Aller au contenu principal

« Sous le froid, malades et traumatisés», le cauchemar en cours des enfants de Gaza (UNICEF)

La faim et la malnutrition, ainsi que les conditions de vie difficiles dans leur ensemble, continuent de mettre en danger la vie des enfants de Gaza, qui ont froid, mais sont aussi malades et traumatisés, ont alerté vendredi des agences des Nations Unies.

Alors que l’hiver est maintenant arrivé à Gaza, les enfants ont froid et sont obligés de marcher pieds nus, sous la pluie. Beaucoup portent encore des vêtements d’été. Le gaz de cuisson étant épuisé, beaucoup cherchent dans les décombres des bouts de plastique à brûler.

Les enfants ont froid et sont obligés de marcher pieds nus, sous la pluie. Beaucoup portent encore des vêtements d’été.

« Les maladies ravagent les petits corps des enfants tandis que les hôpitaux sont démunis et sans cesse attaqués », a informé depuis Amman (Jordanie), Rosalia Bollen, porte-parole de l’UNICEF, lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève.

Cette détérioration des conditions de vie des Gazaouis intervient alors que les soins de santé de l’enclave palestinienne sont « à genoux ».  

Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), les hôpitaux manquent de médicaments, de fournitures médicales et de personnel. Cette situation est aggravée par la poursuite d’une panne électrique quasi totale, qui rend les hôpitaux et autres infrastructures essentielles entièrement dépendants des maigres importations de combustible.

Louise Wateridge, de l’UNRWA, s’entretient avec des familles déplacées du nord de Gaza (novembre 2024)
UNRWA
Louise Wateridge, de l’UNRWA, s’entretient avec des familles déplacées du nord de Gaza (novembre 2024)

Gaza doit être l’un des endroits les plus déchirants sur terre pour les humanitaires

Comme pour aggraver les choses, l’enclave est pratiquement privé d’aide. En novembre, 65 camions d’aide sont entrés en moyenne dans la bande de Gaza, contre 500 camions par jour avant la guerre – et lorsque Gaza avait encore une capacité interne de production alimentaire.

La partie la plus septentrionale de Gaza est en état de siège depuis 75 jours. 

L’aide humanitaire n’a pas été en mesure de rejoindre les enfants dans le besoin pendant plus de 10 semaines. 

« Il y a des mesures immédiates que nous pouvons tous prendre aujourd’hui pour rendre la vie un peu plus supportable pour ces enfants », a ajouté Mme Bollen.

Actuellement, plus de 96 % des femmes et des enfants de Gaza ne peuvent pas satisfaire leurs besoins nutritionnels fondamentaux. La plupart survivent grâce à des rations de farine, de lentilles, de pâtes et d’aliments en conserve, un régime qui compromet lentement leur santé.

Pour l’UNICEF, Gaza doit être l’un des endroits les plus déchirants sur terre pour les humanitaires. Chaque petit effort pour sauver la vie d’un enfant est « anéanti par une dévastation féroce ».

Depuis plus de 14 mois, les enfants sont au bord du gouffre de ce cauchemar, avec plus de 14.500 enfants tués et des milliers d’autres blessés.

« La semaine dernière, j’ai rencontré Saad, cinq ans, qui a perdu la vue dans un bombardement et a subi une blessure à la tête et des brûlures. Quand je l’ai rencontré cette semaine, il m’a dit : 'J’avais les yeux bien plus grands que le ciel'. Pendant que nous parlions, un avion s’est envolé. Il se figea, criait et s’agrippait à sa mère. Voir ce garçon, récemment rendu aveugle, dans une si profonde détresse, était insupportable », a témoigné la porte-parole de l’UNICEF.

Chaque jour sans action vole un autre jour aux enfants de Gaza

À l’approche de la fin de l’année, une période où le monde s’efforce de célébrer la famille, la paix et la convivialité, la réalité pour plus d’un million d’enfants à Gaza est la peur, le dénuement absolu et des souffrances inimaginables. 

« La guerre contre les enfants à Gaza est un rappel flagrant de notre responsabilité collective. Une génération d’enfants subit la violation brutale de ses droits et la destruction de son avenir ».

Pour l’UNICEF, il faut désormais utiliser nos voix, notre capital politique et notre influence diplomatique pour pousser à l’évacuation des enfants gravement blessés et de leurs parents afin qu’ils quittent Gaza et cherchent des soins médicaux vitaux à Jérusalem-Est ou ailleurs. 

Chaque jour sans action vole un autre jour aux enfants de Gaza. Chaque retard coûte plus de vies. Les enfants de Gaza ne peuvent pas attendre.

« Cette guerre devrait nous hanter tous. Alors que nous sommes si nombreux à nous diriger vers les célébrations de Noël et du Nouvel An, entourés par tant de choses, prenons un moment pour penser à ces enfants qui ont si peu et qui continuent pourtant à en perdre plus, jour après jour. Utilisez votre pouvoir, utilisez votre influence pour faire pression en faveur d’un cessez-le-feu et de l’arrivée d’aide à grande échelle », a fait valoir Mme Bollen.

Une fillette de 11 ans est assise sur les décombres d'une maison à Rafah, au sud de la bande de Gaza.
© UNICEF/Eyad El Baba
Une fillette de 11 ans est assise sur les décombres d'une maison à Rafah, au sud de la bande de Gaza.

Près de 70 % des bâtiments ont été endommagés ou détruits

Pourtant les organisations humanitaires ont du mal à répondre aux besoins croissants en matière d’abris, dans un contexte de déplacements récurrents, d’accès limité aux fournitures et de prix élevés sur le marché local pour les articles destinés à l’hiver. En attendant, les Gazaouis ont vécu la nuit de jeudi à vendredi et tout au long de la matinée sous de « très fortes pluies ».

« Nous prévoyons d’autres fortes précipitations ici ce soir (vendredi) », a déclaré depuis Nuseirat (Gaza), Louise Wateridge, Responsable des secours d’urgence, à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Selon l’agence onusienne, il est impossible pour les familles de trouver un abri dans ces conditions. La plupart des gens vivent sous des toiles, ils n’ont même pas de structures étanches. En outre, près de 70 % des bâtiments de l’enclave palestinienne ont été endommagés ou détruits. « Il n’y a absolument aucun endroit où les gens peuvent se protéger de ces éléments », a ajouté Mme Wateridge.

« La certitude de l’hiver a été la seule chose que les Nations Unies ont pu prévoir. Et pourtant, nous n’avons pas encore été aidés pour apporter suffisamment de matériel d’hébergement aux populations, parce que nous avons dû donner la priorité à l’alimentation. Des femmes ont été écrasées à mort en attendant un morceau de pain », a-t-elle fait observer.