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LE COMITÉ PRÉPARATOIRE DE LA CONFÉRENCE SUR LA RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE SE PENCHE SUR LE CONTENU DU PROCHAIN CADRE D'ACTION MONDIAL

Communiqué de presse

Le Comité préparatoire de la troisième Conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophe a poursuivi, cet après-midi, les travaux de sa première session en entendant les déclarations de vingt-cinq délégations. Les débats ont essentiellement porté sur le contenu du cadre mondial d'action pour la réduction des risques de catastrophe pour l'après-2015, appelé à prendre le relais du Cadre d'action de Hyogo qui avait été adopté en 2005.

Faisant part de leurs observations au sujet du contenu à donner au prochain cadre d'action, les délégations ont relevé, en particulier, qu'il devra fournir des mesures incitatives pour le secteur privé, appelé à jouer, par ses investissements, un rôle important dans l'atténuation des risques liés aux catastrophes. D'autres délégations ont souligné qu'il faudra modifier la portée du cadre actuel afin qu'il tienne compte des nécessités de la coopération et des partenariats internationaux. Une délégation a estimé que le cadre d'action devrait être contraignant au plan juridique et étroitement associé aux objectifs du développement de l'après-2015. Un autre intervenant a fait observer que l'élément qu'il est proposé d'intégrer au prochain cadre d'action, relativement à la couverture d'assurance contre les effets des catastrophes, semble peu pratique dans certains pays.

Les délégations ont en outre appelé la communauté internationale à s'attacher, en priorité, à réduire la vulnérabilité aux catastrophes par une action concertée aux niveaux local et régional, tenant compte des capacités et des besoins des populations. La coordination au niveau régional gagnerait à être renforcée, étant donné que «les catastrophes naturelles ne connaissent pas les frontières», a-t-il été souligné.

Concernant le financement, un appel a été lancé à l'ensemble des partenaires au développement, ainsi qu'au secteur privé, afin qu'ils aident les plates-formes nationales de réduction des risques des pays en développement. A également été recommandée la création d'un fonds international destiné à financer l'action des pays en voie de développement en matière de réduction du risque de catastrophe. Dans une déclaration commune, les institutions des Nations Unies se sont dites favorables à la création de bases de données scientifiques et factuelles destinées à appuyer les efforts des États.

Enfin, plusieurs délégations ont cité des rapports des Nations Unies attirant l'attention de la communauté internationale sur la nécessité d'apporter une assistance particulière aux petits pays insulaires en développement, très vulnérables aux catastrophes imputables aux effets du changement climatique. Certaines délégations ont souligné que ces pays ne sont pas les principaux émetteurs de gaz à effet de serre.

Ont pris part au débat: le Burkina Faso, la République tchèque, le Bangladesh, le Népal, le Swaziland, Madagascar, l'Afrique du Sud, le Panama, la Barbade, le Bénin, l'Italie, les États-Unis, la Côte d'Ivoire, l'Autriche, l'Égypte, le Nigéria, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest, la Communauté économique des États de l'Afrique centrale, l'Organisation de coopération et de développement économiques, la Ligue de États arabes, l'Organisation mondiale de la santé (au nom des institutions des Nations Unies), le Centre de coordination de la prévention des catastrophes naturelles en Amérique centrale, la Commission de l'océan Indien, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et le Groupe consultatif du Comité préparatoire sur la science et la technologie.

En fin de séance, le Comité préparatoire a adopté le Règlement intérieur de la troisième Conférence sur la prévention des catastrophes (A/CONF.224/PC(I)/3) ainsi que son ordre du jour provisoire (A/CONF.224/PC(I)/1). La Conférence se tiendra en mars 2015 à Sandai, au Japon.


Le Comité préparatoire poursuivra ses travaux demain matin à partir de 9 heures.


Examen du cadre d'action pour la réduction du risque de catastrophe après 2015

Débat

Le Burkina Faso a déclaré que le Cadre d'action référentiel de Hyogo a toujours orienté l'action du Gouvernement burkinabè dans sa recherche de stratégies efficaces, élaborées pour et avec les communautés. La création et le fonctionnement d'une plate-forme nationale de prévention et de gestion des risques de catastrophe, l'adoption, il y a quelques semaines, de la loi portant prévention et gestion des risques et catastrophes constituent autant d'atouts importants et d'actions participant à la construction de la résilience des populations. Le Burkina Faso estime nécessaire de définir des indicateurs pour mesurer les progrès réalisés dans sa région.

