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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ADOPTE SON ORDRE DU JOUR POUR 2007; DES COORDONNATEURS SONT NOMMÉS POUR CHAQUE POINT DE L'ORDRE DU JOUR

Compte rendu de séance
Une déclaration au nom de l'Union européenne suscite un échange avec l'Iran, la République populaire démocratique de Corée et la Chine

La Conférence du désarmement a adopté ce matin son ordre du jour et entendu les déclarations du Japon, de l'Allemagne au nom de l'Union européenne, de la France, du Kenya, de l'Italie, de l'Indonésie, de la République de Corée, de l'Égypte et de l'Australie. L'Iran, la République populaire démocratique de Corée et la Chine sont en outre intervenus en réponse à la déclaration de l'Union européenne. Dans le cadre de l'adoption de l'ordre du jour et de la désignation de coordonnateurs en fin de séance, la Chine, l'Algérie, la Syrie, l'Inde, le Maroc et l'Iran ont également pris la parole.

L'ordre du jour de la Conférence, inchangé par rapport aux années précédentes, porte sur les questions suivantes: cessation de la course aux armements nucléaires et désarmement nucléaire (point 1); prévention de la guerre nucléaire, y compris toutes les questions qui y sont liées (point 2); prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique (point 3); arrangements internationaux efficaces pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace d'utilisation de ces armes (point 4); nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive (armes radiologiques) (point 5); programme global de désarmement (point 6); transparence dans le domaine des armements (point 7); et examen et adoption du rapport annuel et de tout autre rapport approprié à l'Assemblée générale.

La Conférence a en outre décidé de nommer des coordonnateurs sur différents points de son ordre du jour. Sous l'autorité des Présidents de la session de 2007, le coordonnateurs organiseront et présideront des débats sur les différents points de l'ordre du jour et rendront compte des résultats aux Présidents de la session de 2007 en vue de la préparation d'un rapport sur les progrès réalisés sur chacun des points de l'ordre du jour. Les coordonnateurs sont M. Wegger Strommen de Norvège (point 1); M. Carlo Trezza d'Italie (point 2); M. Paul Meyer du Canada (point 3); M. Carlos Paranhos du Brésil(point 4); M. Petko Draganov de Bulgarie (point 5); M. Makarim Wibisono d'Indonésie (point 6); et M. John Ducan du Royaume-Uni (point 7). Parmi les délégations qui sont intervenues dans ce cadre, l'Algérie, l'Inde, le Maroc et l'Iran ont souligné qu'il était entendu que les coordonnateurs étaient placés sous l'autorité des Présidents qui se succéderont au cours de la session de 2007.

Dans une déclaration faite ce matin au nom de l'Union européenne, l'Allemagne a exprimé la préoccupation de l'Union européenne suite aux essais récents d'une arme antisatellite, soulignant que de tels tests sont incompatibles avec les efforts visant à prévenir une course aux armements dans l'espace. Elle a par ailleurs exprimé sa préoccupation s'agissant du programme nucléaire iranien, dénonçant un programme nucléaire secret dans les domaines les plus sensibles du cycle du combustible nucléaire. Elle s'est aussi dite vivement préoccupée par la situation dans la péninsule coréenne et a fermement condamné les lancements de missiles et l'essai nucléaire auxquels la République populaire démocratique de Corée a procédé en 2006.

La Chine a répondu à l'Union européenne en soulignant que l'essai en question n'était dirigé contre aucun pays, qu'elle s'opposait à toute militarisation de l'espace extra-atmosphérique et avait fait des propositions sur un traité de prévention du déploiement d'armes dans l'espace extra-atmosphérique et de l'utilisation d'armes ou de la menace contre des objets spatiaux.

L'Iran a pour sa part a déclaré que la Conférence du désarmement n'était pas le lieu de discuter des aspects techniques de la situation iranienne et a rappelé le droit inaliénable des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire.

La République populaire démocratique de Corée a souligné que le lancement d'un missile effectué par son pays s'inscrivait pleinement dans l'exercice de ses droits nationaux et que personne n'avait le droit de s'y opposer. En outre, la République populaire démocratique de Corée rejette toutes les résolutions du Conseil de sécurité sur cette question et ne s'estime pas lié par leurs dispositions.

