Fil d'Ariane
Les récits « tragiques » d’enfants rattrapés par la guerre au sud du Liban
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), les enfants ne sont pas épargnés par le conflit. L’agence onusienne fait état d’une « situation très difficile » pour les habitants du sud du Liban en ce moment, en particulier pour « les enfants qui sont vraiment affectés par ce type de conflit et des conséquences » pour leur santé mentale, mais aussi sur leur accès à l’éducation et aux produits de première nécessité.
« Il y a tant d’histoires tragiques, en particulier dans les rues de Beyrouth en ce moment, de familles qui ont dû fuir leurs maisons du sud du Liban, et même de la banlieue sud de Beyrouth », a affirmé dans un entretien accordé à ONU Info, Tess Ingram, porte-parole du Bureau de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord.
La peur de vivre sous les bombardements et les frappes aériennes
De retour d’une visite au sud du Liban, elle a décrit le sort de nombreuses familles qui « luttaient vraiment pour survivre » parce qu’elles manquaient du minimum dont elles avaient besoin pour passer la journée.
« J’ai rencontré une mère de 7 enfants qui n’avait pas accès à l’eau, et cette mère Farah, qui venait d’accoucher dans la rue d’un bébé de 5 jours, et qui craignait que ce bébé ne tombe malade, en particulier parce que le temps se refroidit », a-t-elle détaillé.
Avec la multiplication des frappes aériennes d’Israël, comme ce mercredi dans la ville portuaire libanaise de Tyr, les enfants ne sont pas épargnés par « les dégâts considérables » causés aux installations civiles par les frappes israéliennes.
« Dans le sud, j’ai rencontré des familles qui m’ont parlé de la peur de vivre entourées de frappes aériennes et de bombardements, de la difficulté d’obtenir les fournitures dont elles ont besoin, y compris de l’eau potable, et des difficultés à se déplacer d’un village à l’autre pour voir leur famille ou pour éviter les coups de feu », a ajouté Mme Ingram.
Témoin des raids
Lors d’une mission des agences onusiennes à Marjayoun, un district du Gouvernorat de Nabatieh au sud du Liban, « les bombardements étaient incroyablement forts ». Un sentiment de frayeur rythme ainsi le quotidien des populations.
« Nous avons vu une frappe aérienne sur une colline en face de nous, dans une ville pas très éloignée. Il y avait aussi le bruit des bombardements, et nous étions là pour servir les gens qui disaient entendre ce genre de bruits tout le temps, y compris les enfants ».
Plus largement, les agences humanitaires de l’ONU font état d’une hausse du nombre de personnes tuées et blessées, y compris des travailleurs de la santé en service. À Nabatieh, trois ambulanciers de la Croix-Rouge libanaise ont été blessés par des éclats d’obus hier mardi lors d’une opération de sauvetage de personnes blessées par une frappe aérienne.
Des enfants blessés par les éclats d’obus
Dans ces conditions, le nombre de blessures, en particulier chez les enfants, a augmenté rapidement dans les hôpitaux.
La porte-parole de l’UNICEF indique avoir rencontré des enfants gravement blessés par des éclats d’obus, « des éclats d’obus dans le cerveau, et un autre garçon qui avait des éclats d’obus dans la moelle épinière ». Ces enfants ont dû subir de graves opérations chirurgicales.
Pour l’UNICEF, les enfants libanais ont besoin d’un cessez-le-feu pour que les combats s’arrêtent, les armes se taisent et les bombardements cessent.
« Par-dessus tout, les enfants du Liban ont besoin de paix. C’est la meilleure façon pour le monde d’aider les enfants du Liban et pour les agences humanitaires comme l’UNICEF de pouvoir faire leur travail en toute sécurité, d’apporter au plus grand nombre d’enfants possible les services et les fournitures dont ils ont besoin pour sauver leur vie », a fait valoir la porte-parole.
Mission inter-agences de l’ONU à Nabatieh
Alors que les hostilités se poursuivent dans plusieurs régions du pays, de plus en plus de personnes sont déplacées. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) indique que plus de 809.000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du Liban au cours de l’année écoulée. Des centaines de milliers d’autres ont traversé les pays voisins.
Sur le terrain, les humanitaires sont engagés dans une course contre la montre pour venir en aide aux populations vulnérable. Un convoi inter-agences composé de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), du Programme alimentaire mondial (PAM), de l’OCHA, de l’UNICEF et du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) a atteint hier mardi le gouvernorat de Nabatieh, dans le sud du Liban.
L’équipe a livré des fournitures de première nécessité à la ville de Hasbaya afin de venir en aide à quelque 31.000 personnes réparties dans 20 villages. Cette aide comprenait de la nourriture, des matelas, des couvertures, des produits d’hygiène et des articles pour l’hiver à venir.
Dans la ville de Tyr, au sud, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a rouvert son centre de santé dans le camp de Burj Shemali. L’équipe sur place fournit des soins de santé primaires à près de 380 patients.