Examen de Djibouti au CEDAW : les experts saluent des progrès, mais relèvent que des lacunes subsistent et déplorent une incapacité de l’État à libérer le potentiel des femmes
Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW, selon l’acronyme anglais) a examiné aujourd’hui le rapport présenté par Djibouti au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
Pendant cet examen, une experte membre du Comité a félicité Djibouti de ses efforts pour lever les obstacles qui l'empêchent de s'acquitter de ses obligations au titre de la Convention – efforts dont témoignent les résultats obtenus depuis l’examen du précédent rapport, a-t-il été souligné. Cependant, si les progrès politiques et les vastes réformes législatives et judiciaires entreprises sont louables, a ajouté cette experte, leur mise en œuvre et leur alignement sur les normes de la Convention ne sont pas clairs et la protection des droits des femmes et des filles djiboutiennes reste faible. L’experte a en particulier fait état de lacunes dans le Code de la famille, dans le droit du travail et dans les politiques de migration et d'asile. Elle a en outre relevé que nombre de femmes pauvres, de femmes vulnérables, de femmes déplacées et de femmes handicapées ne sont pas couvertes par la protection sociale.
Le Comité, a insisté une experte, est préoccupé par la persistance de dispositions discriminatoires envers les femmes dans le Code de la famille et d’autres lois nationales, ainsi que par le conflit entre le droit issu de la loi statutaire et le droit coutumier. Une experte a fait part de ses préoccupations s’agissant des stéréotypes sexistes et des normes patriarcales « profondément enracinés » à Djibouti, qui créent un environnement propice aux normes, pratiques et traditions culturelles néfastes et à une discrimination extrême à l'égard des femmes et des filles.
Il a d’autre part été relevé que malgré des progrès constants, la participation des femmes à la prise de décision dans l'administration publique et dans le secteur privé restait en-deçà de la parité. Une experte a regretté une « incapacité de l’État à libérer le potentiel des femmes » - ce qui, a-t-elle ajouté, compromet les réformes juridiques et les idéaux du Gouvernement de parvenir à une croissance inclusive.
A par ailleurs été soulevée durant le débat la question de l’impact de la présence de bases militaires à Djibouti.
Présentant le rapport de son pays, Mme Mona Osman Aden, Ministre de la femme et de la famille de Djibouti, a évoqué les efforts du pays en faveur d’un développement inclusif et égalitaire, mentionnant d’abord le développement de la petite enfance et, s’agissant de l’éducation, le programme national d’alphabétisation pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes filles et femmes. Mme Osman Aden a ensuite souligné que les services de santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, ainsi que les services pour les adolescents et les services de nutrition avaient considérablement augmenté dans certaines régions.
Djibouti applique une vision de développement à long terme, Vision Djibouti 2035 , déclinée en plans quinquennaux de développement dont le deuxième couvre la période 2020-2024, a poursuivi la Ministre. Le Gouvernement lutte aussi contre les inégalités de genre, et notamment contre toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles, a par ailleurs souligné Mme Osman Aden. Ainsi, les orientations stratégiques de la nouvelle Politique nationale Genre 2023-2030 visent-elles notamment à lutter contre les violences basées sur le genre, à assurer l'autonomisation des femmes et à mettre en place des mécanismes d'intégration de l'égalité de genre dans la gouvernance publique, aux niveaux central et local, a-t-elle indiqué.
De plus, Djibouti s’est doté d’un arsenal juridique contre les violences faites aux femmes, y compris les mutilations génitales féminines, a fait valoir Mme Osman Aden. Elle a notamment mentionné l’adoption en février 2020 d’une loi portant protection, prévention et prise en charge des femmes et enfants victimes de violence.
Outre Mme Osman Aden et ses collaborateurs au Ministère de la femme et de la famille, la délégation djiboutienne était également composée, entre autres, de Mme Kadra Ahmed Hassan, Représentante permanente de Djibouti auprès des Nations Unies à Genève, d’une conseillère juridique du Président de la République ainsi que de représentants des Ministères des affaires étrangères et de la justice.
Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport de Djibouti et les rendra publiques à l’issue de sa session, le 16 février.
Demain matin, à partir de 10 heures, le Comité examinera le rapport de la République centrafricaine.
