Aller au contenu principal

« Même la guerre a des règles » : l’ONU dénonce les attaques de civils en Ukraine

Deux femmes à proximité de leur domicile endommagé à Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.
© UNOCHA/Yurii Veres
Deux femmes à proximité de leur domicile endommagé à Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.
Après l’onde de choc provoquée la semaine dernière par la mort de neuf enfants dans un bombardement russe en Ukraine, le chef des opérations humanitaires de l’ONU a mis en garde, mardi, contre l'effondrement de la protection des civils ukrainiens face aux violations répétées du droit humanitaire.

Près de 13.000 civils, dont plus de 680 enfants, ont été tués depuis le mois de février 2022, date du début de la guerre totale menée par la Russie contre l’Ukraine. « Les civils paient un prix dévastateur pour ce conflit horrible », a déploré Tom Fletcher, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation dans le pays. 

Tom Fletcher, le chef des opérations humanitaires de l’ONU, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine.
UN Photo/Eskinder Debebe
Tom Fletcher, le chef des opérations humanitaires de l’ONU, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine.

C’est un bombardement meurtrier, survenu vendredi dernier dans la ville de Kryvyi Rih, dans la région centrale de Dnipro, qui a cristallisé l’indignation du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires. Selon les autorités locales, 18 personnes, dont neuf enfants, ont été tuées et 75 autres blessées dans l’incident. 

« Une aire de jeux pour enfants et une zone résidentielle voisine ont été touchées », a-t-il précisé. Il s’agirait, selon les Nations unies, de l’attaque la plus meurtrière contre des enfants depuis le début du conflit.

Souffrances des civils

Au-delà des chiffres, l’émissaire de l’ONU a mis en lumière les souffrances quotidiennes de millions d’Ukrainiens confrontés aux frappes, à l’exil, à la désintégration des services de base. Il n’est pas un secteur de la société ukrainienne qui ne soit affecté par la guerre. 

« Les femmes et les filles font face à une crise particulière », a notamment indiqué M. Fletcher, citant une forte augmentation des naissances prématurées et une explosion des violences domestiques, en hausse de plus de 36 %. 

Environ 3,7 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et 7 millions d’autres ont trouvé refuge au-delà des frontières ukrainiennes.

Violations du droit humanitaire

Tom Fletcher a également dénoncé l’impossibilité pour ses équipes de venir en aide à près d’1,5 million de personnes dans les zones occupées par la Russie, en violation du droit international humanitaire, qui exige un accès rapide et sans entrave aux civils affectés.

« Même la guerre a des règles », a-t-il martelé devant les membres du Conseil. « Si vos principes ne s’appliquent qu’à vos adversaires, alors ce ne sont pas des principes humanitaires ». 

De Gaza au Soudan, en passant par le Liban et le Myanmar, le haut responsable observe en effet une constante : « Le monde devient plus dangereux pour les civils, sous notre surveillance – sous votre surveillance ».

Seuls 17 % du budget humanitaire couvert

Face à la pénurie mondiale de financement de l'aide, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a appelé la communauté internationale à secourir l’Ukraine, où, à ce jour, seuls 17 % des 2,6 milliards de dollars nécessaires pour répondre aux besoins de la population en 2025 ont été réunis. 

Faute de ressources suffisantes, de nombreuses ONG, en particulier locales, se voient contraintes de réduire leurs activités.

« Si vous ne pouvez pas empêcher les attaques contre les civils – en Ukraine comme ailleurs – alors donnez-nous au moins les moyens de sauver ceux qui peuvent encore l’être », a-t-il imploré.

Une supplique, dans un monde où les règles de la guerre sont systématiquement ignorées.