Swiss Ambassadors Conference 2016
Michael Møller
22 août 2016
Conférence des ambassadeurs et du service extérieur de la Suisse 2016; «La Suisse – actrice et bénéficiaire du système multilatéral»
Conférence des ambassadeurs et du service extérieur de la Suisse 2016; «La Suisse – actrice et bénéficiaire du système multilatéral»
Allocution de M. Michael Møller
Secrétaire général adjoint des Nations Unies
Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève
Conférence des ambassadeurs et du service extérieur de la Suisse 2016
«La Suisse – actrice et bénéficiaire du système multilatéral»
Lundi 22 août 2016, à 11:00
Salle XX, Palais des Nations
M. le Chef du Département des affaires étrangères de la
Confédération suisse [Didier Burkhalter]
M. le Ministre des affaires étrangères et de la coopération
internationale de la République italienne [Paolo
Gentiloni]
Excellences,
Mesdames et Messieurs :
C’est un grand plaisir pour moi de vous souhaiter la bienvenue au Palais des Nations. C’est un honneur, et un plaisir, pour mes collègues et moi-même d’accueillir la conférence des ambassadeurs et du Service extérieur de la Suisse au sein de nos locaux et au cœur de la Genève internationale. La Suisse est un Etat hôte exemplaire pour les Nations Unies, et un partenaire clé de notre travail, au quotidien, et c’est l’occasion pour nous de modestement vous rendre cette hospitalité en vous accueillant dans ce bâtiment historique.
Je suis également ravi d’accueillir M. Gentiloni, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République italienne.
Excellences :
En tant qu’Ambassadeurs, Consuls généraux et Chefs des Bureaux de Coopération suisse, vous avez une responsabilité importante dans la défense et la promotion des intérêts de votre pays. Grâce au grand engagement de la Suisse dans les institutions multilatérales, y inclus ici à Genève, vous êtes, aussi, des ambassadeurs des valeurs des Nations Unies et du multilatéralisme.
Les relations bilatérales et multilatérales sont inséparables, elle se complètent et se renforcent mutuellement - surtout dans notre monde de plus en plus interconnecté.
La politique étrangère de la Suisse se caractérise par son engagement pour l’état de droit, l’universalité, le dialogue, la solidarité et la responsabilité ainsi que l’efficacité et la cohérence. Et quant à la neutralité pour laquelle la Suisse est bien connue, elle ne signifie pas passivité. Au contraire, la neutralité active souligne la volonté de la Suisse de coopérer avec tous dans la poursuite de ses valeurs et de ses objectifs – des valeurs et objectifs qui sont très similaires à ceux de l’ONU. C’est pour cette raison que la Suisse est un partenaire apprécié de tous pour sa fiabilité et son pragmatisme.
Avec ces objectifs et cette approche coopérative, la Suisse contribue énormément aux efforts des Nations Unies dans la poursuite de la paix, des droits, et du bien-être. Ainsi, je suis convaincu que l’établissement en Suisse, à Genève, du centre opérationnel du multilatéralisme n’était pas le fruit d’un hasard. C’était le résultat du partage des mêmes valeurs. Tout au long des années, la Suisse a mis en œuvre beaucoup d’efforts pour renforcer son attrait et sa compétitivité comme Etat hôte, surtout face à une certaine ‘compétitivité’ croissante. L’aide au financement de la rénovation du Palais des Nations et du siège de plusieurs organisations internationales à Genève, par exemple, en témoigne, et nous vous en remercions très chaleureusement.
L’engagement multilatéral de la Suisse est évidemment plus vaste que le soutien logistique ici à Genève : la Suisse, pays neutre, est un partenaire crucial dans la médiation de conflits sur tous les continents et dans la recherche des compromis dans un monde de plus en plus polarisé. L’expertise du réseau de diplomates suisses est considérable. J’applaudis la politique du DFAE qui prévoit un meilleur partage de cette expertise avec l’ONU et les autres organisations internationales. Je profite aussi de l’occasion pour remercier la Suisse pour son soutien très apprécié aux différents processus de paix qui ont lieu ici au Palais ou ailleurs en Suisse, et en particulier d’avoir facilité la création d’un poste de médiateur au sein de mon bureau qui s’est avérée très utile.
