Fil d'Ariane
Plus de 400.000 Palestiniens pris au piège dans le nord de Gaza, selon l'UNRWA
Des centaines de milliers de personnes et des dizaines d’installations humanitaires ont été affectées par quatre nouveaux ordres d’évacuation. Il y a des risques croissants que l’accès humanitaire soit encore plus limité, en particulier entre le sud et le nord de la bande de Gaza, ont averti les agences humanitaires onusiennes.
Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), « l’enfer n’a pas de fin ». « Les récents ordres d’évacuation des autorités israéliennes forcent ainsi les populations à fuir encore et encore, en particulier le camp de Jabalia. Beaucoup refusent parce qu’ils savent trop bien qu’aucun endroit n’est sûr dans la bande de Gaza », a écrit sur le réseau social X, Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA.
Inquiétudes pour la 2e phase de la campagne de vaccination contre la polio
Les abris et les services de l’agence onusienne sont contraints de fermer, certains pour la première fois depuis le début du conflit. « Comme il n’y a pratiquement pas de produits de base disponibles, la faim s’étend et s’aggrave à nouveau ».
D’ores et déjà, cette récente opération militaire « menace » également la mise en œuvre de la deuxième phase de la campagne de vaccination des enfants contre la polio. « Comme toujours, les enfants sont les premiers et les plus touchés », a regretté M. Lazzarini.
Des centaines de milliers de personnes sont contraintes de se déplacer vers le sud, à Al Mawasi, qui est déjà surpeuplé et manque de services de base. Ces nouveaux ordres impacteront l’accessibilité et la fonctionnalité des principales installations humanitaires dans les zones prévues pour l’évacuation.
Au moins 70.000 personnes ont déjà été déplacées
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les premières estimations du groupe de travail sur la gestion des sites de déplacés (SMWG) indiquent qu’environ 50.000 personnes ont déjà quitté le nord de Gaza pour se rendre dans la ville de Gaza. Dans le même temps, plus de 20.000 personnes ont quitté les camps de réfugiés d’An Nuseirat et d’Al Bureij pour se réfugier dans le sud de Deir al Balah et de Khan Younis.
En outre, 12 sites de déplacés se trouvent dans des zones nouvellement touchées par ces ordres dans le nord de Deir al Balah. Outre les 300 patients des hôpitaux indonésiens, Kamal Adwan et Al Awda dans le nord de Gaza, ces ordres touchent aussi des dizaines d’installations qui offrent des services essentiels en matière de santé, d’eau, d’hygiène, de salubrité et d’éducation.
Avant cette nouvelle annonce, l’armée israélienne avait déjà émis quatre ordres d’évacuation entre le 5 et le 7 octobre : 11 blocs dans les camps de réfugiés d’Al Bureij et d’An Nuseirat dans le nord de Deir Al Balah ; les gouvernorats de Gaza et du nord de Gaza ; 31 quartiers dans le nord de Gaza, y compris Beit Hanoun, Jabalya et Beit Lahiya ; et huit quartiers à Khan Younis.
« La souffrance à Gaza dépasse les mots »
Au 7 octobre, la zone désignée par Israël pour les civils à reloger est estimée à 57 kilomètres carrés, soit environ 15 % de la bande de Gaza. À l’heure actuelle, la zone totale couverte par les ordres d’évacuation dans la bande de Gaza, à l’exclusion de ceux qui ont été révoqués, constitue environ 84 % de la bande de Gaza.
Par ailleurs, l’intensification des opérations militaires dans le nord a forcé l’UNRWA à fermer les services de secours dans cette partie de l’enclave palestinienne. Au moins sept écoles de l’UNRWA abritant des personnes déplacées sont en cours d’évacuation.
En outre, seuls 2 des 8 puits d’eau du camp de Jabalia sont encore opérationnels. « La souffrance à Gaza dépasse les mots. Il est temps que tous les États agissent de manière décisive pour assurer le respect du droit international humanitaire et mettre fin au conflit », a conclu l’OCHA.