Au cours de cet échange, M. Sergei Ordzhonikidze, Secrétaire général de la Conférence du désarmement et Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, ainsi que la Présidente de la Conférence, Mme Glaudine Mtshali d'Afrique du Sud, ont prié les délégations de s'abstenir de procéder à des échanges de nature politique qui soient à même de nuire aux travaux de la Conférence.

En fin de séance, la Conférence a approuvé les demandes de participation à ses travaux en tant qu'observateur présentées par l'Albanie, la Géorgie, les Émirats arabes unis et le Yémen.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra le mardi 30 janvier à 10 heures.




Déclarations

M. SUMIO TARUI (Japon) a souligné que la Conférence devait tirer parti des discussions structurées et ciblées de l'an dernier et montrer qu'elle peut contribuer à l'élaboration des normes internationales dans le domaine du désarmement et de non-prolifération. Le Japon accorde une importance primordiale au commencement rapide de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires et souhaite une intensification des discussions quant au fond dans ce domaine, sur la base du projet de traité et des documents de travail déjà distribués. En même temps, le Japon s'engage à s'investir dans des discussions actives lorsque le moment sera venu de discuter des autres principaux points de l'ordre du jour - désarmement nucléaire, garanties négatives de sécurité et prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique et autres questions.

M. RÜDIGER LÜDEKING (Allemagne, au nom de l'Union européenne) a salué les efforts déployés par la Présidente et les autres Présidents de la session de 2007 de la Conférence du désarmement en vue de reprendre le relais de la session de 2006 et de parvenir à des résultats encore meilleurs dans les travaux de la Conférence. L'Union européenne estime que l'ordre du jour traditionnel de la Conférence permet à chacun de ses membres de soulever toute question de sécurité en rapport avec les travaux de la Conférence et leur demande d'approuver cet ordre du jour afin de commencer immédiatement les travaux. M. Lüdeking a souligné l'importance de permettre à la Conférence de remplir à nouveau sa fonction en tant qu'unique instance de négociation dans le domaine du désarmement face aux défis qui existent aujourd'hui en matière de sécurité internationale. La non-prolifération, le désarmement et la limitation des armements sont essentiels pour faire face aux menaces plus diverses, moins visibles et moins prévisibles que jamais. Pour sa part, l'Union européenne accorde un rang de priorité élevé à la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires et lance un appel pour que de telles négociations commencent immédiatement au sein de la Conférence afin de tirer parti du nouvel élan donné l'an dernier sur cette question. Elle accorde également une importance particulière aux questions relatives aux armes de petit calibre et armes légères.

L'Union européenne est très préoccupée par les essais récents d'une arme antisatellite, soulignant que de tels essais sont incompatibles avec les efforts visant à prévenir une course aux armements dans l'espace. Elle appelle tous les États signataires du Traité sur l'espace extra-atmosphérique à respecter leurs engagements à mener leurs activités spatiales conformément au droit international et dans l'intérêt de préserver la paix et la sécurité internationales dans l'espace extra-atmosphérique.

M. Lüdeking a par ailleurs indiqué que l'Union européenne partage pleinement les préoccupations du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique s'agissant du programme nucléaire iranien. À cet égard, la résolution 1737 du Conseil de sécurité constitue un e réponse nécessaire et proportionnée au mépris de l'Iran face aux préoccupations de la communauté internationale. Pour sa part, l'Union européenne veillera à la mise en œuvre effective des mesures envisagées par cette résolution qui cible les aspects les plus sensibles en matière de prolifération des programmes iraniens dans les domaines nucléaire et des missiles. Le représentant de l'Union européenne a tenu a réitérer qu'il ne s'agit pas de remettre en cause un droit reconnu à l'Iran en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Ce qui pose problème c'est l'incapacité de l'Iran d'inspirer la confiance nécessaire s'agissant de la nature strictement pacifique de son programme nucléaire. Le maintien au cours des 18 dernières années d'un programme nucléaire secret dans les domaines les plus sensibles du cycle du combustible nucléaire, un bilan avéré de dissimulation et le fait que l'AIEA ne soit pas encore en mesure de clarifier certaines questions s'agissant du programme nucléaire iranien sont autant d'éléments qui sont au cœur du problème. Le représentant allemand a assuré que l'Union européenne continuerait d'appuyer les efforts visant à trouver une solution durable négociée.

