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CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME : LA PRÉSIDENTE DU CHILI SOULIGNE L'IMPORTANCE DES PROCÉDURES SPÉCIALES ET D'EXAMEN PÉRIODIQUE

Communiqué de presse

Le Conseil des droits de l'homme, a entendu, cet après-midi, la Présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, à l'occasion d'une séance spéciale organisée à cet effet.

La Présidente chilienne a rappelé le rôle des Rapporteurs spéciaux sur la situation des droits de l'homme au Chili nommés à partir de 1979 qui a permis de sauver des vies, modérer les conduites et plus donner un rayon d'espoir à ceux qui souffraient du désespoir. Mme Bachelet a tenu à souligner cet héritage positif laissé par la Commission des droits de l'homme, notamment les procédures spéciales, qui ont constitué la pierre angulaire de l'actuel système de promotion et de protection des droits de l'homme. Ce n'est pas pour autant que, dans la pratique, cessent de se produire des violations. Mais la démocratie et les droits de l'homme sont devenus des valeurs incontestées en tant que principes moraux.

Le Président du Conseil des droits de l'homme, M. Luis Alfonso de Alba, a ouvert la séance, suivi du Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, M. Sergei Ordzhonikidze, et de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Mme Louise Arbour. Tous ont souligné que la présence devant le Conseil de la Présidente chilienne revêt une importance toute particulière, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme soulignant que Mme Bachelet est une source d'inspiration, montrant par l'exemple la nécessité de réaffirmer sans cesse l'ensemble des droits de l'homme: droits politiques et civils, et économiques, sociaux et culturels, ainsi que l'égalité et la non-discrimination. L'expérience de Mme Bachelet témoigne que la réalisation de tous les droits de l'homme exige des principes fermes, du courage, de la détermination et un engagement constant.

Le Conseil des droits de l'homme ouvrira sa cinquième session le lundi 11 juin prochain. Il conclura le 18 juin les travaux de sa première année d'existence.


Déclarations liminaires

M. LUIS ALFONSO DE ALBA, Président du Conseil des droits de l'homme, a souligné que la présence de la Présidente du Chili devant le Conseil offrait à celui-ci l'occasion d'enrichir sa perception des questions et des tâches dont il a été chargé. M. de Alba a exprimé à Mme Bachelet, à la fois en tant que Président du Conseil et en tant que Latino-Américain, une profonde reconnaissance pour sa longue trajectoire en tant que défenseur des droits de l'homme, suivie avec courage, ténacité et une inépuisable volonté de venir en aide à ceux qui en ont besoin le plus. Tous savent la souffrance que Mme Bachelet et sa famille ont subi suite aux événements qui ont provoqué la chute du régime civil au Chili, événements qui allaient mobiliser la communauté internationale et, concrètement, la Commission des droits de l'homme des Nations Unies, pour y réagir de manière décisive.

C'est pourquoi la présence devant le Conseil de la Présidente chilienne revêt une importance toute particulière, a poursuivi le Président du Conseil : «en votre personne se conjuguent la perspective des victimes, des défenseurs des droits de l'homme et d'autorités publiques engagées dans la défense de tous les droits de l'homme». Le Président du Conseil s'est déclaré convaincu que cette richesse sera source privilégiée d'inspiration pour les travaux du Conseil. Enfin, M. de Alba a remercié la Présidente du Chili pour sa présence devant le Conseil dans cette étape cruciale de sa construction institutionnelle.

M. SERGEI ORDZHONIKIDZE, Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève,
a estimé que la visite de la Présidente au Palais des Nations est une preuve du fort attachement du Chili au multilatéralisme en tant qu'élément essentiel d'une démocratie en plein essor. La transition pacifique du Chili vers la démocratie, sa disposition à se confronter à son passé et à en tirer les leçons, et à œuvrer à la réconciliation en mettant fin à l'impunité apportent autant d'enseignements pour les pays de la région et du monde entier.

