Fil d'Ariane
Gaza : la deuxième phase de la campagne de vaccination contre la polio démarre dans le centre de l'enclave
Cette nouvelle phase fait suite à la première série de vaccinations organisée le mois dernier, à la suite d’un cas de polio de type 2 qui a partiellement paralysé un bébé, le premier cas en 25 ans dans le territoire.
La deuxième dose de vaccin antipoliomyélitique est nécessaire non seulement pour l’immunisation des enfants mais aussi interrompre la transmission du poliovirus.
« La vaccination contre la polio a commencé dans le centre de la bande de Gaza. Nous demandons instamment à tous les parents et soignants de veiller à ce que leur enfant soit vacciné », a indiqué sur le réseau social X, l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Nous demandons instamment à tous les parents et soignants de veiller à ce que leur enfant soit vacciné
La première campagne, qui s’est déroulée du 1er au 12 septembre, a permis de vacciner 559.161 enfants, soit environ 95 % des jeunes éligibles au niveau des gouvernorats.
L’enjeu des pauses humanitaires
Dans le cadre de la nouvelle campagne, les enfants recevront de la vitamine A en plus du nouveau vaccin oral contre la polio de type 2 (nOPV2), afin de les aider à résister à la menace de maladie causée par leurs « conditions d’hygiène et d’assainissement extrêmement difficiles ». L’objectif est d’atteindre environ 590.000 enfants de moins de dix ans en moins de deux semaines.
Mais les agences humanitaires redoutent que les ordres d’évacuation d’Israël et le siège de plusieurs jours sur le nord de la bande de Gaza ne compromettent l’efficacité de la deuxième campagne.
Donc pour mener à bien cette nouvelle phase, les agences humanitaires onusiennes ont demandé que les pauses humanitaires soient « respectées ». Au cours du premier cycle de la campagne de vaccination, une pause humanitaire a été décidée de 6h à 15h (9h-18h GMT) tous les jours dans des zones désignées de l’enclave palestinienne.
Une école destinée à la campagne de vaccination touchée par un raid meurtrier
L’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) note que cette deuxième phase de la campagne de vaccination intervient au lendemain de « terribles frappes » nocturnes. Une frappe israélienne a touché la cour d’un hôpital, brûlant les tentes où les gens dormaient.
Juste avant cela, une école de l’UNRWA abritant des familles a été touchée à Nuseirat et 20 personnes auraient été tuées.
L’établissement devait servir de site de vaccination contre la polio lundi.
« Cette attaque n’est qu’un des nombreux incidents survenus cette nuit dans la bande de Gaza », a affirmé la porte-parole de l’UNRWA, Louise Wateridge à ONU Info.
« Ce sont des gens qui s’abritent. Ils essaient juste de trouver un endroit où dormir, de trouver un peu de sécurité dans la bande de Gaza où il n’y en a absolument aucune ».
Des images diffusées par l’UNRWA montrent des secouristes à la recherche de survivants sur le site de l’hôpital Al Aqsa, au milieu de tentes incendiées et de cadres métalliques carbonisés.
Une nouvelle nuit d’horreur
D’autres séquences vidéo montrent un feu intense et de la fumée émanant du milieu d’une série de grands abris sous tente, tandis que des équipes d’urgence retirent ce qui semble être un corps gravement brûlé du sol d’une tente carbonisée, après l’avoir recouvert d’une couverture.
« Une nouvelle nuit d’horreur dans les zones intermédiaires.... l’humanité doit prévaloir. Des tentes en flammes à cause d’une frappe aérienne sur la cour de l’hôpital Al Aqsa où les gens cherchaient un abri », a décrit sur X, le Chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini.
Selon l’UNRWA, la campagne de vaccination dans cette école a été annulé en raison des « dégâts importants ». « Pour vacciner le plus grand nombre d’enfants possible, toutes les parties doivent respecter les pauses humanitaires dans la région », insiste l’Agence onusienne, déplorant le fait que l’enclave palestinienne soit « un enfer sans fin ».
Le sort de plus de 400.000 personnes restées dans le nord de Gaza
Les bombardements continus, les frappes aériennes et les affrontements armés dans le nord de la bande de Gaza se sont sérieusement intensifiés au cours de la semaine dernière, où plus de 400.000 personnes sont toujours réfugiées.
Le camp de Jabalia a été la zone la plus touchée, avec des rapports de familles piégées dans les zones d’opérations militaires en cours. L’accès humanitaire à Jabalia continue d’être refusé.
Dans ces conditions, la zone la plus difficile à vacciner reste le nord, où « aucune aide alimentaire » n’est entrée depuis le 1er octobre, a ajouté l’UNRWA, faisant écho aux avertissements du bureau de coordination de l’aide des Nations Unies, OCHA, qui a déclaré qu’« aucun produit de base » n’avait été autorisé à franchir les points de contrôle menant du sud au nord.
« La pression exercée sur plus de 400.000 personnes restées dans le nord de Gaza pour qu’elles partent vers le sud augmente », a déclaré Muhannad Hadi, le Coordonnateur des opérations humanitaires pour le Territoire palestinien occupé.
Les ordres d’évacuation se multiplient
Dans une déclaration, M. Hadi a noté que l’armée israélienne avait réémis des ordres d’évacuation les 7, 9 et 12 octobre, alors que les hostilités « continuent de s’intensifier, entraînant davantage de souffrances et de pertes civiles ».
Plus de 50.000 personnes ont été déplacées de la zone du camp de Jabaliya qui reste assiégée, « tandis que d’autres restent bloquées dans leurs maisons en raison de l’intensification des bombardements et des combats », a-t-il déclaré.
Les besoins dans le nord restent désespérés, a insisté le haut fonctionnaire de l’ONU, alors que les opérations militaires ont fermé « les puits d’eau, les boulangeries, les points médicaux et les abris », tout en suspendant les services de protection, le traitement de la malnutrition et les espaces d’apprentissage temporaires. Les hôpitaux « ont vu un afflux de traumatismes », a noté M. Hadi.
Deux hôpitaux au nord de Gaza ravitaillés par une mission après neuf tentatives
Par ailleurs, une mission conjointe de l’OMS et de la Croix-Rouge palestinienne a réussi samedi à évacuer des malades et ravitailler deux hôpitaux dans le nord de la bande de Gaza, a indiqué dimanche le patron de l’OMS sur le réseau social X.
« L’OMS et ses partenaires ont finalement réussi à atteindre les hôpitaux Kamal Adwan et Al-Sahaba hier [samedi] après neuf tentatives cette semaine », a souligné le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, ajoutant que les chauffeurs avaient été soumis à des traitements « humiliants » à un checkpoint.
« Les missions ont été menées à bien au milieu des hostilités en cours », a-t-il ajouté.
Il a déclaré que les chauffeurs avaient été soumis à un « contrôle de sécurité humiliant » et temporairement détenus à un poste de contrôle, « ce qui est inacceptable ».