Fil d'Ariane
La Palestine et Israël plaident tour à tour leur cause devant l’Assemblée générale
« La Palestine est à nous, et le restera. Ceux qui doivent en partir, sont les usurpateurs qui l’occupent », a déclaré jeudi Mahmoud Abbas lors du débat général de la 79e session de l'Assemblée générale.
Le Président palestinien a commencé par rappeler que les Palestiniens endurent depuis près d'un an « l'un des crimes les plus odieux de notre époque ».
« C'est le crime d'une guerre de génocide à grande échelle qu'Israël est en train de perpétrer. Un crime qui a causé plus de 40.000 morts à Gaza, alors que des milliers de victimes sont toujours sous les décombres. Un crime responsable de plus de 100.000 blessés à ce jour », a-t-il dénoncé.
Selon Mahmoud Abbas, « des familles palestiniennes entières ont été anéanties, leurs lignées totalement effacées ». « Durant l’agression, les maladies se propagent, l'eau potable et les médicaments vitaux sont rares, et plus de deux millions de Palestiniens ont été déplacés, beaucoup forcés de fuir à plusieurs reprises en quête de sécurité », a-t-il dénoncé, ajoutant que les morts et les blessés s’accumulent sans relâche, non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie et à Jérusalem.
Les civils innocents de Gaza
Le Président Abbas a assuré qu'il ne s'exprimait pas « pour répondre aux mensonges » du Premier ministre israélien, qui a affirmé devant le Congrès américain en juillet que les forces israéliennes n'avaient pas tué de civils innocents à Gaza.
« Alors je vous le demande, qui donc a tué plus de 15.000 enfants et autant de femmes et de personnes âgées sur les 40.000 victimes », a-t-il tonné à la tribune. « Et qui est donc celui qui continue à les tuer ? »
Plus tard dans son discours, Mahmoud Abbas a présenté une proposition en 12 points concernant « le jour d’après » à Gaza.
Il a appelé, entre autres, à un cessez-le-feu complet et permanent à Gaza, à la fin de la violence militaire et des colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et à un retrait israélien complet de la bande de Gaza – sans zones tampons ni annexions d'aucune sorte.
Aide humanitaire et protection internationale des Palestiniens
Le Président palestinien a réitéré la nécessité d'une aide humanitaire régulière et suffisante à Gaza, de la fin des déplacements forcés dans tout le Territoire palestinien occupé, d'une protection et d'un soutien renforcés à l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et à d'autres organisations humanitaires, afin qu'elles puissent continuer à fournir des services aux Palestiniens.
Il a également appelé à une protection internationale pour les Palestiniens dans les territoires occupés. « Nous ne pouvons pas combattre Israël, et nous ne voulons pas nous battre ; nous souhaitons une protection », a-t-il déclaré, ajoutant que l'État de Palestine devait assumer ses responsabilités à Gaza et exercer sa juridiction sur la région, y compris le contrôle des points de contrôle frontaliers.
« C'est la proposition que nous vous soumettons. Vous pouvez l'accepter, l'amender ou la changer. Nous sommes prêts pour tout cela », a-t-il dit.
En conclusion de son allocution, M. Abbas a déclaré que, « alors que nous reconnaissons l'État d'Israël, Israël, lui, ne nous reconnaît pas ». « Nous souhaitons une solution qui protégera les deux pays – l'État de Palestine et l'État d'Israël – afin qu'ils puissent coexister dans la paix, la stabilité et la sécurité ».
Israël « aspire à la paix »
Le Premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahu, montant à la tribune ce vendredi 27 septembre, a assuré être venu « pour parler au nom de mon peuple, pour parler au nom de mon pays et au nom de la vérité ». « La vérité est qu'Israël aspire à la paix », a-t-il déclaré.
« Nous faisons face à des ennemis sauvages qui cherchent à nous anéantir, et nous devons nous défendre contre ces meurtriers sauvages », a-t-il ajouté
Le Premier ministre israélien a évoqué son discours lors du débat général de l'année dernière, durant lequel il avait déclaré qu'Israël était confronté au même choix que celui que Moïse avait présenté à son peuple il y a des milliers d'années, lorsqu’il lui disait « que nos actions détermineront si nous léguons aux générations futures une bénédiction ou une malédiction ».
