Fil d'Ariane
Syrie : près de 60.000 réfugiés sont rentrés de la Turquie, Jordanie et Liban en trois semaines - HCR
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), il s’agit principalement de réfugiés rapatriés des pays voisins tels que le Liban, la Jordanie et la Turquie.
L’Agence onusienne estime que plus de 419.000 réfugiés syriens (26 % d’hommes, 28 % de femmes et 46 % d’enfants) sont rentrés en Syrie depuis le début de l’année, selon un décompte effectué le dimanche 29 décembre. La majorité d’entre eux sont rentrés à Ar-Raqqa (25 %), Alep (20 %) et Deraa (20 %).
Selon le HCR, un million de réfugiés syriens rentreront dans leur pays d’ici juin 2025. Leur nombre est estimé à six millions dans le monde, dont la moitié se trouve en Turquie.
Près de 486.000 déplacés sont retournés dans leur région d’origine depuis un mois
Par ailleurs, après le pic de 1,1 million de personnes déplacées le 12 décembre, près de 486.000 sont retournées dans leur région d’origine à la date du 27 décembre. Ce sont désormais plus de 664.000 personnes qui sont nouvellement déplacées à travers le pays depuis un mois, principalement à Idleb et Alep.
Dans le nord-est de la Syrie, quelque 25.000 déplacés internes se trouvent toujours dans plus de 180 centres collectifs, dont « la plupart manquent d’eau, d’installations sanitaires et d’intimité ».
Selon le groupe de coordination et de gestion des camps (CCCM), près de 12.000 personnes ont quitté les camps de déplacés dans le nord-ouest de la Syrie depuis le 3 décembre, soit une augmentation de 4.000 personnes depuis la mise à jour de la semaine dernière.
Ces derniers développements sur les mouvements de populations interviennent alors que les hostilités ont frappé le 27 décembre dernier près du village d’Al-Bogeleyyah à Deir-ez-Zor, à environ un kilomètre des bureaux de l’ONU, affectant une station d’eau dans le village de Theban. Deux jours plus tôt, le 25 décembre, un technicien aurait été tué dans l’exercice de ses fonctions à la suite d’attaques contre la station de pompage d’eau d’Al-Khafsa, dans le gouvernorat d’Alep.
Allégation sur des incursions israéliennes dans le gouvernorat de Quneitra
Face à cette situation, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note que l’approvisionnement en eau de la ville d’Alep à partir de cette station d’Al-Khafsa est suspendu depuis le 28 décembre.
En outre, « une augmentation notable de la criminalité », y compris des détournements et des enlèvements, a également été observée dans certaines parties d’Alep et des zones côtières au cours de la semaine dernière.
Dans le sud de la Syrie, les incursions israéliennes ont touché le gouvernorat de Quneitra. Le 25 décembre, au moins six civils, dont trois enfants, auraient été blessés lorsque les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des manifestants à Al-Suweisah et dans la ville de Big Duawaya.
« Ces informations sont issues de sources locales, mais les victimes n’ont pas été vérifiées par l’ONU. Au cours de l’incursion, les forces israéliennes auraient imposé un couvre-feu et demandé aux habitants d’évacuer la zone », a toutefois précisé l’OCHA.
Geir Pedersen espère se rendre en Syrie au début de l’année 2025
Par ailleurs, de nouveaux points de contrôle à Homs ont restreint les déplacements, limitant l’accès aux installations humanitaires telles que les espaces amis des enfants. Les manifestations dans la ville de Homs le 25 décembre ont fait des victimes, une personne aurait été tuée et cinq autres blessées, selon des sources locales.
C’est dans ce contexte que l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie continue d’insister sur la nécessité d’une transition dirigée par les Syriens dans ses discussions actuelles sur la voie à suivre pour le pays. Geir Pedersen indique avoir rencontré les autorités françaises, allemandes et russes, a souligné l’ONU lundi, relevant que le diplomate norvégien s’est également entretenu le week-end dernier avec le vice-ministre russe des affaires étrangères, Sergey Vershinin.
Au cours de toutes ces discussions, M. Pedersen a réitéré la pertinence des principes fondamentaux de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité de l’ONU, qui appelle à une réforme constitutionnelle, à des élections libres et équitables, et à un processus politique inclusif dirigé par les Syriens.
« Son message reste cohérent », a déclaré Florencia Soto Niño-Martinez, porte-parole associée de l’ONU, aux journalistes à New York. Elle a ajouté que l’Emissaire de l’ONU espère également se rendre en Syrie au début de l’année prochaine.
Triple menace pour la Syrie
En raison de l’instabilité de la situation sécuritaire, les opérations humanitaires restent suspendues dans les régions d’Alep, de Deir-ez-Zor, de Lattaquié et de Tartous,
Deir-ez-Zor, Lattaquié et Tartous. Les expéditions humanitaires de Damas vers la ville de Qamishli dans le gouvernorat d’Al-Hasakeh ont été temporairement interrompues.
Selon l’OCHA, l’insécurité a également affecté la scolarisation des enfants dans les zones rurales de Hama, Lattaquié, Quneitra et Tartous, ainsi qu’à Deir-ez-Zor où plus de 20 écoles ont été vandalisées ou pillées.
Certains centres collectifs de Qamishli connaissent de graves pénuries d’eau, tandis que la plupart d’entre eux ne disposent pas d’un approvisionnement en eau adéquat, d’installations sanitaires et d’intimité, et des rapports font état de femmes se sentant en danger.
À Alep, le barrage de Tishreen n’a pas fonctionné pendant 20 jours consécutifs depuis qu’il a été endommagé par les hostilités le 10 décembre, privant d’eau et d’électricité au moins 413 000 personnes à Manbij et à Kobani.
Outre l’insécurité persistante, la Syrie est également confrontée à une grave crise économique et humanitaire. Les partenaires ont fait part de leurs préoccupations croissantes concernant les liquidités financières, le déclin des services publics, y compris l’eau et l’électricité, ainsi que la flambée des prix des dérivés du pétrole et des transports.
50 tonnes de fournitures médicales pour le nord-ouest de la Syrie
Selon l’OCHA, il est donc urgent de remettre en état les infrastructures, notamment les routes, les réseaux électriques et les installations de services publics. En attendant, l’ONU et ses partenaires continuent de fournir une aide dans la mesure où les conditions de sécurité et de logistique le permettent.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ainsi coordonné le pont aérien humanitaire de l’Union européenne (UE), qui a permis de livrer 50 tonnes de fournitures médicales vitales, notamment des kits de chirurgie traumatologique et des médicaments essentiels, aux établissements de santé du nord-ouest de la Syrie.
À Deir-ez-Zor, Mayadeen et Tabni, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a réussi à éliminer plus de 4.000 tonnes de déchets solides et 5.000 tonnes de débris, créant ainsi 370 emplois d’urgence.
Plus de 1,7 million de personnes à travers la Syrie ont reçu de l’aide sous forme de pain au cours du mois dernier. Au total, plus de 265.000 personnes ont reçu des rations alimentaires et des repas chauds.