La République tchèque a rappelé avoir été confrontée, depuis 1997, à plusieurs inondations catastrophiques. L'expérience acquise dans la lutte contre les effets de ces catastrophes a été systématisée dans un ensemble de procédures. La République tchèque relève à ce propos que l'application du Cadre d'action de Hyogo a souffert de l'absence de stratégies et de compétences au niveau des États. Le nouveau cadre mondial d'action devra mettre l'accent sur la résilience et sur le développement et tenir compte du programme de développement pour l'après-2015.

Le Bangladesh a estimé que l'élément qu'il est proposé d'intégrer au prochain cadre d'action relativement à la couverture d'assurance contre les effets des catastrophes semble peu pratique dans certains pays. Le Bangladesh relève aussi qu'il faudra modifier la portée du cadre afin qu'il tienne compte de la nécessaire coopération et des partenariats internationaux. Le cadre devra enfin demander aux États qu'ils affectent des ressources prévisibles aux efforts de réduction des catastrophes dans les pays les plus vulnérables.

Le Népal a préconisé un renforcement de la coopération internationale, en particulier en faveur des petits pays particulièrement exposés aux risques de catastrophe. Pour le Népal, qui risque un tremblement de terre majeur, le Cadre d'action de Hyogo a constitué une aide importante dans la gestion de ce risque. Le cadre d'action pour l'après-2015 doit aussi fournir des mesures incitatives pour le secteur privé, qui doit jouer un rôle important, pour les écoles et les hôpitaux. La coordination au niveau régional gagnerait aussi à être renforcée, d'autant que les catastrophes naturelles ne connaissent pas les frontières.

Le Swaziland a souhaité appuyer les préparatifs de la prochaine Conférence. Dans ce pays, une loi de 2006 gère la réduction des risques de catastrophe, avec des systèmes d'alerte précoce dans plusieurs ministères. La délégation swazie a préconisé, pour la période de l'après-2015, le renforcement des systèmes d'alerte et de réaction, ainsi que la sensibilisation des communautés aux risques de catastrophe afin de bâtir une résilience.

Madagascar a déclaré que la résilience doit être concrétisée à deux niveaux : la protection des services essentiels et l'organisation des capacités des communautés. Ce pays souhaite que le prochain cadre d'action mette en exergue la gouvernance de la gestion des risques, tout en accordant une attention particulière aux Etats insulaires, ainsi que l'aménagement du territoire. Madagascar estime que les stratégies régionales contribuent à la mise en œuvre de la stratégie nationale dans la mesure où elles favorisent les échanges, contribuent au renforcement des capacités et appréhendent les éléments transfrontaliers.

L'Afrique du Sud a souligné que l'innovation technique jouera un rôle très important pour relever les défis de la réduction des risques de catastrophe. Il s'agit notamment de tirer parti des possibilités d'observation satellitaire pour favoriser la prévention et la réaction aux catastrophes. Les mêmes moyens techniques permettent aussi d'améliorer la capacité de réaction des systèmes. Il importe donc que le prochain cadre d'action prévoie des ressources techniques et financières fiables et des partenariats avec le secteur commercial afin de mieux répondre aux besoins de l'Afrique dans le domaine de l'adaptation au risque de catastrophe.

Le Panama a déclaré s'être doté d'une politique générale de prévention et de réaction aux risques liés aux catastrophes. Le pays a aussi souscrit aux instruments internationaux et régionaux de réaction aux catastrophes. La communauté internationale doit avoir pour priorité de réduire la vulnérabilité aux catastrophes par une action concertée aux niveaux local et régional, tenant compte des capacités et des besoins des populations. Le Panama estime que le cadre d'action mondial devrait être contraignant au plan juridique et étroitement associé aux objectifs du développement pour l'après-2015.

La Barbade a indiqué avoir adopté un ensemble de politiques et de mesures conçues pour réduire le risque face aux catastrophes et à améliorer la résilience de la population. Le Gouvernement estime que le prochain cadre mondial d'action dans ce domaine devra mettre l'accent sur la mise en œuvre efficace des mesures prises. Les Nations Unies, a rappelé la Barbade, ont déjà souligné, quant à elles, qu'il faudra, étant donné les effets potentiellement très destructeurs du réchauffement climatique, tenir compte des besoins particuliers des petits États insulaires en développement : la Barbade s'associe d'autant plus volontiers à cette position que les petits États insulaires ne sont pas les principaux émetteurs de gaz à effet de serre.

Le Bénin a déclaré s'employer, depuis la signature du Cadre d'action de Hyogo, à assurer la résilience des communautés afin d'obtenir une réduction considérable des pertes dues aux catastrophes. Le Bénin a proposé de prendre en compte, à l'avenir, la réduction des risques dans les activités de développement axées sur le principe du genre et de promouvoir la participation des filles en matière d'éducation liée aux risques de catastrophe.

