolution demandant à la Conférence d’engager les négociations en vue de parvenir à un accord sur une convention internationale interdisant l’utilisation ou le menace d’utilisation des armes nucléaires sous quelque circonstance que ce soit.

Au nom de l'Union européenne, l'Allemagne a mis l’accent sur la nécessité d’une réduction globale des stocks mondiaux d’armes nucléaires, conformément à l’article VI du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Les États-Unis ont pour leur part déclaré que le TNP n’a jamais envisagé un désarmement nucléaire complet qui s’effectuerait sans tenir compte de l’environnement sécuritaire international; au contraire, ont-ils insisté, ce Traité dit clairement que le désarmement nucléaire complet dépend d’une amélioration de l’environnement sécuritaire global. La course aux armements nucléaire s’est arrêtée il y a 15 ans, ont affirmé les Etats-Unis. La question est donc désormais non pas de stopper une course aux armements mais de prévenir l’émergence de nouvelles courses aux armements nucléaires de dimension régionale, ont-ils déclaré, ajoutant que le maintien du parapluie nucléaire des États-Unis est nécessaire, dans les circonstances actuelles, afin de contribuer à jeter les bases de nouveaux progrès en matière de désarmement.

L'Égypte a relevé que les États dotés d'armes nucléaires continuent d'avancer leur doctrine de dissuasion nucléaire, indiquant ainsi qu'ils n'ont nulle intention réelle d'œuvrer au désarmement nucléaire complet. Pour le Japon également, réduire le rôle des armes nucléaires dans les politiques de sécurité est essentiel pour minimiser les risques de voir ces armes être utilisées et faciliter le processus menant à leur élimination complète. Eu égard aux quelque 27 000 armes nucléaires qui subsistent, la nécessité d'approfondir les efforts pour en réduire le nombre semble évidente, a également souligné le Japon.

La Syrie a quant à elle demandé à tous les pays concernés de cesser de fournir à Israël de la technologie nucléaire, d'exercer des pressions sur ce pays afin qu'il rejoigne le TNP en tant que pays non doté d'arme nucléaire et de soumettre les installations nucléaires d'Israël au régime de garanties de l'AIEA. En cas de non-respect, Israël devrait faire l'objet de sanctions internationales conformément au droit international, a affirmé la Syrie. L'Égypte a elle aussi fait observer qu'Israël, premier pays du Moyen-Orient à engager un programme nucléaire agressif, reste le seul pays de la région qui refuse de signer le TNP, rejette l'inspection internationale de ses installations nucléaires et refuse de placer ces installations sous le régime des garanties de l'AIEA.

À l'instar de l'Allemagne (au nom de l’Union européenne), le Pérou a indiqué qu'il attache la plus grande importance à une entrée en vigueur le plus tôt possible du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

La Fédération de Russie a insisté pour que la communauté internationale conclue un nouveau traité interdisant le placement d’armes nucléaires dans l’espace.

Le Japon ayant indiqué qu'il condamnait fermement l'essai nucléaire que la République populaire démocratique de Corée a proclamé avoir effectué le 9 octobre 2006, la République populaire démocratique de Corée a souligné que les essais nucléaires et le positionnement d’armes nucléaires relèvent pour elle, qui n'appartient pas au TNP, d'un droit souverain.

En fin de séance, la Présidente de la Conférence, l’Ambassadrice Glaudine Mtshali de l’Afrique du Sud, a dressé un bref bilan des travaux de ce début de session de 2007 en relevant que la Conférence est parvenue à adopter un ordre du jour et à mettre en place un cadre d’organisation qui orientera les débats tout au long de l’année.

Elle a en outre indiqué que M. Kim Howells, Ministre d'État au Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, en charge du contrôle des armements et des questions de désarmement, s’adressera à la Conférence le jeudi 22 février, à 10 heures.

Mme Mtshali a en outre indiqué qu’elle ne serait pas en mesure de présider la Conférence du 12 au 16 février et qu’elle serait donc remplacée dans ses fonctions par M. Kellermann.

La Conférence a en outre accepté la demande de participation à ses travaux présentée par Madagascar.

La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi 13 février, à 10 heures.

