Fil d'Ariane
L’OMS va évacuer en Europe 1.000 femmes et enfants de Gaza pour des soins urgents
Israël, qui assiège le territoire palestinien dévasté par la guerre, « s’est engagé à procéder à 1.000 évacuations médicales supplémentaires au cours des prochains mois vers l’Union européenne (UE) ».
« Nous attendons des précisions sur les places disponibles dans les hôpitaux des pays de l’UE » a déclaré la branche européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans une note remise à ONU info.
« Dans le cadre des efforts globaux déployés depuis longtemps par l’OMS pour faciliter l’évacuation des enfants et d’autres civils vers des pays tiers afin d’y recevoir des traitements vitaux, l’OMS/Europe s’efforce de faciliter l’évacuation éventuelle d’un millier de femmes et d’enfants vers un certain nombre de pays de l’Union européenne, en passant par Israël », ajoute l’OMS, rappelant sa ferme détermination « à répondre aux besoins sanitaires et humanitaires urgents des civils à Gaza ».
L’OMS estime que de plus amples informations seront communiquées au fur et à mesure de l’avancement du processus.
En attendant, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU rappelle que « le temps presse » et qu’en fin de compte, « il n’y a pas de paix sans santé et pas de santé sans paix ».
A noter que Rik Peeperkorn, Représentant de l’OMS dans le territoire palestinien occupé, avait déclaré en mai dernier, qu’environ 10.000 personnes ont dû être évacuées de Gaza pour recevoir des soins médicaux urgents.
Presque aucune aide n’arrive à Gaza
Ces derniers développements humanitaires interviennent alors que le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note que seuls trois des dix hôpitaux du nord sont opérationnels, et ils ne fonctionnent qu’au minimum de leurs capacités.
D’une manière générale, les établissements de l’enclave palestinienne sont confrontés à de graves pénuries de carburant, de sang, de traitement des traumatismes et de médicaments, et les femmes accouchent sous des bombardements intensifs.
Par ailleurs, l’OCHA a demandé, depuis vendredi dernier, aux autorités israéliennes de faciliter d’urgence leur accès au nord de la bande de Gaza, afin de pouvoir secourir les dizaines de personnes piégées sous les décombres. « Chaque minute compte. Jusqu’à présent, les retards dans l’obtention des autorisations ont fait que les équipes de secours n’ont pu récupérer que des cadavres », a regretté l’Agence onusienne.
« À l’heure actuelle, presque rien n’arrive à Gaza. En termes de fournitures humanitaires, nous nous retrouvons dans la même situation qu’en octobre-novembre dernier », explique Sam Rose, qui précise qu’aucune aide n’atteint le sud de la bande de Gaza, où 1,7 million de personnes sont piégées, ni le nord, à Jabalia, où plus de 100 000 personnes sont privées de fournitures essentielles depuis plus de trois semaines.
Plus de 420.000 enfants vaccinés depuis le 14 octobre
« Nous ne pouvons pas mener une opération humanitaire à l’échelle nécessaire avec seulement quelques points de passage peu fiables et peu accessibles », a insisté sur X, Sam Rose, directeur adjoint de la logistique de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés Palestiniens (UNRWA).
Pour l’ONU, de nombreux itinéraires doivent être ouverts pour les fournitures et les services essentiels. « L’aide n’a été facilitée que lorsqu’elle a atteint les personnes qui en avaient besoin, au moment où elles en avaient besoin ».
S’agissant de la lutte contre la polio, au deuxième jour de la campagne de vaccination dans le sud de l’enclave palestinienne, près de 91.000 enfants ont été vaccinés et plus de 70.000 ont également reçu de la vitamine A.
Cela porte à 420.100 le nombre total d’enfants vaccinés depuis le début de la campagne le 14 octobre, tandis que 229.885 enfants ont reçu de la vitamine A jusqu’à présent.
« Destruction potentielle » de la population palestinienne dans le nord de Gaza
De son côté, le Bureau des droits de l’homme des Nations unies s’est inquiété dimanche « de la destruction potentielle de la population palestinienne dans le nord de Gaza ». Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit préoccupé par le fait qu’Israël « pourrait causer la destruction de la population palestinienne dans le gouvernorat le plus septentrional de Gaza par la mort et le déplacement ».
Une façon pour les services du Haut-Commissaire Volker Türk de s’alarmer de la manière dont l’armée israélienne mène les hostilités dans le nord de Gaza, ainsi que les interférences illégales avec l’aide humanitaire et les ordres qui conduisent à des déplacements forcés, notamment autour de Jabalia, Beit Lahia et Beit Hanoun.
« Pendant deux semaines, depuis le 6 octobre, l’armée israélienne a pris des mesures qui rendent la vie impossible aux Palestiniens dans le nord de Gaza, tout en ordonnant à plusieurs reprises le déplacement de l’ensemble du gouvernorat », a déploré le HCDH.
Les autorités israéliennes ont ainsi empêché l’entrée de toutes les fournitures essentielles dans le nord de Gaza entre le 1er et le 14 octobre, exacerbant la situation déjà désastreuse dans laquelle les approvisionnements en nourriture et en carburant dans le nord diminuaient et où de nombreuses personnes risquaient de mourir de faim.
Des dizaines d’hommes palestiniens placés en détention
Alors que l’armée israélienne a exigé que tous les civils quittent le nord de Gaza, elle a continué à bombarder et à attaquer sans relâche la zone, en particulier dans et autour du camp de Jabalia, poursuit le HCDH. Ces attaques ont rendu la fuite des civils extrêmement dangereuse et le Bureau des droits de l’homme des Nations unies a reçu ces dernières semaines des rapports faisant état de Palestiniens pris pour cible alors qu’ils s’enfuyaient.
« De nombreux Palestiniens du nord ont également exprimé leur crainte de ne jamais être autorisés à retourner chez eux dans le nord de la bande de Gaza s’ils s’enfuyaient ».
Des rapports indiquent également que des dizaines d’hommes palestiniens sont placés en détention par les Forces de défense israélienne (FDI), ce qui fait craindre qu’ils ne soient soumis à une détention arbitraire ainsi qu’à la torture et à d’autres mauvais traitements, surtout si l’on considère les violations antérieures documentées par le Bureau des droits de l’homme des Nations unies. « Israël doit rapidement annoncer l’identité de toutes les personnes placées en garde à vue et leur garantir l’accès à leurs avocats et à leurs familles ».