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À la COP16 sur la biodiversité, Guterres exhorte le monde à « faire la paix avec la nature »

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a appelé mardi à une action décisive pour rétablir l'harmonie avec la nature, avertissant que les crises environnementales poussent l'humanité vers des points de basculement qui menacent les écosystèmes, les moyens de subsistance et la stabilité mondiale.

S’exprimant à l’ouverture du segment de haut niveau de la 16e Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (COP16), il a souligné que « faire la paix avec la nature est la tâche déterminante du 21e siècle ».

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'exprime lors de la Conférence sur la biodiversité COP16 à Cali, en Colombie.
UN Colombia/Santiago Puentes Viana
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'exprime lors de la Conférence sur la biodiversité COP16 à Cali, en Colombie.

« La nature, c’est la vie. Et pourtant, nous lui livrons une guerre – une guerre dans laquelle il ne peut y avoir de vainqueur », a-t-il déclaré. « Chaque année, nous voyons les températures grimper. Chaque jour, nous perdons davantage d’espèces. Chaque minute, nous déversons un camion poubelle rempli de déchets plastiques dans nos océans, nos rivières et nos lacs. Ne vous y trompez pas – c’est à cela que ressemble une crise existentielle ».

Le thème de la conférence de Cali, en Colombie, est « la COP de la gente » (une COP des peuples). Elle se poursuit jusqu’au 1er novembre avec des discussions axées sur la conservation de la biodiversité, la justice environnementale et le rôle des communautés autochtones et locales dans l’élaboration d’un avenir durable.

Il s’agit de la première COP sur la biodiversité depuis l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité Kunming-Montréal en décembre 2022 à Montréal, au Canada.

Il est temps d’agir

M. Guterres a souligné l’urgence de la situation en évoquant des statistiques qui donnent à réfléchir : environ 75 % de la surface terrestre de la planète et 66 % des océans ont déjà été modifiés par l’activité humaine.

« Chaque jour qui passe, nous nous rapprochons de points de basculement qui pourraient alimenter davantage la faim, les déplacements et les conflits armés ».

Il a appelé les pays à mettre en œuvre le Cadre de Kunming-Montréal, qui vise à stopper et à inverser la perte de biodiversité d’ici 2030.

Il a souligné l’importance de plans nationaux alignés sur les objectifs du Cadre, soutenus par un suivi transparent et un financement solide, dont au moins 200 milliards de dollars par an d’ici 2030.

Transformer les promesses en actions

« Nous devons transformer ces promesses en actions de quatre manières essentielles », a déclaré M. Guterres, appelant les nations à présenter « des plans clairs, ambitieux et détaillés » pour s’aligner sur les objectifs du Cadre.

Parallèlement, les dirigeants doivent s’entendre sur le renforcement du suivi et de la transparence. Les promesses de financement doivent être tenues tandis que le soutien aux pays en développement est accéléré.

« Et nous devons impliquer le secteur privé. Ceux qui profitent de la nature ne peuvent pas la traiter comme une ressource gratuite et infinie. Ils doivent s’engager et contribuer à sa protection et à sa restauration », a-t-il souligné.

Des participants écoutent les remarques d'ouverture de la Conférence sur la biodiversité COP16 à Cali, en Colombie.
UN Colombia/Santiago Puentes Viana
Des participants écoutent les remarques d'ouverture de la Conférence sur la biodiversité COP16 à Cali, en Colombie.

Protéger les défenseurs de l’environnement

Le Secrétaire général a également souligné le rôle vital des peuples autochtones et des communautés locales. Ils sont les « gardiens de notre nature », a-t-il déclaré, et leurs connaissances traditionnelles offrent des perspectives essentielles pour la conservation de la biodiversité, mais ils sont trop souvent marginalisés ou menacés.

Il a également appelé à la création d’un organe permanent au sein de la Convention sur la diversité biologique pour garantir que les voix des autochtones soient entendues tout au long des processus d’élaboration des politiques.

« La paix avec la nature signifie la paix pour ceux qui la protègent », a dit M. Guterres.

Exemples de progrès

Malgré les défis, il a souligné des initiatives prometteuses, telles que les efforts de réduction de la déforestation au Brésil, en Colombie et en Indonésie, et l’accent mis par le bassin du Congo sur l’expansion des zones protégées.

Il a également salué la loi de restauration de la nature de l’Union européenne et l’accord historique sur la biodiversité marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale.

Alors qu’une autre négociation cruciale sur un traité sur la pollution plastique est prévue plus tard cette année, M. Guterres a exprimé l’espoir que la même détermination observée dans les accords précédents inspirera l’action à Cali.

En conclusion, M. Guterres a rappelé aux délégués que l’humanité se trouve à la croisée des chemins. « La survie de notre planète – et la nôtre – est en jeu », a-t-il déclaré.  « Choisissons judicieusement. Choisissons la vie. Faisons la paix avec la nature ».