Fil d'Ariane
Liban : des équipes humanitaires apportent leur soutien à une clinique pour grands brûlés débordée
Afin de soutenir les équipes médicales au Liban, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fourni mardi suffisamment de kits chirurgicaux d’urgence et de fournitures pour traiter 50 patients à l’hôpital Geitaoui de Beyrouth, avec le soutien du Fonds central d’intervention d’urgence de l’ONU (CERF) et de l’Union européenne.
La charge de travail de l’hôpital était déjà « très élevée » avant l’intensification des frappes israéliennes au Liban fin septembre, en réponse aux tirs de roquettes du Hezbollah sur des cibles en Israël, « mais le conflit actuel a ajouté une nouvelle couche, une nouvelle complexité », a déclaré le Dr Abdinasir Abubakar, Représentant de l’OMS au Liban.
Les enfants ne sont pas épargnés
Les victimes des frappes aériennes au Liban ont « submergé l’hôpital », a expliqué le responsable de l’OMS, insistant sur le fait qu’il était essentiel de continuer à soutenir « le seul centre de traitement des brûlures disponible dans le pays ». Sur les 40 patients brûlés traités jusqu’à présent, « 25 % sont des enfants », a-t-il précisé.
Initialement équipé de 10 lits, le centre des brûlés de l’hôpital Geitaoui a dû s’agrandir pour atteindre 25 lits, afin de fournir des soins critiques aux patients gravement blessés.
Il y a suffisamment de nouveaux kits de traumatologie pour traiter deux fois 50 patients. Chaque kit comporte deux modules, l’un contenant des médicaments et d’autres fournitures, l’autre des traitements et des pansements spécialisés pour les brûlures.
Ces urgences médicales surviennent alors que le secteur de la santé continue d’être pris pour cible, les installations, le personnel et les ressources étant de plus en plus attaqués, ce qui met encore plus à rude épreuve le système de santé déjà fragile du Liban. A l'instar des frappes aériennes du 3 novembre près de l’hôpital gouvernemental de Tibnin, dans le district de Bint Jbeil (gouvernorat de Nabatiyeh), ont causé d’importants dégâts à l’hôpital, blessant des dizaines de personnes.
Hôpitaux partiellement fonctionnels ou totalement hors service
Exprimant sa solidarité avec les professionnels de la santé libanais, le Coordinateur humanitaire des Nations Unies pour le Liban a d’ailleurs condamné la poursuite des attaques militaires contre le personnel médical et les infrastructures sanitaires, notamment les ambulances qui sont « très attaquées ».
« Nous devons les aider en leur fournissant des fournitures, mais aussi en les sensibilisant », a déclaré Imran Riza. « Nous assistons à de graves violations du droit humanitaire international. Nous devons donc nous assurer que cela ne se produise pas, que les travailleurs de la santé puissent faire ce pour quoi ils sont là, c’est-à-dire aider les gens et sauver des vies ».
A noter que depuis octobre 2023, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) signale que 130 travailleurs de la santé ont été tués et 111 blessés dans l’exercice de leurs fonctions. Près de 80 % des décès ayant été signalés depuis le 17 septembre 2024.
Au moins 78 attaques contre des établissements de santé ont été enregistrées au cours des 13 derniers mois. Dans les zones touchées, 98 centres de santé publique et dispensaires ont fermé leurs portes, tandis que les hôpitaux situés dans les zones de conflit - notamment dans les districts de Baalbek, Baabda, Marjaayoun, Bint Jbeil et Tyr - sont gravement touchés. Huit hôpitaux sont totalement hors service, sept sont partiellement fonctionnels et quatre ont subi des dommages infrastructurels.
Contamination, destruction et abandon des terres agricoles
Pour sa part, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) s’est dit profondément préoccupé par la destruction, la contamination et l’abandon généralisés des terres agricoles dans les régions du Sud et de la Bekaa, qui représentent plus de 60 % de la production agricole du Liban.
Le conflit a également gravement perturbé le commerce et la production agricole et contraint de nombreuses petites entreprises à fermer.
Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’économie libanaise pourrait se contracter de 9,2 % d’ici la fin de l’année en raison de l’escalade des hostilités, et la hausse du chômage pourrait toucher jusqu’à 1,2 million de travailleurs.
Alors que le conflit s’intensifie et que les besoins humanitaires augmentent, le PAM a intensifié sa réponse d’urgence, pour atteindre 420.000 personnes dans les abris et les communautés depuis le 23 septembre, en plus de ses programmes réguliers. Cela porte le nombre total de personnes aidées par le PAM en octobre à près de 2 millions, à la fois dans le cadre des programmes réguliers et des programmes d’urgence.