« Et c'est le choix auquel nous sommes confrontés aujourd'hui », a-t-il souligné, citant « la malédiction de l'agression incessante de l'Iran et la bénédiction d'une réconciliation historique entre Arabes et Juifs ».
Cette « bénédiction » est apparue sous la forme d'un accord de normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël, « mais elle a été suivie par la malédiction du 7 octobre » quand des milliers de terroristes du Hamas soutenus par l'Iran ont fait irruption en Israël, commettant des « atrocités inimaginables », le meurtre brutal de 1.200 personnes, dont des enfants ; des violences sexuelles à l'égard des femmes ; et l'enlèvement de 251 personnes de différents pays. « Des scènes qui rappellent l'holocauste nazi », a déclaré Benjamin Netanyahou.
Si vous nous frappez, nous vous frapperons
Selon lui, cette malédiction ne s’est pas arrêtée le 7 octobre, car « Israël a bientôt été contraint de se défendre sur six autres fronts de guerre organisés par l’Iran » puis contre l’offensive directe de l’Iran, pour la première fois, contre son territoire. « Si vous nous frappez, nous vous frapperons », a assuré M. Netanyahu. « Il n’est aucun lieu en Iran, que le long bras d’Israël ne puisse atteindre. Et cela est vrai de tout le Moyen-Orient ».
Stigmatisant « l’agression de l’Iran » et « le radicalisme qu’il cherche à imposer bien au-delà du Moyen Orient », le Premier ministre israélien a appelé les gouvernements responsables à aider Israël à arrêter le programme nucléaire iranien.
Il a par ailleurs loué les progrès de l’offensive contre le Hamas à Gaza, assurant avoir détruit 90% de son arsenal de roquettes et 23 de ses 24 bataillons et réitéré son rejet de tout rôle pour le Hamas dans l’après-guerre. « Nous ne cherchons pas à délocaliser Gaza. Nous voulons un Gaza démilitarisé et déradicalisé, pour nous assurer que les combats d’aujourd’hui seront les derniers », a-t-il affirmé.
Défense contre les accusations de génocide
Opposant « la malédiction du terrorisme qui menace toutes les sociétés civilisées » à la bénédiction que représenterait un accord de paix historique entre Israël et l’Arabie saoudite pour la prospérité et la paix dans le Moyen-Orient, Benjamin Netanyahu a appelé les Etats membres à choisir « entre le bien et le mal ».
« Lorsque vous vous tenez au côté d’Israël, vous défendez aussi vos propres valeurs et vos propres intérêts », a-t-il affirmé, s’érigeant contre la confusion morale qui conduit à accuser Israël de génocide quand il se défend lui-même contre une tentative de génocide.
« Aucune armée n’a fait ce que fait Israël pour minimiser les pertes civiles », a-t-il assuré, critiquant sévèrement « les manifestations des soi-disant progressistes contre la démocratie d’Israël », pour beaucoup financées, selon lui, par l’Iran.
Condamnations d’Israël à l’ONU
Benjamin Netanyahu a aussi critiqué les appels d’Etats membres de l’ONU à l’exclusion d’Israël de l’Organisation, et en particulier le Président Mahmoud Abbas, l’appelant à « laisser son fanatisme à la porte », décrivant cette atteinte à son pays comme une tache morale sur les Nations Unies, et s’érigeant contre « un marais de bile antisémite », source à ses yeux de 174 condamnations d’Israël par l’Assemblée générale depuis 2014 et des possibles mandats d’arrêts de la Cour pénale internationale contre lui et son ministre de la Défense.
« Les vrais criminels de guerre ne sont pas en Israël », a-t-il déclaré. « Ils sont en Iran, à Gaza, en Syrie, au Liban, au Yémen. Et j’ai un message pour vous : Israël gagnera cette bataille. Il gagnera car nous n’avons pas le choix ».