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Gaza : la phase finale de la campagne de vaccination contre la polio démarre dans le nord ravagé par la guerre

La phase finale tant attendue d'une campagne de vaccination contre la polio soutenue par l'ONU à Gaza a débuté tôt samedi matin dans le nord de l'enclave palestinienne bombardé et assiégé, avec pour objectif d'inoculer plus de 100.000 enfants contre le virus paralysant, selon les agences de l'ONU sur place.

« Pour surmonter les défis posés par la situation sécuritaire instable et les mouvements constants de population, des micro-plans robustes ont été élaborés pour garantir que la campagne soit réactive aux changements et déplacements importants de population dans le nord après la première phase en septembre », ont déclaré les agences des Nations Unies pour la santé, l’OMS, et pour l’enfance, l’UNICEF, dans un communiqué.

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Les organisations et partenaires des Nations Unies ont commencé la première phase en septembre et ont plus de 200 équipes en attente depuis le 23 octobre pour dérouler la dernière phase de la campagne, qui a été retardée par les frappes aériennes israéliennes constantes, les affrontements sur le terrain et l’absence de garanties des pauses humanitaires nécessaires pour arrêter les combats pendant la livraison des vaccins.

La polio avait été éradiquée dans la bande de Gaza il y a 25 ans, mais la guerre en cours a déclenché de multiples crises sanitaires, un bébé de 10 mois ayant été diagnostiqué avec le virus plus tôt cette année, ce qui a incité les responsables de la santé à organiser une campagne dans le territoire occupé par Israël déchiré par la guerre.

Les restrictions persistent

La campagne sera menée par 216 équipes sur 106 sites fixes, dont 22 ont été ajoutés pour assurer une disponibilité accrue de la vaccination dans les zones où les personnes récemment déplacées cherchent refuge, selon les agences de l'ONU. Il y aura également 209 « mobilisateurs » sociaux déployés pour mobiliser les communautés et sensibiliser aux efforts de vaccination, ont-ils expliqué.

Les agences ont toutefois averti que les agents de santé ne pourront pas atteindre tous les enfants qui ont besoin d'une dernière dose du vaccin.

« La phase finale de la campagne visait à atteindre environ 119.000 enfants de moins de 10 ans dans le nord de Gaza avec une deuxième dose du nouveau vaccin oral contre la polio de type 2 (nOPV2), mais il est désormais peu probable que cet objectif soit atteint en raison de contraintes d'accès », ont averti les agences.

Malgré le manque d'accès à tous les enfants éligibles dans le nord de Gaza, le Comité technique de la polio pour Gaza, qui comprend le ministère palestinien de la Santé, l'OMS, l'UNICEF, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) et des partenaires, a décidé de reprendre la campagne.

Le plan vise à atténuer le risque d’un long retard dans la vaccination contre la polio du plus grand nombre possible d’enfants et à saisir l'opportunité de vacciner ceux qui ont récemment été évacués vers la ville de Gaza depuis d’autres parties de la bande de Gaza du Nord.

Pauses humanitaires prolongées

La durée des pauses humanitaires a été prolongée de deux heures et devrait s’étendre de 6 heures à 16 heures chaque jour, ont indiqué l’OMS et l’UNICEF. Comme lors des deux premières phases, de la vitamine A sera également administrée aux enfants âgés de 2 à 10 ans dans le nord afin de renforcer l’immunité globale.

La campagne dans le nord de Gaza fait suite à la mise en œuvre réussie des deux premières phases du deuxième cycle dans le centre et le sud de Gaza, qui ont permis de vacciner 451.216 enfants, soit 96 % de l’objectif dans ces zones.

Au total, 364.306 enfants âgés de 2 à 10 ans ont reçu de la vitamine A jusqu’à présent dans le cadre de ce cycle.

Impact régional

Pour interrompre la transmission du poliovirus, au moins 90 % de tous les enfants de chaque communauté et quartier doivent être vaccinés, ce qui sera difficile à réaliser compte tenu de la situation, ont indiqué les agences.

Un retard dans l’administration d’une deuxième dose de nOPV2 dans les six semaines réduirait l’impact de deux cycles rapprochés, diminuant ainsi l’immunité, selon l’agence sanitaire des Nations Unies.

L’OMS a également averti que le fait qu’un nombre important d’enfants ne reçoivent pas leur deuxième dose de vaccin compromettait gravement les efforts visant à arrêter la transmission du virus et pourrait également entraîner de nouveaux cas dans la bande de Gaza et les pays voisins.