Examen du rapport de Djibouti
Le Comité est saisi du rapport valant quatrième et cinquième rapports périodiques de Djibouti (CEDAW/C/DJI/4-5) ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter qui avait été soumise par le Comité.
Présentation du rapport
Présentant le rapport de son pays, MME MONA OSMAN ADEN, Ministre de la femme et de la famille de Djibouti, a évoqué les efforts du pays en faveur d’un développement inclusif et égalitaire, mentionnant d’abord le développement de la petite enfance et, s’agissant de l’éducation, le programme national d’alphabétisation pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes filles et femmes, qui comporte des séances axées sur la planification familiale, la santé reproductive, les droits humains et l’autonomisation de la femme.
En matière de santé, Mme Osman Aden a souligné que les services de santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, ainsi que les services pour les adolescents et les services de nutrition avaient considérablement augmenté dans certaines régions, les prestataires de services et les médicaments étant devenus plus disponibles. Les autorités ont en outre jugé essentiel d’autonomiser les filles et d’améliorer leur accès à la formation concernant les compétences nécessaires à la vie quotidienne et à l’éducation en matière de santé génésique, afin de retarder le mariage et l’accouchement.
D’autre part, a ajouté la Ministre, étant donné la relation entre formation et autonomisation des filles et des femmes, une évaluation des besoins en formation professionnelle et en entrepreneuriat a été conduite, qui a permis de mettre en place des formations professionnelles en emploi salarié, des formations en entrepreneuriat ainsi qu’un programme de « formation des formatrices » en entrepreneuriat. Mme Osman Aden a fait remarquer que, dans le secteur informel, les femmes investissent 74,3% des emplois et gagnent 25% de plus que les hommes, et qu’elles dirigent quatre unités de production sur cinq.
Malgré ces progrès, a poursuivi Mme Osman Aden, Djibouti fait face à des défis persistants, tels que la vulnérabilité aux chocs climatiques et la pression démographique. Dans ce contexte, Djibouti applique une vision de développement à long terme, Vision Djibouti 2035, déclinée en plans quinquennaux de développement dont le deuxième couvre la période 2020-2024.
Le Gouvernement lutte aussi contre les inégalités de genre, et notamment contre toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles, a par ailleurs indiqué Mme Osman Aden. Ainsi, les orientations stratégiques de la nouvelle Politique nationale Genre 2023-2030 visent-elles notamment à lutter contre les violences basées sur le genre, à assurer l'autonomisation des femmes et à mettre en place des mécanismes d'intégration de l'égalité du genre dans la gouvernance publique, aux niveaux central et local.
La Ministre a aussi précisé que la Constitution djiboutienne, qui reconnaît que l’islam est la religion de l’État, dispose en son article premier que « l’État de Djibouti […] assure à tous l’égalité devant la loi sans distinction de langue, d’origine, de race, de sexe ou de religion ». La Constitution garantit en particulier une égale protection sans distinction entre l’homme et la femme, qui ont aussi le même droit d’ester en justice, a-t-elle insisté.
Mme Osman Aden a ensuite indiqué que les femmes djiboutiennes avaient désormais un accès toujours plus important aux responsabilités politiques et administratives. Ainsi, a-t-elle précisé, on dénombrait en 2021 six femmes ministres sur 24 ministres, et sept femmes parlementaires en 2013 puis 17 en 2018.
De plus, Djibouti s’est doté d’un arsenal juridique contre les violences faites aux femmes, y compris les mutilations génitales féminines, a fait valoir Mme Osman Aden. La réponse à ces violences est définie dans un cadre d’action comprenant l’engagement politique, la prestation de services, la prise en charge et la mobilisation communautaire. En février 2020, une loi portant protection, prévention et prise en charge des femmes et enfants victimes de violence a été promulguée. Djibouti est aussi l’un des rares pays à disposer d’un logiciel destiné à harmoniser la collecte et l’exploitation des données sur la violence basée sur le genre. À cette offre s’est ajouté, en 2023, un « guichet unique » à l’hôpital de Balbala, offrant des services multisectoriels liés aux violences basées sur le genre, a souligné la Ministre.
