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Le chef des droits de l'homme de l'ONU déplore une année marquée par un nombre effroyable de morts au Moyen-Orient et ailleurs

Cette année 2024 a été marquée par un nombre effroyable de personnes tuées et gravement blessées dans les conflits, sur les champs de bataille et en dehors, a fustigé lundi le chef des droits de l’homme de l’ONU, relevant qu’un mépris du droit international et une indifférence à l’égard des vies civiles ont été mis en évidence lors des conflits en Israël, à Gaza et au Liban, ainsi qu’en Ukraine, en Haïti, au Soudan et au Myanmar.

Lors d’une conférence de presse organisée dans la perspective de la Journée des droits de l’homme célébrée mardi 10 décembre, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a estimé que le coût de la guerre est très élevé, avec « un bilan humain incalculable ».

Volker Türk a ainsi appelé à la solidarité et à la protection des droits humains des Syriens de tous les groupes ethniques et religieux, des Ukrainiens et des Russes victimes de la répression, des Palestiniens et des Israéliens, des Soudanais, des divers peuples du Myanmar, de tous les peuples.

« Le monde doit se détourner de la spirale fatale des approches militarisées de la sécurité et retrouver le chemin de la médiation, du dialogue, de la négociation et de l’instauration d’un climat de confiance », a insisté M. Türk.

À Gaza, les premières pluies de la saison hivernale signifient encore plus de souffrances pour les civils.
© UNRWA
À Gaza, les premières pluies de la saison hivernale signifient encore plus de souffrances pour les civils.

Massacre ce week-end à Port-au-Prince

Dans plusieurs pays, les civils continuent de payer un lourd tribut des violences et des conflits.

C’est le cas à Haïti où au moins 184 personnes ont été tuées le week-end dernier, dans des violences orchestrées par le chef d’un puissant gang dans le quartier de Cité Soleil de la capitale haïtienne, Port-au-Prince.

« Ces derniers meurtres portent le nombre de morts cette année en Haïti à un chiffre stupéfiant de 5.000 personnes », a déclaré Volker Turk.

Message aux Etats fournisseurs d’armes à Israël

En réponse à ces cruautés, il appelle la communauté internationale à endiguer les flux d’armes vers Haïti, mais aussi vers le Soudan et le Myanmar.

Pour M. Türk, il s’agit de faire savoir à ceux qui fournissent des armes, y compris à Israël et aux acteurs armés non étatiques au Liban, en Syrie et dans le territoire palestinien occupé, que le droit international exige des États qu’ils veillent à ce que les armes qu’ils fournissent ne soient pas utilisées pour commettre des violations.

« Nous devons insister sur le fait qu’il n’est pas acceptable, ni légal, d’utiliser des mines antipersonnel en Ukraine, qu’il n’est pas acceptable de les fournir pour qu’elles y soient utilisées, et qu’il n’est pas acceptable d’abaisser le seuil d’utilisation des armes nucléaires », a-t-il fait valoir, exhortant tous les États à s’abstenir de prendre des mesures susceptibles d’attiser les conflits et de conduire à une nouvelle escalade.

Plus globalement, il estime que trois questions clés continuent d’avoir des répercussions considérables sur les droits de l’homme dans le monde entier. Il s’agit d’abord de la prolifération des conflits armés, l’érosion du respect du droit international dans la conduite des hostilités et l’apparente indifférence des acteurs puissants face au nombre considérable de victimes et de souffrances.

Les minorités devenues des boucs émissaires de politiciens

Deuxièmement, selon M. Türk, les lignes entre la réalité et la fiction s'estompent. Au cours de cette année d'élections dans de nombreux pays, on a assisté à une multiplication des manœuvres de diversion, voire de manipulation, ainsi qu’à une dangereuse prolifération de la désinformation.

Troisièmement, il a dénoncé l’accent mis sur la guerre et la désinformation pour détourner l’attention de certains des défis les plus importants pour la planète, notamment la triple crise planétaire du changement climatique, de la pollution et de la perte de biodiversité, ainsi que les énormes inégalités dans le monde.

« La propagation virale de la désinformation » sur les réseaux sociaux et dans certains médias traditionnels, y compris les campagnes de désinformation parrainées et financées par l’État, sème la division et la haine, a-t-il dit.

A cet égard, il a indiqué avoir assisté à « une prolifération inquiétante de responsables politiques » qui font des minorités des boucs émissaires, les accusant de priver les gens de leurs droits économiques, sociaux et culturels, en invoquant les soi-disant « valeurs familiales ou culturelles ».

« Les personnes occupant des postes de direction doivent mettre fin à l’« altérisation » qui déshumanise des communautés entières, alimente la haine et la violence et nourrit les idéologies toxiques et le racisme, y compris la suprématie de la race blanche », a souligné le chef des droits de l’homme de l’ONU.