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Haïti : au moins 3.661 personnes tuées depuis janvier en raison de la violence des gangs

La lutte contre l'insécurité en Haïti, où des centaines de personnes ont été tuées, blessées ou déplacées en raison de la violence des gangs, doit être la priorité absolue, selon un rapport des Nations Unies publié vendredi, qui appelle les autorités haïtiennes et la communauté internationale à œuvrer davantage pour protéger les personnes et éviter de nouvelles souffrances.

Les derniers chiffres documentés par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) indiquent qu'au moins 3.661 personnes ont été tuées depuis janvier de cette année, représentant les niveaux les plus élevés de violence observés depuis 2023 (Ces chiffres ont été mis à jour après juin, période couverte par le rapport au Conseil des droits de l'homme).

« Aucune autre vie ne devrait être perdue du fait de cette criminalité insensée », a souligné Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

Mission multinationale d'appui à la sécurité

Il a salué les récentes mesures prises, telles que la mise en place d’un Conseil présidentiel de transition, un nouveau gouvernement de transition et le déploiement des premiers contingents de la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti (MMAS).

« Il est clair, cependant, que la Mission a besoin d'équipements et de personnel adéquats et suffisants pour lutter efficacement et durablement contre les gangs armés et les empêcher de se propager et de causer davantage de dévastation dans la vie des gens », a déclaré M. Türk.

À ce jour, un contingent initial d'environ 430 membres de la MMAS a été déployé en Haïti. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme appuie la MMAS dans l'établissement et la mise en œuvre d'un solide cadre de conformité aux droits humains afin de garantir que les opérations et les pratiques de la mission soient en adéquation avec les normes internationales en matière de droits humains et que toute allégation de violation soit traitée efficacement, conformément à la résolution 2699 du Conseil de sécurité.

Le rapport, qui couvre la période allant de janvier à juin 2024, détaille des tendances extrêmement graves de violations et d'abus de droits humains commis dans la capitale de Port-au-Prince et dans le département de l'Artibonite - ainsi que dans la partie sud du département de l'Ouest, qui, jusqu'à récemment, avait été largement épargnée par la violence.

Des véhicules servent de barricade dans une rue de Port-au-Prince, Haïti.
© UNOCHA/Giles Clarke
Des véhicules servent de barricade dans une rue de Port-au-Prince, Haïti.

Violences sexuelles

Le nombre de victimes de violences sexuelles, y compris de viols, a également augmenté au cours de la première moitié de l’année. Selon le rapport, « les gangs ont continué à utiliser la violence sexuelle pour punir, répandre la peur et assujettir les populations ».

Au cours de la période couverte par le rapport, au moins 860 personnes ont été tuées et 393 blessées au cours d'opérations de police et de patrouilles dans Port-au-Prince, dont au moins 36 enfants, ce qui pourrait constituer un recours excessif à la force, injustifié et disproportionné. Les gangs ont également recruté un grand nombre d'enfants dans leurs rangs au cours de la période concernée.

Dans l'Artibonite, considéré comme le grenier du pays, la violence et l'extorsion croissante par les gangs ont forcé les agriculteurs à abandonner plus de 3.000 hectares de terres, compromettant davantage la production alimentaire d'Haïti, à un moment où l'on estime que 1,6 million de personnes dans le pays sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë.

En Haïti, environ 80 % des personnes déplacées vivent dans des familles d'accueil, tandis que les autres s'abritent dans des sites improvisés, souvent dans des zones contrôlées par des gangs ou à haut risque.
UNICEF/Herold Joseph
En Haïti, environ 80 % des personnes déplacées vivent dans des familles d'accueil, tandis que les autres s'abritent dans des sites improvisés, souvent dans des zones contrôlées par des gangs ou à haut risque.

Renforcer la police

Le chef des droits de l’homme de l’ONUa exhorté les autorités haïtiennes à prendre des mesures robustes pour renforcer la police et les autres institutions étatiques paralysées par une corruption endémique, y compris le système judiciaire, afin de rétablir l'Etat de droit et s’assurer que ceux qui sont impliqués dans la commission de violations et d'abus soient tenus responsables de leurs actes.

En outre, il a appelé les autorités à protéger les enfants des gangs et à redoubler d'efforts pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes et de garantir la protection des personnes déplacées à l'intérieur du pays.

Volker Türk a également exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre de manière globale l'embargo ciblé sur les armes, l'interdiction de voyager et le gel des avoirs imposés par le Conseil de sécurité des Nations Unies, afin d'endiguer la violence des gangs en Haïti.