L'Union européenne est par ailleurs vivement préoccupée par la situation dans la péninsule coréenne et condamne fermement les lancements provocateurs de missiles réalisés par la République populaire démocratique de Corée en juillet 2006, ainsi que par l'essai nucléaire auquel ce pays a procédé en octobre 2006. Elle déplore que ce pays continue d'ignorer la communauté internationale et de faire fi de ses obligations. Elle lance un appel à la République populaire démocratique de Corée pour qu'elle respecte ses engagements en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, s'abstienne de mener de nouveaux essais de dispositifs nucléaires et rétablisse le moratoire sur les essais de missilesà longue portée.

M. JEAN-FRANCOIS DOBELLE (France) a tenu à souligner l'utilité des consultations intensives menées par la Présidente depuis l'automne sur la façon dont les six présidents de la Conférence en 2007 envisagent l'organisation des travaux cette année. À cet égard, il faut, de manière pragmatique, comme en 2006, adopter un programme d'activités qui permette de travailler efficacement et concrètement de manière à favoriser un accord ultérieur sur un programme de travail. Pour sa part, la France ne ménagera pas ses efforts pour permettre à la Conférence de jouer pleinement le rôle qui est le sien. La France considère que la raison d'être de cette enceinte est bien d'œuvrer à une approche du désarmement qui permette d'alléger le lourd tribut que l'humanité paye aux trop nombreux conflits qu'elle subit et de contribuer à la sécurité régionale, a poursuivi le représentant français. Dans cette perspective, il faut garder à l'esprit que ce sont bien les armes classiques qui tuent chaque année plus de cinq cent mille personnes dans le monde. C'est pourquoi la délégation française exprime le vœu que la Conférence puisse cette année se pencher davantage que par le passé sur la question de la maîtrise des armes classiques. La France fait en effet partie des pays que la question des transferts illicites d'armes classiques, y compris des systèmes portables de missiles antiaériens (MANPADS), à des groupes terroristes préoccupe gravement, a déclaré M. Dobelle, qui a rappelé qu'un projet d'attaque au moyen de ce type d'arme contre un aéronef civil a été déjoué l'an dernier ici même, à Genève.

Sur le plan multilatéral, des avancées significatives ont été réalisées dans le domaine de la maîtrise des armes classiques et de leur dissémination l'an passé en dehors de la Conférence, a rappelé le représentant français, notamment concernant la mise en place d'un traité sur le commerce des armes et la question des stocks de munitions en excès des besoins de défense et sur la question des restes explosifs de guerre. Il ne s'agit naturellement pas ici de dupliquer l'excellent travail qui se fait dans d'autres cadres mais bien plutôt de faire pleinement jouer à la Conférence son rôle de forum permanent et de lieu d'échanges sur toutes les questions de désarmement, de non-prolifération et de sécurité internationale.

Le représentant de la France a rappelé que son pays estime que le libellé de l'ordre du jour de la Conférence ne lui paraît plus vraiment adapté aux enjeux actuels de sécurité. Elle est néanmoins disposé à s'en accommoder, selon les conditions et avec les réserves habituelles, pour ne pas faire obstacle à la mise en place de l'excellent programme d'activités qui est proposé et que la France soutien fortement.

MME MARIA NZOMO (Kenya) a déclaré qu'en tant que membre actif de la conférence, le Kenya reste préoccupé par l'absence de progrès importants dans les travaux de la Conférence depuis près d'une décennie. Une approche progressive et coordonnée permettrait de parvenir à un plan d'action d'ensemble en vue de débarrasser la planète des armes nucléaires, sur la base des 13 étapes pratiques convenues en 2000 dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Le Kenya lance un appel à tous les membres de la Conférence afin qu'ils s'engagent à nouveau en faveur du désarmement et de la limitation des armements nucléaires. Le désarmement constitue un pilier important dans les efforts de la communauté internationale pour réaliser la paix et la sécurité internationales. Sans la paix et la sécurité, pas de développement, a-t-elle ajouté. C'est pourquoi la Conférence du désarmement doit porter toute son attention sur l'adoption de mesures concrètes réalisables à court terme tout en s'engageant sur la voie d'un régime global de désarmement nucléaire. Le Kenya pense fermement que le désarmement et la non-prolifération nucléaires sont les deux côtés de la même médaille et que les efforts doivent porter simultanément sur les deux aspects. Une approche sélective ne peut que perpétuer les désaccords et l'impasse. Ce n'est qu'en faisant preuve de souplesse et en parvenant à des compromis que la diplomatie multilatérale pourra réussir.

