Fil d'Ariane

Gaza : l’ONU dénonce la multiplication des raids israéliens contre des hôpitaux

Le bombardement, dimanche, de l’hôpital al-Ahli a mis cet établissement de la ville de Gaza hors service. Dans une déclaration publiée lundi soir par son porte-parole, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a estimé que cette attaque portait « un coup sévère » à l’ensemble du système de santé gazaoui, déjà « dévasté » par un an et demi de guerre.
À peine deux jours plus tard, une autre frappe israélienne a touché, mardi, un hôpital de campagne koweïtien à Khan Younès, dans le sud du territoire, blessant plusieurs membres du personnel, dont deux infirmières, selon le ministère de la santé de Gaza et les travailleurs humanitaires présents sur place.
Notant les similarités entre les deux attaques, Sharon Birch, la porte-parole du Président de l’Assemblée générale de l’ONU, a rappelé lors d’un point de presse, à New York, qu’en vertu du droit international humanitaire, les blessés, les malades, le personnel médical et les établissements médicaux doivent être protégés.

Des hôpitaux saturés et endommagés
Jusqu’ici, l’hôpital d’al-Ahli était le principal établissement à Gaza pour la prise en charge des victimes de raids aériens, lesquels ont repris dans l’enclave depuis le 18 mars, suite à l’effondrement du cessez-le-feu conclu en début d’année entre Israël et le Hamas.
En attendant sa réouverture, qui pourrait prendre plusieurs semaines selon la direction de l’établissement, Mme Birch a indiqué que la plupart des blessés étaient désormais redirigés vers l'hôpital al-Shifa, également situé dans la ville de Gaza.
Or, ce dernier est complètement saturé, comme le sont, du reste, la plupart des centres de santé du territoire palestinien. « Nos collègues humanitaires indiquent qu’il reste très peu de lits disponibles dans les hôpitaux et que des patients sont pris en charge dans des tentes », a précisé Mme Birch.
Sur les 36 hôpitaux de Gaza, seuls 21 fonctionnent encore partiellement, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Presque tous ont été endommagés par des frappes à un moment ou à un autre du conflit, qui dure depuis le 7 octobre 2023.
Des stocks quasiment épuisés
Parallèlement, selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), aucune cargaison n’a été autorisée à franchir les points d’accès à l’enclave depuis le 2 mars dernier.
« Les stocks qui avaient pu entrer massivement pendant le cessez-le-feu sont désormais pratiquement épuisés », a alerté John Whyte, le directeur adjoint par intérim des opérations de l’UNRWA à Gaza, dans un entretien avec la radio irlandaise Newstalk.
L’agence, qui affirme avoir apporté un soutien psychosocial à plus de 211.000 personnes déplacées depuis le début du conflit, rapporte des témoignages glaçants.
« J’ai perdu ma mère, mon père et mon petit frère, celui avec qui je jouais », confie notamment Amir, un enfant de Gaza bénéficiant du soutien de l’UNRWA. « Nous avons énormément souffert dans cette guerre », ajoute-t-il.
Cauchemar humanitaire
Sur le plan humanitaire, l’étau se resserre sur les deux millions de Gazaouis. « Près de 70 % de Gaza est désormais sous le coup d’ordres de déplacement émis par Israël ou se trouve dans une zone interdite », précise notamment le porte-parole d’António Guterres. Concrètement, cela signifie que la plupart des résidents sont dans l’incapacité de se mettre en lieu sûr.
Sharon Birch indique que les entrepôts alimentaires sont presque vides et les matériaux de construction pour abris pratiquement introuvables.
La production d’eau est quant à elle en chute libre. Malgré tout, une lueur d’espoir subsiste : la semaine dernière, un générateur de secours a pu être installé à l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de Gaza, capable de produire vingt mètres cubes d’eau potable par heure.
Dans ces conditions, António Guterres a réaffirmé que l’ONU ne participerait à aucun mécanisme d’acheminement de l’aide contraire aux principes humanitaires fondamentaux : « humanité, impartialité, indépendance et neutralité ».
« Les civils doivent être respectés et protégés à tout moment et doivent disposer des produits de première nécessité pour survivre », a martelé le chef de l’ONU.