Fil d'Ariane
La Russie reproche au camp occidental d’être incapable de renoncer à des pratiques néocoloniales
Rappelant que les Etats-Unis s’étaient engagés, lors du Sommet des Nations Unies de 2005, à « établir un monde juste conformément aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations Unies », il a affirmé que cela n’avait pas empêché les États-Unis de pousser le dirigeant géorgien de l’époque à déclencher une agression armée contre le peuple d’Ossétie du Sud et les soldats de maintien de la paix russes, en 2008.
De même, « trois ans plus tard, l’OTAN a organisé l’intervention militaire en Libye, détruisant son État et déstabilisant les pays voisins », a-t-il poursuivi.
M. Lavrov a également reproché au camp occidental de siphonner les richesses naturelles et culturelles des pays du Sud, malgré les promesses faites lors du Sommet de 2015 sur le développement durable. Il a invité l’assistance à regarder « les statistiques sur la réalisation des promesses pour financer le développement des pays du Sud et y transférer des technologies respectueuses de l’environnement ».
Velléités d'hégémonie mondiale des Occidentaux
Il a également accusé les États-Unis et leurs alliés de poursuivre, contre l’écrasante majorité des États Membres, des velléités d’hégémonie mondiale tous azimuts, en voyant une preuve dans le maintien de l’embargo commercial contre Cuba depuis plus de 60 ans et les bâtons que Washington n’a de cesse de mettre dans les roues de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le chef de la diplomatie russe a encore vu la main de la « minorité occidentale » dans le fait que les changements attendus dans la réforme de l’ONU sont notamment freinés par l’octroi de l’essentiel des postes occupés au Secrétariat à des représentants de cette « minorité ».
Pour la Russie, réanimer l’ONU nécessite d’en finir avec les sommets et les déclarations déconnectés de la réalité : ce qu’il faut, a affirmé le M. Lavrov, c’est restaurer une confiance fondée sur le principe constitutionnel de l’égalité souveraine de tous les États Membres. Ainsi faut-il faire le contraire de ce qui a conduit à l’adoption du Pacte pour l’avenir, un document « adopté sans qu’il y ait eu la moindre séance plénière » et rédigé pendant 18 mois sous le contrôle des « manipulateurs occidentaux ». « Résultat : le Pacte, avant même d’exister réellement, a déjà rejoint le panthéon des déclarations d’intention écrites dans un anglais magnifiquement formulé mais qui ne fonctionnent pas », a affirmé M. Lavrov.
Il a également vivement critiqué le fonctionnement du Conseil de sécurité, dénonçant le sabotage par les Occidentaux des processus relatifs au Kosovo, à la Bosnie-Herzégovine et à la création d’un État palestinien indépendant vivant dans la paix et la sécurité aux côtés d’Israël.
Jugeant sévèrement tous ceux qui exigent que le reste du monde suive leurs « règles », le ministre russe a soutenu que c’est la présence d’une « célèbre coalition » qui, en envahissant l’Afghanistan, a provoqué la formation d’Al-Qaida, que l’invasion de l’Iraq eut pour conséquence directe la création de l’État islamique, que le déclenchement de la guerre en Syrie a donné naissance au Front el-Nosra et que la destruction de la Libye a ouvert les vannes de la pénétration du terrorisme dans la région saharo-sahélienne et de l’afflux de millions de migrants illégaux vers l’Europe.
Violations des droits des Russes
À ceux qu’il a appelés les « stratèges anglo-saxons », Sergueï Lavrov a souligné que leurs projets n’échappaient à personne : « vaincre la Russie avec les mains du régime néonazi illégitime de Kiev ». Il a jugé insensé de vouloir préparer l’Europe à se lancer dans une aventure suicidaire, à savoir lutter jusqu’à la victoire avec une puissance nucléaire comme la Russie.
Le ministre russe a, une fois encore, justifié « l’opération militaire spéciale que mène la Russie » par l’unique souci de protéger les populations russes vivant sous le joug de Kiev, restaurer les droits que leur confère la Charte et assurer leur avenir sur leur terre ancestrale. Ce sont les violations flagrantes des droits des « Russes » et les menaces contre la sécurité de la Russie, et de toute l’Europe, du régime de Kiev et de l’OTAN qui sont les causes profondes de la crise ukrainienne actuelle, a-t-il martelé.