M. CARLO TREZZA (Italie) a déclaré que son pays avait confiance que la Conférence parviendrait à adopter son ordre du jour aussi tôt que possible. L'ordre du jour des années précédentes n'a pas limité les travaux de la Conférence; il permettait de traiter les questions actuelles de désarmement et de sécurité, et suffisamment complet et souple pour s'adapter à toutes les préoccupations. La Conférence devrait déterminer quels points concrets du ce long ordre du jour sont «mûrs» pour procéder à des travaux de fond et lesquels nécessitent des discussions plus poussées. Le représentant italien a souligné l'importance de la participation à un niveau politique élevé aux débats de la Conférence. Des invitations devraient être lancées cette année non seulement à tous les ministres des affaires étrangères des États membres mais également à d'autres personnalités et, en particulier, aux chefs des organismes internationaux et des institutions qui s'occupent de questions intéressant les travaux de la Conférence. Le relèvement du niveau de participation est un moyen de renforcer une prise de conscience politique et une volonté politique nécessaires à une véritable reprise des travaux au sein de la Conférence. Des mesures devraient en outre être prises pour reconnaître la contribution des organisations non gouvernementales à Genève qui s'intéressent aux débats de la Conférence.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a déclaré que, du fait de la lenteur des progrès en matière de limitation et d'élimination des armes de destruction massive - en particulier des armes nucléaires - et de l'augmentation de la production et du perfectionnement des armes conventionnelles, la tâche dans le domaine du désarmement est de plus en plus ardue. Des réoccupations sont également apparues face à l'émergence de nouveaux défis tels que l'utilisation et le transfert illicite d'armes de petit calibre et d'armes classiques dans les régions de conflit ou entre les mains de terroristes. Ces défis doivent être relevés collectivement et, à cet effet, la Conférence doit démontrer sa volonté et détermination. L'Indonésie estime que l'ordre du jour actuel reflète les besoins et les défis auxquels la Conférence doit trouver des réponses. Cet ordre du jour souple doit permettra à chaque État membre d'aborder toutes les questions auxquelles il attache une importance au titre de chaque point de l'ordre du jour et l'Indonésie ne s'oppose pas à l'adoption de cet ordre du jour pour 2007. Il a enfin souligné qu'il indispensable que des questions aussi importantes que le désarmement et la non-prolifération, qu'il s'agisse d'armes de destruction massive ou d'armes classiques soient examinées dans un cadre multilatéral.

M. Wisibono a par ailleurs annoncé que le Gouvernement indonésien avait approuvé la ratification de la Convention sur les mines antipersonnel et qu'elle rejoindrait bientôt les 150 États parties à la Convention d'«ottawa.

M. CHANG DONG-HEE (République de Corée) a souligné que les membres de la Conférence devraient s'efforcer de ne pas gaspiller le nouvel élan qui a été donné l'an dernier à ses débats. Il s'est félicité des efforts concertés menés par les six Présidents de la session de 2007, mais a souhaité qu'un cadre plus précis, contenant un calendrier, soit circulé le plus rapidement possible afin d'aider les délégations à se préparer. La République de Corée estime que la question d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires est la seule question qui, pour l'instant, est mûre pour la négociation. La délégation est toutefois disposée à participer dans toute discussion sur d'autres questions à l'ordre du jour, sans préjuger des résultats de telles discussions. Elle appuie l'ordre du jour, estimant qu'il est suffisamment souple pour permettre à tout État partie de soulever une question qui le concerne en matière de paix et de sécurité internationales.

M. AMIN MELEKA (Égypte) a souligné que le maintien dans l'impasse de la Conférence du désarmement ne pourrait que porter atteinte aux efforts communs visant à renforcer la paix et la sécurité internationales et réduire les tensions. Tout progrès au sein de la Conférence ne saurait se matérialiser sans un examen des intérêts collectifs et des priorités sur un pied d'égalité, sans sélectivité. L'Égypte exprime l'espoir que le projet de cadre pour l'organisation des travaux préparé par les Présidents de la session de 2007 permettra de parvenir à des résultats positifs. M. Meleka a rappelé que le désarmement nucléaire doit rester la priorité de la Conférence. L'Égypte déplore qu'après 39 ans depuis l'entrée en vigueur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, il soit encore en butte à des menaces extrêmement dangereuses.

