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La crise en Haïti exige une attention internationale continue, selon le PAM

L'attention internationale doit rester focalisée sur Haïti, où l'incertitude politique persiste et où la violence des gangs et l'insécurité alimentaire continuent de plonger le pays « dans une crise en spirale », a déclaré vendredi une haute responsable du Programme alimentaire mondial (PAM).

Waanja Kaaria, Représentante et Directrice du PAM en Haïti, a informé les journalistes à New York aux côtés de la Directrice régionale de l’agence pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Lola Castro.

Elle a cité la dernière analyse de la Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) soutenue par l’ONU qui montre que quelque 5,4 millions de personnes en Haïti, soit environ la moitié de la population, souffrent de faim aiguë.

« Cela comprend environ 6.000 personnes déplacées à l’intérieur du pays qui s’abritent dans des sites où nous avons également observé des poches d’IPC5… le niveau le plus élevé, et cela se manifeste également dans des conditions proches de la famine », a-t-elle déclaré, s’exprimant par vidéoconférence.

En partenariat avec Médecins du Monde Argentine, le Programme alimentaire mondial (PAM) fournit des services nutritionnels à l'école Joseph Claude Bernard, qui accueille des centaines de personnes déplacées.
WFP/Tanya Birckbeck
En partenariat avec Médecins du Monde Argentine, le Programme alimentaire mondial (PAM) fournit des services nutritionnels à l'école Joseph Claude Bernard, qui accueille des centaines de personnes déplacées.

De jeunes vies en danger

En outre, 270.000 enfants à travers le pays des Caraïbes souffrent de malnutrition aiguë.

« Nous savons également que la faim augmente considérablement la probabilité de s’engager dans des mécanismes d’adaptation défavorables, et le risque particulièrement grave pour les jeunes est d’être recrutés par des groupes armés et de sombrer dans la criminalité », a-t-elle expliqué.

Les gangs armés terrorisent Haïti depuis plusieurs années, en particulier la capitale, Port-au-Prince, forçant les gens à fuir leurs domiciles.

Mme Kaaria a rapporté qu'une augmentation récente des attaques a entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes supplémentaires. Le nombre a doublé au cours des trois derniers mois, portant le déplacement total à plus de 700.000.

L'aide humanitaire attaquée

En réponse à la crise en Haïti, le PAM soutient les personnes vulnérables, en particulier dans la capitale, et ce travail peut être difficile.

Jeudi, un hélicoptère de l'ONU exploité par l'agence a été touché par des tirs alors qu'il quittait Port-au-Prince pour Les Cayes, mais a pu atterrir en toute sécurité. Une enquête est en cours.

« L'interruption n'a eu lieu qu'aujourd'hui, alors que nous avons suspendu tous les vols pour aujourd'hui juste pour nous donner le temps d'évaluer les implications des tirs et de nous permettre d'établir des itinéraires supplémentaires pour la semaine prochaine, tout en gardant un œil sur la sécurité de notre personnel », a-t-elle dit.

En Haïti, des enfants mangent un repas chaud fourni par l'ONU et ses partenaires à l'école.
© WFP/Pedro Rodrigues
En Haïti, des enfants mangent un repas chaud fourni par l'ONU et ses partenaires à l'école.

Des repas et plus

Le PAM a répondu à la crise en Haïti en soutenant les personnes vulnérables, en particulier dans la capitale, et même pendant le pic de violence au début de cette année.

Il a fourni plus de deux millions de repas chauds à quelque 135.000 personnes déplacées par l'intermédiaire de partenaires sur le terrain. La nourriture est préparée dans des cuisines locales et certains des travailleurs sont eux-mêmes des personnes déplacées. Les repas sont préparés à partir d'ingrédients cultivés et produits localement.

Mme Kaaria a déclaré qu'elle aimait visiter les cuisines, où la cuisson commence tôt le matin pour que la nourriture soit prête à être servie à midi.

« Cela garantit que les personnes déplacées dans toute la capitale peuvent réellement recevoir au moins un repas chaud et nutritif par jour », a-t-elle déclaré.

S'attaquer aux causes profondes de la faim

Le PAM a aidé environ 1,4 million de personnes à ce jour et vise à atteindre environ 2,2 millions d'ici la fin de l'année. L’aide comprend la distribution de transferts monétaires, avec plus de 31 millions de dollars déboursés jusqu’à présent, ainsi que plus de 7.500 tonnes de nourriture.

« Avec le nombre croissant de déplacés internes et les récentes déportations d’Haïtiens de la République dominicaine, le PAM continue de fournir des repas chauds qui sont vraiment, vraiment essentiels pour répondre aux besoins vitaux », a-t-elle souligné.

En plus de fournir une assistance humanitaire, le PAM se tient aux côtés des Haïtiens pour s’attaquer aux causes structurelles de la faim et assurer un développement à long terme.

À cet égard, elle a souligné son programme de repas scolaires, mené conjointement avec le gouvernement, dont bénéficient plus d’un demi-million d’enfants. Environ 70 % des ingrédients utilisés sont produits et achetés localement.

Soutenir les agriculteurs locaux

Pendant l’année scolaire, le PAM achète pour environ 1,7 milliard de dollars de produits de base aux petits exploitants agricoles, ciblant plus de 6.000 cette année auprès de 150 organisations d’agriculteurs.

« C’est important, en particulier parce que cela stimule l’économie locale, soutient les petits exploitants agricoles locaux et permet une forte résilience de la chaîne d’approvisionnement », a-t-elle déclaré.

Le PAM travaille également sur la protection sociale et a aidé le gouvernement à créer une base de données qui contient environ 30 % de la population.

Quelque 125.000 Haïtiens ont reçu des transferts monétaires cette année, leur donnant « la dignité de pouvoir choisir d’acheter ce qu’ils considèrent comme les besoins essentiels pour répondre à certains de leurs besoins fondamentaux, tout en contribuant à l’économie locale ».

Il faut investir davantage

Mme Castro, la Directrice régionale du PAM, a noté que le programme de repas scolaires aide à maintenir les enfants en classe et « crée une sorte de stabilité et de normalité ».

Pourtant, avec 6.000 personnes confrontées à des niveaux de faim catastrophiques, il faut faire davantage.

« Notre priorité est de sauver des vies », a-t-elle déclaré, s’exprimant depuis le Panama. « Mais nous devons également continuer à investir dans les domaines où il est possible de se procurer de la nourriture, de réduire la sous-nutrition, de renforcer le système de protection sociale et le système éducatif ».

Elle a rappelé que les humanitaires ont lancé un plan de 642 millions de dollars pour Haïti, « mais il n’est financé qu’à 42%, et nous sommes en octobre. Il nous faut donc vraiment faire beaucoup plus, et beaucoup mieux, en tant que communauté internationale ».