L'Italie a attiré l'attention sur les initiatives de l'Union européenne - dont elle assure la présidence ce semestre – en en matière de gestion des risques de catastrophe et sur l'utilité des outils créés par le Cadre d'action de Hyogo. Le cadre d'action de l'après-2015 s'inscrit dans celui du changement climatique. L'Italie appuie les instruments transversaux et les objectifs multisectoriels, afin d'assurer une plus grande transparence et une meilleure évaluation des méthodes adoptées. Pour les mêmes raisons, elle plaide pour une plus forte implication de la société civile et des partenaires économiques, du secteur privé dans son ensemble et pour des partenariats public-privé plus cohérents.

Les États-Unis ont souligné que, face à la multiplication des catastrophes climatiques, les gouvernements doivent envisager de réorienter les ressources en direction des mesures de réduction des risques. Les États-Unis estiment que le nouveau cadre d'action devra intégrer des enjeux de plus en plus nombreux, dont le changement climatique, ainsi que les changements de plus en plus complexes qui conduisent à des catastrophes. Il est important d'avoir une infrastructure d'intervention appropriée. Le cadre d'action devrait accorder plus d'attention à l'intégration de l'ensemble des communautés : femmes, personnes handicapées, personnes âgées – autant de groupes qui pourraient être touchés de manière disproportionnée.

La Côte d'Ivoire, pays vulnérable au changement climatique, a exprimé sa crainte de crises humanitaires. Elle s'est dite convaincue que le cadre d'action post-2015 va permettre à toutes les nations de se doter des plateformes fonctionnelles indispensables à la construction d'une véritable résilience des communautés et de l'environnement. Concernant le financement, la Côte d'Ivoire a lancé un appel à l'ensemble des partenaires au développement, ainsi qu'au secteur privé, afin qu'ils aident les plateformes nationales de réduction des risques des pays en développement.

L'Autriche a déclaré entretenir, de longue date, une culture de la prévention des risques axée sur la responsabilité partagée de tous les acteurs concernés, privés et publics. Elle mise beaucoup sur l'action des bénévoles et l'action au plan local. Le Gouvernement vient aussi d'adopter une stratégie d'adaptation au changement climatique; la région du Tyrol est quant à elle devenue l'un des partenaires de la campagne «Rendre les villes plus résilientes». L'Autriche préconise qu'une attention plus grande soit accordée aux mesures de prévention et que le prochain cadre d'action contienne un ensemble limité d'indicateurs adaptables aux situations des pays.

L'Égypte a constaté un triplement du nombre des catastrophes dans le monde arabe, ces dernières années, ces catastrophes étant souvent liées au climat et ayant de graves répercussions sur le tourisme et sur les investissements. L'Égypte est en train d'élaborer sa stratégie nationale de réduction des catastrophes, tout en collaborant avec les institutions internationales – telles la Stratégie internationale des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNISDR) et le Programme des Nations Unies pour le développement – au renforcement de ses propres compétences nationales. Forte de son expérience, l'Égypte recommande que le prochain cadre de réduction des risques de catastrophe soit axé sur le renforcement des compétences, les transferts de technologie et la coopération internationale.

Pour le Nigéria, on ne saurait sous-estimer les difficultés induites par la gestion des catastrophes dans la plupart des pays d'Afrique, comme dans d'autres pays en voie de développement. Ces États sont en effet plus vulnérables au changement climatique et autres catastrophes que les pays riches. Leur situation est aggravée par la faible capacité de résistance des communautés concernées et, dans certains cas, par le manque de volonté politique. Le prochain cadre devra remédier à ces déséquilibres et, simultanément, encourager la participation du secteur privé aux activités de réduction du risque de catastrophe.

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a décidé de poursuivre ses efforts dans le cadre du système mondial de gestion des risques de catastrophe. Elle a remercié les organisations internationales de l'appui apporté aux pays de la CEDEAO et a prié toutes les parties prenantes à appuyer l'Afrique occidentale en matière de renforcement des capacités, de mobilisation des ressources et de transfert de technologies.

La Communauté économique des États de l'Afrique centrale a expliqué les stratégies mises en œuvre dans la région en vertu du Cadre d'action de Hyogo et a assuré de son ambition de mieux faire. Elle a toutefois plaidé pour une meilleure maîtrise des réalités de chaque pays afin d'assurer une coordination efficace; pour une meilleure vulgarisation des stratégies; pour un investissement accru dans la maîtrise des risques et la réduction des vulnérabilités; ainsi que pour une plus grande synergie entre le cadre de l'après-2015 et les trois conventions de Rio, surtout la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique. Elle a également demandé l'amélioration de l'approche participative dans l'organisation d'événements de niveau continental; une sensibilisation de proximité; et l'accroissement du soutien aux communautés économiques régionales, qu'elle considère être les seules capables de faciliter un relais efficace entre les Etats et les initiatives régionales et mondiales.

