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Syrie: l’Emissaire de l’ONU se dit « prêt à soutenir les Syriens dans leur cheminement vers un avenir inclusif »

Alors que les groupes rebelles ont annoncé ce dimanche 8 décembre à la télévision publique syrienne la chute de Bachar Al-Assad, des millions de Syriens souhaitent la mise en place d’un régime transitoire, a indiqué l’Emissaire de l’ONU en Syrie, évoquant des « espoirs prudents » face à ce qu’il décrit comme un « moment décisif » pour l’avenir de ce pays du Moyen-Orient.

Selon l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, les derniers développements à Damas marquent « un tournant dans l’histoire de la Syrie, une nation qui a enduré près de 14 ans de souffrances incessantes et de pertes indicibles ». Geir O. Pedersen souligne le souhait clairement exprimé par des millions de Syriens que des accords de transition stables et inclusifs soient mis en place à Damas.

À cette fin, les institutions syriennes doivent continuer de fonctionner afin que le peuple syrien puisse commencer à « tracer la voie pour répondre à ses aspirations légitimes et restaurer une Syrie unifiée, avec sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale, d’une manière qui puisse bénéficier du soutien et de l’engagement de l’ensemble de la communauté internationale ».

Des groupes rebelles ont annoncé dimanche dans une allocution à la télévision publique syrienne la chute du « tyran » Bachar Al-Assad, assurant avoir libéré tous les prisonniers « injustement » détenus, appelant citoyens et combattants à préserver les propriétés de l’Etat.

Des images de pourparlers entre le gouvernement syrien et l'opposition à Genève (Archives)
Photo ONU/Violaine Martin
Des images de pourparlers entre le gouvernement syrien et l'opposition à Genève (Archives)

Donner la priorité au dialogue, à l’unité et au respect du droit international

En à peine plus de dix jours, et à la surprise générale, les rebelles emmenés par les islamistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) se sont emparés des principales villes de Syrie et ont fait chuter le président Bachar Al-Assad.

Selon le diplomate onusien, ce « chapitre sombre » a laissé de « profondes cicatrices », mais aujourd’hui la communauté internationale attend avec « un espoir prudent l’ouverture d’un nouveau chapitre, celui de la paix, de la réconciliation, de la dignité et de l’inclusion pour tous les Syriens ».

M. Pedersen a ainsi exhorté tous les Syriens à donner la priorité au dialogue, à l’unité et au respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme alors qu’ils cherchent à reconstruire leur société, ajoutant qu’il est prêt à soutenir le peuple syrien dans son cheminement « vers un avenir stable et inclusif, décidé et façonné par le peuple syrien ».

D’autant que les défis à relever restent immenses. « Nous entendons ceux qui sont anxieux et inquiets. Pourtant, le moment est venu d’embrasser la possibilité d’un renouveau. La résilience du peuple syrien offre une voie vers une Syrie unie et pacifique ».

Après la chute du pouvoir Assad, l’Emissaire de l’ONU a exprimé une fois de plus sa plus profonde solidarité à tous ceux qui ont supporté « le poids de la mort, de la destruction, de la détention et d’innombrables violations des droits de l’homme ».

Un nouveau chapitre porteur d’espoir et d’opportunités pour chaque Syrien

Pour les personnes déplacées, ce moment renouvelle la vision d’un retour dans les maisons perdues. Pour les familles séparées par la guerre, le début des retrouvailles est porteur d’espoir. « Pour les personnes injustement détenues et les familles des détenus et des disparus, l’ouverture des portes des prisons nous rappelle que la justice finira par s’imposer », a-t-il fait valoir.

A cet égard, M. Pedersen dit avoir entendu de nombreux Syriens, y compris des groupes armés et des membres de la société civile, des femmes et des hommes, et a pris note des déclarations publiques soulignant la volonté de protéger leurs concitoyens et les institutions de l’État contre les représailles et les préjudices.

« Permettez-moi de me faire l’écho de ces déclarations et de lancer un appel clair et sans ambiguïté à tous les acteurs armés sur le terrain pour qu’ils maintiennent une bonne conduite, la loi et l’ordre, protègent les civils et préservent les institutions publiques », a insisté M. Pedersen, invitant tous les acteurs « à construire une Syrie où la justice, la liberté et la prospérité sont des réalités partagées. Une façon de rappeler que ce « nouveau chapitre » doit être « porteur d’espoir et d’opportunités pour chaque Syrien ».

Des survivants du séisme reçoivent des repas chauds du PAM à Alep, en Syrie (Archives).
© PAM/Hussam Al Saleh
Des survivants du séisme reçoivent des repas chauds du PAM à Alep, en Syrie (Archives).

Le PAM a prépositionné des vivres

Sur le plan humanitaire, les agences humanitaires des Nations Unies sont prêtes à fournir une assistance aux populations dans le besoin. Le Programme alimentaire mondial (PAM) indique avoir prépositionné des vivres. L’Agence onusienne s’est engagée à rester sur place et à fournir de l’aide aux Syriens dans le besoin à travers le pays.

« Nous sommes déterminés à rester et à tenir nos promesses. À Alep, nous avons distribué des repas prêts à consommer, Nous appelons à la protection des civils & au respect du droit international humanitaire », a dit sur le réseau social X, Carl Skau, Directeur exécutif adjoint du PAM, appelant à la protection des civils et des travailleurs humanitaires.

Selon le Coordinateur humanitaire des Nations unies pour la Syrie, la situation humanitaire « continue de se détériorer » avec de nombreux déplacés « cherchant refuge dans le nord-est et d’autres piégés dans les zones de la ligne de front, incapables de s’échapper ».

« Les victimes civiles, y compris les femmes et les enfants, continuent d’augmenter, soulignant le besoin urgent d’une action humanitaire coordonnée », a déclaré Adam Abdelmoula, appelant toutes les parties à protéger les civils et les travailleurs humanitaires, et à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 300.000 personnes ont été dû fuir le nord-ouest de la Syrie ces derniers jours à la suite de l’offensive soudaine et massive dans les zones contrôlées par le gouvernement, menée par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui est sanctionné par le Conseil de sécurité de l’ONU en tant que groupe terroriste.