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Le manque de fonds entrave l’aide humanitaire au Liban (ONU)

Alors que la banlieue sud de Beyrouth a été visée par une série de frappes aériennes israéliennes vendredi matin, des agences des Nations Unies ont exhorté la communauté internationale à agir de toute urgence pour financer les opérations des humanitaires et soulager ainsi une population à bout de souffle dans ce pays du Moyen-Orient.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les humanitaires manquent cruellement de fonds pour leurs opérations au Liban.

A ce stade, l’appel humanitaire pour le Liban n’a obtenu que 17% des 426 millions de dollars réclamés, soit 73 millions. Il s’agit des 17 millions de l’Italie, 11,7 millions des États-Unis, 10 millions du Fonds d’urgence de l’ONU pour les crises humanitaires, 9,3 millions de la Suède, 7,2 millions de la France, 6,4 millions du Royaume-Uni, 5,5 millions du gouvernement allemand et 1,3 million de l’Espagne.

« Les besoins augmentent de minute en minute et les promesses de fonds ne suffisent pas à acheter de la nourriture, des médicaments ou des abris », a déclaré ce vendredi le porte-parole de l’OCHA, Jens Laerke, lors d’un point de presse à Genève.

Des bâtiments situés dans une zone urbaine du sud du Liban ont été partiellement détruits par des frappes aériennes.
© PAM/Mohammed Awadh
Des bâtiments situés dans une zone urbaine du sud du Liban ont été partiellement détruits par des frappes aériennes.

Ordres d’évacuation et déplacements de populations

Dans le même temps, le plan régional pour les réfugiés syriens de 4,8 milliards de dollars américain n’a été financé qu’à hauteur de 16%, dont en partie grâce au financement des Etats-Unis d’Amérique (185 millions), de la Commission européenne (175 millions) et de l’Allemagne (101 millions)

La guerre qui fait rage depuis le 7 octobre 2023 dans la bande de Gaza s’est propagée au Liban, où Israël mène depuis le 23 septembre des frappes aériennes massives contre le Hezbollah. 

La nuit d’hier jeudi a été marquée par de nouveaux bombardements sur la banlieue sud de la capitale libanaise, régulièrement visée ces dernières semaines par l’armée israélienne qui avait lancé un appel à évacuer plusieurs secteurs.

Cet appel des humanitaires intervient dans un contexte de multiplication des déplacements forcés. Selon les humanitaires, l’armée israélienne a émis de nouveaux dans plusieurs villages ainsi que dans le camp de réfugiés palestiniens de Rashiedeh, situé dans le sud.

C’est la première fois que l’armée israélienne demande l’évacuation d’un camp de réfugiés palestiniens au Liban.  L’OCHA indique que les ordres de déplacement et les frappes de mercredi à Baalbek et dans les environs ont forcé des milliers de personnes à fuir leurs maisons.

« Ces derniers jours, environ 50.000 personnes ont quitté Baalbek pour se rendre principalement dans des zones situées au nord de la vallée de la Bekka, de nombreuses personnes ayant passé la nuit dans leur véhicule », a ajouté M. Laerke.

Des enfants sont assis avec leur mère à la frontière syrienne après avoir fui l'escalade de la violence au Liban.
© UNICEF/Muhannad Al-Asadi
Des enfants sont assis avec leur mère à la frontière syrienne après avoir fui l'escalade de la violence au Liban.

460.000 réfugiés en Syrie et 25.000 en Iraq

Ces ordres de déplacement incessants et les frappes aériennes qui ont suivi ont considérablement augmenté le nombre de personnes déplacées, qui s’élève aujourd’hui à plus de 842.000, dont plus de la moitié sont des femmes et des filles. « Les personnes déplacées, dont beaucoup, comme nous le savons au tout début de l’escalade, sont venues du sud et se sont précipitées vers le nord Liban ».

Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), plus de 460.000 personnes ont fui le Liban pour la Syrie dont 70 % sont des Syriens et 30 % des Libanais et des ressortissants d’autres pays. Dans le même temps, 25.000 personnes se sont réfugiés vers l’Iraq.