Aperçu des déclarations


M. BERNHARD BRASACK (Allemagne, au nom de l’Union européenne) a souligné que la non-prolifération, le désarmement et le contrôle des armements restent des éléments indispensables de la sécurité coopérative entre les États. Il a mis l’accent sur la nécessité d’une réduction globale des stocks mondiaux d’armes nucléaires, conformément à l’article VI du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), en particulier de la part de ceux qui possèdent les stocks les plus importants. M. Brasack a relevé que de graves événements en matière de prolifération nucléaire se sont produits ces dernières années. Il a en outre relevé que le Traité de réduction des armements stratégiques (START), qui a permis de réduire les arsenaux d’armes nucléaires stratégiques des États-Unis et de la Fédération de Russie, doit expirer en 2009. En outre, le Traité de Moscou expire quant à lui le 31 décembre 2012. Aussi, l’Union européenne se réjouit-elle des réductions d’armes nucléaires déployées auxquelles ont donné lieu les deux traités susmentionnés et souligne-t-elle la nécessité de progresser plus avant sur la voie de la réduction structurelle de ces arsenaux nucléaires par le biais de processus de suivi appropriés. A cet égard, l’Union européenne se réjouirait d’une continuation des processus susmentionnés par le biais, notamment, d’un accord bilatéral de suivi au traité START I qui vient à expirer. L’Union européenne poursuit en outre ses efforts pour assurer la transparence en tant que mesure d’instauration de la confiance permettant de soutenir la réalisation de nouveaux progrès en matière de désarmement.

M. Brasack a par ailleurs rappelé que de l’avis de l’Union européenne, la prévention de la prolifération nucléaire et la poursuite du désarmement nucléaire conformément à l’article VI du TNP sont essentielles pour la paix et la sécurité mondiales. Le TNP est la pierre angulaire de ce régime, a-t-il insisté. Aussi, a-t-il souligné que l’Union européenne continue d’œuvrer en faveur de l’adhésion universelle au TNP, ajoutant que la possession d’armes nucléaires par des États se trouvant en dehors du TNP ainsi que le non-respect des dispositions de ce Traité de la part d’un État partie risquent de saper la non-prolifération et les efforts de désarmement. L’Union européenne entend contribuer activement à faire de la réunion de Vienne du Comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2010 du TNP un succès. En outre, l’Union européenne attache la plus grande importance à une entrée en vigueur le plus tôt possible du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a déclaré M. Brasack. Il est évident que parmi les questions nucléaires, celle d’un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins d’armement nucléaire fournit l’opportunité de négociation prioritaire la plus proche qu’il convient donc de saisir, a-t-il ajouté.

MME CHRISTINA ROCCA (Etats-Unis) a affirmé que la course aux armements nucléaire s’est arrêtée il y a 15 ans ; depuis, les principaux protagonistes de la Guerre froide ont réduit leurs ogives nucléaires dans des proportions qui auraient été inimaginables il y a encore peu de temps. La question est donc désormais non pas de stopper une course aux armements qui, pour la plupart d’entre nous, n’existe plus, mais de prévenir l’émergence de nouvelles courses aux armements nucléaires de dimension régionale et d’instaurer l’environnement propice à l’achèvement du processus de désarmement nucléaire. Depuis trop longtemps, nombreux sont ceux qui ont choisi la facilité en renvoyant la responsabilité en la matière aux seuls États dotés d’armes nucléaires, ce qui revient à ignorer la réalité du monde dans lequel nous vivons, a déclaré Mme Rocca. En effet, le TNP n’a jamais envisagé un désarmement nucléaire complet qui s’effectuerait sans tenir compte de l’environnement sécuritaire international, a-t-elle souligné. Au contraire, le TNP dit clairement que le désarmement nucléaire complet dépend d’une amélioration de l’environnement sécuritaire global, a-t-elle insisté.

