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2018 Academic Closing Ceremony of the Florimont Institute

Michael Møller

1 juin 2018
Cérémonie 2018 de clôture académique de l’Institut Florimont

Allocution de M. Michael Møller
Secrétaire général adjoint des Nations Unies
Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève

Cérémonie 2018 de clôture académique de l’Institut Florimont

Vendredi 1er juin 2018, 17h00
Institut Florimont



Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Chers parents,
Et surtout, très chers diplômés :

Merci de l’honneur que vous me faîtes. Cette cérémonie est la vôtre et je tiens à vous applaudir ! Je vous félicite d’avoir tenu bon, ne pas avoir baissé les bras et, j’en suis sûr, d’avoir grandi face aux difficultés que vous avez affrontées, comme tout étudiant durant son parcours scolaire.

Vous pouvez vous réjouir de ces années d’expérience, des connaissances que vous en avez tiré, des opportunités qui se sont offertes à vous, ainsi que des nouvelles amitiés que vous avez nouées au cours de vos études, et qui vont vous accompagner tout au long de votre vie.

On ne s’en rend souvent pas compte, mais les études sont un apprentissage collectif. Toutes vos années à l’école, et même avant, au jardin d’enfants et à la crèche, ont instauré en vous un esprit de curiosité, de solidarité et de camaraderie qui ne vous quittera plus.

Je ne connais personne ayant achevé son parcours scolaire sans des moments d’incertitude. Mais vous avez su surmonter ces défis ensemble. Vous vous êtes encouragés mutuellement et avez partagé les moments de succès dans la joie.

La formation secondaire n’est qu’une étape importante dans votre vie. Elle cherche à la fois à élargir votre curiosité et votre vision du monde, tout en vous encourageant à trouver votre propre voie.

Vous allez maintenant suivre des chemins différents les uns des autres, mais peu importe celui que vous déciderez de prendre, j’espère que vos décisions seront guidées par l’éthique et les valeurs qui vous ont été enseignés à l’école, mais aussi à la maison.

Chers diplômés,

Dans un discours fait à des étudiants, l’humoriste Art Buchwald avait dit avec sarcasme : « N’oubliez pas, nous vous léguons un monde parfait, ne le ruinez pas ! ».

Malheureusement, de nos jours, le monde est encore plus mal en point. Car lorsque vous allumez la télé, ou regardez Facebook, que voyez-vous ? Des conflits violents, des menaces terroristes ou encore des persécutions dont sont victimes des populations entières.

Et à cela s’ajoutent encore les grandes préoccupations de notre temps, comme le réchauffement climatique ; l’épuisement des ressources vitales ; des millions de personnes encore coincées dans l’extrême pauvreté, alors que huit individus seulement détiennent autant de richesse que la moitié des habitants de la planète.

Bref, le monde ne va pas bien. Mais peut-on pour autant dire que le monde va mal comme jamais ?

Laissez-moi établir quelques faits pour y répondre :

Tout d’abord, une grande partie de la planète est en paix. Il nous faudrait remonter des centaines d’années en arrière pour retrouver le monde en un tel état. Il est bien moins probable d’être tué lors d’une guerre aujourd’hui qu’à n’importe quel moment dans l’histoire de l’humanité – le nombre des victimes de guerre est en baisse de 75%, comparé à chaque décennie qui a suivi la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Deuxièmement, en moyenne, la pauvreté a davantage été réduite au cours des 50 dernières années qu’au cours des 500 dernières. Une personne qui naît aujourd’hui a - dans la plupart des cas - bien moins de chances d’être illettrée, de mourir d’une maladie ou d’être victime de la violence que jamais auparavant.

Troisièmement, la créativité de notre époque est sans précédent. 90% de tous les scientifiques qui ont un jour vécu, sont en vie aujourd’hui. Pour comprendre l’avancée sans précédent du progrès de notre ère, il suffit de considérer le fait que votre téléphone portable possède bien plus de puissance informatique que la fusée qui a emmené les premiers hommes sur la lune en 1969 !

Je ne vous dis pas tout cela pour vous persuader que tout va bien mais pour vous montrer que nos actions ont de l’importance.