D’autre part, a fait savoir la Ministre, un important projet d’appui à la justice est mis en œuvre afin de renforcer l’état de droit et les droits de l’homme, et de faire en sorte que ses retombées soient palpables par les justiciables. Les résultats attendus du projet portent, entre autres, sur l’amélioration de l’accès à la justice pour tous, notamment par l’organisation de sessions de justice foraine pour les populations rurales.
Mme Osman Aden a par ailleurs dit espérer qu’« à l’heure où (…) nos sœurs palestiniennes souffrent du manque d’eau, de malnutrition, de conditions de santé catastrophiques et d’autres besoins vitaux impossibles à satisfaire (…), une réaction salutaire de la communauté internationale puisse enfin permettre aux femmes palestiniennes de recouvrer leur liberté et les conditions de la dignité humaine ».
Questions et observations des membres du Comité
MME ESTHER EGHOBAMIEN-MSHELIA, Vice-Présidente du Comité et rapporteuse pour l’examen du rapport de Djibouti, a d’abord félicité le pays de ses efforts pour lever les obstacles qui l'empêchent de s'acquitter de ses obligations au titre de la Convention – efforts dont témoignent les résultats obtenus depuis l’examen du précédent rapport, a-t-elle souligné.
Les progrès politiques et les vastes réformes législatives et judiciaires entreprises sont à cet égard louables, mais leur mise en œuvre et leur alignement sur les normes de la Convention ne sont pas clairs et la protection des droits des femmes et des filles djiboutiennes reste faible, a déclaré l’experte. Elle a fait état de lacunes dans le Code de la famille, dans le droit du travail et dans les politiques de migration et d'asile, et a relevé que nombre de femmes pauvres, de femmes vulnérables, de femmes déplacées et de femmes handicapées ne sont pas couvertes par la protection sociale.
Par ailleurs, a poursuivi Mme Eghobamien-Mshelia, des sources parallèles affirment que l'existence de bases militaires à Djibouti a un lien direct avec des problèmes socioéconomiques et des violations des droits des femmes et des jeunes filles. L’experte a voulu savoir si des études avaient été réalisées au sujet de l'impact environnemental et social des bases militaires accueillies à Djibouti, et quel pourcentage des revenus tirés des bases militaires était alloué à la réparation des violations des droits, ainsi qu’à la formation, des femmes et des filles.
Mme Eghobamien-Mshelia a ensuite regretté une « incapacité de l’État à libérer le potentiel des femmes » - ce qui, a-t-elle ajouté, compromet les réformes juridiques et les idéaux du Gouvernement de parvenir à une croissance inclusive.
L’experte a par la suite posé d’autres questions relatives au fonctionnement du Mécanisme national de promotion des femmes et à l’efficacité de la Politique nationale Genre.
Une autre experte a demandé si la définition de la discrimination donnée par la loi de Djibouti englobait la discrimination directe et indirecte à l'égard des femmes – l'objectif de la Convention étant en effet d'éliminer ces deux formes de discrimination.
Le Comité, a ajouté cette même experte, est préoccupé par la persistance de dispositions discriminatoires envers les femmes dans le Code de la famille et d’autres lois nationales, ainsi que par le conflit entre le droit issu de la loi statutaire et le droit coutumier – ce dernier étant principalement ancré dans la charia, qui est largement discriminatoire à l'égard des femmes – et par le fait que les femmes djiboutiennes ne sont pas toujours en mesure de dénoncer les cas de discrimination aux autorités compétentes.
Une experte a estimé que les droits des femmes n’étaient pas encore assez consolidés à Djibouti pour leur permettre de résister aux crises climatique, migratoire ou de la transformation numérique. L’experte a notamment recommandé que Djibouti accélère l’adoption d’un nouveau plan sur les femmes, la paix et la sécurité, compte tenu de l’impact de la présence de plusieurs bases navales sur les droits des femmes ; et que le pays renforce, au moyen de mesures temporaires spéciales, la représentation des femmes dans la vie publique.
Les stéréotypes sexistes et les normes patriarcales sont profondément enracinés à Djibouti et créent un environnement propice aux normes, pratiques et traditions culturelles néfastes et à une discrimination extrême à l'égard des femmes et des filles, a souligné une experte. Elle a demandé quels recours et soutiens étaient offerts aux filles victimes de mutilations génitales féminines et de mariages forcés ou précoces.
