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CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ONU AU PALAIS DES NATIONS LE 2 JUILLET 2007 (transcription)

Conférences de presse

Le Secrétaire général: Bonjour, chers amis de la presse.

Je suis ravi d’être de retour à Genève. C’est la deuxième fois que je me trouve à Genève en ma qualité de Secrétaire général, mais c’est la première fois que je participe au débat de haut niveau du Conseil économique et social, où j’ai dévoilé le rapport sur les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pour 2007.

C’est avec plaisir que j’ai inauguré la Foire aux innovations. J’ai été en particulier très impressionné par les efforts des ONG pour faire des OMD une réalité grâce à des partenariats publics et privés.

Comme je l’ai mentionné dans mes remarques au Conseil économique et social, nous sommes à mi-parcours de l’horizon 2015 fixé pour la réalisation de ces objectifs et il importe au plus haut point que nous dressions un bilan et déterminions ce qu’il reste à faire pour y parvenir.

Pour la première fois, nous pouvons illustrer par des statistiques les progrès significatifs réalisés depuis que les objectifs ont fait l’objet d’un accord en 2000. Permettez-moi de vous donner quelques exemples.

Le nombre de personnes extrêmement pauvres vivant avec moins d’un dollar par jour a diminué, passant de 1 milliard 250 millions en 1990 à environ 980 millions en 2004, en dépit d’une forte augmentation de la population totale.

Et la proportion d’enfants fréquentant l’école primaire a augmenté, passant de 80 % en 1990 à 88 % en 2005.

On a fait aussi de grands progrès en matière de mortalité infantile grâce aux interventions ciblées sur la rougeole, la tuberculose, la dysenterie et le paludisme. Je suis très encouragé par ces statistiques.

Et bien qu’il soit peu probable que nous réalisions tous les OMD dans toutes les régions − particulièrement en Afrique subsaharienne −, ils sont encore réalisables partout si nous travaillons dur en ce sens. Les pays donateurs comme les pays en développement doivent tenir leurs promesses.

J’espère que les discussions qui auront lieu dans les jours à venir donneront une réelle impulsion à l’action menée pour atteindre les objectifs avant 2015 et je suis déterminé à ce que l’on avance dans ce domaine.

Mesdames et Messieurs, cela fait aujourd’hui six mois que j’exerce les fonctions de Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies. Permettez-moi de saisir cette occasion pour vous parler de certaines de mes autres préoccupations, dont je ferai également part à vos collègues de New York.

Je pense que nous sommes arrivés à un tournant dans mes premières propositions de réforme du maintien de la paix par l’ONU. En effet, l’Assemblée générale a approuvé vendredi l’essentiel de mon plan de renforcement de la capacité de l’Organisation à gérer et soutenir nos opérations de maintien de la paix. Telles qu’adoptées par l’Assemblée générale, ces propositions prévoient une restructuration du Département des opérations de maintien de la paix, la création d’un département de l’appui aux opérations hors Siège distinct, dirigé par un secrétaire général adjoint, et une augmentation substantielle des ressources au niveau opérationnel. Ceci est d’une importance vitale car nous devons satisfaire des demandes croissantes qui pèsent sur des capacités déjà sollicitées à l’excès, et tant de vies dépendent de notre capacité d’action. L’Assemblée générale a aussi approuvé ma proposition visant à restructurer le Bureau du désarmement, en créant un nouveau poste de haut représentant du Secrétaire général pour le désarmement et la non-prolifération. Le fait d’avoir réalisé ces réformes capitales en six mois seulement est pratiquement sans précédent à l’Organisation des Nations Unies et je remercie sincèrement les États Membres du ferme soutien qu’ils ont apporté à mes propositions.

C’est au Darfour (Soudan) que notre capacité d’action est le plus mise à l’épreuve. Sur ce sujet, je juge encourageant l’accord récemment conclu entre le Gouvernement soudanais, l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies sur le déploiement futur d’une opération hybride au Darfour. Vendredi, le Département des opérations de maintien de la paix a entamé des consultations avec les pays susceptibles de fournir des troupes et des forces de police. Dans l’intervalle, il est vital que les troupes africaines − la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) actuellement déployée sur le terrain jusqu’en décembre prochain − reçoivent les ressources financières dont elles ont cruellement besoin pour protéger et aider la population du Darfour.