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a souligné que la bonne gouvernance des risques, qui passe par la transparence, est un investissement pour les pays et un moyen de soutenir la croissance économique. Elle a recommandé une approche globale, transfrontières, afin d'améliorer la résilience et de mieux anticiper l'impact d'enjeux complexes. L'OCDE a également plaidé pour une plus grande mobilisation de tous les secteurs de la société et une coordination des ressources afin de répondre aux situations d'urgence.

La Ligue des États arabes a déclaré que ses membres cherchent actuellement des solutions aux problèmes posés par les catastrophes auxquelles ils sont confrontés, au premier rang desquelles la sécheresse et une croissance urbaine rapide et désordonnée. Les pays arabes ont conscience qu'ils devront donc se doter d'une base institutionnelle et de systèmes nationaux plus efficaces, consentir des efforts importants pour s'adapter au changement climatique et dégager les ressources nécessaires. La Ligue arabe recommande la création d'un fonds international destiné à financer l'action des pays en voie de développement en matière de réduction du risque de catastrophe. La Ligue arabe estime, par ailleurs, que l'occupation de territoires palestiniens et arabes constitue une catastrophe en soi et doit donc être traitée dans le prochain cadre.

L'Organisation mondiale de la santé a déclaré que les institutions des Nations Unies – au nom desquelles elle parle cet après-midi – sont fortes d'une grande expérience de terrain dans la réduction des effets des catastrophes et dans leur prévention. C'est pourquoi ces institutions estiment que le prochain cadre de réduction du risque devra s'inscrire dans le prolongement du Cadre d'action de Hyogo et tenir compte des instruments internationaux qui auront été adoptés depuis lors. Le cadre devra ainsi tenir compte des risques économiques, des exigences en matière de santé et d'agriculture et des impératifs de la gestion des risques. Il préconisera une action locale, axée notamment sur l'utilisation rationnelle des sols et la préservation des écosystèmes. Le cadre recommandera aux États d'autonomiser toutes les catégories de population à risque ou vulnérables, comme les enfants et les migrants. Enfin, les institutions des Nations Unies sont favorables à la création de bases de données scientifiques et factuelles ouvertes, destinées à appuyer les efforts des États.

Le Centre de coordination de la prévention des catastrophes naturelles en Amérique centrale (CEPREDENAC) a fait état de plusieurs initiatives régionales en faveur de la réduction des risques. Les pays de la région ont adopté, en particulier, une «politique centraméricaine de gestion intégrée du risque» visant le renforcement des communautés locales ; la politique se complète d'un fonds et d'un plan d'action régionaux. Le CEPREDENAC recommande à la communauté internationale de se pencher, en élaborant le prochain cadre de réduction des catastrophes, sur la modernisation des institutions, sur la coopération internationale et sur les situations d'urgence.

La Commission de l'océan Indien a déclaré que la communauté internationale devrait être capable de mesurer tant la probabilité d'apparition des risques que la résilience des populations. La Commission considère qu'il est nécessaire d'accorder la priorité à l'approche globale de la gestion des risques, à condition qu'elle soit flexible et intégrée dans des plans de développement nationaux. La Commission de l'océan Indien est disposée à apporter une importante contribution à la prochaine stratégie afin de garantir une meilleure évaluation des risques.

La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a souligné que le Cadre d'action de Hyogo doit s'intégrer aux autres cadres de développement et de gestion des crises humanitaires, en particulier ceux qui concernent le développement durable et le changement climatique. Le représentant de la Fédération a également plaidé pour une meilleure allocation des fonds humanitaires à la réduction des risques de catastrophe, considérant que la priorité doit être donnée aux plus vulnérables. Les politiques publiques doivent disposer de ressources suffisantes et créer l'environnement institutionnel nécessaire pour être à la hauteur des engagements. Les lois sont des outils pour protéger les personnes des risques naturels : malheureusement, elles sont sous-utilisées, a souligné la Fédération.

Le Groupe consultatif du Comité préparatoire sur la science et la technologie s'est félicité de la confiance accordée à la science dans le Cadre d'action de Hyogo. La communauté scientifique a fait preuve de son engagement pour lutter contre les risques de catastrophe, a rappelé le représentant du Groupe, préconisant la mise en place d'un mécanisme renforçant l'interaction entre décideurs et scientifiques.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

M14/007F