La présence de Mme Bachelet parmi nous apporte le témoignage de son engagement personnel et de celui du peuple chilien et s'inscrit dans ses efforts pour contribuer à promouvoir et protéger les droits de l'homme et faire progresser l'état de droit et la démocratie dans le monde, a poursuivi M. Ordzhonikidze. Elle constitue également une confirmation du soutien du Chili à la poursuite de la réforme et du renforcement des Nations Unies. Le Conseil est lui-même une incarnation de ces efforts de réforme, et la présence de Mme Bachelet, en tant que championne éloquente et courageuse des droits de l'homme et de la démocratie, est un signe de confiance en ce nouvel organe des Nations Unies et la marque d'un engagement politique pour assurer qu'il remplira ses promesses.

MME LOUISE ARBOUR, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, a déclaré qu'alors que le Conseil des droits de l'homme s'apprête à célébrer son premier anniversaire, la présence de la Présidente Bachelet rappelle de manière très forte que l'oppression et les violation des droits de l'homme peuvent être surmontés. Mme Bachelet est également une source d'inspiration; elle a montré par l'exemple la nécessité de réaffirmer sans cesse l'ensemble des droits de l'homme: droits politiques et civils, et économiques, sociaux et culturels, ainsi que l'égalité et la non-discrimination. Lors de la session inaugurale du Conseil l'an dernier, le Chili avait souligné que les mécanismes internationaux des droits de l'homme avaient eu un rôle décisif pour aider le pays à surmonter la période sombre de son histoire. Après que la défaite de la tyrannie, le système international a continué d'aider les gouvernements démocratiques chiliens à s'acquitter de leurs engagements en matière de droits de l'homme. Les victimes de violations d'aujourd'hui n'en attendent pas moins du Conseil des droits de l'homme. Ils comptent que le Conseil défendront leurs aspirations, qu'il les aidera à rétablir le respect des droits de l'homme, l'état de droit et la justice, et qu'il veillera sans relâche à promouvoir un accès adéquat aux ressources, à l'alimentation, au travail, au logement, à l'éducation et à la santé pour tous, équitablement et sur un pied d'égalité.

Mme Arbour a rappelé que l'impunité et la discrimination sont encore répandues. La protection des plus vulnérables, notamment les femmes et les fillettes, les populations autochtones, les minorités et les pauvres, revêt une importance primordiale pour les travaux du Conseil, pour tous les États membres des Nations Unies, pour les institutions nationales des droits de l'homme et pour la société civile. L'expérience de Mme Bachelet témoigne que la réalisation de tous les droits de l'homme exige des principes fermes, du courage, de la détermination et un engagement constant.



Allocution de la Présidente du Chili

MME MICHELLE BACHELET, Présidente du Chili, a rendu hommage aux nombreux Chiliens qui sont morts pendant la période la plus triste de l'histoire républicaine du pays, aux familles des victimes, à ceux qui cherchent encore les dépouilles des détenus disparus. Elle a affirmé dans ce cadre son engagement déterminé en faveur de la la cause des droits de l'homme partout dans le monde. La question des droits de l'homme fait maintenant partie de l'âme du Chili, c'est pourquoi le pays a un engagement inconditionnel en faveur de la défense de la vie et de la dignité humaines partout où on y porte atteinte. C'est également pour cette raison que la Présidente du Chili ne pouvait manquer de rendre visite au Conseil des droits de l'homme, car à l'époque la plus sombre du pays, la communauté internationale a toujours été présente, et la Présidente a exprimé sa reconnaissance aux Nations Unies, notamment au Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Chili, M. Abdoulaye Dieye, du Sénégal, nommé en 1979, et aux Rapporteurs spéciaux qui lui ont succédé. Sa tâche, et peut-être sa seule présence lors de chacune de ses visites, a été toujours cruciale et décisive pour sauver des vies, pour modérer des conduites, et plus important encore, pour donner un rayon d'espoir à ceux qui souffraient au moment le plus terrible du désespoir. Mme Bachelet a tenu à souligner l'héritage positif laissé par la Commission des droits de l'homme, notamment les procédures spéciales, qui ont constitué la pierre angulaire de l'actuel système de promotion et de protection des droits de l'homme. Ce n'est pas pour autant que, dans la pratique, cessent de se produire des violations. Mais la démocratie et les droits de l'homme sont devenus des valeurs incontestées en tant que principes moraux.