CAROLINE MILLAR (Australie) a déclaré que son pays, qui a présidé la septième réunion des États parties à la Convention d'interdiction de mines antipersonnel, se félicite de la ratification de la Convention par l'Indonésie. L'Australie œuvre activement en faveur de l'universalisation de la Convention, en particulier dans la région asiatique. Elle a par ailleurs exprimé l'appréciation de l'Australie pour les efforts de la Présidente de la Conférence en vue de préparer les travaux de la Conférence cette année.


Droit de réponse

M. ALI REZA MOAIYERI (Iran) a déclaré, en réponse à la déclaration du représentant de l'Allemagne au nom de l'Union européenne, que la Conférence du désarmement n'était pas le lieu de discuter des aspects techniques de la situation iranienne. Il a rappelé que l'Iran a étroitement coopéré avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) concernant son programme nucléaire pacifique. Il a souligné que le droit inaliénable à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire ne saurait être remis en question sous quelque prétexte que ce soit sous peine de menacer l'un des piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Iran ne pourra être forcé à renoncer à ce droit. L'Iran préfère une solution diplomatique à cette question.

M. RI TCHEUL (République populaire démocratique de Corée) a déploré que l'Union européenne ait mis fin au climat constructif qui régnait au sein de la Conférence alors que la priorité pour cette instance est de s'entendre sur les points de l'ordre du jour. S'agissant du lancement d'un missile effectué par son pays, le représentant a souligné qu'il s'inscrivait pleinement dans l'exercice de ses droits nationaux et que personne n'avait le droit de s'y opposer. La République populaire démocratique de Corée rejette toutes les résolutions du Conseil de sécurité sur cette question et ne s'estime pas lié par leurs dispositions. M. Ri a ajouté que la République populaire démocratique de Corée n'est pas partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et n'est donc pas lié davantage par ses dispositions. Il a dit que son pays est très préoccupé par les allégations de l'Allemagne qui ne font en outre aucune mention des causes fondamentales et des «chefs de clan» qui ont poussé son pays à adopter cette voie. Les politiques telles que l'adoption de sanctions contre son pays et la référence par les États-Unis à la République populaire démocratique de Corée comme faisant partie de l'«axe du mal» ne lui a laissé d'autre choix que de prendre des mesures défensives, a déclaré M. Ri. Il a précisé que les armes de son pays ont un rôle dissuasif et ne seraient pas utilisées pour menacer qui que ce soit. Le Gouvernement a reiteré à maintes reprises qu'il ne ferait jamais usage d'armes nucléaires en premier ni permettrait le transfert de technologie nucléaire. Il n'est pas juste de pointer son pays du doigt pour ses mesures d'autodéfense alors qu'il est la victime, tout en oubliant l'agresseur, les États-Unis. La République populaire démocratique de Corée continuera d'être inflexible face aux tentatives de la provoquer et prendra de fortes contre-mesures en réaction.

M. LÜDEKING (Allemagne, au nom de l'Union européenne) a déclaré ne pas être d'accord avec le représentant de l'Iran quant à considérer le cas iranien comme une simple question technique sans rapport avec les travaux de la Conférence. L'Union européenne est préoccupée par le maintien de l'intégrité et de l'autorité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et estime que l'Iran, qui mène un programme nucléaire secret depuis plus de 20 ans, remet en question le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Si le TNP reconnaît le droit inaliénable aux utilisation pacifiques de l'énergie nucléaire, il prévoit aussi des obligations, et le refus de l'Iran de se soumettre aux sauvegardes de l'Agence internationale de l'énergie atomique est également préoccupant. L'Iran n'a pas répondu aux offres faites par l'Union européenne.

S'agissant de la République populaire démocratique de Corée, le représentant de l'Union européenne s'est dit déçu de la déclaration de son représentant qui a simplement rejeté la résolution 1780 du Conseil de sécurité, qui a pourtant un caractère obligatoire. En outre, la délégation a mentionné que son pays n'est pas partie au TNP, mais l'Union européenne ne considère pas que la République populaire démocratique de Corée ait exercé de manière effective son droit de retrait en vertu de l'article 10 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