De plus, la Suisse contribue beaucoup à la lutte contre l’extrémisme violent, ainsi qu’à la gouvernance d’internet, pour ne mentionner que quelques exemples qui prennent une place de plus en plus importante dans l’agenda de la communauté internationale. Et dans les années à venir, tous ces efforts feront partie intégrante de la mise en œuvre des dix-sept objectifs de développement durable qui forment le cadre le plus étendu pour l’action multilatérale jamais mis en place. Nous travaillons en collaboration étroite avec la Suisse pour assurer que la Genève internationale, avec toute son expertise technique, soit prête à jouer un rôle majeur dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable pour les décennies à venir. Encore une fois, la Suisse est à l’avant-garde du soutien parmi nos Etats Membres.
Ce programme de développement durable à l’horizon 2030 est peut-être l’exemple le plus clair pour démontrer à quel point les relations bilatérales et multilatérales sont interconnectées et se renforcent. Les dix-sept objectifs ont été négociés dans un processus inclusif et global, ce qui leur donne une légitimité sans précédent. Sachant que vous allez discuter en détail les ODD cet après-midi, mes remarques sur ce point seront brèves: les ODD nous offrent une opportunité pour repenser le système multilatéral mais aussi le système national du développement et une approche plus intégrée et cohérente me paraît indispensable pour atteindre ces objectifs. Au niveau national, les différents ministères techniques et autres institutions nationales doivent renforcer leur coopération, de manière horizontale. Quant à elles, les organisations internationales spécialisées – qui sont un reflet du système national – doivent aussi mieux coopérer.
Enfin, le système westphalien, avec l’Etat comme acteur unique dans les relations internationales, ne reflète plus les réalités d’aujourd’hui. Par conséquent, les acteurs non étatiques comme la société civile, les secteurs privé et académique, ainsi que les think thanks, doivent être à la table des discussions quand les décisions sont prises. Les parlements nationaux, qui ‘domestiquent’ les décisions multilaterales, les organisations régionales, les villes et les maires seront des acteurs plus importants dans les années à venir. Et face aux défis globaux qui continuent de se complexifier, les relations bilatérales et multilatérales de nos pays membres doivent converger encore plus. Dans ce contexte, votre réseau bilatéral peut jouer un rôle plus important pour renforcer votre influence et rayonnement dans la sphère multilatérale qui dépassent la taille géographique, économique, militaire et politique de votre pays sur la scène internationale. Lors de cette conférence, vous aurez certainement l’occasion de discuter de la façon dont votre réseau bilatéral pourrait mieux servir de multiplicateur pour atteindre les objectifs multilatéraux de votre politique étrangère, par exemple concernant la mise en œuvre des Objectifs du développement durable.
Un dernier mot, avant de conclure mes remarques, sur le thème de la communication, qui doit être une priorité pour tous afin de mieux connecter les acteurs globaux. Il faut communiquer plus clairement à la population mondiale et aux décideurs politiques et économiques l’importance et la valeur du travail des institutions internationales et de la collaboration multilatérale.
Ici à Genève - grâce au soutien de la Suisse - j’ai lancé le Projet de changement de la perception pour mieux communiquer l’impact important du travail de la Genève internationale et des organisations internationales en général sur la vie quotidienne de nous tous partout dans le monde. Nous avons déjà vu certains résultats concrets. Et c’est aussi là que je vois un rôle important pour vous, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Consul généraux et Chefs des bureaux de coopération. Souligner l’impact de la Genève internationale sur la vie quotidienne dans vos pays hôte ne mettra pas seulement en évidence l’importance du multilatéralisme pour un monde meilleur, mais aussi les valeurs et objectifs de la politique étrangère suisse, vu leur similarité avec les valeurs du système onusien. Nous sommes à votre disposition pour identifier des projets communs.
Le 100ième anniversaire de la création de la Société des Nations à Genève en 2019 pourrait, par exemple, être un tel projet. Ce serait l’occasion idéale pour organiser des expositions et des évènements sur l’importance du multilatéralisme et de la Genève internationale avec vos représentations à l’étranger.
Les défis auxquels nous faisons face sont complexes. Pour trouver des solutions durables, nous devons renforcer notre collaboration et ajuster notre manière de travailler en adoptant une vision plus intégrée. Votre présence au Palais des Nations aujourd’hui donne un signal fort et montre que la Suisse continue à renforcer son engagement sur ce chemin, main dans la main avec les Nations Unies. Je me réjouis de poursuivre avec vous cette belle collaboration et je vous souhaite une excellente conférence.
Merci beaucoup.
This speech is part of a curated selection from various official events and is posted as prepared.