Une experte a relevé que Djibouti ne criminalisait pas la violence domestique de manière spécifique. Elle a fait part de la préoccupation du Comité devant le règlement extrajudiciaire des cas de violence domestique, sous la supervision de chefs traditionnels ou religieux, ce qui, a souligné l’experte, favorise une culture d’impunité.
Une autre experte a demandé quels accords le Gouvernement avait passés avec les gouvernements des pays ayant des bases militaires à Djibouti pour prévenir la traite et l'exploitation sexuelle. Elle a par ailleurs voulu savoir comment l'État s'assurait que les personnels militaires de ces bases, et leurs sous-traitants, reçoivent une formation complète sur les conséquences juridiques des relations sexuelles avec des victimes de la traite et des personnes mineures.
Une experte a relevé qu’une loi adoptée en 2018 fixait un quota minimum de 25% de femmes dans les fonctions législatives élues. En conséquence, les femmes ont occupé 26% des sièges au Parlement en 2012-2019, contre 15% en 2006-2011, et la proportion de femmes élues aux élections régionales et communales a augmenté, atteignant 29% en 2012 et 2017, a-t-elle observé. Cependant, malgré des progrès constants, la participation des femmes à la prise de décision dans l'administration publique et dans le secteur privé reste en-deçà de la parité, a-t-elle souligné. L’experte a recommandé des réformes institutionnelles afin de remédier aux stéréotypes et aux pratiques socioculturelles négatives, telles que la violence à l'égard des femmes et les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes.
D’autres préoccupations ont été exprimées s’agissant de discriminations dans la transmission de la nationalité djiboutienne par la mère.
Une experte a félicité Djibouti pour son action en faveur de la prise en charge des jeunes enfants, de même que pour le lien fait entre éducation et insertion dans le marché du travail. L’experte a ensuite insisté pour que les jeunes filles enceintes puissent continuer leur scolarité et pour que les filles soient encouragées à suivre les filières d’enseignement technique et scientifique.
Il a été demandé si l’État prenait des mesures pour remédier à la concentration des femmes dans le secteur informel et s’il entendait lever toutes les restrictions au droit des femmes de choisir leur profession. Les travailleuses migrantes à Djibouti sont confrontées à des problèmes sur le marché du travail, a souligné une experte, relevant que dans la pratique, les migrants ne bénéficient pas des mêmes protections que les citoyens djiboutiens travaillant dans le secteur informel.
Une experte a notamment constaté que malgré les progrès accomplis, les niveaux de malnutrition à Djibouti n'ont pas encore atteint le niveau défini comme normal par l'Organisation mondiale de la Santé.
Les femmes djiboutiennes travaillant davantage dans le secteur informel et précaire, il leur est plus difficile d'accéder aux instruments financiers traditionnels – crédit, prêts bancaires et microfinance – car elles n'ont souvent pas de compte bancaire ni de garanties financières suffisantes ; mais l'absence de données ventilées par sexe rend difficile une analyse approfondie de cette question, a d’autre part relevé un expert.
D’autres questions ont porté sur l’implication des femmes djiboutiennes dans les processus relatifs aux changements climatiques, ainsi que sur l’aide apportée aux femmes et aux filles qui ont traversé le désert pour trouver refuge à Djibouti.
Une experte a fait remarquer que les systèmes de justice traditionnels avaient tendance à être patriarcaux et hiérarchisés. Elle a demandé si ces systèmes à Djibouti comptaient des femmes dans leurs rangs.
Réponses de la délégation
Depuis 2002, a précisé la délégation, Djibouti n’applique plus la charia mais un code du statut personnel moderne, ou Code de la famille , inspiré de son homologue tunisien et qui fait actuellement l’objet d’une révision en vue d’en éliminer les dispositions discriminatoires envers les femmes ou qui ne correspondent pas encore aux exigences de la Convention.
La délégation a ensuite décrit le dispositif mis en place pour permettre aux victimes de violence et de mutilations génitales féminines de dénoncer les faits aux autorités compétentes et de déposer plainte. Elle a précisé que si des dispositifs ont été mis en place pour lutter contre la violence, il demeure des lacunes qui demandent des efforts de l’État, y compris pour entreprendre des réformes juridiques et des efforts de sensibilisation.
