Fil d'Ariane
Moyen-Orient : des Casques bleus de l’ONU à nouveau blessés par des tirs israéliens dans le sud du Liban
« Je condamne évidemment le fait que des coups de feu aient été tirés contre les locaux des Nations Unies, blessant deux soldats de la paix, ce qui constitue une violation du droit humanitaire international », a dit le chef de l’ONU lors d’un point de presse à Vientiane, la capitale du Laos, qui abrite un sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN en anglais).
Selon les rapports des médias, il y a eu ce vendredi 11 octobre de nouveaux tirs israéliens sur une position des Casques bleus sri-lankais dans le sud du Liban, au lendemain de tirs similaires, qui ont ciblé deux Casques bleus indonésiens. Ces militaires ont été blessés après le tir d’un véhicule blindé israélien vers une tour d’observation du quartier général de la FINUL à Naqoura, dans le sud du Liban.
Eviter une guerre totale au Liban et une régionalisation du conflit
Pour le chef de l’ONU, les soldats de la paix doivent être protégés par toutes les parties au conflit, et ce qui s’est passé est évidemment condamnable.
« De nombreuses parties ont naturellement réagi en exprimant leur solidarité avec les soldats de la paix blessés et en disant très clairement à Israël que cet incident était intolérable et qu’il ne pouvait pas se reproduire ».
« Ce à quoi nous assistons au Liban est une opération massive de frappes, de bombardements lourds, évidemment aussi de bombardements du côté du Hezbollah, mais qui causent un nombre dramatique de morts parmi les civils », a-t-il ajouté, déplorant « une énorme tragédie au Liban » .
La communauté internationale doit « tout faire pour éviter une guerre totale au Liban », « nous assistons à une escalade après escalade, à une régionalisation du conflit qui devient une menace pour la paix et la sécurité mondiales », a fait valoir M. Guterres.
Le numéro un de l’ONU demande instamment aux différents acteurs de faire preuve d’un maximum de retenue.
« Car nous ne pouvons pas nous permettre une conflagration mondiale dans la région, qui aurait des répercussions négatives dramatiques sur la situation économique et politique mondiale ».
La situation des civils empire de jour en jour au Liban, à Gaza, en Israël et en Syrie
En écho aux propos du chef de l’ONU, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU note que la situation des civils sur le terrain au Liban, à Gaza, en Israël et en Syrie empire de jour en jour.
Les propos récents menaçant le peuple libanais dans son ensemble et l’appelant à se soulever contre le Hezbollah ou à faire face à la destruction comme à Gaza, risquent d’être compris comme encourageant ou acceptant la violence dirigée contre les civils...en violation du droit international
Selon les services du Haut-Commissaire Volker Türk, « l’aggravation du conflit et l’escalade progressive mettent en danger la vie et le bien-être de millions de personnes dans la région ».
Face à cette escalade de la violence, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit « consterné par les propos incendiaires tenus de part et d’autre ».
« Les propos récents menaçant le peuple libanais dans son ensemble et l’appelant à se soulever contre le Hezbollah ou à faire face à la destruction comme à Gaza, risquent d’être compris comme encourageant ou acceptant la violence dirigée contre les civils et les objets civils, en violation du droit international », a déclaré lors d’un point de presse Ravina Shamdasani, porte-parole du HCDH, relevant que « le dénigrement permanent des Nations Unies est inacceptable », mais aussi « ce type de rhétorique toxique, quelle qu’en soit la source, doit cesser ».
En attendant, la capitale Beyrouth, densément peuplée, est de plus en plus touchée par les frappes aériennes israéliennes, qui font des centaines de morts, et plus d’un million de personnes ont fui leurs foyers dans tout le pays.
« La nuit dernière, Beyrouth a de nouveau été bombardée, avec la frappe la plus lourde jamais effectuée sur la partie centrale de la ville. Selon le ministère de la santé publique, au moins 22 personnes ont été tuées et plus de 100 autres blessées ».
« Les déclarations belliqueuses de ceux qui détiennent le pouvoir doivent cesser »
Le Hezbollah et d’autres groupes armés continuent de tirer des roquettes sur Israël, ce qui a entraîné les premières victimes civiles dans le nord depuis la dernière escalade des hostilités entre Israël et le Liban le mois dernier.
Les 9 et 10 octobre, le Hezbollah a déclaré avoir lancé au moins 360 missiles sur Israël depuis le sud du Liban. Deux personnes ont été tuées dans une attaque à la roquette sur la ville frontalière de Kiryat Shmona le 9 octobre, un jour après que cinq autres aient été blessées dans une attaque à la roquette à Haïfa.
Plus largement, le peuple libanais subit de plein fouet les conséquences de cette nouvelle phase du conflit. De nombreuses personnes déplacées ont fui vers la Syrie. Du 23 septembre au 9 octobre, plus de 310.000 Syriens et près de 110.000 Libanais auraient franchi la frontière.
Le ministère libanais de la santé publique indique que près de 400 enfants et femmes font partie des 2.000 personnes tuées depuis octobre 2023. On signale régulièrement que des infrastructures civiles essentielles ont été frappées, notamment des hôpitaux, des cliniques, des ambulances et des écoles, et que des habitations ont été détruites. Au total, plus de 100 membres du personnel médical ont été tués au Liban depuis octobre de l’année dernière.
« Les massacres, les destructions et les déclarations belliqueuses de ceux qui détiennent le pouvoir doivent cesser. Il n’y a pas d’autre solution pour résoudre ce conflit que la table des négociations », a conclu Mme Shamdasani.