Séance du Conseil de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève
Michael Møller
2 mai 2016
Séance du Conseil de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève
Séance du Conseil de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève
Allocution de M. Michael Møller
Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève
Séance du Conseil de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève
Lundi 2 mai 2016, à 14h15
Salle de Conférence du Service ONG, CAGI, Maison Rose
Ambassadeur de Cocatrix,
Chers membres du Conseil,
Mesdames et messieurs,
C’est un grand plaisir pour moi d’être avec vous aujourd’hui pour échanger à propos de deux sujets qui me tiennent à cœur : le rôle du secteur privé dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et la Genève internationale. Je tiens à remercier le Conseil de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève pour cette opportunité. Votre organisation, en luttant pour une prospérité économique durable et en portant haut la voix des entreprises, occupe une fonction essentielle dans l’économie et la vie politique de notre ville hôte.
Je souhaite aussi remercier l’Ambassadeur de Cocatrix pour ses paroles et le Centre d’Accueil – Genève internationale (CAGI) pour cette réception chaleureuse. Pendant vingt ans, le CAGI a œuvré pour faciliter l’arrivée à Genève des fonctionnaires internationaux qui comblent les rangs des organisations internationales, missions diplomatiques, ONG et entreprises multinationales. Et je peux témoigner que plusieurs de mes employés ont personnellement bénéficié de vos conseils et programmes culturels et en parlent avec le plus grand bien.
Pour aller directement au cœur du sujet d’aujourd’hui, permettez-moi de prendre quelques minutes pour parler des Objectifs de développement durable (ODD) que les États Membres des Nations Unies ont adopté en septembre 2015. Vous savez tous de quoi il s’agit. Ce nouvel agenda pour 2030 est le nouveau cadre d’action pour la communauté internationale et guidera la politique et le financement du développement pour les quinze prochaines années. Les ODD se focalisent sur trois grands axes : éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir l’égalité des chances. Avec les Accords de Paris sur le réchauffement climatique, les ODD représentent notre meilleure chance de léguer aux générations futures un monde durable et prospère. Dix-sept objectifs durables qui couvrent toute l’activité humaine.
Notre réussite dans cet enjeu planétaire dépend de notre capacité à mobiliser une multitude de partenaires, dont le secteur privé. Ce dernier peut fournir des ressources, partager son expertise, aider à intensifier des initiatives, investir dans des projets prometteurs ou stimuler l’innovation. Et cet appel s’adresse non seulement aux sociétés dans des pays en voie de développement, mais à toutes les entreprises, partout dans le monde, y compris ici à Genève. Comme nous le constatons dans l’actualité, les équilibres économiques mondiaux ayant changé et le monde actuel étant plus interconnecté que jamais, une réponse globale est aujourd’hui encore plus nécessaire que jamais.
Il y a un immense potentiel pour plus d’action et plus d’impact de la part du secteur privé dans cet effort, que ce soit via la philanthropie, la responsabilité sociale des entreprises ou les partenariats public-privé. Par exemple, plus de 8 000 entreprises dans 160 pays ont signé le « Pacte mondial », une initiative de l’ONU visant à inciter les entreprises à adopter une attitude socialement responsable. Dans le cadre de l’Accord de Paris sur le réchauffement climatique, de nombreuses entreprises se sont engagées pour le climat à établir des objectifs chiffrés de réductions de leur émissions ou à financer la transition énergétique.
Beaucoup d’entreprises ont réalisé que le business durable, c’est du bon business ! Car lorsque les entreprises mènent leurs activités de manière économiquement, socialement et écologiquement responsable, cela les aide à réussir et leurs clients aiment ça de plus en plus ! Ces sociétés ont alors accès à des projets de développement et d’énergie renouvelables. De plus, les retombées des ODD en termes d’amélioration de la sécurité, de l’éducation, de la transparence, de la santé publique et du niveau de vie offriront un environnement global propice au commerce international.
Le secteur privé de Genève est bien placé pour tirer parti de ces opportunités car notre ville hôte est un pôle de connaissance et d’activité à l’échelle internationale dans les domaines des affaires étrangères, du développement, des droits de l’homme, de la santé et de la recherche en haute technologie, entre autres. Ce statut est en grande partie attribuable à la cohabitation étroite dans l’Arc lémanique de presque 200 organisations internationales; environ 400 ONG ; et plus de 250 missions permanentes et autres délégations. Comme c’est le cas du « Silicon Valley » pour les technologies de pointe, cette concentration de capital humain et de savoir-faire institutionnel à Genève crée une terre propice pour la réflexion et l’élaboration de solutions aux grands enjeux internationaux de notre siècle. C’est grâce aux synergies entre les composants de la Genève internationale que notre travail commun a un impact significatif sur la vie de chaque individu dans le monde, chaque jour.