Le Gouvernement applique une stratégie pour l’abandon des mutilations génitales féminines et utilise un logiciel pour collecter des données relatives aux violences envers les femmes. La pratique des mutilations génitales féminines persiste dans certaines régions isolées, mais elle se pose de manière moins problématique qu’il y a quelques années, la population étant mieux informée, a ajouté la délégation.
La loi donne des définitions de la discrimination envers les femmes et de la violence conjugale, a d’autre part souligné la délégation. Le Gouvernement envisage d’ouvrir des centres de prise en charge urgente pour femmes victimes de violence, offrant des services juridiques et psychosociaux, a-t-elle ajouté.
Une experte du Comité ayant demandé ce qui était fait à Djibouti pour sensibiliser la population au fait que les femmes « ne sont pas que des corps » et qu’elles ont des droits, la délégation a indiqué que les autorités misaient sur la lutte contre les stéréotypes culturels, sur une plus grande implication du père pour interdire les mutilations génitales féminines – dans un contexte où les décisions dans ce domaine sont surtout prises par les femmes –, et sur la concertation avec les chefs religieux et communautaires.
Certaines pratiques ancrées dans la société s’opposent encore à la conception de la femme comme un capital humain jouant un rôle important, conception défendue par le Gouvernement, a ajouté la délégation.
Djibouti est un pays de transit pour les migrants, dont certains risquent d’être victimes de la traite des êtres humains, a poursuivi la délégation. Les autorités djiboutiennes coopèrent avec l’Éthiopie voisine pour combattre ce fléau, a-t-elle indiqué. Elles dispensent en outre des formations spécialisées dans ce domaine aux forces de sécurité et aux magistrats, de même qu’au personnel médical chargé de prendre en charge les victimes, s’agissant de la détection et des procédures à suivre. Les populations des régions de transit sont elles aussi sensibilisées, a ajouté la délégation.
Les bases militaires font partie du dispositif sécuritaire, économique et de développement du pays, au profit notamment des femmes et des jeunes, a affirmé la délégation. Les bases militaires accompagnent Djibouti dans ses efforts pour que la femme puisse jouer son rôle, a-t-elle ajouté.
Les traités régissant les bases militaires tiennent compte des exigences de la population djiboutienne, qui vit de manière nomade, y compris s’agissant des aspects liés à la protection de l’environnement, a d’autre part indiqué la délégation.
L’État contribue beaucoup, par ses deniers propres, aux moyens de subsistance des femmes vulnérables, par le biais des services sociaux, de l’octroi de microcrédits ou encore de la mise à disposition de fonds de garantie, a d’autre part souligné la délégation.
Une question ayant porté sur l’accès des femmes à la propriété, la délégation a assuré que les femmes ne connaissaient aucune discrimination en matière de propriété foncière, de nombreux programmes sociaux étant axés sur l’acquisition de leur logement par des femmes. La Constitution pose le principe de l’égalité des hommes et des femmes devant la loi, a rappelé la délégation.
Le Gouvernement a lancé une étude concernant l’impact de la maternité sur la réalisation du potentiel des femmes dans les entreprises privées, a par ailleurs indiqué la délégation. La loi impose une présence minimale de femmes dans les entreprises privées et publiques, a-t-elle souligné.
Le Gouvernement associe la société civileà la rédaction des rapports remis aux organes de traités. Il organise aussi, avec ces organisations, des ateliers pour évaluer les recommandations issues de l’Examen périodique universel, a indiqué la délégation.
Tous les programmes du Gouvernement qui doivent être exécutés en matière de santé et d’éducation doivent aussi disposer d’indicateurs de genre, l’Observatoire du Genre étant chargé de suivre leur réalisation, a-t-il été précisé. Les textes juridiques mettent en place des mesures telles que les quotas, dont l’atteinte est confrontée à des obstacles d’ordre culturel, a ajouté la délégation.
Toutes les décisions politiques à Djibouti doivent être prises avec la participation des femmes, a en outre souligné la délégation. La population connaît de mieux en mieux les recours juridiques et services relatifs à la réalisation des droits des femmes, même si une plus grande sensibilisation est encore nécessaire en milieu rural, a-t-elle ajouté.