Ceci nous amène à aborder un autre défi majeur. Du Darfour aux îles menacées du Pacifique et au-delà, j’ai tenté de mettre en garde contre les dangers du changement climatique. Le temps presse. Afin de galvaniser les volontés politiques et de coordonner des mesures concrètes avant les négociations qui se tiendront à Bali en décembre, j’ai nommé trois envoyés spéciaux avec lesquels je prépare activement une réunion de haut niveau prévue pour le 24 septembre à New York.

Pour ce qui concerne les efforts que nous déployons au Moyen-Orient, je m’inspire des résolutions pertinentes de l’ONU et je suis profondément engagé dans la recherche d’une solution durable. Je sais que la presse nourrit un vif intérêt pour de nombreux domaines − les droits de l’homme et de nombreuses questions politiques. Mesdames et Messieurs, je vais maintenant répondre à vos questions, sur le Conseil économique et social, les objectifs du Millénaire pour le développement ou toute autre question que vous jugerez bon de me poser. Mais avant cela, je tiens à vous faire savoir que je me rendrai à Rome (Italie) dès demain, pour deux jours, afin de participer à la conférence internationale sur la justice et l’état de droit en Afghanistan, et que je reviendrai mercredi après-midi pour passer plus de temps sur une autre partie importante des débats de la présente conférence. Merci beaucoup.

Question: Monsieur le Secrétaire général, merci d’être venu. Je voudrais simplement vous poser une brève question à propos du commentaire que vous avez fait sur le changement climatique et l’importance qu’il y a à s’attaquer à ce problème. Dans un rapport publié récemment, on note que la Chine est désormais devenue le plus grand responsable d’émissions de gaz à effet de serre du monde. Je me demande, eu égard à cela, si le rôle de la Chine ne devrait pas être réévalué pour ce qui concerne les engagements contraignants à prendre en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Merci.

Le Secrétaire général: Il est exact que la Chine, l’un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, devrait être une partie prenante aux efforts conjoints de la communauté internationale pour traiter ces problèmes de changement climatique. J’ai été encouragé lorsque j’ai participé au sommet du G-8 à Heiligendamm (Allemagne) au début du mois dernier, car le Président chinois a lui aussi pris tout à fait clairement l’engagement de participer et de coopérer pleinement avec la communauté internationale. Il me semble donc naturel de compter que les principaux pays émetteurs, comme la Chine, le Brésil et l’Inde, concentrent leurs propres efforts pour participer activement à l’action conjointe de la communauté internationale en cours.

Question: Monsieur le Secrétaire général, il y a quatre semaines, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Asha-Rose Migiro, a publié un rapport sur l’Afrique et les objectifs du Millénaire pour le développement qui était bien plus pessimiste que celui que vous avez dévoilé aujourd’hui. Elle dit par exemple qu’aucun pays d’Afrique, même parmi les mieux gouvernés du continent, n’a pu faire de progrès suffisants. C’est pourquoi l’on peut se demander quel est le rapport valable: ce rapport ou le vôtre? Et deuxièmement, si vous le permettez, les appels que vous lancez aux pays industriels sont plutôt vagues. Votre prédécesseur, Kofi Annan, dans son rapport de 2005 à l’Assemblée générale, a décrit très précisément ce que les pays industriels devraient faire pour aider à atteindre les OMD. Il a proposé de fixer une date butoir pour atteindre l’objectif consistant à consacrer 0,7 % du PNB à l’APD. Il a demandé expressément que l’on améliore l’accès aux marchés de ce que l’on appelle les pays les moins avancés, il a cité des chiffres précis en matière d’accroissement des fonds consacrés à la lutte contre le sida, et il a appelé à l’abolition des subventions agricoles. Ma question est donc la suivante: est-ce que vous maintenez encore ces demandes très spécifiques de votre prédécesseur? Et quel est votre message aux pays industriels qui n’ont produit aucun délai précis au sommet récent du G-8?

