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Les communautés du nord de la Thaïlande privilégient la nature au profit

Des forêts denses recouvrent les montagnes du nord-ouest de la Thaïlande.
© UNU-EHS/Molly Ferrill
Des forêts denses recouvrent les montagnes du nord-ouest de la Thaïlande.
Les habitants des provinces de Mae Hong Son et de Tak, dans le nord-ouest de la Thaïlande, vivent depuis des siècles en harmonie avec la nature, dont ils dépendent pour leur subsistance.

Le peuple autochtone Karen et la communauté Lanna, en Thaïlande, sont préoccupés par les projets visant à détourner et construire des barrages sur le fleuve Yuam et ses affluents, projets qui risqueraient selon eux d’anéantir des années de gestion rigoureuse des ressources naturelles.

Des membres des deux communautés se sont entretenus avec une équipe de l'Université des Nations Unies à l’occasion de la publication du rapport « Interconnection des risques catastrophiques 2025 : tourner une nouvelle page », qui montre comment les catastrophes sont liées les unes aux autres et aux comportements humains.

Dans ce cadre, ils ont expliqué comment ils protègent leur mode de vie, qui valorise la terre et les cours d'eau bien au-delà de leur simple potentiel économique.

Singkarn Ruenhom

Pêcheur thaïlandais Lanna

Singkarn Ruenhom
© UNU-EHS/Molly Ferrill
Singkarn Ruenhom

« Je dépends principalement de la rivière pour mon activité professionnelle et je vais pêcher dans les environs. Que cela soit possible ou non, nous nous efforcerons de protéger la nature. Protéger les coquillages, les crabes et les poissons, telle est ma conscience.

Quand je me mets à l'eau, c'est un bonheur. 

Quand je me mets à l'eau, c'est un bonheur. J'ai le sentiment d'être rentré chez moi. Je suis fier de dormir dans une maison au bord de l'eau. J'entends le bruit de l'eau qui coule et je me sens chanceux, chanceux d'avoir la nature qui me berce et me nourrit.

Les villageois accordent plus d'importance à la nature qu'à l'argent. L'argent s'acquiert rapidement, puis disparaît, mais la nature nous accompagne toute notre vie.

Les villageois recensent actuellement les espèces de poissons de la rivière Ngao. D'après leurs observations, environ 70 à 80 % des espèces présentes dans la rivière Ngao ne se trouvent nulle part ailleurs. Pour moi, cela a une valeur inestimable. Notre culture est basée sur le respect. C'est comme si les crabes et les poissons, qui étaient autrefois nos amis, notre nourriture et les arbres que nous contemplions, étaient sur le point de disparaître.

Dao Phrasuk Moepoy

Activiste autochtone Karen

Dao Phrasuk Moepoy
© UNU-EHS/Molly Ferrill

Nos souvenirs de naissance sont liés à la rivière et à la forêt.

Nous dépendons de la forêt et de la rivière pour subvenir à nos besoins et gagner notre vie. Sans rivière, nous ne pourrions pas survivre. Nos souvenirs de naissance sont liés à la rivière et à la forêt. Aujourd'hui, ce que nous avons est suffisant et abondant. Nous ne voulons pas que quiconque détourne l'eau ou en change le cours. Nos vies ont toujours existé ainsi. Nous vivons avec la rivière. Nous voulons qu'elle coule librement.

Les forêts et les rivières qui nous entourent nous offrent l'abondance. Elles nous fournissent nourriture et vie presque toute l'année. Nous devons donc prendre soin des esprits et fantômes de la forêt et des rivières, et les nourrir.

Ma voix est celle des villageois et celle de la nature, car les villageois et la nature vivent ensemble, ils font partie intégrante de la nature. Si quelqu'un souhaite porter atteinte à la nature, il doit réfléchir attentivement et évaluer soigneusement s'il est juste de la détruire. Si la nature disparaît, elle le sera à jamais.

Nous ignorons combien d'années ni de générations il faudra pour la faire revivre. Nous ne pouvons pas calculer combien d'années chaque arbre mettra ».

Rapport sur les risques de catastrophe

Cette édition annuelle du rapport, « Interconnection des risques catastrophiques 2025 : tourner une nouvelle page », publié par l'Institut pour l'environnement et la sécurité humaine de l'Université des Nations Unies (UNU-EHS), conclut que redéfinir nos valeurs est l'un des cinq changements fondamentaux que l'humanité doit opérer pour évoluer vers un monde plus durable et plus résilient.