Les défis auxquels nous faisons face sont bien réels, existentiels, et parmi les plus dangereux auxquels nous n’ayons jamais été confrontés. Mais tous ont été créés par l’homme. Rien – ni le changement climatique, ni les inégalités – rien, n’est indépendant de l’activité humaine. Nous sommes les maîtres de nos destins et de notre avenir. Chacune de nos actions compte.

Aujourd’hui, nous avons l’expertise, le savoir-faire et les ressources humaines pour aller de l’avant. Ce qu’il nous faut désormais, c’est la volonté politique et individuelle nécessaire afin d’accomplir des actions audacieuses. Avec cela, aucun obstacle n’est insurmontable. Comme disait Nelson Mandela : « Cela paraît toujours impossible, jusqu’à ce que ce soit fait. »

Mais ne nous y trompons pas : l’esprit de la coopération internationale, celui-là même qui a permis un tel progrès, est régulièrement mis à rude épreuve. Il est chaque jour remis en question par des gouvernements populistes avec des politiques protectionnistes qui proposent des solutions simplistes qui ne reflètent pas la réalité de notre époque. Toutefois, ces solutions ne sont que des remèdes illusoires. Et je suis persuadé que si cet esprit de coopération venait à disparaître, le monde deviendrait bien plus dangereux, bien moins pacifique, bien moins prospère, et bien moins inclusif.

Toutefois, il serait faux de penser que les relations internationales ne sont définies que par la crise, le conflit, ou l’antagonisme.

Bien au contraire, il y a environ deux ans et demi, les 193 Etats Membres des Nations Unies - c’est-à-dire le monde entier - se sont mis d’accord sur quelque chose de réellement novateur et ambitieux : le Programme de développement durable à l'horizon 2030.

Cela est - tout simplement dit - un plan pour améliorer notre monde, le plus ambitieux dans l'histoire humaine. Avec 17 Objectifs de développement durable, nous disposons désormais d’une feuille de route collective détaillée.

Les incroyables avancées de notre histoire que j’ai mentionnées auparavant nous offrent des raisons d’être optimiste pour réaliser ces objectifs. Je ne parle pas là d’un optimisme béat et aveugle, mais plutôt d’un optimisme durement gagné, et ancré dans un progrès réel et concret.

Et laissez-moi vous dire autre chose à propos de ce progrès : les actions qui y conduisent sont souvent des activités techniques et invisibles aux yeux du public.

Prenons l’exemple de Genève, le siège européen des Nations Unies. Genève est souvent considérée comme la capitale humanitaire du monde, la capitale de la paix ou encore la capitale des droits de l’homme.

Cela ne représente toutefois qu’une partie du tableau. Le travail des nombreux acteurs de la Genève internationale est tellement riche qu’il est souvent méconnu : vaccination de millions d’enfants contre toutes sortes de maladies, protection des droits de l’homme, promotion du travail décent pour tous, uniformisation des normes et des règles du système de santé global, etc. Ce sont toutes ces actions mises ensemble, qui entraînent le progrès humain.

Chers diplômés,
Vous êtes la première génération à pouvoir mettre fin à l’extrême pauvreté mais également la dernière à pouvoir endiguer le changement climatique.

Nous vivons dans un monde de plus en plus interdépendant. Un évènement dans un coin du monde peut avoir un impact direct sur les gens de l’autre côté de notre planète.

C’est pour cela que je tiens à souligner que l’achèvement des 17 Objectifs pour le Développement Durable demandera l’implication de toutes et tous, y compris vous tous. C’est pour cela que j’ai apporté avec moi des livrets qui décrivent 170 actions quotidiennes, qui si mises en œuvre par tout le monde, auront un grand impact.

Mais l’implication de toutes et tous dépendra d’abord de la possibilité de tout un chacun de prendre ses responsabilités. Néanmoins, cela est trop souvent aussi freiné par un facteur qui ne devrait pas compter : je parle ici de votre genre.