M. CHENG JINGYE (Chine) notant qu'un essai récent a été mentionné ce matin lors d'une intervention, a tenu à rappelé que le porte parole du Ministère chinois des affaires étrangères avait indiqué à ce sujet que la Chine avait procédé récemment à un essai dans l'espace extra-atmosphérique. Cet essai n'était dirigé contre aucun pays. La Chine a toujours appuyé l'utilisation pacifique de l'espace extra-atmosphérique et s'oppose à toute militarisation de l'espace extra-atmosphérique. La Chine ne participera jamais à une course aux armements dans espace extra-atmosphérique. M. Cheng a rappelé que son pays, avec la Fédération de Russie, avait présenté devant la Conférence des éléments pour un traité sur la prévention du déploiement d'armes dans l'espace extra-atmosphérique et la prévention de l'utilisation d'armes ou de la menace contre des objets spatiaux. La Chine espère que la Conférence pourra commencer des travaux de fond sur cette question aussi tôt que possible. Le représentant s'est enfin inquiété du ton adopté par certaines délégations au sein de la Conférence qui pourrait avoir un effet négatif sur ses travaux.


Déclarations du Secrétaire général et de la Présidente de la Conférence

M. SERGEI ORDZHONIKIDZE, Secrétaire général de la Conférence du désarmement et Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, a constaté que plusieurs délégations commençaient à avoir l'impression que le débat ne s'orientait pas dans la bonne direction, et que cela le préoccupait également. Les débat de nature politique répètent des débats du même ordre qui se déroulent au Conseil de sécurité due les mêmes questions. Les États membres ne devraient pas porter leur attention sur ces probl^mes politiques et s'attacher plutôt à résoudre les problèmes que la Conférence n'a pas encore été en mesures de résoudre.

MME GLAUDINE MTSHALI (Afrique du Sud), Présidente de la Conférence, a lancé un appel à toues les délégations afin qu'elles évitent de s'engager dans des discussions d'ordre a bilateral et de se concentrer sur le travail de la Conférence.


Suite de l'exercice du droit de réponse

M. MOAIYERI (Iran) a déclaré qu'il avait préparé une longue réponse abordant les prétentions, le comportement et le contexte s'agissant de l'intervention de l'Union européenne, mais a indiqué qu'il s'en abstiendrait à la demande du Secrétaire général et la Présidente de la Conférence.

M. RI (République populaire démocratique de Corée), tenant compte des interventions du Secrétaire général de la Conférence et de la Présidente, a tenu à déclarer sa vive déception face aux accusations en provenance d'un certain nombre de pays, auxquels il a conseillé de prendre en compte le fait que toute chose a des causes, et non seulement des conséquences. Il a conseillé à ce groupe de pays d'être plus objectif et de l'abstenir de polémiques politiques s'ils souhaitent que les travaux de la Conférence aillent de l'avant.

M. LÜDEKING (Allemagne, au nom de l'Union européenne) a tenu à ajouter que les questions qu'il a soulevées sont en lien direct avec les travaux de la Conférence et le processus d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il ne s'agit pas de questions «bilatérales», a-t-il insisté, mais bien de questions qui intéressent toute la communauté internationale.

M. MOAIYERI (Iran), estimant devoir répondre du fait que l'Allemagne considérait la question comme n'étant pas de nature bilatérale, a souligné que dans son intervention, le représentant de l'Union européenne avait fait des affirmations qui méritaient d'être «déconstruites». D'une part, l'Iran n'est pas impliqué dans un processus «secret», comme en témoigne la coopération qu'il a maintenue avec l'Agence internationale de l'énergie atomique. En outre, l'Iran n'est d'aucune façon opposé au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, il en est au contraire l'un des membres fondateurs, est attaché au principe des trois piliers du Traité et à ses droits en vertu du Traité. Quant à la question du comportement de certains États, il a rappelé que certains États avaient par le passé décidé que l'Iran n'aurait pas de chemins de fer, ou encore qu'il ne saurait disposer d'usines d'acier. S'agissant du Conseil de sécurité, il a rappelé que lorsque l'Iraq a envahi l'Iran en 1980, le Conseil n'a pas condamné le régime iraquien, mais lorsque l'Iran a nationalisé ses ressources pétrolières, le Conseil de sécurité a estimé que l'Iran menaçait la paix et la sécurité internationales. S'agissant enfin du contexte de l'intervention allemande, M. Moaiyeri a rappelé que certains pays cherchent à empêcher le Sud, et en particulier le Moyen Orient et l'Iran, d'avancer dans le domaine nucléaire et menacent d'intervenir militairement. L'Iran est partie au TNP et se maintiendra dans le cadre fixé par le Traité.

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