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Liban : les autorités sanitaires et l’ONU prévoient de lancer une campagne de vaccination contre la polio

Les autorités sanitaires libanaises et les partenaires sanitaires des Nations Unies prévoient de lancer prochainement une campagne de vaccination contre la polio, a annoncé mercredi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Cette campagne, dont le calendrier exact n’est pas encore dévoilé par Beyrouth, va cibler tous les enfants âgés de zéro à dix ans dans les centres d’hébergement.

« On s’apprête à organiser une campagne de vaccination sur la polio parce que c’est extrêmement important de s’assurer qu'il n'y a pas de souci de santé majeur pour toutes ces populations alors qu'une maladie comme celle-là pourrait se propager. Il y a eu déjà au nord du pays un cas de choléra qui inquiétait énormément le monde humanitaire », a déclaré, lors d’un entretien avec ONU Info, Jean-Jacques Simon, porte-parole de l’UNICEF.

L’agence onusienne fait ainsi référence au cas de choléra confirmé le 16 octobre dernier par le ministère de la Santé publique libanais dans la région d’Akkar, au nord du Liban. La patiente, une femme originaire de la localité de Samouniyeh, avait été admise à l’hôpital le 14 octobre pour des symptômes de diarrhée sévère accompagnée d’une déshydratation aiguë.

Aucun cas de polio recensé depuis 20 ans

« Heureusement, on en est resté à un seul cas, mais c’est ce genre de maladie qu’on veut éviter absolument avec ces campagnes de vaccination qu’on va démarrer très rapidement », a ajouté M. Simon.

Selon les rapports des médias, le dernier cas de poliomyélite importé survenu au Liban remonte à plus de 20 ans lorsque la maladie a atteint un petit garçon dans la plaine d’Akkar.

Comme à Gaza, le succès d’une telle campagne au Liban dépend de l’accès. « Par exemple, on a du matériel à distribuer aux populations qui sont encore sur place dans le Sud, notamment, il faut obtenir l’accès, il faut obtenir des autorisations pour amener ce matériel, et souvent ces accès ne sont pas donnés parce que les bombardements sont trop intenses et donc ça met la vie de tout le monde en jeu, et bien sûr il faut absolument faire attention à cet aspect-là », a précisé M. Simon.

Difficultés d’accès

L’autre défi est lié aux conditions d’accès sur les routes en raison des destructions. C’est désormais très difficile d’amener du matériel lorsqu’il n'y a plus suffisamment de route lorsqu’il y a trop de décombres. « C’est extrêmement dangereux, et il y a aussi toute la destruction d’une partie des services publics comme l’eau, l’électricité et les services de santé ».

Sur le terrain, les agences sont sur le qui-vive, notamment au sud et à l’est du Liban. Lors d’une visite à Tripoli, les équipes de l’UNICEF ont dû faire face aux détonations et aux tremblements causés par les bombes. « Nos équipes voient la destruction. En fait, c’est une quinzaine de centres de santé majeurs, c’est plus d'une centaine de petits centres de santé qui ont été détruits, ce sont des écoles qui ont été détruites, ce sont des infrastructures publiques qui ont été détruites ».

Dans ce climat de violences, les enfants sont les premières victimes de la guerre. L’UNICEF estime à plus de 170 le nombre d’enfants qui ont été tués et plus de 1.000 qui ont été blessés depuis un an et depuis la reprise des hostilités. « Ce sont des chiffres qui vont malheureusement être revus à la hausse parce que les combats ne sont pas terminés », a averti le porte-parole de l’UNICEF.

Au chevet des enfants brûlés par des bombardements

D’autant que les raids israéliens n’épargnent pas les civils. Le porte-parole de l’UNICEF rappelle ainsi le sort de cette jeune fille de moins d’un an qui a été brûlée dans sa maison à la suite d’un bombardement.

Dans ces conditions, l’urgence est de venir en aide à ces victimes des raids ou qui ont fui la guerre, surtout au sud et à l’est du pays. Il s’agit de s’assurer d’apporter le plus vite possible cet appui essentiel aux populations déplacées, dont plus de 400.000 enfants qui sont déplacés avec leurs parents.

Lors des visites de terrain, les équipes de l’UNICEF décrivent la pression psychologique sur les enfants, dont plusieurs d’entre eux ont perdu des proches, ont vu leurs maisons détruites, n’ont plus accès à l’éducation. Ces jeunes libanais victimes du conflit sont très inquiets par rapport à leur futur.

Plus largement, les humanitaires veulent s’assurer d’apporter l’aide urgente aux enfants qui en ont besoin, à la suite de « ce conflit d’une extrême violence, un conflit qui a détruit énormément d’infrastructures publiques, que ce soit lié à la santé ou que ce soit lié à l’eau et l’assainissement ».

Des enfants sont assis avec leur mère à la frontière syrienne après avoir fui l'escalade de la violence au Liban.
© UNICEF/Muhannad Al-Asadi
Des enfants sont assis avec leur mère à la frontière syrienne après avoir fui l'escalade de la violence au Liban.

460.000 personnes se sont réfugiées en Syrie

La crise au Liban s’est fortement aggravée, les hostilités en cours faisant de nombreuses victimes, d’importants déplacements de population et un bilan humanitaire de plus en plus lourd. Les rapports du ministre de la Santé publique font état de 2.672 morts et de plus de 12.000 blessés.

Les déplacements de civils se poursuivent avec des frappes aériennes et des ordres de déplacement forcé dans tout le pays. Au 26 octobre, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a fait état de de plus 830.000 personnes déplacées au Liban depuis le 8 octobre 2023. Parmi les personnes déplacées, 190.000 sont hébergées dans un milliers d’abris approuvés, dont 935 (84 %) ont atteint leur capacité maximale.

En outre, plus de 460.000 personnes ont fui le Liban pour la Syrie, selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Mais les humanitaires redoutent davantage de mouvements de populations. D’autant que l’armée israélienne a continué à émettre des ordres de déplacement pour les zones fortement peuplées.

Les ordres d’évacuation de l’armée israélienne

À Tyr, les habitants ont fait l’objet de plusieurs ordres de déplacement de la part de l’armée israélienne. Le dernier ordre de déplacement a été émis le 28 octobre, marquant le deuxième ordre en cinq jours à Tyr, alors que les frappes aériennes continuent de s’intensifier.

Sur le terrain et sous la direction du Coordinateur humanitaire et en collaboration avec le gouvernement libanais, les Nations Unies et leurs partenaires continuent de mobiliser des efforts essentiels pour répondre aux besoins humanitaires croissants de l’ensemble de la population à travers le pays. Il s’agit notamment d’intensifier les efforts aux niveaux national et infranational afin de garantir une réponse globale qui réponde aux besoins immédiats tout en renforçant la fourniture de services de base.

En outre, à l’approche de l’hiver, les efforts d’hivernage sont devenus un élément essentiel de la réponse. Des initiatives sont mises en œuvre pour fournir des produits de première nécessité. Le gouvernement libanais, les agences des Nations Unies, les ONG et d’autres organisations humanitaires travaillent activement à l’amélioration des conditions d’hébergement des populations déplacées.