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La Palestine et Israël plaident tour à tour leur cause devant l’Assemblée générale

Ouverture du débat général de l'Assemblée générale par le Président de l'Assemblée générale, Philémon Yang.
UN Photo/Mark Garten
Ouverture du débat général de l'Assemblée générale par le Président de l'Assemblée générale, Philémon Yang.
Le Président de l’Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahu, se sont succédés jeudi et vendredi, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, le premier stigmatisant « un crime odieux à Gaza » et demandant un cessez-le-feu, le second dénonçant, après l’attaque du 7 octobre, la « malédiction terroriste » qui menace son pays, et exhortant les Etats membres à choisir « entre les camps du bien et du mal ».

« La Palestine est à nous, et le restera. Ceux qui doivent en partir, sont les usurpateurs qui l’occupent », a déclaré jeudi Mahmoud Abbas lors du débat général de la 79e session de l'Assemblée générale.

Le Président palestinien a commencé par rappeler que les Palestiniens endurent depuis près d'un an « l'un des crimes les plus odieux de notre époque ».

« C'est le crime d'une guerre de génocide à grande échelle qu'Israël est en train de perpétrer. Un crime qui a causé plus de 40.000 morts à Gaza, alors que des milliers de victimes sont toujours sous les décombres. Un crime responsable de plus de 100.000 blessés à ce jour », a-t-il dénoncé.

Selon Mahmoud Abbas, « des familles palestiniennes entières ont été anéanties, leurs lignées totalement effacées ». « Durant l’agression, les maladies se propagent, l'eau potable et les médicaments vitaux sont rares, et plus de deux millions de Palestiniens ont été déplacés, beaucoup forcés de fuir à plusieurs reprises en quête de sécurité », a-t-il dénoncé, ajoutant que les morts et les blessés s’accumulent sans relâche, non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie et à Jérusalem.

Mahmoud Abbas, Président de l’État de Palestine, s’exprime lors du débat général de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale.
UN Photo/Loey Felipe
Mahmoud Abbas, Président de l’État de Palestine, s’exprime lors du débat général de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale.

Les civils innocents de Gaza

Le Président Abbas a assuré qu'il ne s'exprimait pas « pour répondre aux mensonges » du Premier ministre israélien, qui a affirmé devant le Congrès américain en juillet que les forces israéliennes n'avaient pas tué de civils innocents à Gaza.

« Alors je vous le demande, qui donc a tué plus de 15.000 enfants et autant de femmes et de personnes âgées sur les 40.000 victimes », a-t-il tonné à la tribune. « Et qui est donc celui qui continue à les tuer ? »

Plus tard dans son discours, Mahmoud Abbas a présenté une proposition en 12 points concernant « le jour d’après » à Gaza.

Il a appelé, entre autres, à un cessez-le-feu complet et permanent à Gaza, à la fin de la violence militaire et des colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et à un retrait israélien complet de la bande de Gaza – sans zones tampons ni annexions d'aucune sorte.

Aide humanitaire et protection internationale des Palestiniens

Le Président palestinien a réitéré la nécessité d'une aide humanitaire régulière et suffisante à Gaza, de la fin des déplacements forcés dans tout le Territoire palestinien occupé,  d'une protection et d'un soutien renforcés à l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et à d'autres organisations humanitaires, afin qu'elles puissent continuer à fournir des services aux Palestiniens.

Il a également appelé à une protection internationale pour les Palestiniens dans les territoires occupés. « Nous ne pouvons pas combattre Israël, et nous ne voulons pas nous battre ; nous souhaitons une protection », a-t-il déclaré, ajoutant que l'État de Palestine devait assumer ses responsabilités à Gaza et exercer sa juridiction sur la région, y compris le contrôle des points de contrôle frontaliers.

« C'est la proposition que nous vous soumettons. Vous pouvez l'accepter, l'amender ou la changer.  Nous sommes prêts pour tout cela », a-t-il dit.

En conclusion de son allocution, M. Abbas a déclaré que, « alors que nous reconnaissons l'État d'Israël, Israël, lui, ne nous reconnaît pas ». « Nous souhaitons une solution qui protégera les deux pays – l'État de Palestine et l'État d'Israël – afin qu'ils puissent coexister dans la paix, la stabilité et la sécurité ».

Israël « aspire à la paix »

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’exprime lors du débat général de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale.
UN Photo/Loey Felipe
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’exprime lors du débat général de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale.