Jusqu’à maintenant, il existe un certain équilibre entre vous, même si les différences entre les garçons et les filles s’accentuent de plus en plus, direz-vous. Malheureusement, plus vous avancerez dans la vie, plus cet équilibre sera rompu en défaveur des femmes. Cette inégalité des genres a des conséquences et des coûts gigantesques pour les femmes, pour la société et pour le monde.

Bien heureusement, nous avons fait des progrès et l’expérience que vos parents ont vécu au collège ne reflète pas la vôtre. Toutefois, les choses ne changent pas assez vite. Les dernières estimations suggèrent que nous n'aurons atteint l'égalité des sexes que d'ici l'an 2234, si on ne corrige pas nos attitudes et n’adaptons pas nos politiques et nos actions pour renforcer l’égalité entre femmes et hommes.

C'est inacceptable et scandaleux. Cela nuit aussi à tout ce que nous essayons d'accomplir. Sans l'égalité des sexes, le monde ne peut être ni juste ni décent ; les économies ne peuvent être ni stables ni résilientes.

Il est donc impératif de changer cela rapidement.

Alors, voici ce que je vous demande : Peu importe votre genre, votre âge et vos origines, luttez pour l'égalité. Ensemble, vous pouvez devenir la première génération qui l'accomplit.

Vous êtes à l’aube d’un nouveau chapitre de votre vie. Vous allez peut-être vous diriger vers des études universitaires, en Haute-école ou encore prendre un peu de temps pour simplement réfléchir à votre avenir. Dans tous les cas, cette nouvelle étape représente le début de l’autonomie mais aussi le temps de prendre ses responsabilités et de s’engager.

Vous, jeunes et étudiants, vous avez désormais un rôle important à jouer dans la mise en œuvre de nos objectifs communs. Vous avez le potentiel et la responsabilité d’encourager et d’incarner le changement et de remettre en question les structures et les idées préconçues.

Vous êtes les dirigeants de demain, et je vous encourage à puiser dans votre énergie, votre passion et votre créativité afin de faire de cette planète un monde meilleur pour toutes et pour tous. Et je tiens à le souligner : même les petites actions simples auront un impact.

Je sais que l’on attend de moi que je donne des conseils aux diplômés. Devriez-vous plutôt vous diriger vers la nanotechnologie, les sciences politiques ou l’ingénierie biologique ? Quelles sont les industries d’avenir ? Pour être tout à fait honnête, je n’en ai aucune idée. Mais il y a une chose que je sais : de nos jours, les qualités humaines sont plus importantes que jamais, surtout dans un monde dans lequel la technologie prend de plus en plus de place. Je pense ici à l’intelligence et l’ambition, la persévérance et la discipline, le courage et l’intégrité, la créativité et la curiosité.

Je pense aussi aux valeurs sociales - notamment la solidarité, la tolérance et la générosité. Car comme inscrit dans le préambule de la Constitution fédérale de la Suisse : « la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ».

Ces qualités et d’autres doivent finalement être complétées par la confiance en vous-même et votre « maturité » qui est maintenant certifié par votre diplôme.

Florimont partage nombre de ses valeurs avec les Nations Unies, comme la solidarité, la tolérance et l’ouverture, l’exemplarité et l’altruisme mais aussi le progrès et l’évolution. Toutes sont des valeurs que l’ONU s’est efforcée, et cela depuis sa création, de maintenir et d’intégrer dans tout ce qu’elle a entrepris. Ce sont celles-là même qui lient les Objectifs de Développement Durable en un tout, cohérent et complet.

C’est pour cette raison précise que je suis persuadé que vous, chers nouveaux diplômés de Florimont, avez toutes les cartes en main pour vous engager à nos côtés et participer aux efforts communs pour un monde meilleur et plus juste. Vous êtes l’avenir, mais le progrès n’est jamais garanti. Chaque génération doit se battre pour lui et s’engager. Au même titre qu’elle doit se démener pour maintenir chaque once de progrès achevé.

Et je ne doute pas une seconde que c’est ce que vous ferez.

Il est maintenant temps pour moi de me joindre à vos familles, amis et vos professeurs ici présents pour vous souhaiter bonne chance pour votre futur.

Et encore une fois, félicitations !

This speech is part of a curated selection from various official events and is posted as prepared.