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La crise en Haïti peut être résolue, affirme le chef des droits de l’homme de l’ONU

Le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a estimé mardi que « la crise sécuritaire, la crise de l’État de droit et la crise de gouvernance que traversent les Haïtiens peuvent être résolues ».

« Dans un pays de moins de 28.000 kilomètres carrés, soit moins de 65 % de la superficie de la Suisse, la résolution de la crise actuelle n’est pas un défi démesuré, ni en termes de stratégie ni en termes de coût. Au contraire : chaque facette de la crise actuelle en Haïti peut être abordée et résolue », a dit M. Türk, lors d’un dialogue interactif sur Haïti au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.

Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
© OHCHR/Anthony Headley
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

Embargo sur les armes

Selon lui, il est crucial, pour résoudre ces crises, que l’embargo sur les armes décrété par le Conseil de sécurité soit pleinement mis en œuvre « afin d’empêcher la fourniture d’armes à feu et de munitions à des acteurs non étatiques en Haïti ». Il a aussi plaidé pour la pleine mise en œuvre du gel ciblé des avoirs et de l’interdiction de voyager.

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« L’embargo est obligatoire et a été adopté à l’unanimité – la dernière fois en octobre 2023. Il doit être renouvelé le 18 octobre. J’encourage vivement l’adoption de cet important ensemble de mesures et j’exhorte tous les États – y compris tous les États membres du Conseil de sécurité – à en appliquer pleinement tous les aspects », a déclaré le chef des droits de l’homme.

Il a noté que les armes et les munitions ne sont pas fabriquées en Haïti et qu’elles proviennent d’entreprises situées ailleurs.

« Les États doivent faire davantage pour appliquer pleinement l’embargo du Conseil de sécurité sur les exportateurs d’armes opérant sur leur territoire ou à partir de celui-ci. Cela conduit à des milliers de meurtres, à des déplacements massifs, à la destruction complète de l’économie et à d’horribles souffrances », a-t-il dit.

Assassinats, enlèvements, violences sexuelles

Il a rappelé que ses services ont documenté des assassinats ciblés et des fusillades aléatoires, y compris d’enfants, par des membres de gangs criminels de plus en plus puissants ; des enlèvements ; le recrutement forcé, l’exploitation et le trafic d’enfants ; des violences sexuelles et sexistes qui ont atteint des sommets inédits.

Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays a augmenté de 95 % depuis mars, pour atteindre 703.000 personnes, soit près de 6 % de la population.

Les attaques contre les hôpitaux, les banques, les commissariats de police, les écoles, le principal port maritime et l’aéroport de la capitale, ainsi que le contrôle des routes par les gangs perturbent la fourniture de services essentiels, avec des conséquences humanitaires mortelles.

Plus de 4,9 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë ; autrement dit, plus d’un tiers de la population souffre de malnutrition grave, qui se traduit par l’émaciation et la famine. Trois millions d’enfants haïtiens ont besoin d’aide humanitaire.

Mission multinationale d’appui à la sécurité

Volker Türk a salué le renouvellement par le Conseil de sécurité, la semaine dernière, de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, dirigée par le Kenya. Il a jugé crucial que la mission reçoive des ressources et un soutien adéquats.

Il a souligné que toutes les opérations de sécurité – y compris celles menées conjointement par la mission multinationale et la police haïtienne – doivent être pleinement conformes au droit international, notamment au droit international des droits de l’homme, et elles doivent rendre des comptes.

Il a indiqué que son bureau soutient l’élaboration et la mise en œuvre du mécanisme de conformité demandé par le Conseil de sécurité. En collaboration avec la mission multinationale, « nous organisons des séances d’information pour le personnel ayant des responsabilités de commandement concernant les normes internationales sur le recours à la force, la prévention de l’exploitation et des abus sexuels et une approche fondée sur des principes pour les questions impliquant des enfants associés à des gangs », a-t-il précisé.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) aide la mission multinationale à établir un mécanisme de plainte pour les communautés locales et continue également à soutenir les autorités haïtiennes et à surveiller et vérifier les violations présumées des droits de l’homme, y compris toute allégation d’exploitation et d’abus sexuels.

Par ailleurs, M. Türk s’est dit « peiné » de voir les déportations, les mauvais traitements et les calomnies haineuses et racistes qui visent les Haïtiens dans certains pays de la région. « Les Haïtiens ont les mêmes droits de vivre à l’abri de la violence, de la peur et de la misère que toute personne de toute autre nationalité », a-t-il dit.