D’ici 2012, a poursuivi Mme Rocca, les stocks nucléaires des États-Unis auront en tout cas été ramenés à un quart de ce qu’ils étaient à la fin de la guerre froide. L’assistance aux États de l’ex-Union soviétique a coûté aux États-Unis des milliards de dollars, a-t-elle ajouté. Malgré toutes ces réalisations, certains prétendent que le problème réside encore dans la dépendance continue à l’égard des armes nucléaires ; or, les États-Unis ont mis en place une nouvelle triade stratégique qui ne repose plus exclusivement sur les armes nucléaires. En outre, des réductions encore plus importantes d’armes nucléaires devraient être possibles dès que cette nouvelle triade aura été pleinement mise en place, a indiqué Mme Rocca. Il est un fait historique que plusieurs programmes nationaux d’armement nucléaire n’ont jamais été engagés ou furent stoppés en raison des garanties de sécurité offertes par des Etats-Unis nucléairement armés qui ont convaincu des États de ne pas chercher à se doter d’armes nucléaires, a-t-elle affirmé. Aussi, a-t-elle déclaré, le maintien du parapluie nucléaire des États-Unis est-il nécessaire, dans les circonstances actuelles, afin de contribuer à jeter les bases de nouveaux progrès en matière de désarmement. L’un des domaines murs pour notre effort collectif est celui de la conclusion rapide d’un traité interdisant la production de matière fissile à des fins d’utilisation pour les armes nucléaires, a déclaré Mme Rocca. Alors que la plupart des États dotés d’armes nucléaires ont depuis longtemps déclaré des moratoires sur une telle production, il est clair que des réductions nucléaires complètes et irréversibles ne pourront être réalisées tant que cette mesure ne sera pas devenue globale, a-t-elle affirmé.

M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a relevé que suite à l’initiative des six Présidents de la Conférence de l’an dernier, cette instance réitère cette année, faute de mieux, cette démarche qui consiste à tenir des séances informelles sur chacun des points de l’ordre du jour. Faute de programme de travail, cette démarche reste utile, a-t-il déclaré. Le Maroc reste engagé en faveur d’un désarmement général et complet, a-t-il ajouté. Le Maroc est convaincu que tant que subsisteront les armes nucléaires, il ne saurait y avoir de sécurité au plan international. Le fait que nombre de ces armes soient déployées en alerte permanente rend les risques plus grands. Ces armes privent en outre les nations qui les possèdent ou cherchent à se les procurer des moyens qui pourraient leur permettre de résoudre d’autres problèmes majeurs auxquels est confrontée l’humanité. Seule une stratégie des petits pas peut, en l’état actuel des choses, nous permettre de nous rapprocher des objectifs du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, a poursuivi M. Loulichki. Il a par ailleurs attiré l’attention sur les menaces nouvelles qui sont apparues et au nombre desquelles figurent le terrorisme, notamment nucléaire. Dans ce contexte, une coopération internationale concertée et coordonnée est plus que jamais nécessaire, a-t-il souligné, rappelant la Conférence tenue à cet égard en octobre dernier à Rabat.

M. KHALIL BITAR (Syrie) a insisté sur la nécessité d’adopter un programme de travail équilibré et complet et de mettre en place des organes subsidiaires pour négocier les quatre questions fondamentales que sont le désarmement nucléaire, la prévention de la guerre nucléaire, la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique et des garanties négatives de sécurité. Il a également insisté sur la nécessité d’ouvrir la Conférence à tous les États Membres des Nations Unies, étant donné que cette instance traite de questions qui préoccupent l’ensemble de la communauté internationale. Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de renforcer la participation de la société civile aux travaux de la Conférence. Soulignant que le désarmement nucléaire constitue une priorité de premier plan, il a notamment rappelé que lors de sa 61ème session , l’Assemblée générale a adopté une résolution demandant à la Conférence d’engager les négociations en vue de parvenir à un accord sur une convention internationale interdisant l’utilisation ou le menace d’utilisation des armes nucléaires sous quelque circonstance que ce soit. Aussi, le moment est-il venu pour la Conférence d’établir un organe subsidiaire en vue de négocier une telle convention, a déclaré M. Bitar. Il a fait part de sa préoccupation face à la diffusion de doctrines militaires fondées sur le recours éventuel aux armes nucléaires et face aux nouvelles menaces émanant de certains États dotés d'armes nucléaires quant à l'utilisation de ces armes. Certains États ont utilisé des munitions en uranium appauvri dans les Balkans, en Iraq et au Liban, a poursuivi M. Bitar, faisant également référence à un récent rapport britannique indiquant qu'Israël avait utilisé de l'uranium enrichi au cours de sa guerre au Liban durant l'été 2006. En outre, certains États se concentrent sur la seule non-prolifération, de manière très sélective, appliquant une politique de deux poids, deux mesures qui constitue un déni du droit de tous les États d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques.