Le Secrétaire général: Il est exact que de nombreux pays africains sont mal engagés. Cependant, de nombreux autres pays africains font des progrès substantiels dans la réalisation des OMD. Je crois que ces objectifs sont réalisables si les pays s’engagent à pratiquer la bonne gouvernance et à rendre des comptes, et s’ils reçoivent une assistance financière et technique suffisante de la part des pays développés. Quant à ceux-ci, il est également fort nécessaire, souhaitable, qu’ils tiennent leurs engagements. Le G-8 s’est engagé en 2005 à doubler son aide et j’espère que les pays du G-8 auront à cœur d’honorer cet engagement. Au cours de leur dernier sommet en Allemagne, les pays du G-8 ont promis de dégager 60 milliards de dollars des États-Unis pour s’attaquer à toutes ces maladies. Nous avons travaillé à réduire et alléger la dette des pays africains. Toutes ces statistiques montrent, comme j’en ai rendu compte dans mon rapport de 2006, qu’il existe une tendance à une participation croissante de nombreux pays et nous voyons une tendance positive dans les statistiques relatives à la réalisation des OMD. Il est très important que tous les pays, les pays en développement comme les pays développés, apportent leur propre contribution, mais surtout les pays développés, sans trahir leur engagement de consacrer 0,7 % de leur PNB à l’APD avant 2015. Par ailleurs, ils devraient prendre les mesures nécessaires, par exemple pour aider à ouvrir leurs marchés, et cet «échange de commerce contre de l’aide» serait l’une des bonnes façons de faciliter et d’encourager leur croissance économique durable. Cela étant, j’inviterai les dirigeants des pays en développement à inscrire les objectifs du Millénaire pour le développement dans les priorités de leur politique nationale.

Question: Monsieur le Secrétaire général, comme vous l’avez dit, vous rencontrez demain le Président Karzaï. Qu’attendez-vous de cette rencontre, d’autant qu’aujourd’hui l’Afghanistan est le producteur principal d’héroïne, ce qui est aussi un problème global?

Le Secrétaire général: Comme vous le savez déjà, j’ai effectué une brève visite en Afghanistan avant de venir à Genève. L’objet de ma visite en Afghanistan était de recueillir des informations de première main, ainsi que de m’entretenir avec les dirigeants afghans à Kaboul avant de participer à la conférence internationale sur la justice et l’état de droit en Afghanistan, à Rome. Pour commencer, j’ai eu de très bons entretiens avec les dirigeants afghans et le commandant de l’OTAN-FIAS, de même qu’avec notre propre équipe des Nations Unies, qui ont été très fructueux. Je suis encore très préoccupé et attristé par la violence qui persiste et plus particulièrement par les pertes que subit la population civile. J’ai demandé instamment aux dirigeants afghans ainsi qu’aux commandants militaires d’éviter les pertes civiles au cours de leurs opérations militaires. Il faut le répéter, la culture du pavot, l’opium, crée un grave problème que le Gouvernement afghan ne peut pas contrôler, car il ne peut gérer tous ses programmes socioéconomiques et il doit faire un effort considérable, au plan national, pour éliminer la corruption dans son propre pays. J’ai fait une demande pressante au Président Karzaï et, parallèlement, l’Organisation des Nations Unies travaille en coordination étroite avec les pays occidentaux pour que les sources de revenu de substitution nécessaires soient fournies aux agriculteurs qui cultivent ces pavots. Même si les progrès ne sont pas très satisfaisants, il s’agit d’une action continue de l’ONU, dirigée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à Vienne et menée aussi en coopération avec l’OTAN et les pays occidentaux, qui a pour but de leur fournir les sources de revenu agricole dont ils ont besoin.

Question: Monsieur le Secrétaire général, concernant le Darfour, vous avez réussi en premier recours avec l’acceptation de la force hybride; mais vous avez participé tout récemment à Paris à une réunion où l’Afrique était absente et le Président Al-Bachir a critiqué certains pays européens qui ne seraient là que pour leurs propres intérêts. Pensez-vous que le Président Al-Bachir est doté d’une bonne volonté pour régler ce problème du Darfour? Une deuxième question, si vous le permettez Monsieur le Secrétaire général: les pays d’Afrique demandent dans le cadre de la réforme de l’ONU que certaines agences des Nations Unies soient délocalisées en Afrique. Est-ce que vous êtes pour cette proposition? Je vous remercie.

(L’intervenant est prié de répéter la deuxième partie de sa question): Oui, avec plaisir. Monsieur le Secrétaire général, je disais qu’il y a des pays d’Afrique qui demandent à ce que les Nations Unies, dans le cadre de la réforme, délocalisent certaines organisations, qu’elles prennent pied en Afrique, d’autant plus que l’on sait que la majorité de vos actions concernent le continent africain. Je vous remercie.

