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“2018 Geneva Book and Press Fair, Geneva - Les Assises du livre en Afrique”

Michael Møller

25 avril 2018
“Salon du livre et de la presse de Genève 2018 - Les Assises du livre en Afrique”

Remarques de M. Michael Møller
Secrétaire général adjoint
Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève

“Salon du livre et de la presse de Genève 2018 - Les Assises du livre en Afrique”

Mercredi 25 avril 2018 à 13 h 45
Palexpo, Genève


Monsieur le Ministre ;
Excellences ;
Mesdames et messieurs :

C’est un grand plaisir pour moi de me joindre à vous aujourd’hui pour célébrer les cultures littéraires d’Afrique. Je tiens à remercier le Salon du livre de Genève, la Fondation pour l’Ecrit, le Ministère suisse des affaires étrangères, et l’Organisation internationale de la Francophonie. Je les remercie non seulement de me donner l’occasion d’échanger avec vous, mais aussi et surtout de nous réunir autour d’une question essentielle.

L’Afrique est l’avenir. L’humanité en revient en quelque sorte à son point de départ : notre espèce a vu le jour en Afrique et c’est l’Afrique qui façonnera notre avenir. Tous les indicateurs le confirment. La démographie : la population africaine du sud du Sahara passera d’un milliard de personnes aujourd’hui à plus de deux milliards en 2050. La croissance économique : selon la Banque mondiale, six des dix économies à la croissance la plus rapide aujourd’hui sont africaines. L’urbanisation : la population urbaine d’Afrique doublera au cours des 25 prochaines années. Et si l’Afrique a un rôle essentiel à jouer dans les enjeux du siècle, il va de soi, à l’ère de la mondialisation, que notre succès collectif dépendra largement du succès de ce continent. La communauté internationale n’atteindra pas les Objectifs de développement durable, et ne concrétisera pas la vision que traduit l’Accord de Paris sur le climat, si les 55 États membres de l’Union africaine ne sont pas pleinement associés à ce qu’elle entreprend.

Pour que nous puissions avancer ensemble, il faut que nous nous comprenions et que nous nous respections les uns les autres, compte tenu des sensibilités de chacun. Malheureusement, les relations sont aujourd’hui inégales. Car si bien des Africains parlent l’anglais, le français, l’arabe ou même le chinois, peu hors du continent apprennent le swahili, l’hausa ou l’amharique. Et si bien des Africains étudient l’histoire européenne, regardent des « telenovelas » brésiliennes et écoutent de la musique américaine, l’inverse est plus rare. Ces déséquilibres montrent notre mauvaise connaissance de l’Afrique. Nous ne connaissons pas l’Afrique parce que nous ne considérons le continent que sous l’angle des « flashs info ». Parce que nous ne prenons pas assez le temps de dialoguer avec des voix africaines, ni d’apprécier les œuvres d’écrivains, d’artistes et de penseurs africains. C’est pour cela que l’événement d’aujourd’hui est si important. La littérature africaine est non seulement le reflet des réalités de 55 sociétés différentes mais aussi une force qui influe sur l’évolution de ces cultures dynamiques. L’élégance, l’intelligence et le verbe de nombreuses plumes africaines est le meilleur antidote aux mythes négatifs qui perdurent à propos d’un continent en pleine résurgence.

C’est pour encourager la compréhension mutuelle que je soutiens la diplomatie culturelle au Palais des Nations, où cinq Etats africains et l’Union africaine ont organisé des événements culturels en 2017. Ces événements sont essentiels à la diplomatie moderne, puisqu’à l’heure actuelle, tous les grands problèmes sont d’envergure mondiale et exigent une réponse collective. Pour une action collective il nous faut bien sûr la volonté politique avant tout, mais il nous faut aussi l’empathie et la compréhension d’autrui, deux valeurs véhiculées par la diplomatie culturelle. C’est dans ce contexte que je suis fier d’accueillir à la Bibliothèque du Palais des Nations une exposition par l’artiste béninois Georges Adéagbo. Conçue en deux volets pour la Maison Tavel et le Palais, cette exposition explore l’histoire de Genève et son ouverture sur le monde. Je vous invite à la voir au Palais et à la Maison Tavel du 3 mai au 8 juillet.

Les pays africains jouent un rôle essentiel dans l’effort entrepris ici, à Genève, pour trouver des solutions aux problèmes d’aujourd’hui. Leurs positions sont souvent liées, ce qui leur permet d’exercer une influence certaine, surtout dans des domaines prioritaires pour l’Union africaine, tels la paix, les objectifs de développement durable, les droits de l’homme, le commerce, l’aide humanitaire, la participation des femmes aux processus décisionnels, l’éradication de certaines maladies et la promotion des échanges technologiques. On le voit également dans l’élection de Tedros Adhanom Ghebreyesus au poste de Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé.

L’influence grandissante des pays africains est également liée aux prodiges accomplis en Afrique. Dans bien des domaines, les Africains sont des leaders, ce qui dément le mythe d’une Afrique qui ne fait que créer des problèmes. Car en réalité, l’Afrique créé des solutions et contribue au bien commun mondial. L’Afrique contribue à la paix. Cinq des dix pays qui fournissent des contingents les plus importants aux missions de maintien de la paix de l’ONU sont africains. L’Afrique contribue au développement. Tandis que certains remettent en question la valeur de la collaboration économique, les dirigeants africains ont pris, en mars, l’initiative de signer un ambitieux accord de libre-échange continental. L’Afrique protège les plus vulnérables. Tandis que certains bâtissent des murs, l’Ouganda, pour ne citer qu’un exemple, accueille près de 1,4 million de réfugiés et trouve des solutions novatrices pour les loger. L’Afrique – par l’exemple de l’Afrique du Sud – a montré le chemin de la paix et de la réconciliation. En dépit des revers, l’Afrique fait avancer la démocratie, comme l’ont montré récemment le Libéria et la Sierra Leone, où le transfert du pouvoir s’est fait dans la paix.

La collaboration avec cette Afrique dynamique est une priorité pour l’ONU et pour notre Secrétaire général, qui, à peine quatre moins après son entrée en fonction, a signé le premier accord-cadre entre l’ONU et l’Union africaine. Le système onusien collabore étroitement non seulement avec l’Union africaine et ses États membres, mais également avec les organisations sous-régionales, telle la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qui a joué, avec l’ONU et l’Union africaine, un rôle clé dans la résolution de la crise récente en Gambie. La collaboration avec ces organisations facilite nos efforts communs en favorisant la compréhension mutuelle et la conjugaison des avantages comparatifs. Les organisations sous-régionales sont plus près des réalités du terrain, ce qui les rend plus sensibles aux défis et solutions possibles. Nous, acteurs internationaux, avons besoin de partenaires comme eux qui puissent nous aider à mieux comprendre le contexte local. Un effort pour comprendre l’autre commence ici, aujourd’hui, au Salon du livre.

Je vous souhaite de très bonnes discussions.
Je vous remercie.

Mercredi 25 avril 2018, à 13h45
Salle K, Centre de congrès de Palexpo, Genève

This speech is part of a curated selection from various official events and is posted as prepared.