L'absence de paix et de stabilité au Moyen-Orient, en raison de l'occupation israélienne des territoires arabes en Syrie, au Liban et en Palestine, ainsi que le refus israélien de l'initiative de paix arabe devraient motiver sans équivoque la communauté internationale pour œuvrer sans délai à libérer le Moyen-Orient de toutes les armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires. Israël persiste dans son refus d'ouvrir ses installations nucléaires à l'inspection internationale, en dépit des graves menaces que ces installations constituent pour la sécurité de tous les États de la région. Aussi, la Syrie demande-t-elle à tous les pays concernés de cesser de fournir à Israël de la technologie nucléaire, d'exercer des pressions sur Israël afin que ce pays rejoigne le TNP en tant que pays non doté d'arme nucléaire et de soumettre les installations nucléaires d'Israël au régime de garanties de l'AIEA. En cas de non-respect, Israël devrait faire l'objet de sanctions internationales conformément au droit international, a souligné M. Bitar.

M. BERNHARD BRASACK (Allemagne, au nom de l'Union européenne) a souligné que l'Union européenne continue d'accorder une claire priorité à la négociation, au sein de la Conférence, d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, en tant que moyen de renforcer la non-prolifération nucléaire et le désarmement, donc la sécurité internationale. En toute logique, un tel traité constitue le prochain instrument multilatéral devant être négocié dans le domaine de la non-prolifération et du désarmement nucléaires, a insisté M. Brasack. Un tel traité aurait des conséquences bénéfiques allant bien au-delà des seuls domaines de la non-prolifération et du désarmement nucléaires pour inclure notamment la réduction du risque de vol ou de détournement de matières fissiles au bénéfice de groupes ou d'activités terroristes. Engager les négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles aurait également un impact positif non négligeable sur le prochain processus d'examen du TNP qui débute au mois d'avril prochain avec la première réunion du Comité préparatoire à Vienne, a poursuivi M. Brasack. En attendant l'entrée en vigueur d'un traité d'interdiction des matières fissiles, l'Union européenne demande à tous les États de déclarer et de maintenir un moratoire sur la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, a-t-il indiqué.

M. SAMEH SHOUKRY (Égypte) a souligné que le désarmement nucléaire - pilier essentiel de la politique étrangère de l'Égypte - reste la principale priorité de son pays à la Conférence du désarmement. Il s'est dit extrêmement troublé par le regrettable manque de progrès substantiel dont pâtit actuellement la mise en œuvre de l'article VI du TNP qui demande à tous les États parties à ce Traité de poursuivre des négociations, de bonne foi, sur des mesures effectives en matière de désarmement nucléaire. Les États dotés d'armes nucléaires continuent d'avancer leur doctrine de dissuasion nucléaire, indiquant ainsi qu'ils n'ont nulle intention réelle d'œuvrer au désarmement nucléaire complet. L'accent qui est mis sur le contrôle des armements et les efforts bilatéraux, présentés comme de prétendues réalisations, ne saurait être considéré comme une alternative à la mise en œuvre des engagements contenus dans l'article VI, a déclaré M. Shoukry. Il a souligné que son pays appuie la création d'un comité ad hoc sur le point 1 de l'ordre du jour afin d'engager des négociations sur un programme graduel d'élimination complète des armes nucléaires, assorti d'un cadre temporel précis, incluant une convention sur les armes nucléaires. L'universalité du TNP est la seule garantie de préservation du régime de non-prolifération nucléaire, a ajouté M. Shoukry, attirant l'attention sur les effets négatifs des tentatives de certains États parties au TNP de se départir des engagements qu'ils ont déjà approuvés lors des précédentes conférences d'examen de 1995 et de 2000.