Le Secrétaire général: J’ai déclaré publiquement à maintes reprises que la question du Darfour était celle à laquelle mon administration accordait le rang de priorité le plus élevé, et je pense qu’au cours des six derniers mois nous avons fait des progrès − lents, mais crédibles et importants − dans la solution de ce problème. Les habitants du Darfour ont trop souffert et la communauté internationale a attendu trop longtemps. Il est grand temps de prendre les mesures nécessaires et j’espère que le Gouvernement soudanais sera fidèle à ses engagements. Il est encourageant de voir que l’ONU et l’Union africaine ont réussi ensemble à s’entendre avec le Gouvernement soudanais sur l’organisation d’une opération hybride. Comme je l’ai déjà dit, nous avons commencé à nous entretenir avec les pays qui pourraient fournir des troupes, afin d’accélérer les choses. Le Président Bachir a pris des engagements fermes au cours des entretiens téléphoniques qu’il a eus avec moi et pendant les réunions bilatérales. J’espère qu’il les honorera comme il me l’a assuré. Il a dernièrement fait preuve d’une certaine souplesse à propos de la question du Darfour. L’important maintenant est d’intensifier le processus politique. Mon envoyé spécial, M. Jan Eliasson, et celui de l’Union africaine, M. Salim A. Salim, n’ont ménagé aucun effort pour faire avancer ce processus. On peut dire qu’il y a quatre principaux moyens de s’attaquer au problème du Darfour. Le premier est, bien entendu, l’assistance humanitaire. Le deuxième, ce sont les opérations hybrides, en l’occurrence des opérations de maintien de la paix des Nations Unies visant à assurer la sécurité au Darfour. Le troisième est le processus politique. Il y a un accord de paix global et un accord de paix sur le Darfour, qui doivent être appliqués dans le cadre de ce processus général. Et il importe aussi d’offrir au peuple et au Gouvernement soudanais, au terme de ce plan de marche, la perspective encourageante d’un programme de développement visant à reconstruire le Darfour et le Soudan. Voilà les quatre moyens qui ont été reconfirmés récemment à Paris où le groupe de contact élargi des ministres des affaires étrangères s’est réuni sous les auspices du Gouvernement français et du Président Sarkozy. Même si l’Union africaine a été contrariée de ne pas avoir été pleinement consultée à l’avance, et si le Gouvernement soudanais n’a pas participé. Celui-ci a de nouveau fait clairement savoir à la fin de cette réunion qu’il ne s’y opposait pas. Nous avons décidé de tenir une nouvelle réunion en septembre à New York, sous ma conduite et celle du Président de la Commission de l’Union africaine. Nous y travaillons actuellement et mettons tout en œuvre pour progresser dans ce domaine.

Quant à la deuxième question, je pense que l’ONU dispose de maints cadres, institutions et mécanismes importants pour faire face aux problèmes africains. J’ai bien précisé que ces problèmes avaient pour moi, en tant que Secrétaire général, la priorité absolue. Je me suis rendu dans des pays d’Afrique, j’ai rencontré beaucoup de gens et j’ai nommé vice-secrétaire générale une éminente Africaine. Je m’apprête également à nommer d’autres personnalités africaines à des postes de direction. Et je ne ménage aucun effort pour accroître la capacité de l’ONU de mobiliser des ressources politiques et financières pour l’Afrique en faisant appel à la communauté internationale.

Question: Monsieur le Secrétaire général, des ONG viennent juste de lancer une campagne très importante contre la faim auprès des gouvernements et de la société civile. Elles ont comparé les statistiques fournies dans votre rapport et celles qui proviennent des populations touchées et affirment que ce rapport témoigne d’un recul et non d’un progrès. Pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez?

Le Secrétaire général: À propos des statistiques figurant dans mon rapport? Certes, les statistiques fournissent des indications précieuses pour l’élaboration des politiques nationales, régionales, intergouvernementales ou onusiennes. Je leur accorde donc beaucoup d’importance. Elles sont fondées sur l’expérience de spécialistes et dépendent aussi en grande partie des statistiques nationales. Quand on n’a pas de statistiques exactes et correctes, on se fonde normalement sur des estimations nationales. Nous aimerions que les statistiques soient aussi précises que possible, mais il faut bien voir que dans beaucoup de pays africains ou de pays en développement, certaines ne sont pas toujours disponibles. Il y a quelques années, on a établi un plan d’action de Marrakech concernant les statistiques. Nous veillons constamment à avoir des statistiques aussi justes que possible. Mais je vous assure que vous pouvez avoir confiance dans les statistiques fournies par l’ONU et d’autres organisations internationales et régionales concernant les politiques de développement et en particulier les objectifs de développement du Millénaire.

