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RDC : la situation en Ituri et dans le Nord-Kivu reste préoccupante, selon l’envoyée de l’ONU

L’envoyée de l’ONU en République démocratique du Congo a souligné lundi devant le Conseil de sécurité les progrès réalisés pour faire revenir la stabilité dans l’est de la RDC mais a noté que la situation sécuritaire dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu reste préoccupante.

Bintou Keita s’est félicitée notamment de l’annonce par l’Angola d’un sommet des chefs d’Etat de la RDC et du Rwanda, le 15 décembre, à Luanda, « une opportunité de marquer des progrès significatifs dans la stabilisation de l’est de la RDC et de la région ».

« Je félicite la médiation angolaise pour ses efforts inlassables – et réitère la pleine disponibilité des Nations Unies à poursuivre son appui », a-t-elle dit lors de cette réunion du Conseil de sécurité à laquelle participait la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner. Elle a salué les récents progrès dans le processus de Luanda, qui vise à résoudre le conflit qui oppose la RDC et le Rwanda.

Bintou Keita a toutefois noté que la situation sécuritaire en Ituri et au Nord Kivu « reste préoccupante ».

Le groupe armé M23, non-signataire de l’accord de cessez-le-feu, a consolidé son occupation civile et militaire au Nord-Kivu. Aujourd’hui, il contrôle de vastes zones dans les territoires de Masisi, Rutshuru, Walikale, Nyiragongo et Lubero, un espace deux fois plus large que celui occupé en 2012, a-t-elle souligné.

Elle a ajouté que les Forces démocratiques alliées (ADF) demeurent le groupe armé le plus meurtrier, avec des centaines de civils tués ces derniers mois.

En Ituri, même si le nombre d’attaques de CODECO et Zaïre, visant les civils, ont diminué ces trois derniers mois, la protection des civils reste un défi et une priorité absolue.

Des Casques bleus de la MONUSCO en RDC.
© MONUSCO/Myriam Asmani
Des Casques bleus de la MONUSCO en RDC.

La MONUSCO facilite le dialogue, protège des déplacés

Dans cet environnement complexe, l’envoyée de l’ONU a rappelé que la Mission des Nations Unies qu’elle dirige, la MONUSCO, « facilite le dialogue entre les acteurs concernés, encourage la participation des femmes et des jeunes aux processus de paix, prend des mesures dissuasives contre les attaques potentielles et soutient les FARDC (forces armées congolaises) dans leurs opérations de protection ».

La MONUSCO protège environ 100.000 déplacés, vivant autour de ses bases à Roe, Drodro et Fataki. En outre, l’opération Secure Harvest – impliquant plus de 860 ​​patrouilles depuis le 1er octobre, sur une vaste zone géographique – a permis aux agriculteurs de 40 sites entre Bunia et Djugu (Ituri) de récolter le fruit de leur travail, en toute sécurité.

« Afin de mieux protéger les civils, la Force de la MONUSCO doit avoir une liberté de mouvement et de manœuvre. Je demande à tous les acteurs sécuritaires présents dans l'est de la RDC de maintenir une coordination et une coopération actives et constructives avec la MONUSCO. Également, au Nord-Kivu, pour la sûreté et la sécurité des civils et des Casques bleus, les activités de « spoofing » et de brouillage GPS doivent immédiatement cesser », a-t-elle dit, notant que trop souvent encore, la carte des violences s’aligne sur celle des ressources naturelles.

Au Nord-Kivu, à la suite de son offensive vers Pinga fin octobre, le M23 a pris le contrôle du site aurifère de Lubira.

Bintou Keita a encouragé les pays de la région des Grands Lacs à coordonner leur lutte contre l’exploitation illicite des ressources naturelles, et à renforcer les mécanismes de traçabilité pour affaiblir les groupes armés.

Une mère transportant du bois de chauffage, dans l'un des camps de déplacés en Ituri, en RDC.
ONU Info
Une mère transportant du bois de chauffage, dans l'un des camps de déplacés en Ituri, en RDC.

Crise humanitaire

Elle a par ailleurs souligné que l’environnement sécuritaire actuel continue de peser « de manière alarmante » sur la situation humanitaire, aggravée par les défis toujours croissants liés au changement climatique.

Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), près de 6,4 millions de personnes sont actuellement déplacées en raison de conflits armés et de catastrophes naturelles. De multiples épidémies ont également aggravé la situation humanitaire.

L’envoyée de l’ONU a en outre noté que le Conseil de sécurité se prépare à déterminer le nouveau mandat de la MONUSCO, qui accorde actuellement la priorité à la protection des civils ainsi qu’aux processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) et de réforme du secteur de la sécurité (RSS).

Elle a réitéré, à cette occasion, que la Mission « reste pleinement engagée dans son désengagement progressif et responsable » de la République démocratique du Congo.

« S’appuyant sur les leçons tirées du Sud-Kivu, le gouvernement de la RDC et la MONUSCO travaillent conjointement sur une approche de désengagement adaptée à la dynamique sécuritaire territoriale et aux besoins de protection des civils », a-t-elle ajouté, faisant référence au départ des Casques bleus, en juin, de la province du Sud-Kivu.