M. Shoukry a par ailleurs souligné qu'Israël, premier pays du Moyen-Orient à engager un programme nucléaire agressif, reste le seul pays de la région qui refuse de signer le TNP, rejette l'inspection internationale de ses installations nucléaires et refuse de placer ces installations sous le régime des garanties de l'AIEA. Cela constitue un défi direct et une menace pour la crédibilité du régime de non-prolifération nucléaire, a fait observer M. Shoukry. L'Égypte ne souscrira pas à l'inversion de la logique qu'Israël et ses quelques rares soutiens s'efforcent de faire valoir en prétendant que la paix et la stabilité au Moyen-Orient seraient des conditions préalables avant toute considération de la question d'une zone exempte d'armes nucléaires dans la région.

MME TEHMINA JANJUA (Pakistan) a rappelé que l'objectif énoncé dans le TNP reste le désarmement général et complet sous un contrôle international strict et effectif. Aussi, le désarmement nucléaire doit-il rester la question prioritaire au sein de la Conférence, a-t-elle souligné. Elle a fait part de sa préoccupation s'agissant, entre autres, de l'impression selon laquelle la plupart des États dotés de l'arme nucléaire considèrent la prorogation indéfinie du TNP comme leur octroyant un droit permanent à conserver cette arme. Elle s'est également dite préoccupée par l'accent de plus en plus appuyé mis sur les armes nucléaires dans les doctrines sécuritaires, ce qui va à l'encontre de la logique du désarmement. Elle a rappelé que le Groupe des 21 a exposé ses vues dans les documents CD/1570 et CD/1571 s'agissant du mécanisme permettant de traiter du désarmement nucléaire de manière à engager des négociations sur un programme graduel visant l'élimination des armes nucléaires, assorti d'un cadre temporel précis et incluant une convention sur les armes nucléaires. Le désarmement nucléaire et la non-prolifération sont des objectifs qu'il convient de poursuivre de manière simultanée et non pas de manière séquentielle, a insisté Mme Janjua. En outre, la coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire doit continuer de bénéficier du soutien international dans des conditions agréées au niveau mondial.

Le Pakistan est un État doté de l'arme nucléaire non pas par choix mais en réponse à des développements dans la région, a précisé Mme Janjua. Cette décision difficile a été prise pour la stabilité stratégique de la région, a-t-elle ajouté. Le Pakistan reste engagé en faveur du principe d'un désarmement nucléaire complet et général, a-t-elle déclaré.

M. DIEGO BELEVÁN (Pérou) a fait part de la préoccupation de son pays face à l'incapacité des membres de la Conférence à surmonter les difficultés auxquelles cette instance est confrontée depuis plus de dix ans pour approuver un programme de travail. Le travail des coordonnateurs s'avère crucial pour ce qui est d'identifier les thèmes sur lesquels il peut être possible d'avancer en allant au-delà des simples consultations ou échanges d'informations, a-t-il souligné. Le Pérou partage l'opinion de nombreux membres de la Conférence quant à la nécessité d'avancer sur le thème du désarmement nucléaire. Le pays considère le TNP comme la pierre angulaire pour éviter la prolifération et atteindre l'objectif de désarmement nucléaire. M. Beleván a déploré la modernisation des arsenaux nucléaires existants des puissances reconnues par ce Traité et a rappelé que le Pérou rejetait tout développement de ce type d'armement de la part des autres membres de la communauté internationale. Il a en outre réitéré l'intérêt que son pays porte à une entrée en vigueur rapide du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. M. Beleván a d'autre part réitéré la souplesse de sa délégation s'agissant de la création d'un organe subsidiaire de la Conférence pour examiner l'importante question de la négociation d'un traité sur les matières fissiles, sans aucune condition. Tout futur instrument international juridiquement contraignant en rapport avec les matières fissiles devra nécessairement répondre au double objectif du désarmement et de la non-prolifération, a souligné M. Beleván.

M. YOSHINOBU HIRAISHI (Japon) a rappelé qu'en tant que seule nation à avoir fait l'expérience de la dévastation causée par une attaque nucléaire, le Japon accorde la plus haute importance au désarmement nucléaire. Chaque État partie au TNP est encouragé, en vertu de l'article VI, à prendre de nouvelles mesures menant au désarmement nucléaire. Aussi, le Japon salue-t-il les progrès réalisés par la Fédération de Russie et par les Etats-Unis, ainsi que par d'autres États dotés d'armes nucléaires, sur la voie de la réalisation de cet objectif. Toutefois, eu égard aux quelque 27 000 armes nucléaires qui subsistent, la nécessité d'approfondir les efforts pour en réduire le nombre semble évidente, a souligné M. Hiraishi. Il a en outre insisté sur la nécessité de veiller à ce que les efforts visant à réduire les armements nucléaires se fassent dans la transparence. Les États dotés d'armes nucléaires doivent par ailleurs réduire davantage le statut opérationnel des systèmes d'armement nucléaire, de manière à promouvoir la stabilité et la sécurité internationales, a poursuivi M. Hiraishi. Réduire le rôle des armes nucléaires dans les politiques de sécurité est essentiel pour minimiser les risques de voir ces armes être utilisées et faciliter le processus menant à leur élimination complète, a-t-il expliqué.