Question complémentaire: Je ne me suis peut-être pas bien exprimé. Je me permets donc de reformuler ma question. Partagez-vous l’opinion selon laquelle le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté et les États n’arrivent pas à résoudre le problème de la faim dans le monde?

Le Secrétaire général: Je vous ai dit que le nombre de personnes totalement démunies, c’est-à-dire celles qui vivent avec moins d’un dollar par jour, a diminué entre les années 1990 et 2005.

Question: Monsieur le Secrétaire général, concernant le Kosovo, pensez-vous que les choses avancent sur la scène internationale entre l’ONU, les Américains et les Russes, pour définir plus vite le statut du Kosovo proposé par M. Ahtisaari? Même hier, M. Bush a rencontré M. Poutine, le Président russe, concernant le Kosovo. Merci.

Le Secrétaire général: Le Kosovo est une question très importante qui préoccupe au plus haut point la communauté internationale. Comme vous le savez, mon envoyé spécial, M. Ahtisaari, a présenté ses recommandations sur le futur statut du Kosovo et je les soutiens sans réserve. Ces recommandations, qui sont le fruit de longues négociations avec toutes les parties concernées, reflètent les vues des principaux acteurs de la communauté internationale et jettent de bonnes bases pour l’avenir du Kosovo. Il n’est pas dans l’intérêt de la paix et de la sécurité dans les Balkans ni dans celui des pays européens de différer plus longtemps leur application. Je me suis engagé avec les dirigeants de principaux pays à régler cette question. Malheureusement, les membres du Conseil de sécurité n’ont pas encore réussi à se mettre d’accord, même si la plupart conviennent que les recommandations offrent de bonnes perspectives pour l’avenir du peuple kosovar. La question qui se pose est de savoir comment le Gouvernement russe votera, car il a le droit de veto. J’espère sincèrement que la réunion au sommet qui se déroule actuellement dans le Maine, aux États-Unis, entre le Président Poutine et le Président Bush permettra de trouver une bonne solution. Certains ont fait des propositions pour faciliter les choses. Par exemple, le Président Sarkozy a proposé une clause «d’entrée en vigueur différée» prévoyant une pause de 120 jours pour de plus amples consultations et après les 120 jours un délai traditionnel. J’espère que toutes ces idées souples et créatives jetteront les bases de consultations aboutissant à une solution satisfaisante pour tous, car il s’agit là d’une question très importante qui a des incidences sur la paix et la sécurité mondiales. Merci beaucoup.

Question: Monsieur le Secrétaire général, pourriez-vous donner des précisions? J’ai cru comprendre que le chef de l’Organisation maritime internationale vous avait demandé d’étudier la possibilité de lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes, qui fait obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire.

Le Secrétaire général: Je ne suis pas moi-même pleinement au courant de cette question. Peut-être vous répondrai-je plus tard personnellement.

Question: Monsieur le Secrétaire général, je sais bien que vous avez le devoir d’être optimiste, mais pensez-vous vraiment que les objectifs de développement du Millénaire pourront être atteints, en totalité ou en partie? Est-ce seulement une question d’argent ou non? En ce qui concerne tout particulièrement l’Afrique, elle a fait quelques progrès, mais quelles sont les perspectives? Croyez-vous que la pauvreté pourra vraiment être réduite de moitié au cours des années à venir?

Le Secrétaire général: Quand nos dirigeants se sont réunis et ont pris cet engagement historique en 2000, réaffirmé en 2005, je pense qu’ils étaient bien décidés à réussir et à faire des objectifs de développement du Millénaire une réalité, pour accroître et équilibrer la prospérité de la communauté internationale. Je crois que si nous agissons résolument et de façon concertée, nous y arriverons. C’est ce que j’ai souligné aujourd’hui dans ma déclaration à la séance plénière du Conseil économique et social. Les pays développés et les pays en développement ont des responsabilités communes, mais cette fois j’espère que les premiers joueront un rôle plus actif et que les seconds feront de ces objectifs leur priorité nationale. Pour cela, les dirigeants de ces deux groupes de pays doivent prendre des engagements fermes et faire preuve de détermination politique. Pour les pays en développement, comme je l’ai dit, la bonne gouvernance, la bonne gestion et l’application de règles et procédures démocratiques seront utiles. Éducation, assainissement. De nombreux pays industrialisés sont en passe d’atteindre leurs objectifs selon le calendrier prévu. Certains pays ont même dépassé l’objectif de 0,7 % du revenu national brut. J’espère que le but sera atteint d’ici à 2015, grâce à une action déterminée et à une ferme volonté politique.