Fil d'Ariane
L’UNRWA demande au Conseil de sécurité de la protéger des tentatives israéliennes de la démanteler
Dans un exposé par visioconférence devant les membres du Conseil réunis à New York, M. Lazzarini a noté que « des hauts responsables israéliens ont décrit la destruction de l’UNRWA comme un objectif de guerre ».
« Une loi visant à mettre fin à nos opérations est prête à être définitivement adoptée par la Knesset israélienne. Elle vise à interdire la présence et les opérations de l’UNRWA sur le territoire israélien, en révoquant ses privilèges et immunités, en violation du droit international », a-t-il ajouté, notant que si ce projet de loi est adopté, « les conséquences seront graves ».
La réponse humanitaire pourrait se désintégrer
Selon lui, sur le plan opérationnel, toute la réponse humanitaire à Gaza – qui repose sur l’infrastructure de l’UNRWA – « pourrait se désintégrer ». « La coordination avec Israël cesserait, ce qui perturberait encore davantage la fourniture d’abris, de nourriture et de soins de santé aux personnes qui en ont désespérément besoin à l’approche de l’hiver », a-t-il ajouté.
« Plus de 650.000 enfants perdraient tout espoir de reprendre leurs études et une génération entière serait sacrifiée. En Cisjordanie, la fourniture d’éducation, de soins de santé primaires et d’aide d’urgence à des centaines de milliers de réfugiés palestiniens serait interrompue », a-t-il encore dit.
Sur le plan juridique, il a estimé que la législation de la Knesset « viole les obligations d’Israël en vertu de la Charte des Nations Unies et du droit international ». Sur le plan politique, « la législation anti-UNRWA, qui fait partie d’une campagne plus vaste visant à démanteler l’Agence, vise à priver les Palestiniens de leur statut de réfugié et à modifier – unilatéralement – les paramètres d’une future solution politique », a-t-il ajouté.
Le chef de l’UNRWA a estimé que ces attaques créent un grave précédent pour d’autres situations de conflit dans lesquelles les gouvernements pourraient vouloir éliminer une présence gênante de l’ONU.
« Elles visent non seulement l’UNRWA, mais toute personne ou entité qui réclame le respect du droit international et une solution politique pacifique », a-t-il affirmé, estimant que « ne pas repousser les tentatives d’intimidation et de sape de l’action des Nations Unies dans le territoire palestinien occupé finira par compromettre le travail humanitaire et le travail en faveur des droits de l’homme dans le monde entier ».
Climat d'impunité
« Ce Conseil doit décider dans quelle mesure il tolérera des actes qui frappent au cœur du multilatéralisme et compromettent la paix et la sécurité internationales », a martelé Philippe Lazzarini à l’adresse des membres du Conseil de sécurité.
Selon lui, « le climat d’impunité qui règne ne se dissipera pas sans une action décisive ».
« Nous pouvons défendre la Charte des Nations Unies et faire respecter le droit international, y compris les Conventions de Genève et les décisions des tribunaux internationaux, sans exception. Ou bien, nous pouvons admettre que l’ordre international fondé sur des règles, qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, est terminé ».
Selon le chef de l’UNRWA, les ravages de l’année écoulée « devraient nous empêcher de créer de nouvelles normes de guerre dangereuses et de renier notre engagement de plusieurs décennies envers les réfugiés palestiniens ».
« L’UNRWA fait partie intégrante des Nations Unies, qui constituent le point d’ancrage du système multilatéral. Je vous exhorte à protéger cette agence des Nations Unies contre les tentatives visant à mettre fin à son mandat, de manière arbitraire et prématurée, en l’absence d’une solution politique promise depuis longtemps », a-t-il dit.
Souffrances inimaginables
De son côté, Lisa Doughten, Directrice des finances et des partenariats au Bureau des affaires humanitaires de l’ONU, OCHA, a rappelé devant les membres du Conseil que l’année écoulée a été marquée par des souffrances inimaginables.
« Rares sont les fois où, dans l’histoire récente, nous avons été témoins de souffrances et de destructions de la taille, de l’ampleur et de la portée que nous voyons à Gaza », a-t-elle affirmé.
Au cours de l’année écoulée, les ordres de déplacement « incessants » émis par Israël ont touché près de 84 % du territoire de Gaza, et environ 90 % de la population est déplacée à l’intérieur de l'enclave.
« Les ordres d’évacuation sont censés protéger les civils, mais c’est exactement le contraire qui se produit », a déclaré Mme Doughten, réitérant qu’il n’y a pas d’endroit sûr dans l’enclave.
Pendant ce temps, de graves obstacles à l’entrée de fournitures commerciales essentielles et à l’accès humanitaire persistent, avec de lourdes restrictions aux points de contrôle israéliens. « Ces restrictions mettent la vie en danger », a-t-elle dit.
Selon elle, « les gens sont traumatisés, affamés, creusent à mains nues dans les décombres pour retrouver leurs proches ». Ils sont de plus en plus frustrés par l’incapacité de la communauté internationale à mettre un terme aux hostilités. Et, à mesure que la situation s’aggrave, cette colère se dirige de plus en plus vers les travailleurs humanitaires.