Si le TNP a été confronté, ces dernières années, à un certain nombre de défis sérieux, sa signification en tant que pierre angulaire du désarmement nucléaire et du régime de non-prolifération n'en reste pas moins inchangée, a poursuivi M. Hiraishi. Aussi, a-t-il rappelé l'importance que revêt l'universalisation de ce Traité. Par ailleurs, l'entrée en vigueur rapide du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires constitue une étape cruciale sur la voie de l'élimination totale des armes nucléaires, a-t-il souligné. Il a indiqué que son pays, tout comme la communauté internationale, condamne fermement l'essai nucléaire que la République populaire démocratique de Corée a proclamé avoir effectué le 9 octobre 2006. Dans le cadre du Partenariat global mis en place par le G8, le Japon a fourni une assistance à la Fédération de Russie pour le démantèlement d'un sous-marin nucléaire déclassé dans l'extrême orient russe. Les deux pays ont ensuite signé un accord pour le démantèlement de cinq sous-marins supplémentaires, a indiqué M. Hiraishi. Il a enfin réitéré la conviction du Japon selon laquelle la principale priorité de la Conférence cette année réside dans le lancement immédiat de négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles, étant donné qu'il s'agit là, à l'heure actuelle, de la mesure de désarmement nucléaire multilatéral la plus réaliste.

M. VALERY LOSHCHININ (Fédération de Russie) a assuré que son pays reste fidèle à ses obligations découlant de l’article VI du TNP et des accords qu’il a passés avec les Etats-Unis. La menace d’une guerre nucléaire s’est considérablement affaiblie, a-t-il poursuivi. Il a souligné que la non-prolifération a un rapport direct avec la question de la cessation de la course aux armements nucléaires et avec celle du désarmement nucléaire. Un traité d’interdiction des matières fissiles pourrait contribuer au désarmement nucléaire et la Fédération de Russie ne s’oppose pas au lancement d’un tel traité au sein de la Conférence, a-t-il affirmé. Le placement d’armes nucléaires dans l’espace entraînerait des conséquences néfastes pour l’ensemble du processus de désarmement, a-t-il également souligné. La communauté internationale doit conclure un nouveau traité interdisant le placement d’armes nucléaires dans l’espace, a insisté M. Loshchinin. On nous dit que les plans visant à placer des missiles antimissiles balistiques dans certains pays d’Europe centrale ne sont orientés contre personne ; mais il y a là des conséquences graves et il faudra en tirer les conclusions qui conviennent, a-t-il poursuivi. La réponse de la Fédération de Russie sera efficace, a-t-il déclaré. La Fédération de Russie estime que l’époque de la guerre froide est révolue et que toutes les questions doivent être résolues par le dialogue et la négociation.

M. HAN SUNG IL (République populaire démocratique de Corée), en réponse au Japon, a indiqué que son pays est fermement engagé en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Pour ce qui est des essais nucléaires et du positionnement d’armes nucléaires, il s’agit d’un droit souverain pour la République populaire démocratique de Corée, laquelle n’appartient pas au TNP, a-t-il déclaré. Cela ne procède pas d'un choix de notre part; nous avons été contraints de sortir du TNP et de déclarer que nous possédions l’arme nucléaire en effectuant notre essai l’an dernier, a déclaré M. Han Sung Il. Le Japon doit savoir que les armes nucléaires de la République populaire démocratique de Corée ne sont pas menaçantes pour les pays voisins, y compris le Japon, a-t-il insisté. La République populaire démocratique de Corée fera de son mieux pour éliminer les armes nucléaires partout dans le monde.

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