Le Premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahu, montant à la tribune ce vendredi 27 septembre, a assuré être venu « pour parler au nom de mon peuple, pour parler au nom de mon pays et au nom de la vérité ». « La vérité est qu'Israël aspire à la paix », a-t-il déclaré.

« Nous faisons face à des ennemis sauvages qui cherchent à nous anéantir, et nous devons nous défendre contre ces meurtriers sauvages », a-t-il ajouté

Le Premier ministre israélien a évoqué son discours lors du débat général de l'année dernière, durant lequel il avait déclaré qu'Israël était confronté au même choix que celui que Moïse avait présenté à son peuple il y a des milliers d'années, lorsqu’il lui disait « que nos actions détermineront si nous léguons aux générations futures une bénédiction ou une malédiction ».

« Et c'est le choix auquel nous sommes confrontés aujourd'hui », a-t-il souligné, citant « la malédiction de l'agression incessante de l'Iran et la bénédiction d'une réconciliation historique entre Arabes et Juifs ».

Cette « bénédiction » est apparue sous la forme d'un accord de normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël, « mais elle a été suivie par la malédiction du 7 octobre » quand des milliers de terroristes du Hamas soutenus par l'Iran ont fait irruption en Israël, commettant des « atrocités inimaginables », le meurtre brutal de 1.200 personnes, dont des enfants ; des violences sexuelles à l'égard des femmes ; et l'enlèvement de 251 personnes de différents pays. « Des scènes qui rappellent l'holocauste nazi », a déclaré Benjamin Netanyahou.

Si vous nous frappez, nous vous frapperons

Selon lui, cette malédiction ne s’est pas arrêtée le 7 octobre, car « Israël a bientôt été contraint de se défendre sur six autres fronts de guerre organisés par l’Iran » puis contre l’offensive directe de l’Iran, pour la première fois, contre son territoire. « Si vous nous frappez, nous vous frapperons », a assuré M. Netanyahu. « Il n’est aucun lieu en Iran, que le long bras d’Israël ne puisse atteindre. Et cela est vrai de tout le Moyen-Orient ».

Stigmatisant « l’agression de l’Iran » et « le radicalisme qu’il cherche à imposer bien au-delà du Moyen Orient », le Premier ministre israélien a appelé les gouvernements responsables à aider Israël à arrêter le programme nucléaire iranien.

Il a par ailleurs loué les progrès de l’offensive contre le Hamas à Gaza, assurant avoir détruit 90% de son arsenal de roquettes et 23 de ses 24 bataillons et réitéré son rejet de tout rôle pour le Hamas dans l’après-guerre. « Nous ne cherchons pas à délocaliser Gaza. Nous voulons un Gaza démilitarisé et déradicalisé, pour nous assurer que les combats d’aujourd’hui seront les derniers », a-t-il affirmé.

Défense contre les accusations de génocide

Opposant « la malédiction du terrorisme qui menace toutes les sociétés civilisées » à la bénédiction que représenterait un accord de paix historique entre Israël et l’Arabie saoudite pour la prospérité et la paix dans le Moyen-Orient, Benjamin Netanyahu a appelé les Etats membres à choisir « entre le bien et le mal ».

« Lorsque vous vous tenez au côté d’Israël, vous défendez aussi vos propres valeurs et vos propres intérêts », a-t-il affirmé, s’érigeant contre la confusion morale qui conduit à accuser Israël de génocide quand il se défend lui-même contre une tentative de génocide.

« Aucune armée n’a fait ce que fait Israël pour minimiser les pertes civiles », a-t-il assuré, critiquant sévèrement « les manifestations des soi-disant progressistes contre la démocratie d’Israël », pour beaucoup financées, selon lui, par l’Iran.

Condamnations d’Israël à l’ONU

Benjamin Netanyahu a aussi critiqué les appels d’Etats membres de l’ONU à l’exclusion d’Israël de l’Organisation, et en particulier le Président Mahmoud Abbas, l’appelant à « laisser son fanatisme à la porte », décrivant cette atteinte à son pays comme une tache morale sur les Nations Unies, et s’érigeant contre « un marais de bile antisémite », source à ses yeux de 174 condamnations d’Israël par l’Assemblée générale depuis 2014 et des possibles mandats d’arrêts de la Cour pénale internationale contre lui et son ministre de la Défense.

« Les vrais criminels de guerre ne sont pas en Israël », a-t-il déclaré. « Ils sont en Iran, à Gaza, en Syrie, au Liban, au Yémen. Et j’ai un message pour vous : Israël gagnera cette bataille. Il gagnera car nous n’avons pas le choix ».