Face à cet afflux de déplacés de force, les agences de l’ONU s’efforcent d’accéder aux civils qui se trouvent encore dans des zones difficiles d’accès. À ce jour, 15 convois ont été organisés avec succès pour atteindre les zones de Tyr, Hasbaya, Marjayoun et Baalbek. « Mais l’insécurité a un impact sur ce que nous pouvons faire. Deux convois humanitaires à destination de Baalbek ont été annulés en raison de la détérioration récente de la sécurité dans cette région », a précisé le porte-parole de l’OCHA.

Israël a mené 55 attaques contre des installations  et des professionnels de la santé

Par ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite profondément préoccupée par l’augmentation des attaques israéliennes contre le personnel et les installations de santé au Liban. Si 55 attaques ont été vérifiées par l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS), le nombre réel d’incidents est probablement beaucoup plus élevé.

Le Ministère libanais de la santé fait état d’un nombre beaucoup plus élevé, car de nombreux travailleurs ont été tués ou blessés alors qu’ils n’étaient pas en service, et cela est important car les systèmes de santé sont déjà surchargés, les travailleurs de la santé sont déjà surchargés de travail et déplacés.

« Nous continuons donc à perdre des professionnels de la santé au moment même où nous en avons le plus besoin », a déclaré Margaret Harris, porte-parole de l’OMS. « Nous insistons encore et encore sur le fait que les soins de santé ne sont pas une cible. Les travailleurs de la santé ne sont pas une cible. Et nous sommes certainement inquiets de voir le même schéma se reproduire ».

Des sites antiques classés au patrimoine de l’UNESCO en grand danger

Sur un autre plan, la Coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban a souligné que les ordres d’évacuation récents pour les villes de Baalbek et de Tyr ont forcé des dizaines de milliers de Libanais à fuir en masse, aggravant une situation de déplacement de masse déjà catastrophique. 

La diplomate onusienne a ainsi mis en garde contre « un grand danger » qui pèse au Liban sur les villes historiques de Tyr (sud du pays) et de Baalbeck (est du pays), touchées par des frappes aériennes d’Israël qui dit viser le Hezbollah.

« D’anciennes cités phéniciennes chargées d’histoire sont en grand danger d’être laissées en ruines. Le patrimoine culturel du Liban ne doit pas devenir une nouvelle victime de ce conflit dévastateur », a déploré sur le réseau social X, Jeanine Hennis-Plasschaert.

Les faubourgs du sud de Beyrouth sont en ruine après des frappes aériennes.
© UNICEF/Dar al Mussawir/Ramzi Haidar
Les faubourgs du sud de Beyrouth sont en ruine après des frappes aériennes.

Des dommages et destruction d’édifices religieux

De son côté, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies s’est alarmé par les graves conséquences que continuent d’avoir les opérations militaires israéliennes sur les civils et les infrastructures civiles au Liban. Cela inclut la destruction de bâtiments consacrés à la religion et les risques posés aux autres sites d’importance culturelle et historique.

Depuis le 6 octobre 2023, les frappes de défense israélienne (FDI) auraient détruit ou gravement endommagé au moins 10 bâtiments consacrés à la religion.  Il s’agit notamment des mosquées de Yaroun (6 octobre), Kfar Dunin (7 octobre), Maroun al Ras (8 octobre), Tayr Debba (11 octobre), Kfar Tibnit (13 octobre), Qantara (14 octobre), Blida (15 octobre) et Mijdal Salem (17 octobre).

Deux mosquées à Abbasieh et Al-Dhaira ont été également détruites ou endommagées le 13 octobre. Le 29 octobre, les FDI auraient détruit la mosquée d’Om At-Tout dans le district de Tyre, au Sud du Liban, à l’aide d’explosifs.

En outre, une husseiniyya (espace qui accueille des pratiques religieuses aux chiites) de femmes dans la ville de Mifdoon (23 octobre) et une église grecque-melkite catholique dans la ville de Tyr (9 octobre) ont également été détruites ou endommagées.

Selon le Haut-Commissariat, tout dommage ou destruction intentionnel des bâtiments consacrés à la religion est interdit. Ces derniers jours, des attaques contre des sites à Baalbek dans la vallée de la Bekaa se sont dangereusement rapprochés du complexe d’un ancien temple inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.