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Liban : l'ONU espère que le cessez-le-feu permettra un accès sûr, rapide et sans entrave aux gens dans le besoin

Après l’entrée en vigueur à 3h GMT de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban, les agences humanitaires des Nations Unies ont salué, mercredi, cette trêve, tout en espérant qu’elle permettra « un accès sûr, rapide et sans entrave pour fournir une aide aux populations dans le besoin au Liban ».
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Mardi soir, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a exprimé l’espoir que l’accord « puisse mettre fin à la violence, à la destruction et à la souffrance que les populations des deux pays ont connues ».

Mercredi, lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre du Portugal, où il se trouvait pour un forum de l'Alliance des civilisations des Nations Unies, le chef de l'ONU a jugé « essentiel que ceux qui ont signé hier un accord de cessez-le-feu le respectent pleinement » et « que cet accord ouvre la voie à une solution politique à la crise libanaise ».

Selon lui, « la FINUL, la Force de maintien de la paix des Nations Unies, qui est présente au Liban, est maintenant prête à contribuer à la vérification de ce cessez-le-feu avec tout son engagement ».

Réagissant également à l'annonce du cessez-le-feu, le chef de l’humanitaire de l’ONU a observé que le Liban traverse la crise humanitaire « la plus dévastatrice depuis une génération » et que dans ces conditions, le cessez-le-feu est le plus « grand espoir » de mettre fin à cette immense souffrance.

« Les humanitaires continueront à intervenir pour atteindre les personnes dans le besoin », a écrit sur le réseau social X Tom Fletcher.

Près de 900.000 déplacés internes et plus de 600.000 réfugiés

Selon les rapports des médias, l’accord de trêve conclu entre Israël et le Liban prévoit la mise en place d’une phase de soixante jours au cours de laquelle les troupes israéliennes devront évacuer le sud du Liban, où elles sont entrées à partir du 1er octobre. Parallèlement, les forces du mouvement libanais Hezbollah devront se retirer au nord du fleuve Litani, à une vingtaine de kilomètres environ de la frontière.

Pendant cette phase de deux mois, les Forces armées libanaises devront se déployer progressivement dans la bande frontalière évacuée par le Hezbollah. Dans le même temps, le nombre de Casques bleus de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) pourrait, lui, être revu à la hausse.

En attendant, des images partagés dans les médias libanais montrent les premiers retours de Libanais dans le sud du pays. De nombreux véhicules ont pris la direction du sud du pays. Le conflit entre l’Etat hébreu et le mouvement libanais avait contraint des centaines de milliers de personnes à fuir leur domicile.

Outre les 900.000 personnes déplacés internes, le conflit a poussé plus de 610.000 personnes à se réfugier en Syrie depuis le 23 septembre (63 % de Syriens et 37 % de Libanais). En outre, près de 40.000 Libanais sont arrivés en Iraq selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Les membres d'une famille ayant fui leur maison au Liban se reposent sous un arbre (photo d'archives).
© UNICEF/Dar al Mussawir/Ramzi Haidar
Les membres d'une famille ayant fui leur maison au Liban se reposent sous un arbre (photo d'archives).

L’UNICEF plaide pour un accès sûr et sans entrave

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) espère que ce cessez-le-feu mettra fin à la guerre qui a tué plus de 240 enfants, en a blessé environ 1.400 et a bouleversé la vie d’innombrables autres. Pour l’agence onusienne, un travail « urgent » doit maintenant être entrepris pour assurer la pérennité de cette paix, surtout pour les enfants et les familles, qui doivent pouvoir retourner dans leurs communautés en toute sécurité.

« Les organisations humanitaires doivent bénéficier d’un accès sûr, rapide et sans entrave pour fournir une aide et des services vitaux dans toutes les zones touchées, en particulier dans le sud du Liban où les besoins sont criants », a déclaré dans un communiqué la Directrice générale de l’UNICEF. Selon Catherine Russell, l’accès à l’eau potable, à la nourriture, aux soins médicaux et au soutien psychosocial doit être prioritaire.

L’UNICEF s’est dit prêt à soutenir les premiers efforts de redressement, en fournissant des ressources et de l’expertise pour reconstruire les systèmes d’eau, les soins de santé primaires, les écoles et les autres services dont les enfants dépendent. « Nous appelons toutes les parties à tenir leurs engagements, à respecter le droit international et à travailler avec la communauté internationale pour maintenir la paix et assurer un avenir meilleur aux enfants », a ajouté Mme Russell.

Une escalade « particulièrement destructrice pour le système de santé »

En collaboration avec les autorités sanitaires, l’UNICEF a d’ailleurs déployé des unités sanitaires mobiles pour fournir des soins médicaux urgents et des vaccins aux familles et aux enfants déplacés. Depuis le 23 septembre, plus de 240.000 personnes ont été touchées.

De son côté l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) espère que [le cessez-le-feu] sera mis en œuvre immédiatement et se traduira par une paix durable au Liban, et qu’il déclenchera une action urgente pour apporter la paix à Gaza et dans toute la région. D’autant que la dernière escalade des hostilités a été particulièrement destructrice pour le système de santé.

« Les civils de Gaza souffrent énormément et ont besoin d’un cessez-le-feu salvateur, d’une aide humanitaire à grande échelle et de la paix maintenant, avant qu’il ne soit trop tard », a déclaré le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un message sur X.

Au cours de l’année écoulée, le conflit a tué au moins 208 travailleurs du secteur de la santé et mené plus de 280 attaques contre des installations médicales d’urgence au Liban.

Les besoins humanitaires augmentent de jour en jour

Par ailleurs, le Programme alimentaire mondial (PAM) rappelle que les besoins humanitaires au Liban augmentent de jour en jour. Selon l’agence onusienne basée à Rome, de nombreuses personnes touchées sont confrontées à des difficultés considérables pour se loger et ont un besoin urgent de logements adéquats et d’articles essentiels pour rester au chaud et en sécurité à l’approche des mois d’hiver.

L’agence s’appuie sur un plan d’urgence qui comprend le prépositionnement de fournitures alimentaires à l’intérieur du pays. Le PAM continue d’intensifier son action dans le but d’atteindre un million de personnes. Des équipes sur le terrain travaillent 24 heures sur 24 pour fournir une aide alimentaire d’urgence aux communautés touchées dans tout le Liban.

En réponse, le PAM, en collaboration avec le gouvernement libanais et d’autres partenaires, a apporté une aide alimentaire ou en espèces à plus de 640.000 personnes en 2024, dont environ 500.000 personnes depuis le 23 septembre.

Les besoins dépassant les ressources disponibles et l’hiver approchant, le PAM a besoin d’urgence de plus de 82 millions de dollars d’ici la fin de l’année pour maintenir ses opérations d’urgence au Liban et venir en aide à plus d’un million de personnes déplacées.