Il faut donc partager nos informations et notre savoir-faire. Et c’est pour cette raison, que j’ai lancé le Projet de Changement de Perception (PCP) il y a deux ans. En réunissant aujourd’hui 88 partenaires de la Genève internationale, le PCP a réussi à communiquer des messages plus clairs et alignés au grand public. Et les partenaires eux-mêmes sont mieux informés du travail que font les autres. Le projet a coopéré avec le secteur privé pour remplir sa mission d’informer le public sur la pertinence des activités de la Genève internationale. Par exemple, le projet a récemment ouvert un stand à la Cité des Métiers en coopération avec le Groupement des entreprises multinationales, la Fondation Eduki et la Mission de la Suisse auprès de l’ONU à Genève.
L’échange mène à l’action, car nous devons œuvrer ici à Genève pour la paix, les droits et le bien-être. Permettez-moi de vous donner un exemple : en coopération avec la Mission permanente des États-Unis à Genève, j’ai lancé en 2015 le ‘Réseau de défenseurs de l’égalité des genres’ pour encourager l’action collective sur les inégalités entre les femmes et les hommes. Chaque partie prenante, ou « champion », de cette initiative choisit deux engagements concrets et mesurables pour atteindre l’égalité des sexes dans son organisation et promet de ne plus parler dans des forums de discussions qui ne donnent pas leur chances aux femmes de parler. Cette initiative, qui concentre un grand nombre de dirigeants d'organisations internationales, d'ambassadeurs et de représentants de la société civile et du secteur privé, repose sur une approche participative et innovante. Il y a quelques jours seulement nous avons célébré le 100e champion qui est justement issu du secteur privé : c’est la directrice exécutive d'IKEA Suisse. Et hier, il m’a été annoncé que le Forum économique mondial (WEF) va rejoindre le réseau également. J'espère que d'autres chefs d’entreprise nous rejoindront prochainement pour qu’une initiative simple et fructueuse comme celle-ci puisse bénéficier à tous, secteur public et privé confondus.
La Genève internationale doit opérer dans un cadre, certes dynamique, mais parfois contraignant. Tout d’abord, le changement du taux de change du franc suisse a augmenté le coût des opérations à Genève, à la fois pour les organisations internationales ainsi que pour les entreprises multinationales. De plus, les difficultés budgétaires des États Membres et un avenir économique mondiale incertain nous contraignent tous à ‘serrer nos ceintures’. Même à l’ONU, nos budgets sont constamment coupés.
En parallèle, l’Assemblée générale a aussi témoigné de son engagement envers la Genève internationale en approuvant le Plan Stratégique Patrimonial (PSP), un projet ambitieux de rénovation du Palais des Nations de 837 million de francs suisses. Pour leur parts, les autorités suisses et genevoises ont depuis longtemps réalisé que grâce à la Genève internationale, la Suisse peut se vanter d’avoir une influence et un rayonnement sur la scène internationale qui dépasse sa taille géographique, économique, militaire et politique. Je tiens, dans ce cadre, à remercier tout particulièrement le Conseil fédéral qui a décidé d’accorder un prêt sans intérêt de 400 million de francs suisse pour le Plan Stratégique Patrimonial.
En effet, le Palais n’est pas conforme aux codes d’incendie, aux consignes de sécurité et à divers standards d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite et de désamiantage. Les réseaux d’information et de communication, les moyens de radiodiffusion et les systèmes de conférence, tant qu’à eux, ont en moyenne plus de quarante ans. Les travaux de rénovation, qui débuteront en 2017 et s’achèveront en 2023, assureront que le Palais restera un centre clé des activités de l’ONU pour le siècle à venir.
La Chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève est en train d’organiser un séminaire d’entreprises qui sera l’occasion pour mes collègues du PSP de rentrer dans tous les détails des appels d’offres et du calendrier du projet. L’appel d’offre de ce projet exceptionnel devra être le plus large possible et sera d’une dimension internationale. La qualité et le savoir-faire des entreprises suisses du bâtiment est mondialement reconnue et ce sera pour elles l’occasion de tenter leur chance pour obtenir de nouveaux contrats.
La Genève internationale est déjà une source indispensable de revenu pour l’Arc lémanique. Selon une étude menée pour la Fondation de Genève en 2015, le secteur international à Genève, public et privé, apporte plus de 50% du produit industriel brut, soit 37,1 milliards de franc suisse.
En bref, la Genève internationale maintient son attractivité comme lieu unique pour une approche intégrée à la gouvernance mondiale. Cela est nécessaire pour rétablir la confiance des différents acteurs dans les normes et institutions globales. En renforçant la gouvernance, les entreprises bénéficient de plus de stabilité ce qui leur permet de réduire les risques d’investissement par exemple. Pour renforcer ce cycle positif, nous devons travailler ensemble et cette rencontre est une bonne occasion pour s’engager dans ce débat et de le renforcer.
Je vous remercie pour votre attention et me réjouis d’entendre vos réactions et vos questions.
This speech is part of a curated selection from various official events and is posted as prepared.