La délégation a ensuite fait valoir le doublement du nombre de femmes au Gouvernement. S’il n’y a pas d’obstacle formel à la participation des femmes, a-t-elle ajouté, un travail reste toutefois à mener concernant le leadership féminin et la capacité des femmes à participer aux élections, y compris par le biais de mesures incitatives et de l’encouragement des filles à suivre des études longues.
Le Code de la nationalité de Djibouti de 2004 donne à la mère le droit de donner directement sa nationalité à son enfant, même s’il est né de père inconnu, a par ailleurs indiqué la délégation. Il suffit que l’un des deux parents soit de nationalité djiboutienne pour que leur enfant obtienne cette nationalité, a-t-elle ensuite précisé.
Concernant les questions d’éducation, la délégation a notamment mentionné la création de services et de programmes dits de rattrapage, destinés à éviter le décrochage scolaire des jeunes filles. La précarité des familles étant l’un des déterminants de ce problème, les autorités investissent aussi dans le soutien à la résilience des femmes rurales, a-t-elle ajouté. La délégation a aussi mentionné les nouveaux efforts du Gouvernement en faveur de la prise en charge de la petite enfance et de la création d’« écoles intégrées » dans les zones moins bien dotées en infrastructures.
À la connaissance des autorités, aucune jeune fille n’a jamais volontairement abandonné l’école pour se marier : il s’agit toujours de mariage forcé, a d’autre part indiqué la délégation. La scolarité est obligatoire jusqu’à 16 ans, a-t-elle rappelé.
Le code de la famille révisé aidera le Gouvernement à mieux lutter contre le problème du mariage précoce de mineurs, les travaux en cours dans ce contexte allant dans le sens d’une interdiction complète de cette pratique, a-t-il en outre été précisé.
Le Code pénal sanctionne le harcèlement sexuel dans le milieu social, a par ailleurs souligné la délégation. Les femmes qui veulent porter plainte sont aidées à le faire et peuvent bénéficier non seulement d’une assistance judiciaire mais aussi d’un soutien de la part des organisations de la société civile.
Le Ministère du travail met en place des mesures pour inciter les femmes travaillant dans secteur informel à se formaliser – y compris pour ce qui concerne les nombreuses travailleuses migrantes, qui arrivent en particulier du Yémen.
Le Gouvernement entend modifier la loi interdisant aux femmes d’exercer certaines tâches , a fait savoir la délégation, avant d’ajouter que cette loi, qui paraît aujourd’hui discriminatoire, avait été adoptée pour éviter que des employeurs n’exigent des femmes qu’elles se livrent à des activités considérées comme trop dangereuses par la société.
Concernant les questions de santé, la délégation a notamment fait état de progrès dans la mise à disposition de personnel spécialisé à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Les stratégies et programmes de lutte contre le VIH sont prioritaires, a-t-elle précisé, assurant que les personnes vivant avec le VIH/sida sont désormais bien intégrées à la société et n’ont plus de difficulté à demander des soins.
En 2023, à Djibouti, 100 000 personnes étaient couvertes gratuitement par l’assurance maladie, c’est-à-dire sans contribuer aux assurances sociales, a d’autre part indiqué la délégation.
Répondant à des questions relatives à l’avortement, la délégation a précisé que cette intervention était interdite à Djibouti, sauf pour raisons médicales afin de sauver la mère. Des consultations seront menées pour voir si la société est prête à un changement dans ce domaine, a ajouté la délégation.
S’agissant des jeunes filles migrantes qui traversent le désert [et ce faisant, traversent également le territoire de Djibouti], la délégation a indiqué que le Gouvernement accepte cette migration de transit et met en place l’offre de services nécessaire sur le couloir migratoire à l’intérieur de Djibouti, notamment à travers la construction de deux grands centres de santé. Les migrants qui restent Djibouti peuvent accéder aux services de santé sans discrimination : c’est une charge pour le système de santé, mais le fait de ne pas soigner ces personnes entraînerait aussi des conséquences pour la population locale, a par ailleurs souligné la délégation.
La délégation a répondu à d’autres questions des experts concernant l’ accès à la justice à Djibouti, y compris dans les régions rurales.
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