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Mettre fin au mariage des enfants pour prévenir les grossesses chez les adolescentes

La grossesse chez les adolescentes est un phénomène mondial dont les causes sont clairement connues et qui a de graves conséquences sanitaires, sociales et économiques.
© UNICEF/Claudio Versiani
La grossesse chez les adolescentes est un phénomène mondial dont les causes sont clairement connues et qui a de graves conséquences sanitaires, sociales et économiques.
Pour prévenir les grossesses précoces, principale cause de décès chez les adolescentes de 15 à 19 ans, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) appellent notamment à mettre fin au mariage forcé des enfants, une pratique solidement ancrée dans certaines régions du monde.

Il s'agit là d'une des nouvelles lignes directrices publiées mercredi par l'OMS, qui préconise également une action rapide pour prolonger la scolarité des filles et améliorer leur accès aux services et à l’information en matière de santé sexuelle. Autant de facteurs essentiels, selon l'agence, pour réduire le nombre de grossesses précoces chez les adolescentes du monde entier.

« Pour s’attaquer à ce problème, il faut donc créer des conditions propices à l’épanouissement des filles et des jeunes femmes, en veillant à ce qu’elles puissent rester à l’école, être protégées de la violence et de la coercition, accéder à des services de santé sexuelle et reproductive qui respectent leurs droits, et faire de véritables choix pour leur avenir », a déclaré Pascale Allotey, directrice du département de santé sexuelle et reproductive à l’OMS.

Deux filles se maquillent dans une maison close de la ville de Tangail, au Bangladesh, où elles ont été vendues par un homme qui promettait de leur trouver du travail (2009).
Crédit photo : UNICEF/UNI91025/Noorani
Deux filles se maquillent dans une maison close de la ville de Tangail, au Bangladesh, où elles ont été vendues par un homme qui promettait de leur trouver du travail (2009).

21 millions d’adolescentes enceintes

Plus de 21 millions d’adolescentes tombent enceintes chaque année dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, dont environ la moitié de manière involontaire.

Les grossesses précoces ont des répercussions sur l’éducation des filles, leurs liens sociaux et leurs perspectives d’emploi. Elles peuvent créer des cycles de pauvreté intergénérationnelle qu’il est difficile de briser. Elles comportent également de graves risques pour la santé, notamment des taux relativement plus élevés d’infections et de naissances prématurées, ainsi que des complications dues à des avortements pratiqués dans de mauvaises conditions, liées au manque d’accès aux soins.

Les raisons des grossesses précoces sont variées et interdépendantes, allant de l'inégalité entre les sexes à la pauvreté, en passant par le manque d’opportunités et l’impossibilité d’accéder aux services de santé sexuelle. 

L’OMS signale également une forte corrélation avec le mariage des enfants : dans les pays à revenu faible et intermédiaire, 9 naissances chez les adolescentes sur 10 concernent des filles qui ont été mariées avant l’âge de 18 ans.

L’éducation pour lutter contre les grossesses

Si toutes les filles terminaient leurs études secondaires, les mariages d’enfants pourraient être réduits de deux tiers.

La ligne directrice recommande des efforts globaux pour fournir des alternatives viables aux mariages précoces en renforçant l’éducation, l’épargne et les perspectives d’emploi des filles. Si toutes les filles terminaient leurs études secondaires, l'OMS estime que les mariages d’enfants pourraient être réduits de deux tiers.

Pour les filles les plus exposées, la ligne directrice recommande d’envisager des mesures incitatives pour les encourager à terminer leurs études secondaires, telles que des allocations financières ciblées ou des programmes de bourses d’études. 

Les lignes directrices recommandent également l’adoption de lois interdisant le mariage avant l’âge de 18 ans, conformément aux normes relatives aux droits de l’homme, et l’engagement des communautés à prévenir cette pratique.

« Le mariage précoce prive les filles de leur enfance et a de graves conséquences sur leur santé », a déclaré Sheri Bastien, spécialiste de la santé sexuelle et génésique des adolescents à l’OMS. « L’éducation est essentielle pour changer l’avenir des jeunes filles ».

Il s’agit ainsi de lutter contre « les grandes inégalités entre les sexes qui continuent d’entraîner des taux élevés de mariages d’enfants et de grossesses précoces dans de nombreuses régions du monde ».

Une jeune fille de 16 ans qui a survécu à un enlèvement et à un mariage forcé en Ouganda.
UNICEF/Mathias Mugisha
Une jeune fille de 16 ans qui a survécu à un enlèvement et à un mariage forcé en Ouganda.

Une tendance au progrès

Les recommandations soulignent la nécessité de veiller à ce que les adolescents puissent accéder à des services de santé sexuelle et reproductive de haute qualité et adaptés à leurs besoins, y compris à des options contraceptives. 

Dans certains pays, le consentement d’un adulte est nécessaire pour accéder à ces services, ce qui constitue un obstacle important à leur utilisation.

Les jeunes filles qui tombent enceintes doivent également pouvoir accéder à des soins de santé de qualité et respectueux, pendant et après la grossesse, sans stigmatisation ni discrimination, ainsi qu’à des soins d’avortement sûrs.

Au niveau mondial, des progrès ont été réalisés dans la réduction des grossesses et des naissances chez les adolescentes. En 2021, on estime qu’une fille sur 25 a accouché avant l’âge de 20 ans, contre une sur 15, vingt ans auparavant.

Des disparités importantes subsistent. Dans certains pays, près d’une adolescente sur dix donne chaque année naissance à un enfant.