Fil d'Ariane
Liban : plus d’un demi-million de personnes ont fui pour la Syrie et l’Iraq depuis septembre suite aux frappes israéliennes (HCR)
Outre les 28.000 Libanais qui se sont réfugiés en Iraq, environ 473.000 personnes en provenance du Liban ont également traversé la frontière syrienne au cours des dernières semaines. La majorité des personnes arrivées en Syrie avaient fui le sud du Liban, où les forces israéliennes mènent quotidiennement des attaques intenses.
Parmi ces personnes qui ont franchi les frontières syriennes, se trouvent plus de 136.000 réfugiés libanais et ressortissants de pays tiers ainsi que plus de 330.000 réfugiés syriens qui s’étaient rendus au Liban il y a plusieurs années, lorsque leur pays était en proie à la guerre civile. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), ces Syriens retournent aujourd’hui dans leur pays car la situation au Liban est devenue très instable.
Les attaques israéliennes contre le Liban ont également déplacé des centaines de milliers de personnes à l’intérieur du pays. Le gouvernement libanais a déclaré que 1,2 million de personnes étaient concernées, tandis que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait état d’au moins 840.000 personnes forcées de fuir leur domicile à l’intérieur du Liban.
Des points de passage frontaliers souvent ciblés par les raids israéliens
A la frontière syrienne, le flux d’arrivées aux postes frontières de Dabbousieh et de Jesr Kamar à Homs s’est poursuivi régulièrement, avec environ 500 personnes par jour. Dans le même temps, le nombre d’arrivées au point de passage de Jdaidet Yabous, dans la zone rurale de Damas, est resté légèrement inférieur à la moyenne quotidienne de 600 personnes.
« Les cratères sur la route ont continué à empêcher le passage des véhicules par Masnaa ; la plupart des nouveaux arrivants ont atteint Jdeidet Yabous par des bus organisés par le Croissant rouge syrien (SARC), et un nombre moindre par des moyens de transport privés », a détaillé le HCR dans son dernier rapport de situation humanitaire daté du 2 novembre.
Au poste de Joussieh, les mouvements sont restés très limités ces derniers jours, suite à la récente frappe aérienne sur le poste et ses environs. Dans la matinée du 2 novembre, le point de passage de Joussieh a de nouveau été attaqué par une frappe aérienne, qui n’a pas fait de victimes mais a causé des dégâts matériels dans la zone, y compris au poste frontière du HCR.
Des familles retournent au Liban en raison des mauvaises conditions de vie en Syrie
En outre, les arrivées par le poste frontière d’Arida restent limitées - y compris pour un homme libanais qui a dû être transféré par le SARC à Damas en raison de blessures subies lors d’une frappe aérienne au Liban.
« Nos équipes aux frontières entre la Syrie et le Liban continuent de faire état d’une situation très désespérée. Plus de 71% des arrivants en Syrie sont syriens. Beaucoup nous disent qu’ils ont vendu le peu qu’ils avaient pour payer le voyage de retour », a souligné sur le réseau social X, le Bureau du HCR en Syrie.
En revanche, le HCR et ses partenaires ont continué à observer un certain nombre de familles retournant au Liban, citant les mauvaises conditions de vie et le manque de services en Syrie par rapport au Liban.
Une moyenne quotidienne de 400 à 600 réfugiés libanais en Iraq
Alors que le HCR continue d’observer que les Libanais sont la principale nationalité des réfugiés traversant de la Syrie vers l’Iraq après avoir fui les hostilités au Liban, le HCR a également observé que les réfugiés libanais étaient de plus en plus nombreux à arriver en Iraq. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés note qu’une moyenne de 400 à 600 réfugiés libanais arrivent chaque jour en Iraq.
Au total, au moins 28.350 réfugiés libanais sont arrivés dans le pays depuis l’escalade entre Israël et le Hezbollah en septembre, par divers points, notamment le poste frontière d’Al-Qaim (15.355) et les aéroports de Bagdad (10.753) et de Nadjaf (2.242). « La majorité des réfugiés sont accueillis à Najaf et à Karbala », a indiqué l’Agence onusienne dans une mise à jour daté du 3 novembre 2024. Les autres sont répartis dans différents gouvernorats du centre et du sud de l’Iraq, notamment à Babil, Bassorah, Diyala et Ninive.
Le HCR a également observé des Syriens et des Palestiniens arrivant en Iraq et s’adressant au HCR. Plus de 300 ménages syriens, par exemple, ont contacté le HCR pour demander à être enregistrés, indiquant qu’ils étaient arrivés en Iraq après avoir fui le Liban.
Au Liban, les enfants reprennent le chemin de l’école
A l’intérieur du Liban, environ 387.000 enfants au Liban - y compris les enfants vivant dans des abris et les communautés touchées par la guerre - reprennent progressivement le chemin de l’école, depuis hier lundi 4 novembre.
Avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), cette initiative du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEHE) fait partie d’un plan d’intervention d’urgence visant à soutenir l’ouverture et le fonctionnement de 326 écoles publiques qui ne sont pas utilisées comme abris par les personnes déplacées afin de garantir l’accès à l’éducation des enfants en âge d’être scolarisés au Liban.
Le plan d’intervention est conçu pour fournir un soutien éducatif essentiel à tous les enfants pendant cette période difficile et pour aider les écoles publiques à fonctionner.
Ces écoles recevront un financement essentiel du Ministère libanais de l’éducation/Fonds de l’UNICEF pour l’éducation et la résilience en période de transition (TREF) afin de s’assurer qu’elles disposent du matériel pédagogique nécessaire, tel que des manuels scolaires, et qu’elles peuvent offrir un soutien psychosocial vital et des examens de santé pour aider les enfants à faire face aux effets du conflit.
Une rentrée scolaire retardée en raison de la guerre
Avec le soutien de l’UNICEF, les 326 écoles publiques offriront des possibilités d’apprentissage de qualité, en personne et par des méthodes mixtes, afin d’aider les enfants et les jeunes à rattraper leur retard et à poursuivre leur parcours scolaire. L’apprentissage en ligne par le biais de la plateforme numérique du MEHE sera également disponible.
« L’impact négatif du conflit sur les enfants, les enseignants et les écoles est déjà catastrophique et doit être inversé immédiatement pour éviter une année scolaire perdue qui mettrait en péril le bien-être des enfants, leur protection, leur avenir et le redressement du pays », a déclaré dans un communiqué, le Représentant de l’UNICEF au Liban, Edouard Beigbeder.
La nouvelle année scolaire devait initialement commencer la première semaine d’octobre, mais elle a été retardée en raison de la guerre. La reprise de l’enseignement dans les écoles publiques présente des défis importants car environ 60 % des abris pour les familles déplacées se trouvent dans des écoles, et de nombreux enseignants et élèves ont été contraints de se réinstaller loin de leurs écoles habituelles.