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Syrie : la poursuite des violences dans le nord-ouest risque de dégénérer en conflit

Face à la poursuite des violences dans le nord-ouest de la Syrie, une commission d’enquête de l’ONU a averti, mardi, que les hostilités risquaient d’entraîner « un retour à un conflit plus généralisé ».

La Commission d'enquête internationale indépendante sur la Syrie est mandatée par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies pour recenser les violations du droit international commises dans le pays depuis mars 2011.

Le Président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie, Paulo Sergio Pinheiro. (archive)
Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Le Président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie, Paulo Sergio Pinheiro. (archive)

Devant le Conseil des droits de l’homme, le Président de la Commission, Paulo Sérgio Pinheiro, s’est dit préoccupé par les « violences extrêmes » qui auraient récemment causé des centaines de morts parmi les civils, selon les rapports, dans les provinces côtières de Lattaquié et de Tartous.

« Des témoins oculaires des récentes violences dans les régions côtières ont décrit comment ils ont vu des membres de leur famille et des voisins abattus sous leurs yeux, dans ce qui semble être des attaques de représailles visant d’anciens fonctionnaires du gouvernement et des membres de la communauté alaouite », a déclaré M. Pinheiro, ajoutant que l’enquête sur ces incidents se poursuit.

Lattaquié et Tartous sont en effet un bastion de la minorité alaouite, une branche de l’islam chiite dont est issu le clan de Bachar al-Assad, l’ex-dictateur syrien tombé le 8 décembre dernier.

Selon la presse, ces massacres de civils ont eu lieu dans le cadre d’affrontements violents dans les deux provinces entre des hommes armés fidèles au régime déchu d’al-Assad et les forces de sécurité des autorités syriennes de transition.

Discours incendiaires et haineux en ligne

En attendant, M. Pinheiro a déploré « un grand nombre de discours incendiaires et haineux », qui circulent en ligne en relation avec les récentes violences. « Cela risque d’attiser les tensions et la violence », a averti le juriste brésilien, tout en prenant note des « mesures urgentes » prises par les autorités intérimaires, y compris la mise en place d’une enquête indépendante sur ces événements récents.

Pour mettre fin à la violence actuelle, les enquêteurs de l’ONU prônent un « cessez-le-feu complet à l’échelle nationale », le désarmement et la réintégration des groupes armés, le maintien de l’ordre public et la fin de la présence d’armées étrangères sur le territoire syrien.

« On n’aurait jamais pu s’attendre à ce que les blessures infligées pendant des décennies de dictature et de violations des droits de l’homme, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité se referment rapidement », a reconnu M. Pinheiro.

Situation « volatile » dans le sud et nord de la Syrie

Outre ces violences dans les régions côtières, la situation dans le sud de la Syrie reste « volatile », marquée par une augmentation des attaques et incursions menées par Israël depuis le 9 décembre, ce qui déstabilise grandement le pays alors qu’il tente de guérir.

« Les ordres d’évacuation israéliens ont déplacé des civils dans la région rurale de Quneitra, apparemment sans raison militaire impérative et bien au-delà des lignes convenues dans l’accord de désengagement des forces de 1974. Des civils qui protestaient contre ces mesures auraient été abattus par les Forces de défense israélienne, et des victimes civiles ont également été signalées à la suite de frappes aériennes israéliennes sur d’anciens sites militaires du gouvernement ».

Plus au nord, l’Etat islamique intensifierait ses activités dans le centre et l’est de la Syrie et des milliers de personnes prétendument affiliées à Daech sont toujours détenues par les forces de défense syriennes, a détaillé la Commission, qui s’adresse la première fois au Conseil depuis la chute du régime Assad en décembre dernier.

Des abris temporaires sont alignés dans la zone rurale d'Alep, en Syrie. (archive)
© UNHCR/Hameed Maarouf
Des abris temporaires sont alignés dans la zone rurale d'Alep, en Syrie. (archive)

Situation économique et humanitaire « catastrophique »

Selon M. Pinheiro, cette évolution marque un nouveau départ pour le peuple syrien, qui a subi « des violences et des atrocités extrêmes au cours des 14 dernières années, voire plus ».

Les autorités intérimaires et les futures autorités syriennes ont donc l’occasion de tracer une « nouvelle voie ». Dans ce renouveau, il s’agit surtout de veiller à ce que les horreurs du passé et des dernières semaines ne se répètent jamais et de rétablir la confiance dans le respect de la beauté et de la diversité de la société syrienne.

« Le peuple syrien doit décider des mesures à prendre. Celles-ci pourraient prendre de nombreuses formes, notamment l’établissement de la vérité, la recherche des disparus, des réformes et des processus de responsabilisation », a fait valoir le Président de la Commission d’enquête, tout en rappelant la situation économique et humanitaire « catastrophique » de la Syrie.

Une détérioration de la situation humanitaire qui intervient dans un climat de baisse des financements de l’aide dans le monde. « On sait que le désespoir économique alimente la violence. Nous demandons d’urgence la fin de toutes les sanctions sectorielles et la suppression des autres obstacles au redressement et à la reconstruction », a plaidé M. Pinheiro.