Dans un monde touché par de grandes turbulences qui peuvent mener à de nouvelles atrocités, nombreux sont ceux qui observent avec espoir et inquiétude la tâche que le Conseil peut accomplir pour assurer une protection plus effective des droits de l'homme, a poursuivi Mme Bachelet. Dans cette nouvelle étape, la création d'un ordre international plus juste et plus humain ne sera possible que si nous plaçons au centre du débat le respect de la dignité de la personne humaine, quelle que soit sa religion, le groupe ethnique auquel elle appartient, sa condition sociale, son appartenance politique. Le Chili adhère entièrement au concept selon lequel les droits de l'homme constituent l'un des piliers fondamentaux de la tâche de l'ONU en ce XXIe siècle, tout comme le développement économique et social, la paix et la sécurité. Prétendre aujourd'hui assurer le développement et la croissance sans prendre en compte le caractère central de la dignité humaine, non seulement est moralement répréhensible et porte atteinte à d'importantes valeurs partagées par l'humanité, mais en outre, est indéfendable à long terme, comme on a pu le constater dans tant de conflits du monde d'aujourd'hui.

Le Chili a activement promu cet esprit et cet engagement depuis qu'il a retrouvé la démocratie en 1990, et a réalisé des progrès qu'il aurait cru impensables, a souligné la Présidente. La société chilienne est parvenue à connaître et à accepter la vérité : qu'au Chili presque quatre mille personnes ont disparu ou ont été exécutées et que des dizaines de milliers ont été torturées par des organismes de l'État. Le pays a avancé pour ce qui est de la vérité mais aussi en matière de justice. Aujourd'hui, les principaux coupables des violations aux droits de l'homme font face à des jugements devant les tribunaux et beaucoup d'entre eux purgent des peines de prison. Une motion est actuellement devant le Parlement pour déclarer inapplicable l'amnistie et la prescription pour les crimes contre l'humanité. Parce qu'en tant que pays, nous avons décidé que la mémoire de milliers de personnes ne saurait admettre de point final. Mais nous regardons aussi vers l'avenir, a affirmé Mme Bachelet, qui a souligné les efforts menés pour concilier vérité et justice; avenir et mémoire; sanction et réparation, sans porter atteinte à la paix sociale. «L'éthique des droits de l'homme est le legs que cette génération de Chiliens - ma génération - veut laisser aux générations futures», a déclaré la Présidente chilienne, qui a insisté sur l'accent qui a été mis sur l'éducation et sur la récupération de la mémoire, pour que jamais plus ne se produisent au Chili les atrocités vécues au cours de cette période.

La Présidente chilienne a ensuite rendu compte des mesures institutionnelles qui ont été prises pour assurer la protection, le respect et la promotion des droits de l'homme fondammentaux de tous les Chiliens, indiquant notamment, s'agissant des peuples premiers, que le pays a adopté diverses mesures fondées sur les principes de développement et d'identité. Un processus de dialogue vient de s'achever qui a impliqué des milliers de communautés autochtones dans tout le pays, qui a permis d'établir un programme de travail très concret visant notamment le renforcement des formes de participation des peuples autochtones et des politiques en faveur de la femme autochtone, de l'éducation et de la culture. Mme Bachelet a ajouté que les observations reçues de divers organismes sur les questions autochtones au cours des dernières années ne sont pas consédérées par les autorités comme une menace mais comme une aide importante aux gouvernements démocratiques qui se sont succédés pour assurer la jouissance effective des droits de l'homme à tous les habitants du pays.

S'agissant de la création du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, la Présidente du Chili a estimé que le système institutionnel international des droits de l'homme peut faire une grande différence pour protéger les victimes de violations des droits de l'homme. Le Chili espère qu'un accord sera rapidement trouvé sur le mécanisme d'examen périodique universel, qui permettra d'examiner le bilan des droits de l'homme de tous les pays, sans discrimination ou sélectivité. Pour remplir son objectif, l'examen devra concerner tous
les droits de l'homme dans tous les pays, être efficace et effectif dans la promotion et la protection des droits de l'homme du point de vue des victimes, et doit être un exercice participatif incluant États, experts, organisations non gouvernementales, organismes intergouvernementaux, et institutions nationales.

Mme Bachelet a conclu en soulignant que même la plus brutale des forces ne peut rien contre la dignité humaine. C'est une force vive, vigoureuse, qui ne plie devant rien.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC07034F